mardi 26 mars 2024

tungstène

Lu la bédé Tungstène, du scénariste et dessinateur brésilien Marcello Quintanilha (Editions Çà et Là, 2015). Cela raconte les interactions entre quelques personnages pendant une demi-journée dans une banlieue de Bahia. Les faits varient en gravité entre les bagatelles de la vie quotidienne et la violence du fait divers, avec quelques invraisemblances. L’action principale est l’arrestation mouvementée de deux truands pratiquant la pêche à l’explosif au bord de la mer, au pied d’une forteresse. Les quatre principaux personnages sont un sergent retraité, qui repère les malfaiteurs et veut les faire arrêter, un rasta dealer, plus ou moins son ami, qui rechigne puis accepte d’appeler un policier dont il est l’informateur, le policier, un gros noir costaud en pleine forme, et son épouse, une belle métisse qui glande à son domicile. Une particularité de ce récit est qu’il n’y a aucun personnage franchement positif, tous sont plus ou moins tarés : le sergent aime l’ordre mais il est irascible et vantard, le dealer est cool mais pourri, le policier est efficace mais c’est un hâbleur, un homme brutal et un mari volage, quant à son épouse elle raconte à tout le monde qu’elle s’apprête à le quitter mais ne le fait jamais. Il se dégage ainsi de cette histoire une impression de médiocrité humaine générale. Cette vision pessimiste est renforcée du fait que le récit se termine en queue de poisson sur des images du dealer en mauvais état, titubant la nuit au milieu d’une route. C’est original, sans être captivant. Le titre n’a pas de rapport direct avec le récit, dans lequel il n’est jamais question de tungstène. Une note du rabat indique que c’est le métal ayant le plus haut degré de fusion, suggérant par là une signification symbolique, sur laquelle se pencheront ceux qui n’ont rien de mieux à faire de leur temps. Une déception : la belle image de couverture ne correspond à aucune scène du livre.

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