jeudi 27 juin 2024

Klimt

Il est assez naturel qu’une petite bibli de village comme celle de Loulay ne possède pas beaucoup d’albums de peinture, il est plus étonnant qu’il y en ait parmi ceux-ci deux consacrés au seul Gustav Klimt, les deux ornant leur couverture du même portrait de Judith I. L’un d’eux s’intitule Rêves dorés de Gustav Klimt, texte d’Angela Wenzel, dont le nom bizarrement ne figure qu’à la dernière page en lettres d’un millimètre (Editions Palette, 2005), l’autre Gustav Klimt 1862-1918 Le monde comme une forme féminine, de Gilles Néret (Taschen, 2013). J’ai emprunté les deux ensemble, non pour les lire, je n’en ai guère le temps ni le besoin, juste pour regarder les images. Les belles images des peintures de Klimt, que l’on a tous plus ou moins déjà vues et sur lesquelles je n’ai rien de spécial à dire. Remarqué quelques dessins émouvants de belles endormies, offrant à la vue leurs jambes écartées. Appris qu’outre les portraits, l’artiste avait aussi peint des paysages, arbres et maisons. Il y a quelques photos où l’on voit sa bonne tête barbue et où il porte une grande robe à l’orientale, qui ne lui va pas mal. Son nom de famille manque un peu de voyelles, je m’amuse à le renommer Gustav Klimat.

mercredi 26 juin 2024

impression

    Une impression amère, tirée d’expériences répétées au fil du temps : plus ils se gargarisent de différence et de diversité, plus ils sont incapables de tolérer que l’on puisse penser autrement qu’eux.

mardi 25 juin 2024

spleen

    Ce vertige, cet embarras, dans les moments où l’on mesure à quel point la vie va être tout à fait capable de continuer sans nous, le moment venu.

lundi 24 juin 2024

hibou

    Avant-hier soir peu après huit heures au bois de la Rigeasse, comme j’étais en train de nettoyer un prunellier empêtré de lianes (lierre, troène et garance), un oiseau que je n’avais pas vu m’a fait sursauter en s’envolant tout près de ma tête. Au bruit des ailes j’ai pensé un instant que c’était un pigeon, mais quand il s’est posé non loin de là, à peut-être quatre mètres, j’ai reconnu un hibou moyen-duc. Un jeune, je suppose, car plus petit, plus grisâtre et plus duveteux que ceux que j’avais déjà vus ici quelques fois. Cela faisait longtemps, je les croyais partis, il ne m’a pas déplu d’en revoir encore un. Et hier en fin de matinée je l’ai re-dérangé en venant dans le même coin, il s’est envolé cette fois-ci en silence comme font les oiseaux de nuit, pour se poser au sommet d’un des petits arbres de lisière. J’étais gêné de le gêner, alors n'ayant pas besoin de rester, je suis reparti.

dimanche 23 juin 2024

nativité

    Je me sens tout ému en lisant la phrase fautive mais touchante qu’une fillette a tracée dans le livre d’or d’une petite église de campagne, semble-t-il une veille de Noël : J’ai atte que Jésu nesse.

samedi 22 juin 2024

luxe

    Un aspect luxueux de mes conditions de vie est que j’habite un village où il n’y a pas de fête de la musique. On ne sait même pas que ça existe.

mercredi 19 juin 2024

haiku

le pont d’Avignon,
les beaux messieurs et les dames
dansant tous en rond

dimanche 16 juin 2024

pigeonnier

Excellente promenade dans les Deux-Sèvres, hier avec mon coach, pour aller visiter le pigeonnier de Pouzay, en pleine campagne au nord de Niort, à proximité du village de Béceleuf. Depuis que j’avais appris son existence, j’étais impatient de voir de mes yeux cette curiosité située à une cinquantaine de kilomètres de chez moi. Le pigeonnier, une tour ronde aux murs tapissés à l’intérieur par 2700 niches en pierre, aurait été construit au dix-septième siècle et abandonné à la Révolution, après quoi, le toit s'étant effondré, un chêne aurait poussé tout seul dedans. Maintenant sa ramure forme au-dessus des murs comme un nouveau toit de verdure. On ne sait au juste de quand date le chêne, qui aurait près de deux cents ans. C’est un exemple d’arbre dit remarquable non pour son âge ou sa taille, respectables sans être exceptionnels, mais pour son emplacement. D’ordinaire les arbres ne font pas bon ménage avec les bâtiments et il convient de les en éloigner, c’est là un rare cas où ils sont étroitement liés et vivent semble-t-il en bonne entente. Il n’y a plus de porte, on entre sans frapper dans cette tour, où règne une belle ambiance obscure et calme. 

