mardi 29 juillet 2025

Arkansas

    En écho à ma remarque de l’autre jour (le 21) sur le devenir hyper-visible du monde, je lis dans un article, à propos de deux randonneurs mystérieusement assassinés dans un parc naturel de l’Arkansas, que les enquêteurs de la police puisent évidemment à ces deux sources : les caméras de surveillance et les vidéos aléatoires des touristes.

lundi 28 juillet 2025

Bing

    La mouche que vous ratez, qui s’envole in extremis, échappant ainsi à la tapette Bing, et qui pour comble vient se poser sur l’arme, quand ce n'est sur vous-même.

vendredi 25 juillet 2025

carrefour

    J’ai rêvé que je visitais une grande ville, peut-être Paris, avec l’ami Yannick L. Nous étions à un carrefour, d’où une possibilité était de faire le tour d’un vaste quartier rectangulaire, attirant parce que célèbre, mais j’avais un peu la flemme d’y aller. Connais-tu déjà cet endroit ? lui demandai-je. Oui, répondit-il, c’est le quartier lituanien. Dans ce cas, repris-je, il n’est peut-être pas nécessaire d’y aller. Je me sentais comme souvent hésitant, dansant d’un pied sur l’autre…

jeudi 24 juillet 2025

check

    Vers la fin du mois dernier Google News a enfin subitement renoncé à son secteur de fact check ou fact-checking, mettant ainsi fin a des années d’un usage ridicule, consistant surtout à vérifier la conformité des nouvelles avec l’idéologie politicorrecte.

mercredi 23 juillet 2025

Xénophon

    Parce que Tesson le recommande, j’ai consulté l’Economique, de Xénophon, qui ne m’a pas emballé. Bien déçu par son chapitre «De la plantation des arbres, notamment de la vigne, des figuiers et des oliviers» : il n’en dit presque rien, sa science consiste essentiellement à évaluer la profondeur du trou de plantation.

mardi 22 juillet 2025

Tesson

    Ayant trouvé dans une boite à livres celui de Sylvain Tesson Sur les chemins noirs (2016), qui m’inspirait, j’en ai lu une bonne moitié, puis comme il me lassait j’ai seulement survolé le reste. Après avoir fait une chute de huit mètres en escaladant ivre une façade d’immeuble en août 2014, ce qui lui a valu de multiples fractures, et après avoir passé un an en convalescence, l’auteur a décidé, pour se remettre en forme, d’effectuer une longue marche. C’est ainsi qu’en un peu plus de deux mois, de la fin août au début novembre 2015, il a traversé la France en diagonale, du sud-est au nord-ouest, depuis la frontière italienne jusqu’à la pointe du Cotentin, en suivant les petits chemins de campagne qu’il repère sur les cartes topographiques de l’IGN. Il marche seul, parfois rejoint par un(e) ami(e), et transporte ses bagages, dont une tente. ll fait du camping sauvage en forêt, dans les champs, dans des ruines, et couche quelquefois dans un hébergement. C’est une bonne idée, d’avoir tiré un livre de cette expérience, en écrivant en moyenne deux pages par jour. Tesson raconte bien, sans essayer d’être exhaustif, en rapportant juste les scènes, les vues qui lui importent. Mais le récit est alourdi par les incessantes méditations sur le vilain monde moderne, que l’auteur s’emploie à fuir dans les zones hyper-rurales, soi-disant pleines de révélations. Cette philosophie n’est pas sans intérêt mais j’ai trouvé qu’elle alourdit l’ouvrage, plus qu’elle ne le tonifie.

lundi 21 juillet 2025

visibilité

    Aujourd’hui tout le monde filme tout. Pour en revenir à une question que j’abordais naguère (le progrès des techniques et la démocratisation de leur usage, le 21 IV), il me semble qu’un aspect de la situation présente peut se résumer dans cet axiome : Aujourd’hui tout le monde, ou à peu près, non seulement filme ou photographie tout, mais diffuse les images sur internet. L’usage des caméras de sécurité avait déjà contribué depuis des années à rendre le monde plus visible, il devient hyper-visible maintenant que tout un chacun est reporter. Cela présente des inconvénients, comme l’étalage du mauvais goût, l’encouragement à l’exhibitionnisme, etc. Mais aussi bien des avantages, que l’on ne finirait pas d’énumérer. Parmi eux les vidéos didactiques, ne serait-ce que les innombrables tutos montrant comment bricoler, jardiner, cuisiner, etc. Autre exemple, les vidéos animalières, révélant les charmes et les drames de la vie des bêtes. Il y a aussi l’information générale sur l’actualité : comme a fait remarquer Elon Musk, on est maintenant plus vite informé des événements par les réseaux sociaux que par les médias professionnels. Je citerai enfin tout l’enseignement que l’on peut tirer du fait que les crétins ne se lassant pas d’exposer leurs âneries, les malfaiteurs leurs crimes, et les affreux leurs horreurs, on est ainsi édifié sur leurs agissements.

