Le blog littéraire et agricole de Philippe Billé. Des notes de lecture, et des notes du reste.
dimanche 30 novembre 2025
cannes
Dans une lettre d’octobre 1959, Henry Miller raconte à Lawrence Durrell qu’un beau jour, il avait acheté à Paris «une canne qui avait appartenu à Kipling, ou à Modigliani. Je l’ai perdue à Rocamadour, un soir…» Je me demande si celui qui l’a récupérée savait qu’elle avait appartenu à Miller. La canne est en effet un objet que l’on perd, surtout quand on s’en sert avant l’âge où l’on en a un besoin constant. J’avais trouvé ma première canne au bord de la route, dans les bois de Gironde, oubliée sans doute par un chercheur de champignons. Elle était ferme et légère, avec le bout ferré, je l’aimais beaucoup. J’en ai possédé quelques autres depuis, achetées ou offertes, actuellement quatre ou cinq, partie dans mon entrée, partie dans la voiture. J’en ai revendu, et j’en ai moi aussi perdu une, de mes favorites, en bois rougeâtre, achetée à la frontière dans une venta. Je crois l’avoir oubliée dans une foire à Cassy. Ma préférée en ce moment a pour poignée un petit pommeau en corne gris, bien poli. Pour moi ce n’est pas juste un instrument élégant et commode, c’est aussi une arme par destination pour me garantir des chiens et des fâcheux, sait-on jamais…
samedi 29 novembre 2025
incendie
A Hong Kong un incendie s’est déclaré mercredi dernier le 26 novembre dans un énorme complexe d’habitation construit dans les années 80 et récemment rénové, formé de huit tours d’une trentaine d’étages, comprenant au total deux mille appartements et abritant quelque 4800 personnes. On ignore encore si le feu est d’origine criminelle ou accidentelle mais on sait qu’il a d’abord pris dans un échafaudage en bambou avant d’embraser une première tour et de s’étendre en tout à sept, dont trois ont été particulièrement ravagées. Trois jours après on n’a toujours pas fini de compter les morts, les blessés et les disparus. Le bilan s’élevait à 55 morts jeudi, 94 hier, 128 ce matin. C’est un des traits qui m’épouvantent le plus dans ces gigantesques fourmilières humaines, outre leur laideur et la promiscuité : la possibilité de l’incendie, ne laissant de choix qu’entre griller sur place ou se défenestrer. Plus que jamais je milite pour le droit à vivre au niveau du sol et je me réjouis d’avoir ce privilège.
vendredi 28 novembre 2025
jardin
La nature a ses idées, sur ce qu’il faut faire du jardin, mais souvent ce ne sont pas les nôtres.
jeudi 27 novembre 2025
garçonnes
La personnalité singulière de Noël Santon m’a intéressé. Je me suis renseigné sur elle en ligne, j’ai retouché et complété sa notice dans Wiki, ainsi que celles sur deux autres garçonnes avec qui elle fut en relation : la secrétaire et biographe de Colette, Claude Chauvière (1885-1939) et l’éditrice périgourdine du Mercure de France, Rachilde (1860-1953). Ces dames étaient en quelque sorte des non-conformistes, mais non des rebelles à la mode d’aujourd’hui. Santon vibrait de patriotisme, Rachilde était parait-il anti-féministe et xénophobe, quant à Chauvière, fille de militants d’extrême gauche, elle devint royaliste et dévote. En ces temps reculés, on n'avait pas encore inventé la convergence des luttes...
