mercredi 17 décembre 2025

verbier

    Mes néomots de ces derniers temps : clairoiter, jouroyer, startuffe.

mardi 16 décembre 2025

plaids

    J’ai rêvé que j’étais dans un studio radiophonique avec une vieille dame et Alain Finkielkraut. Nous constations avec amusement que nous avions tous les trois des plaids semblables, à carreaux noirs et gris, comme celui que j’utilise chaque jour.

dimanche 14 décembre 2025

Lisbonne

    Regardé le film d’Alain Tanner, Dans la ville blanche (1983) disponible sur Youtube. Un marin (suisse !) faisant escale à Lisbonne, s’y installe et prend pour maitresse la serveuse du bar-hôtel, tout en continuant à envoyer des lettres d’amour et de petits films super-8 à sa bien-aimée helvétique. Je ne comprends à peu près rien aux scènes en allemand, quand le marin et sa belle lisent leurs lettres à voix haute, et guère plus aux quelques dialogues en portugais, mais la plupart du temps les personnages se parlent en français. Bruno Ganz était encore fringant, les deux filles ont du charme, et il y a quelques belles vues des gros bateaux qui passent lentement dans l’estuaire du Tage. Ce film cosmopolite et esthétisant aurait pu me plaire à l’époque, aujourd’hui il me parait plutôt ennuyeux dans l’ensemble, crispant par moments (les pires sont ceux où le protagoniste joue de l’harmonica). D

samedi 13 décembre 2025

Saint-Jean

    Après avoir consulté les livres que Noël Santon à consacrés à l’histoire de Saint-Jean d’Angély sous l’Occupation, je viens de prendre connaissance de sa remarquable étude sur Les écrivains de Saint-Jean : inventaire littéraire et biographique, ornée de bois gravés par l’auteur, et parue chez les Brisson en 1954. Santon explique dans sa préface et reparle plus loin du fait qu’elle avait d’abord composé une copieuse anthologie des écrivains de Charente-maritime, et avait prêté le précieux manuscrit à quelqu’un qui ne le lui a jamais rendu. Découragée de recommencer, elle s’est ensuite contentée d’enquêter sur les écrivains de la ville où elle a passé sa vie. Ce bon petit livre de 140 pages est divisé en cinq chapitres portant sur les XVe et XVIe siècles, les XVIIe et XVIIIe, la première moitié du XIXe, puis la seconde, enfin le XXe siècle. La vie et l’oeuvre d’une bonne soixantaine d’hommes et de femmes de lettres locaux sont esquissées, chacun sur une ou deux pages, rarement plus, parfois seulement quelques lignes, avec ici et là des morceaux choisis. Une option discutable est que les écrivains sont strictement distribués par siècle en fonction de leur date de naissance, de sorte par exemple que ceux qui sont nés dans les dernières années du XIXe siècle y sont rattachés, alors qu’ils n’étaient pas encore majeurs au début du XXe. Mais on ne peut manquer de souligner la richesse documentaire de cet ouvrage, sa rigueur intellectuelle, l’élégance et la clarté du style. Dans les dernières pages sont également signalées des évocations de Saint-Jean par des auteurs non angériens, ainsi ces quelques vers légers composés en 1923 par un certain Armand de Tréveret : Sur les bords de la Boutonne / Près de Saint-Jean d’Angély / Au printemps comme en automne / Il est plus d’un coin joli… Il manque à ce livre une table ou un index, qui permette de se reporter commodément aux notices. J’ai dressé cette Table des matières, à mon usage et à celui d’autres lecteurs éventuels. J’ai aussi décidé d’en faire ma Lettre documentaire n° 532. Je sais bien qu’elle sera de peu d’utilité, car peu de gens étudient cet ouvrage ou y ont seulement accès, mais c’est la façon que j’ai trouvée de rendre un hommage à l’auteur, j’y tenais, et puis cette belle liste de gens de lettres provinciaux méconnus reste un objet de contemplation, ou de méditation.
(Ps : Je vois que le livre est numérisé sur Gallica !)

écrivains

Lettre documentaire 532

TABLE DES MATIERES manquant au livre de Noël Santon
Les écrivains de Saint-Jean, inventaire littéraire et biographique
(Brisson Editeurs, Saint-Jean d’Angély, 1954)

I : XVe et XVIe siècles, page 13
Mathurin Alamande, 13
Jecques Ballonfeau, 15
Jéhan Pallet, 17
Agrippa d’Aubigné à Saint-Jean, 18
Jean-Jacques Desvignes, 19
Jacques Primerose, 20

II : XVIIe et XVIIIe siècles, 21
Armand Maichin et l’imprimerie, 21
Benjamin Priolo, 23
Jean-Baptiste Lemaître du Pouzat, 25
Thomas Durouzeau, 26
Louis-Antoine Valentin, 27
Paul Paroche-Dufresne, 28
Une histoire perdue, 29
Les Guillonnet de Merville, 31
Louis Tourneur-Jacquemin, 33
Guillaume Normand du Fief, 33
Hippolyte d’Aussy, 34
V Polycarpe, 36
Régnaud de Saint-Jean d’Angély, 37

