Le peu d’aide que j’ai pu apporter à l’auteur, en fournissant quelques renseignements et en assurant une relecture, m’a valu que les éditions L’Amazone m’envoient aimablement de Bruxelles un exemplaire du livre de Jonas Delaborde, Choquer le monde à mort, paru à la fin de l’année dernière. C’est une étude très complète sur l’histoire et la nature de la revue Elles sont de sortie, publiée par Pascal Doury et Bruno Richard de 1977 à 1994, et par ce dernier seul depuis lors. J’ai reproduit dans mon journal, le 5 mars 2021, une lettre que je venais d’envoyer à l’auteur de ce qui n’était alors qu’un mémoire numérique d’étudiant. On pourra s’y reporter pour les détails, mais disons que mes avis étaient globalement positifs. Ils le restent devant le solide volume qui en a été tiré, et qui jouit maintenant de l’autorité de la chose imprimée. Il se compose en gros de cent cinquante pages d’étude, suivies de cent cinquante pages d’iconographie, enfin d’une cinquantaine de pages de bibliographie illustrée. La seule lacune que je pourrais peut-être regretter (mais trop tard, j’ai le grand tort de n’y penser que maintenant et de ne pas avoir demandé cela à Jonas quand il était temps) est que les quatorze Lettres documentaires dont Bruno Richard est l’auteur ne sont pas mentionnées parmi ses œuvres. La Lettre documentaire était alors une publication de faible envergure (une page A4) mais les travaux que Bruno y a publiés de 1993 à 2008 sont des œuvres à part entière : deux sont des cartes (Ld 45, plan de son quartier, et 345, carte de l’île Maurice), les autres des listes (Ld 42 : ses livres, 123 : ses disques, 134 : J’ai – j’ai pas, 138 : collections, 173 : notes perso, 174 : Je hais, 206 : îles, 284 : Il y avait, 306 : Quand j’étais petit, 430 : Toute la journée). En revanche, l’effort de souvenir nécessaire pour répondre aux questions de Jonas m’a stimulé à réaliser entre temps deux petits travaux dont j’avais vaguement le projet : en juin 2021 la Lettre documentaire 516 (Liste de mes rencontres avec Bruno Richard) et en septembre 2023 la création d’un article à lui consacré dans Wikipédia. La préparation du livre a aussi été l’occasion d’établir (page 28, note 69) que j’étais l’auteur de la formule «une exposition à feuilleter» pour caractériser la fonction du graphzine (ce que j’avais complètement oublié). En feuilletant maintenant le livre consacré à cette revue, je me demande ce qu’elle a représenté pour moi. Je ne l’ai connue qu’assez tard, en tout cas je n’ai été en relation avec Bruno qu’à partir de 1993, quand Elles sont de sortie existait déjà depuis seize ans. Les deux dessinateurs étaient talentueux mais leur inspiration, ludique chez Doury, souvent sadique chez Richard, n’était pas bien à mon goût (plus d’une fois j’ai dû agacer Bruno en lui reprochant de passer son temps à dessiner des femmes à poil se faisant arracher la gueule par des nazis). Je m’aperçois d’ailleurs, en considérant la bibliographie, que ma préférence va aux numéros conceptuels d'ESDS : le 14 (Elac), le 33 (Bébé), le 36 (Antenna-photomatons), le 45-46 (L’ordure), le 56 (Journal sale)... Sans doute ai-je été plus sensible à l’esprit général de la revue, à son exemple de liberté, d’insolence, d’auto-production...
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