dimanche 20 juillet 2025

noms

EN RANGS

Pío Moa
Ciro Bayo
Elon Musk
Geof Huth
Juan Rufo
Léon Bloy
Mark Dice
Roger Moore
Rubén Darío
Albert Caraco
Blaise Pascal
Marcel Proust
Robert Graves
Thomas Merton
Antoine Rivarol
Chester Carlson
Jacques Abeille
Friedrich Nietzsche

(Dans ce poème-liste je me suis amusé à collecter des noms de personnalités, dont le prénom et le patronyme comptent le même nombre de lettres. (J'adore cet équilibre. Que ne m'appelé-je Filip Billé...). Je les ai disposés par ordre croissant de longueur, et à chaque longueur dans l'ordre alphabétique du prénom.)

samedi 19 juillet 2025

crotales

En relisant quelques pages du Tratado descritivo do Brasil, de Gabriel Soares de Sousa (1587), je retrouve ce passage qui m’avait frappé, au chapitre II-111, à propos des jararacas, nom tupi du Fer de lance commun, serpent de la famille des crotales, qui sont les vipères d’Amérique. Je traduis : «Ces serpents ont pour dents des crocs, avec lesquels ils mordent en biais. Il est arrivé dans la capitainerie des Ilhéus qu’un de ces serpents a mordu un homme à travers sa botte, lequel n’a pas senti de douleur et s’est moqué du serpent, mais il est mort le lendemain. Or comme on vendait ses habits aux enchères, un autre homme a acheté ses bottes et il est mort en vingt-quatre heures, avec les jambes gonflées. Alors on a examiné les bottes et on y a trouvé plantée la pointe de la dent, fine comme une aiguille. Ce qui a bien montré que ces jararacas ont le poison dans les dents.» Je me demande si cette histoire est véridique ou s’il faut en douter.

vendredi 18 juillet 2025

Vylan

    Bel étalage d’arrogance haineuse que cette scène où l’on voit Bob Vylan (huhu) interpréter au festival de Glastonbury, à la fin du mois dernier, son tube I heard you want your country back, dont les paroles sont des variations sur le thème : J’ai entendu dire que tu veux récupérer ton pays / Ferme ta gueule / C’est pas possible. Le détail frappant est que ces propos peu aimables sont adressés par un homme de couleur à un public essentiellement blanc, qui applaudit. Une foule de lemmings masochistes qui paye pour se faire cracher à la gueule, c’est une assez bonne allégorie du suicide de l’Occident.

jeudi 17 juillet 2025

adresses

    Les morts ne disparaissent pas de mon carnet d’adresses. Je n’aurais pas le coeur de les en supprimer. J’efface le téléphone et le mail, qui ne serviront plus, mais je conserve le nom et l’adresse, pour sait-on jamais une enquête, un pèlerinage, le souvenir. Mon carnet d’adresses est un simple fichier d’ordi, j’y entre les personnes dans l’ordre alphabétique du prénom, une ligne chaque, deux trois si besoin. Outre le prénom et le nom, je peux noter l’adresse, le mail, le téléphone, parfois une seule de ces infos. A l’occasion je note aussi d’autres détails, le pseudonyme éventuel, quelquefois le prénom du conjoint ou des enfants, pour n’être pris au dépourvu si c’est eux qui répondent. Risque faible car j’appelle rarement, étant terrifié par le téléphone, sauf avec vraiment les proches, et j’en ai si peu. Souvent j’entre les artisans au métier, je le retiens plus facilement que leur nom, Bûcheron Untel, Jardinier Untel, Maçon Untel, etc. J’insère aussi dans l’ordre alpha les institutions, et maintenant les sites, pour retrouver mes identifiants et mots de passe. Ce carnet virtuel me rend bien des services.