III : Première moitié du XIXe siècle, 41
Louis-Jacques Brillouin, 41
L’Hermite de la Boutonne, 43
Léon Duret, 45
Gustave Robert, 47
Jacques du Bois de Saint-Mandé, 47
Benjamin Bessède, 48
André Lemoyne, 49
Un salon littéraire, 51
Claude Saudau, 53
Hippolyte Bellet, 55
Les de Lacombe (Ferdinand), 57
Eugène Lemarié, 58
Ernest Hérisson, 60
Denys d’Aussy, 61
Joseph Lair, 63
Affiches et Echo, 65
Camille Cotard, 68
V Fouchier, 70
Poésie intérieure des tours, 71

IV : Seconde moitié du XIXe siècle, 73
Gabriel Godet, 73
Eugène Réveillaud, 75
Victor Billaud, 77
Charles Baude de Maurcelay, 80
Gabriel Sarrazin, 81
Amédée Mesnard, 84
Valentine Germain, 85
Jeanne d’Angély, 87
Alfred Brun, 88
L’Académie des Muses Santones, 89
Docteur Jean Texier, 94
Croquis 1884, 95
Germain Gaborit, 97
Camille Dutour, 99
Louis Audouin-Dubreuil, 99
Paul d’Hérama, 103
Marcel Cousinery, 106
Raymond Peyrègne, 108
Madeleine Chéneau, 109
Docteur Jacques-Emile Emerit, 110
Claude Langel et Albert Salvan, 114 
Henry Trentt, 116
Jean-Abel Marchand, 117

V : Ebauche du XXe siècle, 121
Le Subiet, 121
Robert Jean-Boulan, 126
Yvan Audry, 127
Corymbe, 128
La Gazette Angérienne, 132
Sur les bords de la Boutonne, 135
Evocations et avenir, 138

vendredi 12 décembre 2025

jeudi 11 décembre 2025

Cézanne

Afin de vérifier si vraiment ce peintre me plaisait si peu que ça, j’ai emprunté à Loulay un bel album Cézanne, publié par Gilles Plazy au Chêne en 1996. Je n’en parlerai pas aussi méchamment que Dali, jugeant que Cézanne était «le peintre le plus mauvais de France … le plus maladroit, le plus catastrophique», mais enfin ce livre ne m’a pas convaincu du contraire. On a mis en couverture un assez joli portrait du fils de l’artiste, et j’aime bien aussi celui de son père lisant le journal. Mais à part ça je trouve ses portraits mornes, à commencer par ceux de sa femme Hortense à la mine lugubre. Ses natures mortes sont bien aimables, avec ou sans pommes, mais quand on a vu celles qui se faisaient à la grande époque des Flamands, comment dire… Et ses paysages sont fades, Montagne Sainte-Victoire ou pas. Quant aux scènes de genre, je n’en tire pas plus de joie : ses Joueurs de carte respirent l’ennui, et ses Baigneurs et Baigneuses nus sont d’une laideur consternante. Ah, tant pis.

mercredi 10 décembre 2025

nonobstant

    L’un des deux offre divers aspects vraiment terribles, nonobstant différentes incertitudes.
(Phrase boule de neige).

mardi 9 décembre 2025

Saint-Félix

    On m’a prêté le livre d’un certain Gérard Ipoustégui-Gaillard, Cent ans de galarne : La vie à Saint-Félix, village de Saintonge, de 1871 à nos jours. Galarne est la prononciation locale de galerne, nom d’un fort vent de nord-ouest, humide et froid. Dans cet ouvrage auto-édité en l’an 2000, l’auteur, maintenant disparu, brosse en un vaste tableau l’histoire de sa famille et celle de la commune de Saint-Félix, située à une petite dizaine de kilomètres à l’ouest de chez moi, sur la route de Surgères. J’avais déjà entendu, lors d’une séance publique, lire une page de ce livre (p 218-219) où le mémorialiste raconte comment, enfant, il prenait le train en famille à Paris et, après avoir je suppose changé à Niort, descendait dans la petite gare de Vergné, commune contiguë à la mienne. Toute la famille faisait alors à pied, valises en main, les sept kilomètres la séparant encore de Saint-Félix. J’aime bien ce genre de non-fiction autobiographique, truffée de souvenirs, d’anecdotes, d’histoires secondaires, et je l’ai parcourue avec plaisir, en m’arrêtant ici et là sur les pages qui m’accrochaient. L’auteur insère parfois dans son texte des témoignages d’autres personnes, comme p 67-71 le récit du prisonnier de guerre Ernest Cosset, qui fut trimballé loin dans l’est et le nord de l’Europe avant de rentrer chez lui en 1919. J’ai lu surtout des notes concernant la deuxième Guerre mondiale. Il y a ce malentendu amusant, p 102, quand en 1940 une habitante s’étonne que les Allemands soient déjà là, alors qu’elle avait cru entendre dire la veille qu’ils étaient à Marseille, mais c’était en fait à Marsais, village voisin. (L’histoire m’a amusé d’autant plus que le même quiproquo s’est produit naguère après une soirée de lectures au café de Doeuil, quand il fut dit que certaine jeune femme, repartie sans tarder, était venue de Marseille pour assister à la séance, et cela semblait bien loin, mais c’était en réalité Marsais). Je retrouve p 137 l’histoire du bombardier américain qui avait fait un atterrissage forcé dans les champs au nord de la Croix-Comtesse (voir ce journal au 2 juin 2024). Il y a p 150 sq d’intéressantes remarques sur l’anarchie régnant dans le pays au moment de la Libération, quand la distinction était parfois floue entre Résistance et pur brigandage. Il y a notamment p 154 l’allusion rapide à l’exécution d’un collabo, coupable d’avoir dénoncé des réfractaires au STO, à qui ses bourreaux, dans un élan de zèle antifasciste, ont crevé les yeux, avant de le flinguer (on aimerait connaitre les noms de ces justiciers). Il y a des anecdotes plus légères, comme p 176 celle du prisonnier revenant chez lui en compagnie de sa future épouse, une Polonaise qu’il a connue dans les camps. Et quelques allusions (p 187 et autres) à la formidable épicerie-capharnaüm anachronique, située à l’angle d’une rue et de la grand route, où je suis allé quelquefois jadis, maintenant disparue. Je citerai enfin la belle évocation (p 219) d’un de mes cris d’oiseau préférés, celui du hibou petit-duc, lequel «vers les 22 heures … commence, à l’abri des branches de l’immense tilleul, ses sifflets brefs et clairs, répétés indéfiniment…»