mercredi 26 novembre 2025
Santon
Pour me renseigner sur la vie à Saint-Jean d’Angély au moment de l’exode de juin 1940, j’ai lu les premiers chapitres de deux petits livres jumeaux signés Noël Santon, parus en 2013 aux éditions de L’Angérien Libre. L’un d’eux (I), Des heures qu’on n’oublie pas : Les temps étranges (mai-octobre 1940), semble être un recueil de notes prises sur le moment, peut-être restées inédites jusqu’alors. L’autre (II), Saint-Jean sous la botte, portant sur toute la période de l’Occupation, est la réédition d’un ouvrage de 1947, dans lequel sont remployées par endroits les notes du premier. L’auteur, en fait une femme, de son vrai nom Noëla Le Guiastrennec, était né en 1900 à Saint-Julien de l’Escap, banlieue orientale de Saint-Jean d’Angély. Ecrivaine, éditrice et graveuse, elle vécut principalement dans la ville de Saint-Jean, dont elle fut la bibliothécaire de 1953 à sa mort accidentelle en 1958. Du genre garçonne, elle écrivit une cinquantaine de livres, surtout des romans, sous divers pseudonymes, presque tous masculins, dont Noël Santon fut le principal. Dans les années 30, elle publia la revue littéraire Corymbe et anima une maison d’édition du même nom. Au moment où éclate la deuxième guerre, Noël avait un «travail militaire» (I, 3) dans les bureaux semble-t-il, au camp d’aviation de Fontenet (I, 10, II, 8 et passim) à quelques kilomètres au sud-est de Saint-Jean. Elle est patriote et exprime en termes lyriques son attachement charnel et spirituel à «tout cet ensemble de passé, de présent et d’avenir, d’âme et de chair, qui constitue la patrie» (I, 4) … «Notre corps, qui retourne à la terre, n’est-il pas lui-même un morceau du pays ? Notre corps qui est ce sol, ces arbres, ces champs, ces villes, comme notre âme est ce ciel, cet air enivrant, cette admirable lumière de France ? … l’âme loyale de l’histoire de France…» (I, 6-7). Aussi l’annonce de la défaite de l’armée française en mai-juin 40 est-elle un choc qui la plonge dans le désarroi : «On se sent innombrablement seul sous le poids de la gigantesque douleur collective» (I, 10) malgré le beau temps, les «journées étincelantes de soleil» (II, 7). Puis survient le flux chaotique de l’exode, les gens fuyant le nord. Noëla s’y trouve confrontée dans les embouteillages, lors des deux allers et retours qu’elle fait chaque jour en bus entre Saint-Jean et l’aéroport. Elle décrit aussi l'affluence en ville des arrivants, la ruée sur les magasins et les hôtels, les endroits où dormir. Je pense à mes grands-parents petits commerçants, étaient-ils déjà installés dans cette ville ? Ils auraient des souvenirs à raconter sur le sujet. Je m’amuse de ce remaniement dans le texte de Noël : elle écrit d’abord que certains réfugiés échouent «sur les bancs d’un square, sous les arbres d’une avenue» (I, 17), puis «sous les arbres d’un square, sur les bancs d’une avenue» (II, 5). Elle évoque la présence de rares écrivains, comme Maxence van der Meersch et Sacha Guitry (I, 15, II, 20-21) mais ne parle pas de Céline, qui passa par là un peu plus tard.
mardi 25 novembre 2025
lundi 24 novembre 2025
sérigraphie
Une de mes créations préférées, le «Portrait sans titre avec Picasso», d’octobre 1988, qui figure aujourd’hui encore sur ma carte de visite, est un collage petit comme un timbre-poste. C'est un des premiers que j’ai vendus, à l'époque, je ne sais plus à qui. J’en ai publié un agrandissement au format A5 dans la revue Documents-Pages n° III, d’avril 1989, à la page 29. La même année, l’occasion se présentant, j’en ai fait faire (par qui ? Bruno Charpentier ?) un tirage de 33 exemplaires en sérigraphie sur bristol, cette fois-ci au format A4. Je croyais ce tirage épuisé depuis longtemps mais je viens de découvrir dans un de mes cartons qu’il m’en restait trois exemplaires, les numéros 29, 30, et 32 (sur 33, donc). Si cela peut intéresser des amateurs, je cède ces gravures au prix de 20 euros l’unité (si la vente se fait par correspondance, il faudrait y ajouter le coût d’un envoi à 100 grammes).