dimanche 13 juillet 2025

vie

    Un trait commun aux grandes religions traditionnelles et aux nouvelles religions idéologiques consiste en cet acharnement à démontrer, contre toute évidence, que la vie est belle et qu’elle a un sens.

vendredi 11 juillet 2025

proportion

    Je n'ai déjà plus entre les mains le bon livre de Juan Rufo, mais il me revient que le préfacier Alberto Blecua, évoquant l'importance du jeu dans la vie de l'écrivain et les ennuis que cette addiction lui avait valus, signalait que cela se reflétait dans ses sept-cent-sept apophtegmes, dont parait-il environ dix pour cent abordent le sujet. Et il m'amuse de constater que, par pure coïncidence, la proportion s'est maintenue dans ma Lettre documentaire, où exactement deux des paragraphes (77 & 211), sur les vingt traduits, évoquent le jeu.

jeudi 10 juillet 2025

Rufo

L’écrivain et militaire Juan Rufo (1547-1620) naquit et mourut à Cordoue, mais vécut aussi ailleurs en Espagne et en Europe. On sait qu’il avait la passion du jeu. Il reste connu principalement pour deux oeuvres littéraires : un poème épique, La Austríada (1584) et un recueil d’anecdotes et de traits d’esprit, Las seiscientas apotegmas (1599). J’ai eu l’occasion de feuilleter cette intéressante somme de «six cents apophtegmes», en fait au nombre de 707, dans l’édition des Clásicos castellanos (1972). Ce sont des textes brefs, longs de deux lignes à une demi-page, dans lesquels l’auteur, 
parlant de lui à la troisième personne, se cite lui-même. Il y rapporte les bons mots, les répliques qu’il a donnés en telle ou telle circonstance. L’essentiel de l’ouvrage est en prose, avec aussi quelques vers çà et là. Les nombreuses anecdotes où est dépeinte la vie quotidienne de l’époque, m’ont fait penser aux historiettes de Tallemant des Réaux, à ceci près que Tallemant parlait des autres, quand Rufo se met lui-même en scène. Pour divertir mes lecteurs, je me suis aventuré à traduire une vingtaine des apophtegmes de Juan Rufo, parmi les plus brefs, dans ma Lettre documentaire 529.

apophtegmes

Lettre documentaire n° 529

VINGT APOPHTEGMES de Juan Rufo (1599) 
choisis et ici traduits par Philippe Billé 

23. Un vieil homme lui dit qu’il ne savait pas pourquoi la Nature donnait des cheveux blancs aux hommes plus qu’à tous les animaux. Il répondit : «Pour hisser un drapeau blanc entre l’ardeur de la jeunesse et la prudence.»

77. Un homme pauvre demanda une petite pièce à un autre, qui gagnait au jeu, lequel non seulement ne la lui donna pas, mais lui dit très rudement d’aller voir en Guinée. Il lui dit : «Vous l’envoyez bien loin, et lui donnez si peu pour la route.»

78. Venant d’écouter un grand joueur de viole, mais qui n’avait guère de voix, il dit «qu’il avait fort bien mangé, mais qu’il était mort de soif».

158. Un homme, qui ne devait pas être très instruit, demanda «si Sénèque était de Cordoue». Il lui répondit : «Mais d’où voulez-vous qu’il fût ?»

186. Traversant la Catalogne, et voyant quelques arbres où se trouvaient pendus des corps et beaucoup de squelettes, il dit «qu’ils étaient plus fructifères que ceux des coteaux de Plasencia».

211. Ayant perdu tout son argent, il sortit seul du corps de garde, alors que les fois où il gagnait, il était fort accompagné. Croisant un soldat, qui lui demanda comment ça s’était passé, il lui répondit : «Demandez-le à ceux qui m’accompagnent.»

235. Venant d’assister à une comédie, comme on lui demandait comment il l’avait trouvée, il dit : «C’est un portrait de Judas, qui vécut apôtre et mourut démon.» Il dit cela parce que la farce était bonne mais finissait mal.

281. A une belle dame, qui ne semblait pas mal voir, mais arborait un face-à-main, il dit : «D’autres s’en servent pour mieux voir, et vous, Madame, pour être mieux vue.»

349. Certain ivrogne s’étant noyé en nageant dans le Guadalquivir, il dit : «Cet homme a fini par mourir entre les mains de son pire ennemi.»

