dimanche 24 avril 2022

Frémond

La semaine dernière j’ai créé une quatorzième notice dans Wikipédia, celle-ci consacrée à André Frémond, qui fut un des illustrateurs des couvertures du Chasseur français. Je m’étais intéressé aux belles couvertures de cette revue après en avoir contemplé tout mon soûl dans les deux gisements documentaires mis en ligne par un connaisseur, reproduisant les numéros des années 1940 et 1950. La disponibilité de ce matériau m’a incité à entreprendre un index des auteurs et des titres des images de couverture. Cet index était un instrument assez satisfaisant bien que non exhaustif, quelques images n’étant pas signées, ou pas légendées. Ces informations absentes se trouvent peut-être en page de sommaire, à laquelle je n’ai pas eu accès. J’ai ensuite étendu mon index aux années 30 et 60, en me servant des reproductions disponibles sur les sites de vente d’occasion (Rakuten, AbeBooks, eBay etc). La récolte y fut moins bonne, car souvent la mauvaise qualité des reproductions rend les signatures ou les légendes illisibles. Cependant cette enquête m’a permis d’accumuler des données en quantité suffisante pour avoir une bonne vue d’ensemble. Après avoir longtemps paru sous une couverture stéréotypée, Le Chasseur français a doté ses unes d’une illustration artistique chaque fois différente à partir d’octobre 1936 (n° 559, «Retour de chasse» par Harry Eliott). Le magazine a connu des difficultés durant la guerre, cessant de paraître de juin 1940 à septembre 1941 puis de février 1942 à avril 1946. Il ne reparut alors que comme bimestriel, avant de reprendre son rythme mensuel à partir de février 1949. En 1961 les couvertures photographiques commencent à alterner avec les couvertures artistiques, qu’elles vont remplacer définitivement en 1966. La dernière couverture artistique est une scène de jeu taurin espagnol peinte par Paul Ordner (n° 827, janvier 1966). J’ai calculé que pendant cette période dorée d’une trentaine d’années (1936-66) ce sont 250 couvertures du Chasseur français qui auront été illustrées par des artistes. Des artistes de talent, se consacrant à produire des images agréables à contempler, loin de toute avant-garde. Je compléterai volontiers mon index, si j’ai l’occasion de consulter une collection ou d’échanger des informations avec des amateurs. En attendant je peux constater que pendant ces trois décennies, les couvertures du Chasseur ont été décorées par au moins huit artistes. Cinq d’entre eux avaient déjà une notice dédiée dans Wiki : Harry Eliott (anglophile à pseudonyme, au CF de 1936 à 42), Georges-Frédéric Rötig (peintre animalier, au CF de 1938 à 58), Eugène Péchaubès (quatre scènes hippiques, entre 1941 et 49), Eugène Leliepvre (au CF de 1947 à 65) et Paul Ordner (spécialiste des scènes sportives, au CF de 1947 à 66). Deux des trois autres, François Castellan (spécialiste des chiens, au CF de 1937 à 65) et Marcel Bourgeois (qui n’a produit que deux couvertures, en 1954-55) sont si peu renseignés dans Google, qu’il est difficile d’apprendre quoi que ce soit à leur sujet. Restait donc André Frémond, sur qui j’ai pu grappiller assez d’informations de base pour esquisser une notice, que d’autres contributeurs ont déjà entrepris de compléter. Il a réalisé entre 1936 et 49 au moins neuf couvertures du Chasseur, dont plusieurs scènes médiévales et hivernales. Il est encore très présent sur les sites des marchands d’art.
Illustrations : ci-dessus Maraudeur (Chasseur français n° 624, février 1949) et ci-dessous diplôme de marchand de chevaux, 1938. Click to enlarge! 


samedi 23 avril 2022

whisky

Encore un cas de délicatesse féminine, cette fois-ci chez des personnes de couleur à Baton Rouge en Louisiane, où une fillette de quatre ans est morte après que sa grand-mère l’eut forcée à boire une demi-bouteille de whisky, sous les yeux de la mère qui a laissé faire. Selon les constatations, le taux d’alcoolémie de la victime était plus de huit fois supérieur au taux permis pour la conduite automobile chez les adultes. Je fais confiance aux humanistes pour nous expliquer sans doute que malgré les apparences, tout cela est une fois de plus la faute au patriarcat et au privilège blanc.