(Ps : il n'en reste plus que deux).
dimanche 23 novembre 2025
Miller
Dans un moment d’entrain, après avoir lu les Quiet days in Clichy de Henry Miller, j’ai voulu examiner les deux traductions françaises, celle de Gérald Robitaille (Losfeld, 1967) et celle de Brice Matthieussent (Bourgois, 1991), puisque la fac, où j’étais de passage, en disposait. Une fois rentré dans ma brousse, je vois bien que ces deux petits livres ne m’intéressent pas, je les feuillette à peine. Je remarque chez Brice un passé simple étrange (Je consultai l’annuaire du téléphone et découvrai plusieurs hôtels…) dans Mara-Marignan, le texte faisant suite aux Jours tranquilles, page 109. J’en resterai là, mes autres emprunts seront plus utiles.
samedi 22 novembre 2025
vendredi 21 novembre 2025
jeudi 20 novembre 2025
sou
Il y eut jadis une monnaie dite le sou, ou le sol. Longtemps je me suis figuré qu’elle était ainsi nommée car une pièce est ronde et luisante comme un petit soleil, mais il n’en est rien, semble-t-il, le mot viendrait du bas latin soldus, lui-même du latin classique solidus. Comme il arrive souvent, la chose a disparu mais son nom perdure dans le langage, on le retrouve dans maintes formules : affaire de gros sous, pas pour un sou, à quatre sous, trois francs six sous, propre comme un sou neuf, être près de ses sous, ou sans le sou, etc. C’était une petite monnaie, valant le vingtième de l’unité monétaire, livre ou franc, soit une valeur minime, l’équivalent aujourd’hui de la pièce de cinq centimes par rapport à un euro. De là des expressions, maintenant désuètes, comme il lui manque toujours dix-huit (ou dix-neuf) sous pour faire un franc, soit presque tout, ou il lui manque toujours un sou pour faire un franc, pour dire qu’il n’a jamais assez. Je crois me souvenir que l’on disait chez moi il lui manque toujours quatre sous pour faire un franc. J’ignore si cet usage était une variante régionale, ou seulement familiale.
mercredi 19 novembre 2025
consolation
Je passerai sans doute ma vie à pester contre le destin qui m’a fait ainsi gourd, lent, gauche, timide, empoté, laborieux, maladroit, hésitant. J’ai beau cheminer vers la perfection, c’est trop lentement et je ne compte pas les occasions que j’ai encore de regretter d’en avoir trop dit ou trop fait, ou au contraire pas assez, ou pas comme il aurait fallu. Triste sort. (Mon goût de l’écriture doit tenir entre autres à la possibilité qu’elle m’offre, par compensation, de m’exprimer à mon aise, en prenant mon temps. Et tout mon temps : je retouche à l’occasion des notes d’il y a trente ans…). En revanche, il faut avouer que la providence m’a doté d’un bon sens et d’un bon goût à peu près infaillibles. Encore heureux, que j’aie cette consolation…
mardi 18 novembre 2025
Crad
(Réédition : je reproduis ci-dessous ma Lettre documentaire n° 464, de mai 2009, dans laquelle j’avais traduit en français le texte de Crad Kilodney, Life without drama, de 1992. C’est cette histoire que j’ai lue samedi dernier au public du Moulin à Café de Doeuil sur le Mignon, en ouverture d’une séance de lectures sur le thème de l’humour.)
LA VIE SANS DRAME, par Crad Kilodney
Il ne se réveilla pas dans une chambre d’hôtel inconnue, avec une bouteille vide traînant par terre et une belle femme dormant à côté de lui.
Il ne mit pas un pistolet dans sa poche avant de sortir.
Il n’avait pas rendez-vous dans un bar obscur, avec un puissant représentant d’une organisation secrète.
Au travail, il ne trouva rien d’inhabituel sur son bureau. Il n’y avait pas de décision difficile, ni de problème éthique à affronter. Il n’avait aucun pouvoir sur les autres. Il ne fut pas convoqué à une réunion importante. Il ne reçut de coups d’œil langoureux d’aucune collègue. Il ne surprit aucune conversation importante dans les toilettes. Il n’eut aucune confrontation avec son supérieur, dans laquelle il l’aurait surpris par son assurance.
Il ne s’absenta pas dans l’après-midi pour un rendez-vous avec une femme riche et célèbre.
En rentrant chez lui, il ne se battit pas avec un agresseur, ni ne secourut des enfants au premier ou deuxième étage d’un immeuble en feu.
Il ne fut pas pris dans une fusillade entre la police et des gangsters.
Il ne trouva pas une mallette pleine d’argent, de bijoux ou de documents secrets.
Aucun homme en noir ne lui remit des instructions codées afin qu’il prenne le premier vol pour Tanger, Amsterdam, Paris ou Moscou.