404. Certains gentilshommes donnèrent à une femme huit coups de poignard, voulant la tuer pour qu’elle ne dévoile pas un secret important. Mais comme elle survécut et le racontait à tout le monde, il dit : «Pour faire garder à cette femme une bouche close, ils lui en ont ouvert huit de plus.»

491. Des amis, gens de très bon goût, repartaient de chez lui, et comme, en prenant congé, ils lui demandaient quand il voulait qu’ils se revoient, il répondit : «Toujours».

536. Un ami lui conseillait de retourner à Cordoue, car après tout c’était sa patrie, il s’y trouverait mieux qu’en terre étrangère. Il répondit : «L’homme pauvre est toujours en terre étrangère.»

555. Il dit que se teindre les cheveux blancs, c’est comme porter une barbe postiche.

575. Comme la messe commençait, lui et un ami se trouvaient si loin de l’autel, qu’ils ne pouvaient rien entendre. Lorsque l’autre se mit à avancer vers l’autel, en lui disant «Gagnons du terrain», il répondit : «Et du ciel.»

588. Les hôtes, il dit «qu’ils étaient comme les oeufs : quand ils sont frais, un aliment sain et délicieux, mais quand ils ne le sont plus, personne ne les supporte».

593. Il dit aussi «que la beauté sans honnêteté, c’est comme un jardin sans eau, ou comme des fleurs piétinées».

617. Deux frères presque du même âge étaient si inégaux de corps, qu’ils ne semblaient pas frères, et comme on lui disait qu’ils étaient fils d’un même père, il répondit : «qu’on aurait plutôt dit des doigts d’une même main».

647. Il dit «que le monde est une prison ; la naissance, une condamnation à mort ; et la vie, des heures comptées.»

648. Et une autre fois, «que la vie n’est rien d’autre qu’une étude des façons de bien ou mal mourir.»

693. De deux sortes de personnes il disait «qu’il ferait beaucoup, celui qui les consolerait : le riche se voyant mourir, et la belle femme se faisant vieille.»

mardi 8 juillet 2025

garde

PAGE DE GARDES

garde alternée

garde-barrière

garde-boue

garde champêtre

garde-chasse

garde-chiourme

garde-corps

garde-côte

garde forestier

garde-fou

garde impériale

garde-manger

garde-meuble

garde nationale

garde partagée

garde prétorienne

garde rapprochée

garde républicaine

garde-robe

garde rouge

garde suisse

lundi 7 juillet 2025

Ama

Emprunté une bédé à Villeneuve, ça faisait longtemps : Ama Le souffle des femmes, scénario Franck Manguin, dessin Cécile Becq (Editions Sarbacane, Paris, 2020). C’est l’histoire d’une jeune femme de Tokyo quittant sa famille pour aller s’installer chez sa tante rurale et rustique, sur une petite ile où elle s’initie au rude métier de pêcheuse d’ormeaux. Ce n’est pas mal dessiné mais l’ouvrage vaut surtout par ses enseignements sur la culture japonaise, et sur la nature humaine en général. Je ressors de cette lecture convaincu que les femmes sont des êtres sympathiques, énergiques, solidaires et sensibles, alors que les hommes, sauf exception, sont des sales types, au mieux des pauvres types. Le sous-titre aurait dû m’alerter.

dimanche 6 juillet 2025

Perses

    Encore une pièce de théâtre tirée d’une boite à livres, cette fois-ci Les Perses, d’Eschyle, dans une vieille petite édition des Classiques pour tous (Librairie Hatier, 1946). Le fantôme de Darius et son épouse se lamentent sur la pâtée impériale que s’est prise leur fils Xerxès à la bataille navale de Salamine, où il était allé souffler dans le nez des Grecs, et les choeurs ne leur remontent pas le moral. S’agissant d’une traduction en prose, du reste élégante (par Charles Georgin), je ne peux juger du style de l’auteur. Le texte est encore plus ennuyeux que du Yasmina Reza, mais il a pour lui sa dignité d’oeuvre antique, ayant traversé les millénaires. Une image m’a plu : Hélas! hélas! les cadavres de nos amis, leurs membres tout pénétrés d’eau salée, sont donc ballottés, errants, au milieu des écueils…

vendredi 4 juillet 2025

néomots

    Mes néomots de ces derniers temps : charenté, tourmentir, vitraillette.

jeudi 3 juillet 2025

changement

Lettre documentaire n° 528

TOUT CHANGE, SANS CESSE.