lundi 8 décembre 2025

graines

Les cailles ne sont pourtant pas les plus rares des oiseaux domestiques, mais je ne trouve pas souvent des sacs de graines qui leur soient destinées, comme il y en a pour les poules, pigeons et tourterelles, perruches, canaris, et autres. Aussi j’achète ce que je peux pour les trois miennes et je leur prépare des mélanges improvisés, sans être sûr de ce qui convient le mieux. Ma seule certitude est qu’elles préfèrent les graines de petit calibre, type millet, et ne mangent pas les plus grosses, tournesol ou maïs, qu’elles laissent trainer. L’autre jour, comme il ne me restait plus qu’un petit kilo de graines à la maison, j’ai refait des réserves, de passage à Surgères. Cette fois j’ai pris du Mélange pour poussin, un sac de quatre kilos de chez Gasco, maison gersoise. Pour faire bonne mesure, j’ai aussi pris dans un autre magasin deux sacs de graines Eco+ : un kilo et demi de graines pour canaris et un kilo de mélange pour oiseaux dits du ciel. Chez moi j’ai versé
 dans un grand bac les trois sacs avec mes graines de reste et je les ai brassées pour les mélanger, puis j’en ai rempli des pots. Nous en avons pour un moment mais peut-être pas pour si longtemps que ça. Je doute que l’on tienne jusqu’à Pâques, moment magique où les oeufs reviennent. On verra bien.

dimanche 7 décembre 2025

movies

    Mercredi dernier, dans l’épisode 1701 de son fameux show, Matt Walsh à un moment laisse tomber la politique, sujet qui fâche, pour parler de cinéma. Il évoque d’abord (à 56’ 45’’) une liste récemment établie par Quentin Tarantino des meilleurs films du XXIe siècle, déclare partager souvent les avis dudit cinéaste, ce qui m’étonne, mais s’avoue en désaccord avec ladite liste, puis propose et commente (à partir de 57’ 25’’) son propre top ten :
10. Borat
9. Zodiac
8. The assassination of Jesse James
7. Whiplash
6. Sicario
5. Children of men
4. Apocalypto
3. There will be blood
2. Master and commander
1. No country for old men 
    (Lien direct vers ce passage : ici)
    N’allant plus au cinéma depuis longtemps, je pensais que tous les films me seraient inconnus, mais en fait j’en ai vu deux, dont j’ai moi aussi un souvenir positif, quoique maintenant imprécis. Je prends note de cette liste pour comparer, au cas où j’en verrais d’autres.

samedi 6 décembre 2025

grand

GRAND JEU

grand air
grand bleu
grand chelem
grand-duc
grand écart
grand frère
grand galop
grand huit
grand incendie
grand jour
grand koudou
grand large
grand magasin
Grand Nord
grand oral
grand prix
grand quiz
grand-route
grand saut
grand tétras 
grand urubu
grand veneur

vendredi 5 décembre 2025

poterie

Pot-Bouille
pot de chambre
pot de colle
pot commun
pot de confiture
pot de départ
pot à eau
pot d’échappement
pot de fer
pot au feu
pot de fleur 
pot au lait
pot au noir
pot-pourri
pot aux roses
pot de terre
pot de vin
pot de yaourt

jeudi 4 décembre 2025

Iacovleff

    A Saint-Jean d’Angély, j'ai visité l’exposition que le Musée des Cordeliers consacre au centenaire de la Croisière noire (une traversée de l’Afrique, de l’Algérie à Madagascar, financée par André Citroën et co-dirigée par l’explorateur angérien Louis Audouin-Dubreuil). On peut voir là toute une collection d’objets, dont un bel oeuf d’autruche serti de cuir, mais pour moi la grande révélation a été de découvrir les dessins de l’artiste de l’expédition, Alexandre Iacovleff, superbes portraits des voyageurs et des indigènes.
    