Il ne rencontra pas une belle femme assise seule dans un bar à la lumière tamisée, qui lui aurait fait un sourire séduisant.
Son portable ne sonna pas une seule fois.
Les gens ne firent pas attention à lui dans la rue, et personne ne le suivit.
Il n’éprouva aucune sensation physique inhabituelle, et aucune idée, frayeur ou souvenir ne lui vint tout à coup à l’esprit.
Quand il fut arrivé, il constata que personne n’avait forcé et saccagé son appartement, dans lequel rien ne manquait.
Il n’y avait rien d’important au courrier, ni de messages sur le répondeur.
Ressortant plus tard acheter des cigarettes, il ne fut le témoin d’aucun crime ni accident, ni n’eut la chance de croiser une belle femme en quête de protection et d’un endroit où se cacher.
Ses numéros de loterie ne sortirent pas.
Lorsqu’il regarda au dehors par la fenêtre, il ne vit que des immeubles et des voitures.
Il n’entendit aucun bruit bizarre en provenance de l’appartement d’en face.
Quand il se mit au lit, il n’eut aucun mauvais pressentiment, ni n’eut à réfléchir à aucune affaire importante à traiter le lendemain.
Il ne fit aucun rêve qui se révèlerait prophétique.
Inutile de préciser qu’il ne se réveilla pas dans une chambre d’hôtel inconnue, avec une bouteille vide traînant par terre et une belle femme dormant à côté de lui.
LA VIE SANS DRAME, par Crad Kilodney
Il ne se réveilla pas dans une chambre d’hôtel inconnue, avec une bouteille vide traînant par terre et une belle femme dormant à côté de lui.
Il ne mit pas un pistolet dans sa poche avant de sortir.
Il n’avait pas rendez-vous dans un bar obscur, avec un puissant représentant d’une organisation secrète.
Au travail, il ne trouva rien d’inhabituel sur son bureau. Il n’y avait pas de décision difficile, ni de problème éthique à affronter. Il n’avait aucun pouvoir sur les autres. Il ne fut pas convoqué à une réunion importante. Il ne reçut de coups d’œil langoureux d’aucune collègue. Il ne surprit aucune conversation importante dans les toilettes. Il n’eut aucune confrontation avec son supérieur, dans laquelle il l’aurait surpris par son assurance.
Il ne s’absenta pas dans l’après-midi pour un rendez-vous avec une femme riche et célèbre.
En rentrant chez lui, il ne se battit pas avec un agresseur, ni ne secourut des enfants au premier ou deuxième étage d’un immeuble en feu.
Il ne fut pas pris dans une fusillade entre la police et des gangsters.
Il ne trouva pas une mallette pleine d’argent, de bijoux ou de documents secrets.
Aucun homme en noir ne lui remit des instructions codées afin qu’il prenne le premier vol pour Tanger, Amsterdam, Paris ou Moscou.
Il ne rencontra pas une belle femme assise seule dans un bar à la lumière tamisée, qui lui aurait fait un sourire séduisant.
Son portable ne sonna pas une seule fois.
Les gens ne firent pas attention à lui dans la rue, et personne ne le suivit.
Il n’éprouva aucune sensation physique inhabituelle, et aucune idée, frayeur ou souvenir ne lui vint tout à coup à l’esprit.
Quand il fut arrivé, il constata que personne n’avait forcé et saccagé son appartement, dans lequel rien ne manquait.
Il n’y avait rien d’important au courrier, ni de messages sur le répondeur.
Ressortant plus tard acheter des cigarettes, il ne fut le témoin d’aucun crime ni accident, ni n’eut la chance de croiser une belle femme en quête de protection et d’un endroit où se cacher.
Ses numéros de loterie ne sortirent pas.
Lorsqu’il regarda au dehors par la fenêtre, il ne vit que des immeubles et des voitures.
Il n’entendit aucun bruit bizarre en provenance de l’appartement d’en face.
Quand il se mit au lit, il n’eut aucun mauvais pressentiment, ni n’eut à réfléchir à aucune affaire importante à traiter le lendemain.
Il ne fit aucun rêve qui se révèlerait prophétique.
Inutile de préciser qu’il ne se réveilla pas dans une chambre d’hôtel inconnue, avec une bouteille vide traînant par terre et une belle femme dormant à côté de lui.