vendredi 22 avril 2022

départements

J’aime bien la sonorité primitive des noms de départements monosyllabiques, écoutez ça : Ain, Aisne, Aube, Aude, Cher, Creuse, Doubs, Drôme, Eure, Gard, Gers, Indre, Landes, Loire, Lot, Manche, Marne, Meuse, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Rhône, Sarthe, Somme, Tarn, Var, Vienne, Vosges, Yonne. Mais je ne déteste pas l’assise bonhomme des noms à deux syllabes : Allier, Ardèche, Ardennes, Ariège, Cantal, Charente, Corrèze, Dordogne, Gironde, Hérault, Isère, Jura, Loiret, Lozère, Mayenne, Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Savoie, Paris, Deux-Sèvres, Vaucluse, Vendée, Essonne, Val-d’Oise. 

mardi 19 avril 2022

nouveautés



 






DEUX NOUVEAUTES

J’ai le plaisir de proposer à la vente deux nouvelles livrettes, 

réalisées avec le plus grand soin dans les ateliers secrets de

l’Eléfantôme, situés outre-Quiévrain. 

Les deux sont dotées d’une couverture en bristol gris clair,

imprimées sur du papier blanc crème, 

et commercialisées à l’enseigne des Editions du Silence.


- DOUZE NOCTURNES DE HOLLANDE

de la poétesse brésilienne Cecília Meireles.

Les poèmes originaux, Doze noturnos da Holanda,

avaient paru à Rio de Janeiro en 1952.

Ils sont ici traduits du portugais par mes soins.

20 pages A5, tirage limité de trente-trois exemplaires numérotés.

Prix à l’unité : 4,50 euros. Par correspondance en France : 7 euros.


- VERBIER (Summa neologica) par Philippe Billé.

Recueil de 530 néomots, présentés dans l’ordre alphabétique.

24 pages A5, tirage limité de trente-trois exemplaires numérotés.

Prix à l’unité : 5 euros. Par correspondance en France : 7,50 euros.


Les deux volumes peuvent être vendus ensemble.

Prix pour les deux : 9,50 euros. Par correspondance en France : 12 euros.


Commandes et renseignements auprès de

Philippe Billé

20 rue de l’Amitié

17330 La Croix-Comtesse.

philippe.bille@hotmail.fr

Paiement possible par chèque à l’ordre de Ph. Billé, 

ou par virement à la Banque postale, 

ou en liquide (billets et/ou timbres-poste courants).

dimanche 17 avril 2022

Pâques

Je crois ne pas connaître l’attentionné S D, qui pour Pâques m’envoie de Roubaix six livres : de Bernhard, Djavann, Ferrier, Héritier, Pontalis et Sparks. Qu’il en soit remercié, ce geste est bien aimable. Tous les volumes ont l'air neuf, sauf le dernier cité, un documentaire joliment illustré sur Le comportement des oiseaux (Larousse Poche Couleurs, 1970), qui malgré sa couverture éraflée est celui qui m'attire le plus et que je visite en premier.

samedi 16 avril 2022

revenant

J’ai rêvé que Jacques Abeille était encore vivant et que je tombais sur lui dans une soirée. Je comprenais alors que l’annonce de sa mort n’avait été qu’une supercherie destinée à lui faire connaître les réactions des gens à cette fausse nouvelle. (Dans la réalité, j’avais soupçonné un moment cette possibilité). Comme il était occupé à discuter avec des gens, je le priai de me fixer une heure où nous pourrions nous entretenir le lendemain. Il me répondit avec un sourire : 6 h 36.

vendredi 15 avril 2022

alerte

 C’est l’entre-deux-tours en France. J’apprends par la presse que si jamais elle est élue, Marine Le Pen fera caca sur la moquette de l’Elysée, sera très méchante avec les gentill.e.s, dira des gros mots pendant le festival de Cannes, autorisera le trafic d’organes en état d’ivresse, déclenchera plusieurs guerres mondiales, et instituera des référendums, qui sont le contraire de la démocratie. Ce sera le fascisme, la pire catastrophe universelle du monde de tous les temps qu’on a jamais vue. Vous faites ce que vous voulez, mais vous ne viendrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenus.

mercredi 13 avril 2022

brèves

J’ai créé une treizième notice dans Wikipédia, sur les frères Ott, verriers de Strasbourg, notice inspirée par mon récent voyage en Alsace.

Alexandrin maussade : Je crois de moins en moins à la démocratie.

Une idée de titre : Super repus.


Une autre : J’irai cracher sur Boris Vian.