(L'expo dure jusqu'en avril)

mercredi 3 décembre 2025

forêt

    En feuilletant le livre de Philippe Domont et Nikola Zaric, La forêt en 301 questions / réponses, sous-titré Guide des curieux en forêt (Delachaux et Niestlé, 2007) j’ai eu connaissance ou confirmation de quelques données. Cet ouvrage plein de bon sens, patronné par l’Association suisse des forestiers, n’est pas produit par des idéologues mais par des hommes de terrain sachant gérer intelligemment la forêt. Oui, élever des arbres consiste à soigner quelques privilégiés au détriment de leurs milliers de concurrents, tant pis pour l’égalitarisme. Et oui, maintenant qu’on ne se chauffe plus au bois, les forêts délaissées sont pleines de «bois abandonné», de «bois qui traine» : «Le bois mort des arbres secs encore sur pied, les troncs cassés ou les branches jonchant le sol…» (p 33 & 36). En effet beaucoup de bois ne sont plus entretenus. J’entretiens les miens, parmi d’autres actions, en récupérant ce que je peux en tirer de bûches et de fagot, et en laissant pourrir sur place les fragments inutiles, que j’entasse ici et là pour que le sol n’en soit pas encombré et qu’ils n’entravent pas la marche. Le livre aborde la question de ces tas de branches délaissées (question 289) que le forestier est amené à former, et qui servent aussi de refuge à la menue faune. Il suggère de les placer au pied des grands arbres. D’autres endroits peuvent convenir. On ne médite jamais trop quant à l’emplacement de ses tas de branches.

mardi 2 décembre 2025

Knivet

    Bien que n’ayant toujours pas l’intention d’étudier le récit du voyage d’Anthony Knivet, que je n’arrive déjà pas à lire, je viens de feuilleter par curiosité la bonne réédition du texte original, publiée par un certain Vivien Kogut Lessa de Sá aux presses de l’université de Cambridge en 2015, The admirable adventures and strange fortunes of Master Anthony Knivet : an English pirate in sixteenth-century Brazil. En parcourant l’appareil critique, deux remarques m’ont intéressé. Tout d’abord la constatation (p 201) qu’au contraire de tous les autres chroniqueurs du Brésil de l’époque, Knivet est le seul à rester totalement muet sur la question de l’anthropophagie, bien qu’il ait lui-même vécu chez des Indiens qui la pratiquaient. Ce «striking silence» lui enlève encore de l’attrait à mes yeux. Par ailleurs la mention (p 210) de sa réaction quand, vivant chez les Tamoio, ceux-ci lui proposent des femmes : Je refusai, expliquant qu’il n’était pas de notre usage de prendre femme hors de notre pays. L’argument n’était sans doute qu’un prétexte, mais quelle était la vraie raison du refus ? Ce rude gaillard n’étant pas excessivement scrupuleux, je doute qu’il ait été choqué par une pratique abusive. Alors, quoi ? Les femmes qu’on lui proposait étaient-elles moches ? Ou n’avait-il tout simplement pas le goût des filles, comme il arrive ? En tout cas l’anecdote me parait significative, une fois de plus, du statut peu enviable de la femme dans ce genre de société primitive : équivalent à peu près à celui d’une esclave ou d’un animal domestique que l’on prend, que l’on donne, que l’on prête, que l’on vole, que l’on échange sans lui demander son avis, qui est là pour servir, obéir et se taire. Les indigènes se réclamant aujourd’hui de leur héritage culturel restent discrets sur ce point.

lundi 1 décembre 2025

dimanche 30 novembre 2025

cannes

    Dans une lettre d’octobre 1959, Henry Miller raconte à Lawrence Durrell qu’un beau jour, il avait acheté à Paris «une canne qui avait appartenu à Kipling, ou à Modigliani. Je l’ai perdue à Rocamadour, un soir…» Je me demande si celui qui l’a récupérée savait qu’elle avait appartenu à Miller. La canne est en effet un objet que l’on perd, surtout quand on s’en sert avant l’âge où l’on en a un besoin constant. J’avais trouvé ma première canne au bord de la route, dans les bois de Gironde, oubliée sans doute par un chercheur de champignons. Elle était ferme et légère, avec le bout ferré, je l’aimais beaucoup. J’en ai possédé quelques autres depuis, achetées ou offertes, actuellement quatre ou cinq, partie dans mon entrée, partie dans la voiture. J’en ai revendu, et j’en ai moi aussi perdu une, de mes favorites, en bois rougeâtre, achetée à la frontière dans une venta. Je crois l’avoir oubliée dans une foire à Cassy. Ma préférée en ce moment a pour poignée un petit pommeau en corne gris, bien poli. Pour moi ce n’est pas juste un instrument élégant et commode, c’est aussi une arme par destination pour me garantir des chiens et des fâcheux, sait-on jamais…