(Photo Marie Toutous-Delenatte)
lundi 17 novembre 2025
Camacho
Lettre documentaire n° 531
HUIT APHORISMES de Carmen Camacho
HUIT APHORISMES de Carmen Camacho
choisis dans son recueil Zona franca
(Granada : Editorial Cuadernos del Vigía, 2016)
et ici traduits de l'espagnol par Philippe Billé.
(On indique entre parenthèses la page
où retrouver la phrase originale).
(13) La poétesse se baigne dans le mot rivière.
(18) Le pharmacien en sait bien plus sur moi que mon confesseur.
(29) Maintenant les fleurs du mal sont pratiquement toutes cultivées en serre.
(30) Les aphorismes se méfient les uns des autres.
(44) Nombre de mères entendent tirer de leurs enfants des droits d’auteur.
(66) Aimer, verbe irrégulier.
(68) Il arrive un moment dans la vie où c’est à notre tour, de nous occuper de notre ange gardien.
(83) Trouver la distance la plus belle entre deux points.
(13 : La poeta se baña en la palabra río. 18 : El farmacéutico sabe de mí mucho más que mi confesor. 29 : Ahora prácticamente todas las flores del mal vienen de invernaderos. 30 : Los aforismos desconfían unos de otros. 44 : No pocas madres pretenden cobrarse en sus hijos derechos de autor. 66 : Amar, verbo irregular. 68 : Llega un momento en la vida en que es una la que empieza a encargarse de su ángel de la guarda. 83 : Hallar la distancia más bella entre dos puntos.)
(13) La poétesse se baigne dans le mot rivière.
(18) Le pharmacien en sait bien plus sur moi que mon confesseur.
(29) Maintenant les fleurs du mal sont pratiquement toutes cultivées en serre.
(30) Les aphorismes se méfient les uns des autres.
(44) Nombre de mères entendent tirer de leurs enfants des droits d’auteur.
(66) Aimer, verbe irrégulier.
(68) Il arrive un moment dans la vie où c’est à notre tour, de nous occuper de notre ange gardien.
(83) Trouver la distance la plus belle entre deux points.
(13 : La poeta se baña en la palabra río. 18 : El farmacéutico sabe de mí mucho más que mi confesor. 29 : Ahora prácticamente todas las flores del mal vienen de invernaderos. 30 : Los aforismos desconfían unos de otros. 44 : No pocas madres pretenden cobrarse en sus hijos derechos de autor. 66 : Amar, verbo irregular. 68 : Llega un momento en la vida en que es una la que empieza a encargarse de su ángel de la guarda. 83 : Hallar la distancia más bella entre dos puntos.)
dimanche 16 novembre 2025
rencontres
Après-midi très sociale hier pour moi, en deux parties. Tout d’abord au troc automnal de plantes et de graines devant la bibli de Villeneuve la Comtesse, de 14 à 17 heures. Expérience toujours sympathique, avec un temps clément. J’y ai donné un plant d’érable negundo, que j’avais récupéré je ne sais où, une touffe de cyclamen, et des graines de roses trémières. Et j’ai emporté une pousse d’agave, deux boutures de rosiers-lianes, deux bulbes de fleurs jaunes dont j’ai oublié le nom, de petits oignons rocambole, et une grosse part de butternut pour mettre dans la soupe. On offrait des boissons et de bons gâteaux, dont je me suis servi, et j’ai bavardé bien aimablement. Après quoi, un peu plus loin au nord-ouest, j’ai pris part et assisté à la soirée de lecture organisée au Moulin à Café de Doeuil sur le Mignon, sur le thème de l’humour. C’est moi qui ouvrais la séance, à 17 h 30, avec un court texte de Crad Kilodney, La vie sans drame (Life without drama, 1992). Huit autres lecteurs (surtout des lectrices) m’ont succédé, jusque vers 19 heures. Ce fut une belle journée. Aujourd’hui : repos.