Mes néomots dernièrement : secondor, éclectorat, forée.

lundi 11 avril 2022

"autre"

Depuis quelques années j’ai pratiquement renoncé à lire des revues, mais je me suis laissé tenter l’autre jour à Strasbourg par un exemplaire de Or Norme, trimestriel cossu à dos carré, de 148 pages grand format sur bon papier. Il se vend paraît-il sur abonnement à 40 euros les quatre numéros, mais pour quelque raison il est distribué gratuitement au Musée d’art moderne, où je me suis laissé attirer par le n° 44, de mars 2022, annonçant en couverture des entretiens avec Emmanuel Todd et Marcel Gauchet. Finalement j’ai eu la flemme de lire les entretiens et je me suis contenté de feuilleter ce périodique sous-titré «Le magazine d’un autre regard sur Strasbourg», qui m’a paru être une caricature de la presse «culturelle» d’aujourd’hui (il faut décidément se méfier de toute publication se parant de l’adjectif Autre). Au fil des pages : citation de Guy Debord, dessin d’humour montrant le méchant ours russe envoyant dinguer la gentille colombe ukrainienne, article expliquant que «le coaching, c’est un art», table ronde où des décideurs déplorent que «ça ne bouge pas» assez à Strasbourg et en Alsace, publi-reportages sur une expo photo «proposée par la Licra Bas-Rhin» sur la vie passionnante des Tsiganes, et sur une expo de Georgia O’Keeffe «la peintre des vagins», éloge des nouvelles cours d’école «non-genrées»… Comme on dit, ça coche toutes les cases.