samedi 29 novembre 2025

incendie

A Hong Kong un incendie s’est déclaré mercredi dernier le 26 novembre dans un énorme complexe d’habitation construit dans les années 80 et récemment rénové, formé de huit tours d’une trentaine d’étages, comprenant au total deux mille appartements et abritant quelque 4800 personnes. On ignore encore si le feu est d’origine criminelle ou accidentelle mais on sait qu’il a d’abord pris dans un échafaudage en bambou avant d’embraser une première tour et de s’étendre en tout à sept, dont trois ont été particulièrement ravagées. Trois jours après on n’a toujours pas fini de compter les morts, les blessés et les disparus. Le bilan s’élevait à 55 morts jeudi, 94 hier, 128 ce matin. C’est un des traits qui m’épouvantent le plus dans ces gigantesques fourmilières humaines, outre leur laideur et la promiscuité : la possibilité de l’incendie, ne laissant de choix qu’entre griller sur place ou se défenestrer. Plus que jamais je milite pour le droit à vivre au niveau du sol et je me réjouis d’avoir ce privilège.

vendredi 28 novembre 2025

jardin

    La nature a ses idées, sur ce qu’il faut faire du jardin, mais souvent ce ne sont pas les nôtres.

jeudi 27 novembre 2025

garçonnes

    La personnalité singulière de Noël Santon m’a intéressé. Je me suis renseigné sur elle en ligne, j’ai retouché et complété sa notice dans Wiki, ainsi que celles sur deux autres garçonnes avec qui elle fut en relation : la secrétaire et biographe de Colette, Claude Chauvière (1885-1939) et l’éditrice périgourdine du Mercure de France, Rachilde (1860-1953). Ces dames étaient en quelque sorte des non-conformistes, mais non des rebelles à la mode d’aujourd’hui. Santon vibrait de patriotisme, Rachilde était parait-il anti-féministe et xénophobe, quant à Chauvière, fille de militants d’extrême gauche, elle devint royaliste et dévote. En ces temps reculés, on n'avait pas encore inventé la convergence des luttes...

mercredi 26 novembre 2025

Santon

    Pour me renseigner sur la vie à Saint-Jean d’Angély au moment de l’exode de juin 1940, j’ai lu les premiers chapitres de deux petits livres jumeaux signés Noël Santon, parus en 2013 aux éditions de L’Angérien Libre. L’un d’eux (I), Des heures qu’on n’oublie pas : Les temps étranges (mai-octobre 1940), semble être un recueil de notes prises sur le moment, peut-être restées inédites jusqu’alors. L’autre (II), Saint-Jean sous la botte, portant sur toute la période de l’Occupation, est la réédition d’un ouvrage de 1947, dans lequel sont remployées par endroits les notes du premier. L’auteur, en fait une femme, de son vrai nom Noëla Le Guiastrennec, était né en 1900 à Saint-Julien de l’Escap, banlieue orientale de Saint-Jean d’Angély. Ecrivaine, éditrice et graveuse, elle vécut principalement dans la ville de Saint-Jean, dont elle fut la bibliothécaire de 1953 à sa mort accidentelle en 1958. Du genre garçonne, elle écrivit une cinquantaine de livres, surtout des romans, sous divers pseudonymes, presque tous masculins, dont Noël Santon fut le principal. Dans les années 30, elle publia la revue littéraire Corymbe et anima une maison d’édition du même nom. Au moment où éclate la deuxième guerre, Noël avait un «travail militaire» (I, 3) dans les bureaux semble-t-il, au camp d’aviation de Fontenet (I, 10, II, 8 et passim) à quelques kilomètres au sud-est de Saint-Jean. Elle est patriote et exprime en termes lyriques son attachement charnel et spirituel à «tout cet ensemble de passé, de présent et d’avenir, d’âme et de chair, qui constitue la patrie» (I, 4) … «Notre corps, qui retourne à la terre, n’est-il pas lui-même un morceau du pays ? Notre corps qui est ce sol, ces arbres, ces champs, ces villes, comme notre âme est ce ciel, cet air enivrant, cette admirable lumière de France ? … l’âme loyale de l’histoire de France…» (I, 6-7). Aussi l’annonce de la défaite de l’armée française en mai-juin 40 est-elle un choc qui la plonge dans le désarroi : «On se sent innombrablement seul sous le poids de la gigantesque douleur collective» (I, 10) malgré le beau temps, les «journées étincelantes de soleil» (II, 7). Puis survient le flux chaotique de l’exode, les gens fuyant le nord. Noëla s’y trouve confrontée dans les embouteillages, lors des deux allers et retours qu’elle fait chaque jour en bus entre Saint-Jean et l’aéroport. Elle décrit aussi l'affluence en ville des arrivants, la ruée sur les magasins et les hôtels, les endroits où dormir. Je pense à mes grands-parents petits commerçants, étaient-ils déjà installés dans cette ville ? Ils auraient des souvenirs à raconter sur le sujet. Je m’amuse de ce remaniement dans le texte de Noël : elle écrit d’abord que certains réfugiés échouent «sur les bancs d’un square, sous les arbres d’une avenue» (I, 17), puis «sous les arbres d’un square, sur les bancs d’une avenue» (II, 5). Elle évoque la présence de rares écrivains, comme Maxence van der Meersch et Sacha Guitry (I, 15, II, 20-21) mais ne parle pas de Céline, qui passa par là un peu plus tard.