samedi 15 novembre 2025
féminité
Des nouvelles de la douceur féminine, recueillies ce matin parmi les faits divers. A Aix, une mère très alcoolisée s'exhibe devant son fils ado et tente de lui baisser son froc pour avoir un rapport sexuel avec lui. En Louisiane, une grand-mère ivre au volant d'un SUV percute mortellement son petit-fils de cinq ans, qui attendait le bus scolaire. Mais le grand problème, dans la société d'aujourd'hui, c'est le patriarcat... (Post scriptum deux jours après : A Bayeux, une femme de 31 ans reconnait avoir noyé son bébé de cinq semaines suite à une dispute avec son conjoint. A Gap, une femme se suicide en se tranchant la gorge avec une tronçonneuse sur le parking d'un magasin de bricolage...)
jeudi 13 novembre 2025
auréoles
Il m’a semblé qu’une voix, de derrière une clôture, annonçait que nous allions encore avoir des auréoles boréales.
mardi 11 novembre 2025
Carabas
J’ai tiré d’une boite un livre fait pour moi. Fort mince, une brochure, il n’y a pas vingt pages. C’est un des huit Contes de ma mère l’Oye, de Charles Perrault : Le chat botté. J’adore. L’immoralité de l’histoire me gêne, cet éloge de la ruse est en somme un éloge du mensonge, mais elle m’enchante quand même par le ton tranquille, l’enchainement rapide et merveilleux des actes, la facilité incroyable. Cela me ravit comme m’avait ravi La Belle au bois dormant, lue il y a quelques années (voir au 8 IV 2016). Et puis il y a malgré tout une moralité, l’industrie surpassant l’héritage, et la belle mine surpassant le rang social. On a dû me lire cette histoire quand j’étais petit, car j’en ai possédé un livret, mais j’en avais perdu tout souvenir, hors celui d’une image qui m’épouvantait : ledit marquis de Carabas se baignant dans la rivière, et comme une partie de son bras était plongée dans l’eau, il me semblait coupé. Je n'ai peut-être plus l'âge de lire ce genre de conte, mais je lui trouve à chaque ligne une telle magie… (... Ne vous affligez point, mon maître, vous n'avez qu'à me donner un sac, et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles ... Un soir qu'il sut que le roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière avec sa fille, la plus belle princesse du monde ...)
(Comme illustration j'ai retrouvé en ligne la couverture du conte de mon enfance).
lundi 10 novembre 2025
dimanche 9 novembre 2025
Clichy
A priori je pensais que les Jours tranquilles à Clichy, de Henry Miller, me plairaient, car depuis longtemps ce joli titre m’attirait, sans savoir ce qu’il recouvrait, mais j’ai été déçu en lisant le texte original trouvé dans une boite, Quiet days in Clichy (New York : Grove Press, 1987). Ce petit roman autobiographique raconte la vie de bohème que mènent deux amis, le narrateur américain Joey, double de l’auteur, et son ami tchèque Carl, dans le quartier de la place Clichy, à Paris, au début des années 30 (le livre aurait été écrit en 1940 et récrit au moment de sa première publication en 1956). Carl est journaliste et on ne sait trop de quoi vit Joey, qui ne travaille pas. Les deux sont colocataires et tirent le diable par la queue, mais trouvent les moyens de se consacrer à leur passe-temps principal, qui est de fréquenter des prostituées. Malgré le point de vue anti-bourgeois évident, le livre est une publicité involontaire pour la société capitaliste, permettant de vivoter ainsi une assez belle vie en ne foutant pas grand chose. Le tableau moral n’est pas reluisant, surtout au regard des exigences d’aujourd’hui. Les deux lascars n’ont pas l’air trop gênés par le mensonge, l’escroquerie, le mépris des putes simplettes, et parfois mineures, dont ils abusent, enfin la promiscuité (ils se disent insouciants des maladies vénériennes), et la crasse (le narrateur peut manger une tranche de pain piétinée par terre, et s’amuse à pisser dans la baignoire où il barbote avec deux filles). Il existe un bizarre contraste entre cette indolence éthique et un soudain accès d’intransigeance, quand ils injurient copieusement un cafetier antisémite, lors d’une excursion au Luxembourg. La chaude-pisse d’accord, mais l’antisémitisme non ! Il y a je trouve une incohérence entre une des scènes, où le narrateur affamé se dit prêt à tout pour une bouchée de pain, et celle où il explique savoir entre les pages de quel livre son camarade planque des économies. Il y a quand même çà et là de bons passages, mais dans les dernières pages le récit tourne au grand guignol fantasmatique, si bien que la meilleure qualité du livre est sa brièveté, moins de cent pages.