vendredi 8 avril 2022

Strasbourg

Je remporte quand même quelques succès, j’ai été admis par deux compagnies d’aide aux cassos, les Restos du Cœur de Saint-Jean (à 16 km, service hebdo, déjà testé deux fois) et la Banque alimentaire de Loulay (à 5 km, service bimensuel, pas encore testé). Je précise les distances parce que ma voiture automobile, qui déjà menaçait ruine, vient de rendre l’âme, pour que la fête soit complète, de sorte que je vais être réduit aux joies du vélo pendant quelque temps.
    Malgré quoi je voyage, à contretemps. Avec mon coach nous avions réservé il y a plus de deux ans, juste avant la pandémie, un vol pour Madrid qui fut bientôt annulé pour cause de covid, puis reprogrammé, puis encore annulé pour la même raison, après quoi il s’avéra que la compagnie n’assurait plus cette liaison et refusait de nous rembourser, mais nous laissait le choix de nous réorienter. Parmi les destinations possibles au départ de Bordeaux, nous nous rangeâmes à ma suggestion d’opter pour Strasbourg, où nous venons enfin de passer les cinq premiers jours d’avril.
    Nous étions logés modestement mais très correctement à l’hôtel Ibis de la rue du Faubourg-National, que l’on aurait pu requalifier d’international au vu de la faune diversifiée qui hantait la rue. L’hôtel lui-même était peuplé principalement par une colonie de réfugiés ukrainiens. L’établissement était fort bien situé, à mi-chemin de la gare et de la vieille ville. A Strasbourg le centre-ville est une île entre les bras de l’Ill, affluent du Rhin tout proche. Cette île est reliée aux quartiers environnants, plus récents, par une vingtaine de ponts, et se divise au sud-ouest en un archipel de langues de terre dominées par les Ponts Couverts, dans le quartier dit de la Petite France, que j’appelais la Francette, sans doute l’endroit le plus charmant de la ville, plein de vieilles maisons à colombages et à encorbellements. Par chance, habitant tout près, nous étions amenés à passer par là chaque jour.
    La météo annonçait du mauvais temps mais nous en fûmes quittes pour un peu de vent et de pluie, quelques flocons de neige. Je me sentais plus d’humeur à flâner qu’à m’enfermer. Aux moments les plus rudes nous nous réfugiâmes dans trois musées, non pour y étudier mais juste pour le plaisir de contempler quelques beaux objets. D’abord le Musée d’Art moderne et contemporain, grande bâtisse lugubre mais bien fournie, où l’œuvre la plus frappante à mes yeux était une immense toile de Gustave Doré, Le Christ quittant le prétoire, qui mesure dans les six mètres de haut sur neuf de large. Ensuite le Musée alsacien, curieux labyrinthe présentant du mobilier domestique. Enfin le Musée de l’Œuvre Notre-Dame, conservant surtout des sculptures médiévales et des peintures de la Renaissance. Aux moments plus cléments nous arpentions la Grand-Rue, dite aussi Langstross, les alentours de la belle cathédrale, les quais. Beaucoup de bâtiments sont en grès rouge des Vosges, qui donne sa couleur à la ville (comme Metz est jaune et Nancy blanche, m'a signalé mon correspondant Dominique Leblanc). Nous visitâmes aussi le secteur des grandes institutions, Parlement européen et autres, qui m’a paru sinistre, et tout près de là le parc de l’Orangerie, très agréable et doté d’un petit zoo, le genre d’attraction qui suffit à ma joie. C’est principalement un zoo d’oiseaux, un oizoo, avec des cigognes en liberté, d’autres en volière, et parmi les curiosités des flamants roses du Chili et des grands-ducs. Nous n’avions pas vu de cigognes dans Strasbourg avant celles de l’Orangerie, bien qu’elles fussent omniprésentes dans l’imagerie, mais le dernier jour nous en avons aperçu deux volant au-dessus de la ville et encore une près de l’aéroport. Comme dans toutes les villes on voyait surtout des pigeons bisets, plus rarement un ramier. Sur les eaux des cygnes, des colverts, ça et là une foulque. J’ai vu un corbeau freux et des choucas, il y en avait toute une colonie dans les arbres près de chez D Leblanc, à qui nous avons rendu visite. Je veux bien croire que ce voisinage n’est pas de tout repos.
    Nous fûmes deux fois à Kehl, la plus proche ville d’Allemagne, en fait une banlieue de Strasbourg mais située de l’autre côté du Rhin, qui à cet endroit n’est pas plus large que la moitié de la Garonne à Bordeaux. Nous l’avons franchi trois fois en tram et une fois à pied, par la Passerelle des Deux Rives. Cette excursion était pour moi une expérience intéressante, d’abord pour le plaisir exotique de me retrouver parmi des gens qui «se jactent en étranger», comme disait Ferdine, et pour l’occasion ainsi offerte d’enfin mettre ne fût-ce que la pointe des pieds dans le seul pays frontalier où je n’étais encore jamais allé. La ville elle-même n’est guère éblouissante : un quartier pavillonnaire, une rue commerçante mais pas très animée, la Hauptstrasse, débouchant sur une mosquée proéminente. Nous sommes entrés dans quelques magasins, dont une solderie où j’ai acheté un petit Vorhängeschloss, un cadenas qui peut verrouiller mon sac de voyage et servira à boucler ma chaine de vélo. Nous avons vu à Kehl deux églises hélas dépourvues de vitraux historiés, la massive et blême Saint-Jean-Népomucène, et la petite église de la Paix, joli bâtiment rouge brique à l’extérieur, à l’intérieur d’un gris blanc austère, avec sur les marches du chœur le mot Peace inscrit en grosses lettres sur un étendard arc-en-ciel lgbt. Hum.
    Je n’ai pas non plus regardé beaucoup de vitraux à Strasbourg. Ceux de la cathédrale étaient trop nombreux, dont des anciens difficiles à déchiffrer. Il y avait quelques vitraux intéressants du milieu du vingtième siècle à l’église Saint-Jean, d’un certain Werlé, et d’autres des frères Ott à Saint-Pierre le Vieux. Des mêmes frères Ott j’ai vu ailleurs deux belles verrières profanes, une Allégorie du printemps au Musée d’Art moderne et une vue d’Ammerschwihr, cité viticole (1938) au Musée alsacien.
    Nous nous sommes assez bien gobergés pendant le séjour, d’abord grâce aux copieux petits déjeuners de l’hôtel, puis lors de nos sorties en ville. Nous avons tâté ici et là du bretzel et du kougelhopf, de la tarte flambée au munster à la brasserie La Schlosse (la serrure), d’excellentes choucroutes dont une au saumon qui était d’abord un plaisir pour l’œil chez l’ami Leblanc, et une dite royale, aux sept viandes, au Tire-Bouchon. Nous avons bu modérément mais appris que les vins d’Alsace ne se résument pas comme nous le pensions à la trilogie Sylvaner-Riesling-Gewurztraminer, il y a aussi un blanc plus basique, l’Edelzwicker, et du rouge, le Pinot noir.
    Et maintenant retour à la case départ. Si vous avez une voiture à vendre, parlons-en.

mercredi 6 avril 2022

plein

TOUT PLEIN

Plein air

Plein boum

Pleins bras

Plein cintre

Plein emploi

Plein fouet

Plein gaz

Plein gré

Plein jour

Pleine lune

Pleine mer

Plein milieu

Plein pot

Pleins pouvoirs

Plein régime

Plein temps

Plein tuyau