mardi 25 novembre 2025

Picabia

    Un instant j’ai cru lire Francis Picabia, mais c’était France 3 Picardie…

lundi 24 novembre 2025

sérigraphie

Une de mes créations préférées, le «Portrait sans titre avec Picasso», d’octobre 1988, qui figure aujourd’hui encore sur ma carte de visite, est un collage petit comme un timbre-poste. C'est un des premiers que j’ai vendus, à l'époque, je ne sais plus à qui. J’en ai publié un agrandissement au format A5 dans la revue Documents-Pages n° III, d’avril 1989, à la page 29. La même année, l’occasion se présentant, j’en ai fait faire (par qui ? Bruno Charpentier ?) un tirage de 33 exemplaires en sérigraphie sur bristol, cette fois-ci au format A4. Je croyais ce tirage épuisé depuis longtemps mais je viens de découvrir dans un de mes cartons qu’il m’en restait trois exemplaires, les numéros 29, 30, et 32 (sur 33, donc). Si cela peut intéresser des amateurs, je cède ces gravures au prix de 20 euros l’unité (si la vente se fait par correspondance, il faudrait y ajouter le coût d’un envoi à 100 grammes).
(Ps : il n'en reste plus que deux).

dimanche 23 novembre 2025

Miller

    Dans un moment d’entrain, après avoir lu les Quiet days in Clichy de Henry Miller, j’ai voulu examiner les deux traductions françaises, celle de Gérald Robitaille (Losfeld, 1967) et celle de Brice Matthieussent (Bourgois, 1991), puisque la fac, où j’étais de passage, en disposait. Une fois rentré dans ma brousse, je vois bien que ces deux petits livres ne m’intéressent pas, je les feuillette à peine. Je remarque chez Brice un passé simple étrange (Je consultai l’annuaire du téléphone et découvrai plusieurs hôtels…) dans Mara-Marignan, le texte faisant suite aux Jours tranquilles, page 109. J’en resterai là, mes autres emprunts seront plus utiles.

samedi 22 novembre 2025

unisson

    Est-on jamais tout à fait à l’unisson avec qui que ce soit ?

vendredi 21 novembre 2025

verbier

    Mes néomots de ces derniers temps : faux-passant, pestin, accidentellière.

jeudi 20 novembre 2025

sou

    Il y eut jadis une monnaie dite le sou, ou le sol. Longtemps je me suis figuré qu’elle était ainsi nommée car une pièce est ronde et luisante comme un petit soleil, mais il n’en est rien, semble-t-il, le mot viendrait du bas latin soldus, lui-même du latin classique solidus. Comme il arrive souvent, la chose a disparu mais son nom perdure dans le langage, on le retrouve dans maintes formules : affaire de gros sous, pas pour un sou, à quatre sous, trois francs six sous, propre comme un sou neuf, être près de ses sous, ou sans le sou, etc. C’était une petite monnaie, valant le vingtième de l’unité monétaire, livre ou franc, soit une valeur minime, l’équivalent aujourd’hui de la pièce de cinq centimes par rapport à un euro. De là des expressions, maintenant désuètes, comme il lui manque toujours dix-huit (ou dix-neuf) sous pour faire un franc, soit presque tout, ou il lui manque toujours un sou pour faire un franc, pour dire qu’il n’a jamais assez. Je crois me souvenir que l’on disait chez moi il lui manque toujours quatre sous pour faire un franc. J’ignore si cet usage était une variante régionale, ou seulement familiale.

mercredi 19 novembre 2025

consolation

    Je passerai sans doute ma vie à pester contre le destin qui m’a fait ainsi gourd, lent, gauche, timide, empoté, laborieux, maladroit, hésitant. J’ai beau cheminer vers la perfection, c’est trop lentement et je ne compte pas les occasions que j’ai encore de regretter d’en avoir trop dit ou trop fait, ou au contraire pas assez, ou pas comme il aurait fallu. Triste sort. (Mon goût de l’écriture doit tenir entre autres à la possibilité qu’elle m’offre, par compensation, de m’exprimer à mon aise, en prenant mon temps. Et tout mon temps : je retouche à l’occasion des notes d’il y a trente ans…). En revanche, il faut avouer que la providence m’a doté d’un bon sens et d’un bon goût à peu près infaillibles. Encore heureux, que j’aie cette consolation…

mardi 18 novembre 2025

Crad

(Réédition : je reproduis ci-dessous ma Lettre documentaire n° 464, de mai 2009, dans laquelle j’avais traduit en français le texte de Crad Kilodney, Life without drama, de 1992. C’est cette histoire que j’ai lue samedi dernier au public du Moulin à Café de Doeuil sur le Mignon, en ouverture d’une séance de lectures sur le thème de l’humour.)