Anthologie en kit (à compléter) d’auteurs exprimant cette idée.


    Héraclite : «On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.»

    Marc-Aurèle : «Tout est en train de se transformer.» (Pensées, IX, 19).

    Montaigne : «Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes les choses y branlent sans cesse … La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant.» (Essais, III, 2, Du repentir).

    António Vieira : « Tout ce qui est dans ce monde, n’y est qu’un instant. Ce qui fut, n’est plus ; ce qui va être, n’est pas encore ; et ce qui est, n’est qu’à l’instant présent. » (Sermon du premier dimanche de Carême, 1655, in 501 pensamentos do Pe Vieira, São Paulo, 2001, n° 9).

    Rousseau : « Tout est dans un flux continuel sur la terre » est repris plus loin : « Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes… » dans Les rêveries du promeneur solitaire (posthume, 1782, promenades V et IX). 

    Herder dans Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit, (1784, I, 4), soit Idées pour la philosophie de l’histoire dans l’humanité, telles que traduites de l’allemand par Edgar Quinet en 1827 :  « Tout est changement sur notre terre … Pendant que la sphère tourne, les peuples tournent avec elles… » ou citées  par le comte Joseph de Maistre en 1857 à la page 150 de ses Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole : «Tout sur notre globe, n’est que roue et changement … Les virevoltes d’une boule sont l’image de tout ce qui se passe sur notre terre.» ou encore traduites en 1962 par Max Rouché dans la Collection bilingue des classiques étrangers : «De même que la sphère tourne, tournent aussi à sa surface les têtes et les climats, les moeurs et les religions comme les coeurs et les costumes.»

mercredi 2 juillet 2025

Reza

    Ayant trouvé dans une boite à livres la plus célèbre pièce, «Art», de la célèbre écrivaine Yasmina Reza, j’ai passé, peut-être perdu, un moment à la lire. Cela raconte sur quelques soirées les chamailleries de trois amis dont le plus riche, Serge, dermatologue et amateur d’art contemporain, vient de payer une fortune pour s’offrir un tableau intrigant, grand rectangle blanc parcouru de lignes blanchâtres. Son ami Marc, ingénieur, également friqué mais de goût plus classique, est scandalisé par cette dépense pour une oeuvre qu’il juge sans valeur et qu’il qualifie de «merde». Le troisième homme, Yvan, simple représentant, et d’un naturel conciliant, adopte un point de vue intermédiaire. La dispute dérive par moments sur des questions personnelles secondaires. Cette comédie ne m’a pas beaucoup intéressé mais il parait qu’elle a obtenu un grand succès depuis sa création en 1994, ayant été plusieurs fois mise en scène, avec de bons acteurs, primée, et traduite dans trente-cinq langues. Sans doute présente-t-elle au public un miroir dans lequel il reconnait les questions que tout le monde s’est posées un jour ou l’autre, sur le thème L’art contemporain est-il de l’esbroufe ? Pour ma part, je ne me retrouve pas bien dans ce questionnement, étant habitué à voir dans l’art contemporain, y compris dans les avant-gardes les plus extrêmes, aussi bien des oeuvres que je prise et d’autres que je méprise. Quant à la dépense, ma foi, je suis d’avis que chacun a le droit d’user de ses avoirs comme il lui plait. J’aurai bien sûr plus d’estime pour quelqu’un qui dépense avec discernement, mais si un riche imbécile veut gaspiller sa fortune, je n’y vois aucun inconvénient. J’y verrais même l’avantage, selon la théorie du ruissellement, que ce serait là autant de bien diffusé dans le corps social. La question qui me parait plus discutable, touchant l’art contemporain, est celle des subventions publiques, dont la pièce ne dit rien. Qu’un particulier jette son argent par les fenêtres, n’importe, mais je suis très tatillon sur l’emploi de l’argent du contribuable.

mardi 1 juillet 2025

promotion

    Je doute qu’aucun universitaire ait jamais le courage ou l’autorisation de consacrer ses recherches aux processus de promotion sociale par la coucherie. Je crois qu’une telle étude établirait que ce favoritisme a profité aux femmes et aux homosexuels, plus souvent qu’aux hommes hétérosexuels.