(Photos D Berton)



vendredi 14 juin 2024

actualité

    Et pendant ce temps, dans le pot de chambre français, on est partis pour au moins trois semaines d’hystérie politique. Tous les soirs des «antifascistes» hallucinés «luttent contre la haine» en cassant des vitrines, en salopant des bâtiments, en allumant des incendies et en proférant des menaces de mort. En toute impunité comme d'habitude.

jeudi 13 juin 2024

loyauté

J’ai regardé l’entretien du commentateur américain Matt Walsh avec l’entrepreneur et politicien Vivek Ramaswamy, naguère candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle. Tous deux très conservateurs et tous deux brillants orateurs. Le passage qui m’a le plus intéressé est celui (à partir de 23:48) où Matt demande à son interlocuteur ce qu’il a pensé de la réflexion d’Ann Coulter, qui dans une récente discussion avait déclaré qu’elle aimait bien Vivek mais ne voterait pas pour lui, vu qu’il était Indien. Elle se basait sur la règle selon laquelle le président des Etats-Unis ne saurait être un émigré de fraiche date mais devrait être au moins de la troisième génération née dans le pays. Or Vivek, né dans l’Ohio de parents émigrés venus d’Inde, plus précisément des Tamouls, n’est qu’un citoyen américain de première génération. Pour sa part, il oppose à cet argument biologique une vision en quelque sorte psychologique. Pour lui, la citoyenneté doit être basée principalement sur la loyauté de l’individu envers la nation (citizenship is about loyalty). Il fait observer qu’un natif issu de plusieurs générations de locaux peut être un mauvais citoyen, alors qu’un nouvel arrivant ou un citoyen de première génération peut être parfaitement loyal et dévoué envers le pays. Je suis d’accord avec lui. Il tire aussi de ce principe de loyauté l’idée que la citoyenneté est un privilège qui ne doit être accordé qu’aux postulants dont on a pu vérifier l’engagement civique. Et par ailleurs l'idée que la double citoyenneté ne devrait pas être permise (I think we should eliminate dual citizenship). Je suis du même avis.

mardi 11 juin 2024

A Paris

    C’est peut-être la lecture l’autre jour du livre de Catherine Allégret qui m’a rappelé le souvenir de la belle chanson A Paris. Je viens de la récouter sur YouTube, avec plaisir. Quelle jolie trouvaille. Elle avait été créée par l’auteur-compositeur Francis Lemarque en 1946, puis est devenue célèbre par l’interprétation d’Yves Montand à partir de 1948. En considérant les trois dimensions que comporte toute chanson (paroles + musique + interprétation), il me semble que dans celle-ci le texte, aimable sans être génial, n’est pas l’élément le plus fort. Le charme vient surtout de cette mélodie toute en longues descentes et soudaines remontées, et bien sûr de la belle voix d’Yves. A vrai dire j’aime mieux les premiers couplets, moins le reste...

dimanche 9 juin 2024

à table

    Faut pas prendre un homme plus jeune, ça vous crève, a soudain lâché ma voisine, l’autre soir dans le brouhaha, au banquet du village. Je ne sais plus de quoi on parlait. Cet avis tranché m’a intrigué. Non qu’il sonne faux, mais ne pourrait-on aussi bien affirmer l’inverse ? Et que savait cette dame du sujet, parlait-elle d’expérience ? Après tout peu importait, je n’ai pas posé de questions.

vendredi 7 juin 2024

Nike

Encore une bizarrerie linguistique : j’ai remarqué que les Américains prononcent en deux syllabes marquées (naï-ki) le nom de leur marque de chaussures de sport Nike. Dès lors la prononciation française parait étrange : elle suit l’usage anglophone pour la première syllabe mais traite le e final à la française comme un e muet, réduisant ainsi le mot à une seule syllabe (naïk). Il serait plus simple de le prononcer à notre façon (nic) mais ce serait encore réduire à la première syllabe le nom grec auquel il est emprunté, celui de Niké, déesse de la victoire.

lundi 3 juin 2024

vikings

    Egalement pris à Loulay, Les Vikings de la Charente à l’assaut de l’Aquitaine (Princi Negue, 2007) où l’historien Jean Renaud nous apprend comment certains de ceux que l'on nommait alors Danois ou Normands (les hommes du Nord) s’étaient incrustés en Saintonge, d’où ils ravageaient tant qu’ils pouvaient les provinces voisines, autour du IXe siècle. La documentation est rare mais donne quelques vues sur les pillages, incendies et massacres qui agrémentaient le vivre-ensemble à cette époque. Comme il arrive dans ces circonstances, les occupants étrangers trouvaient à l’occasion des collabos locaux pour leur faciliter la tâche.

dimanche 2 juin 2024

bombardier

    A la bibli de Loulay j’ai aussi emprunté Missing in action, du docteur Perruchon (Le Bois du Dauphin, 2006) dans lequel j’ai lu le chapitre consacré au bombardier américain qui s’est écrasé dans les champs au nord de la Croix-Comtesse le 5 mars 1944, après avoir été endommagé par la défense anti-aérienne allemande de Cognac. Un seul des dix membres de l’équipage a d'abord quitté l’avion en parachute. Ayant atterri à quelques kilomètres plus au sud-est, non loin du château de Mornay, il a ensuite marché vers le sud pendant des jours jusqu’à Bergerac, à deux cents kilomètres de là. Les neuf autres se sont tirés indemnes de l’atterrissage et se sont dispersés en plusieurs groupes à travers la campagne, direction Coivert, avant d’être pris en charge par des résistants du sud des Deux-Sèvres et de pouvoir gagner l’Espagne. Sur la seule photo de l’avion posé dans un champ, on voit au loin les maisons de la Croix, principalement celle de feu monsieur Bertin, lequel était encore de ce monde il y a quelques semaines. C’est intéressant, même si le récit ne brille pas par la clarté.

samedi 1 juin 2024

psychologie

    Existe-t-il un livre qui étudie la psychologie des arbres ? Qui explique par exemple pourquoi certaines espèces poussent si volontiers de traviole, prostrées ou même vautrées, comme le prunellier ou le fusain. On a souvent envie de leur dire Fais un effort, que diable, tiens-toi mieux que ça...