LA VIE SANS DRAME, par Crad Kilodney

    Il ne se réveilla pas dans une chambre d’hôtel inconnue, avec une bouteille vide traînant par terre et une belle femme dormant à côté de lui.
    Il ne mit pas un pistolet dans sa poche avant de sortir.
    Il n’avait pas rendez-vous dans un bar obscur, avec un puissant représentant d’une organisation secrète.
    Au travail, il ne trouva rien d’inhabituel sur son bureau. Il n’y avait pas de décision difficile, ni de problème éthique à affronter. Il n’avait aucun pouvoir sur les autres. Il ne fut pas convoqué à une réunion importante. Il ne reçut de coups d’œil langoureux d’aucune collègue. Il ne surprit aucune conversation importante dans les toilettes. Il n’eut aucune confrontation avec son supérieur, dans laquelle il l’aurait surpris par son assurance.
    Il ne s’absenta pas dans l’après-midi pour un rendez-vous avec une femme riche et célèbre.
    En rentrant chez lui, il ne se battit pas avec un agresseur, ni ne secourut des enfants au premier ou deuxième étage d’un immeuble en feu.
    Il ne fut pas pris dans une fusillade entre la police et des gangsters.
    Il ne trouva pas une mallette pleine d’argent, de bijoux ou de documents secrets.
    Aucun homme en noir ne lui remit des instructions codées afin qu’il prenne le premier vol pour Tanger, Amsterdam, Paris ou Moscou.
    Il ne rencontra pas une belle femme assise seule dans un bar à la lumière tamisée, qui lui aurait fait un sourire séduisant.
    Son portable ne sonna pas une seule fois.
    Les gens ne firent pas attention à lui dans la rue, et personne ne le suivit.
    Il n’éprouva aucune sensation physique inhabituelle, et aucune idée, frayeur ou souvenir ne lui vint tout à coup à l’esprit.
    Quand il fut arrivé, il constata que personne n’avait forcé et saccagé son appartement, dans lequel rien ne manquait.
    Il n’y avait rien d’important au courrier, ni de messages sur le répondeur.
    Ressortant plus tard acheter des cigarettes, il ne fut le témoin d’aucun crime ni accident, ni n’eut la chance de croiser une belle femme en quête de protection et d’un endroit où se cacher.
    Ses numéros de loterie ne sortirent pas.
    Lorsqu’il regarda au dehors par la fenêtre, il ne vit que des immeubles et des voitures.
    Il n’entendit aucun bruit bizarre en provenance de l’appartement d’en face.
    Quand il se mit au lit, il n’eut aucun mauvais pressentiment, ni n’eut à réfléchir à aucune affaire importante à traiter le lendemain.
    Il ne fit aucun rêve qui se révèlerait prophétique.
    Inutile de préciser qu’il ne se réveilla pas dans une chambre d’hôtel inconnue, avec une bouteille vide traînant par terre et une belle femme dormant à côté de lui.

(Photo Marie Toutous-Delenatte)

lundi 17 novembre 2025

Camacho

Lettre documentaire n° 531

HUIT APHORISMES de Carmen Camacho

choisis dans son recueil Zona franca 
(Granada : Editorial Cuadernos del Vigía, 2016) 
et ici traduits de l'espagnol par Philippe Billé. 
(On indique entre parenthèses la page
où retrouver la phrase originale).

(13)  La poétesse se baigne dans le mot rivière.

(18)  Le pharmacien en sait bien plus sur moi que mon confesseur.

(29)  Maintenant les fleurs du mal sont pratiquement toutes cultivées en serre.

(30)  Les aphorismes se méfient les uns des autres.

(44)  Nombre de mères entendent tirer de leurs enfants des droits d’auteur.

(66)  Aimer, verbe irrégulier.

(68)  Il arrive un moment dans la vie où c’est à notre tour, de nous occuper de notre ange gardien.

(83)  Trouver la distance la plus belle entre deux points.

(13 : La poeta se baña en la palabra río. 18 : El farmacéutico sabe de mí mucho más que mi confesor. 29 : Ahora prácticamente todas las flores del mal vienen de invernaderos. 30 : Los aforismos desconfían unos de otros. 44 : No pocas madres pretenden cobrarse en sus hijos derechos de autor. 66 : Amar, verbo irregular. 68 : Llega un momento en la vida en que es una la que empieza a encargarse de su ángel de la guarda. 83 : Hallar la distancia más bella entre dos puntos.)

