jeudi 2 octobre 2025

Connoué

Il y a quelques jours, j’ai créé dans Wikipédia ma vingt-sixième notice, celle-ci au sujet du grand spécialiste de l’art roman charentais, Charles Connoué (1886-1969). Il était natif de Saint-Julien de l’Escap, un faubourg de Saint-Jean d’Angély, mais passa la plus grande part de sa vie et mourut à Saintes. Un de ses titres de gloire est d’avoir été l’un des dix co-fondateurs de l’Académie de Saintonge en 1957. J’ai voulu lui consacrer une notice pour trois raisons principales : d’abord parce qu’il était l’un des rares membres historiques de cette Académie à ne pas disposer de notice personnelle dans l’encyclopédie. Ensuite parce qu’il est surtout, à mes yeux, l’auteur d’une somme admirable sur Les églises de Saintonge, inventaire exhaustif d’environ 750 églises, avec commentaire archéologique et architectural, et dessin au crayon ou à la sanguine, publié sur dix ans (1952-1961) en cinq volumes (dont je possède seulement le troisième, portant sur Saint-Jean d’Angély et sa région). Enfin parce qu’ayant commis l’erreur d’être collabo pendant la guerre, il fait partie des pestiférés que l’on s’abstient de célébrer, quels que soient par ailleurs leurs mérites (aucune rue ne portera probablement jamais son nom). A cet égard son destin anti-marxiste me parait intéressant : voilà tout de même un banquier (argh) et entrepreneur (aargh), qui plus est catho (aaargh) et collabo (aaaargh!) qui a su consacrer du temps et des efforts à produire quelque chose de beau et d’intelligent. Des échos personnels qui me sont parvenus, comme quoi il aurait fini sa vie en vieux fou infréquentable et très seul, enseveli dans sa documentation, me l’ont aussi rendu sympathique. Cette notice succincte, et qui n’a guère besoin d’être plus longue, m’a pourtant donné du fil à retordre et j’ai bien mis trois semaines à la pondre. J’ai reçu pour cela une aide décisive d’une personne du musée de Saint-Jean. Une difficulté que j’ai eue a été de pouvoir mettre la main sur un exemplaire de L’alambic de Charentes, de François Julien-Labruyère, ouvrage dont le titre n’indique pas bien qu’il s’agit tout simplement d’une histoire culturelle de cette province, et dans lequel j’avais l’intuition que je trouverais quelques données. La consultation du catalogue en ligne faisait apparaitre qu’il y en avait deux exemplaires à la médiathèque de St-Jean et deux autres dans une bibliothèque annexe, celle de la Maison de Jeannette, institution vouée à la culture locale. Or les quatre exemplaires étaient indisponibles, les deux premiers appartenant à des fonds de réserve en cours de déménagement, et la maison abritant les deux autres étant à la dérive suite au décès de la responsable). Cela était d’autant plus fâcheux que j’ai moi-même possédé jadis ce livre, dont je ne sais plus si je l’ai revendu, donné ou perdu. Mais enfin, après maints échanges par mail et par téléphone, la médiathèque m’a permis de le consulter. Je signalerai pour conclure une petite énigme, apparue au cours de mes recherches. Les notices concernant Charles Connoué dans le site de l’Académie de Saintonge et dans le Dictionnaire biographique des Charentais, presque identiques, affirment toutes deux que son père aurait créé la banque Dalmont, Connoué et Cie en 1881. Or Charles naquit en 1886 et dans son acte de naissance, que l’on m’a procuré, il est signalé que son père était alors âgé de 24 ans. Cela voudrait dire qu’il avait créé une banque à l’âge de 19 ans, chose improbable. S’agit-il en fait de l’année 1891, ou d’une autre ? Je n’en saurai sans doute jamais rien…

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