samedi 8 novembre 2025
couleurs
La symbolique des couleurs n’est pas une science exacte, plutôt un folklore plein de bizarreries. Ainsi le rouge, couleur de gauche en Europe, de droite aux Etats-Unis, ou le noir, couleur du drapeau anarchiste et des chemises fascistes. Le plus drôle est peut-être le vert, couleur de l’espoir, de l’islam, du dollar et de l’écologie…
jeudi 6 novembre 2025
noisetier
Longtemps j’ai méprisé le bois de noisetier. Il a fallu toute l’autorité de la FFF (la Flore forestière française), jugeant que c’était un « assez bon combustible », pour me faire reconsidérer mon avis. Ma mauvaise impression venait je pense du fait qu’une fois mort ce bois se dégrade assez rapidement et devient friable et léger, beaucoup plus vite que le chêne, par exemple. Mais coupé vert, ce que j’évite, ou récolté sec sans trop tarder, il n’est pas mal. Surtout pour du bois qu’on ne paye pas. Ces derniers mois j’ai pris le temps de revisiter systématiquement tous mes noisetiers. Ils poussent en gerbes de tiges, la plupart bien droites. J’en ai sorti toutes les tiges mortes déjà tombées, et les mortes sur pied qui se laissaient arracher en tirant dessus. J’éprouve ces petits troncs en les tenant à deux mains par le bout du bas, le plus ferme, et en les frappant sur le sol. J’entasse à pourrir les morceaux qui se cassent et je ne scie que les parties encore dures. Cela donne des bûches ou des bûchettes du calibre d’un pied de table ou de chaise. Au cours de ces opérations j’ai découvert un procédé, qui permet de se passer d’un chevalet. Il faut repérer les arbres, rares dans les bois, qui présentent une fourche à hauteur des mains. Cela ne marche pas toujours, mais si elle est bien tournée, on peut aisément y placer un long bout de bois, surtout une tige bien droite comme un tronc de noisetier. Une fois coincé dans la fourche, il est facile de le tenir d’une main et de le scier de l’autre. Je partage bien volontiers ce truc, ne me remerciez pas.
mercredi 5 novembre 2025
Tandil
Un autre nom de marque à l’étymologie improbable est celui des magasins Aldi. Je croyais la chaine italienne, à cause de la ressemblance avec le prénom Aldo, diminutif de Rinaldo (Renaud). Il parait qu’Aldo est aussi un prénom allemand, provenant de l’adjectif ald ou alt, signifiant ancien, noble. J’ai appris qu’Aldi est justement une chaine allemande, créée par la famille Albrecht, et que le nom de la marque est en fait un acronyme formé sur les premières syllabes d’Albrecht-Diskont. Je ne déteste pas faire des courses de temps en temps chez ce bon Aldi, où l’on trouve de la marchandise exotique. En Gironde il y en avait un à ma portée quand j’habitais Gradignan, je connais aussi celui qui se situe à la sortie d’Audenge. En Charente vers chez moi le magasin de Saint-Jean a fermé, mais il reste celui de Surgères. On vend chez Aldi de la lessive Tandil et je ne lave plus mon linge qu’avec elle, depuis que j’en ai découvert l’existence, car son nom m’entraine dans la rêverie documentaire. J’ignore si c’est par coïncidence ou pour quelque autre raison, qu’elle porte le même nom que la ville d’Argentine où se croisèrent peut-être Robert Le Vigan et Witold Gombrowicz, l’un en exil et l’autre en villégiature, dans les époques…
(Voir ce journal au 24 avril 2012 : Le comédien Robert Le Vigan (1900-1972), de son vrai nom Coquillaud et surnommé La Vigue par son copain Céline, avec qui il s'enfuit à pied à travers l'Allemagne en 1944-1945, eut ses biens confisqués et fut condamné en 1946 à l'indignité nationale et aux travaux forcés, pour faits de collaboration. Libéré en 1948, il s'exila d'abord en Espagne puis en Argentine, où il se fixa et demeura jusqu'à sa mort à 72 ans dans la ville de Tandil, qui comptait dans les 50.000 habitants au milieu du vingtième siècle et se situe au pied des montagnes à 350 kilomètres au sud de Buenos Aires. De son côté l'écrivain polonais Witold Gombrowicz (1904-1969), surpris par l'éclatement de la guerre en 1939 alors qu'il était à Buenos Aires en croisière, demeura dans le pays et ne retourna en Europe qu'en 1963. Pendant son exil sud-américain il vécut principalement dans la capitale argentine, mais séjourna aussi dans quelques autres villes, dont Tandil où il se rendit cinq fois entre 1957 et 1960, y passant en tout quelque onze mois. En méditant ces données, je me suis demandé si les deux exilés s'étaient rencontrés, comme il est possible, ou s'ils avaient au moins entendu parler l'un de l'autre. J'ai cherché quelque temps à éclaircir ce point, en vain et j'y ai bientôt renoncé. A la vérité, même s'ils ont pu se croiser dans cet espace et cette période, je n'assurerais pas que l'acteur popu et l'auteur aristo auraient eu grand chose à se dire.)
(Voir ce journal au 24 avril 2012 : Le comédien Robert Le Vigan (1900-1972), de son vrai nom Coquillaud et surnommé La Vigue par son copain Céline, avec qui il s'enfuit à pied à travers l'Allemagne en 1944-1945, eut ses biens confisqués et fut condamné en 1946 à l'indignité nationale et aux travaux forcés, pour faits de collaboration. Libéré en 1948, il s'exila d'abord en Espagne puis en Argentine, où il se fixa et demeura jusqu'à sa mort à 72 ans dans la ville de Tandil, qui comptait dans les 50.000 habitants au milieu du vingtième siècle et se situe au pied des montagnes à 350 kilomètres au sud de Buenos Aires. De son côté l'écrivain polonais Witold Gombrowicz (1904-1969), surpris par l'éclatement de la guerre en 1939 alors qu'il était à Buenos Aires en croisière, demeura dans le pays et ne retourna en Europe qu'en 1963. Pendant son exil sud-américain il vécut principalement dans la capitale argentine, mais séjourna aussi dans quelques autres villes, dont Tandil où il se rendit cinq fois entre 1957 et 1960, y passant en tout quelque onze mois. En méditant ces données, je me suis demandé si les deux exilés s'étaient rencontrés, comme il est possible, ou s'ils avaient au moins entendu parler l'un de l'autre. J'ai cherché quelque temps à éclaircir ce point, en vain et j'y ai bientôt renoncé. A la vérité, même s'ils ont pu se croiser dans cet espace et cette période, je n'assurerais pas que l'acteur popu et l'auteur aristo auraient eu grand chose à se dire.)
lundi 3 novembre 2025
Yourcenar
Le peu que j’ai su et lu de Marguerite Yourcenar m’inspirant grande estime, j’étais tenté par ce livre trouvé dans une boite, Un autre m’attend ailleurs, de Christophe Bigot (La Martinière, 2024). Cet ouvrage au titre pas très explicite raconte la liaison quasi amoureuse qui s’est établie entre l’écrivaine, dans les dernières années de sa vie, et un photographe américain inverti, de quarante-cinq ans son cadet. Quand ils font connaissance, la traductrice de Yourcenar, devenue sa compagne et secrétaire, est mourante. Elle va être remplacée par le jeune homme, qui lui-même mourra du sida avant Marguerite. La page de titre annonce honnêtement qu'il s'agit là d'un roman, et un avertissement précise qu’il est «basé sur des faits réels», mais que «Les dialogues sont inventés, de même que les pensées des personnages et un certain nombre de scènes». L’histoire est bien racontée et l’auteur a l’air bien renseigné, mais après avoir lu une cinquantaine de pages, j’ai préféré en rester là, ne voulant pas lire plus avant un récit dans lequel j’ignorerais quelle est la part du vrai et celle du faux.
samedi 1 novembre 2025
Halloween
J’aime bien l’Amérique et les Américains, mais l’adoption soudaine de leur coutume de Halloween ces dernières années en France me parait ridicule. Cela fait pitié, non ?
(Ps : L'on me reproche d'être trop sévère et il se peut. Avouez qu'il y a tout de même de quoi râler, à voir ce folklore pratiqué par la marmaille et promu par la commune, dans un bled où l'on n'a toujours pas été atteint par la Fête de la musique...)
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