dimanche 16 novembre 2025

rencontres

    Après-midi très sociale hier pour moi, en deux parties. Tout d’abord au troc automnal de plantes et de graines devant la bibli de Villeneuve la Comtesse, de 14 à 17 heures. Expérience toujours sympathique, avec un temps clément. J’y ai donné un plant d’érable negundo, que j’avais récupéré je ne sais où, une touffe de cyclamen, et des graines de roses trémières. Et j’ai emporté une pousse d’agave, deux boutures de rosiers-lianes, deux bulbes de fleurs jaunes dont j’ai oublié le nom, de petits oignons rocambole, et une grosse part de butternut pour mettre dans la soupe. On offrait des boissons et de bons gâteaux, dont je me suis servi, et j’ai bavardé bien aimablement. Après quoi, un peu plus loin au nord-ouest, j’ai pris part et assisté à la soirée de lecture organisée au Moulin à Café de Doeuil sur le Mignon, sur le thème de l’humour. C’est moi qui ouvrais la séance, à 17 h 30, avec un court texte de Crad Kilodney, La vie sans drame (Life without drama, 1992). Huit autres lecteurs (surtout des lectrices) m’ont succédé, jusque vers 19 heures. Ce fut une belle journée. Aujourd’hui : repos.

samedi 15 novembre 2025

féminité

    Des nouvelles de la douceur féminine, recueillies ce matin parmi les faits divers. A Aix, une mère très alcoolisée s'exhibe devant son fils ado et tente de lui baisser son froc pour avoir un rapport sexuel avec lui. En Louisiane, une grand-mère ivre au volant d'un SUV percute mortellement son petit-fils de cinq ans, qui attendait le bus scolaire. Mais le grand problème, dans la société d'aujourd'hui, c'est le patriarcat... (Post scriptum deux jours après : A Bayeux, une femme de 31 ans reconnait avoir noyé son bébé de cinq semaines suite à une dispute avec son conjoint. A Gap, une femme se suicide en se tranchant la gorge avec une tronçonneuse sur le parking d'un magasin de bricolage...)

jeudi 13 novembre 2025

auréoles

    Il m’a semblé qu’une voix, de derrière une clôture, annonçait que nous allions encore avoir des auréoles boréales.

mardi 11 novembre 2025

Carabas

      J’ai tiré d’une boite un livre fait pour moi. Fort mince, une brochure, il n’y a pas vingt pages. C’est un des huit Contes de ma mère l’Oye, de Charles Perrault : Le chat botté. J’adore. L’immoralité de l’histoire me gêne, cet éloge de la ruse est en somme un éloge du mensonge, mais elle m’enchante quand même par le ton tranquille, l’enchainement rapide et merveilleux des actes, la facilité incroyable. Cela me ravit comme m’avait ravi La Belle au bois dormant, lue il y a quelques années (voir au 8 IV 2016). Et puis il y a malgré tout une moralité, l’industrie surpassant l’héritage, et la belle mine surpassant le rang social. On a dû me lire cette histoire quand j’étais petit, car j’en ai possédé un livret, mais j’en avais perdu tout souvenir, hors celui d’une image qui m’épouvantait : ledit marquis de Carabas se baignant dans la rivière, et comme une partie de son bras était plongée dans l’eau, il me semblait coupé. Je n'ai peut-être plus l'âge de lire ce genre de conte, mais je lui trouve à chaque ligne une telle magie… (... Ne vous affligez point, mon maître, vous n'avez qu'à me donner un sac, et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles ... Un soir qu'il sut que le roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière avec sa fille, la plus belle princesse du monde ...)
        (Comme illustration j'ai retrouvé en ligne la couverture du conte de mon enfance). 

lundi 10 novembre 2025

technologie

    Très souvent, dans l’usage, technologie n’est qu’un terme ampoulé pour dire technique.

dimanche 9 novembre 2025

Clichy

A priori je pensais que les Jours tranquilles à Clichy, de Henry Miller, me plairaient, car depuis longtemps ce joli titre m’attirait, sans savoir ce qu’il recouvrait, mais j’ai été déçu en lisant le texte original trouvé dans une boite, Quiet days in Clichy (New York : Grove Press, 1987). Ce petit roman autobiographique raconte la vie de bohème que mènent deux amis, le narrateur américain Joey, double de l’auteur, et son ami tchèque Carl, dans le quartier de la place Clichy, à Paris, au début des années 30 (le livre aurait été écrit en 1940 et récrit au moment de sa première publication en 1956). Carl est journaliste et on ne sait trop de quoi vit Joey, qui ne travaille pas. Les deux sont colocataires et tirent le diable par la queue, mais trouvent les moyens de se consacrer à leur passe-temps principal, qui est de fréquenter des prostituées. Malgré le point de vue anti-bourgeois évident, le livre est une publicité involontaire pour la société capitaliste, permettant de vivoter ainsi une assez belle vie en ne foutant pas grand chose. Le tableau moral n’est pas reluisant, surtout au regard des exigences d’aujourd’hui. Les deux lascars n’ont pas l’air trop gênés par le mensonge, l’escroquerie, le mépris des putes simplettes, et parfois mineures, dont ils abusent, enfin la promiscuité (ils se disent insouciants des maladies vénériennes), et la crasse (le narrateur peut manger une tranche de pain piétinée par terre, et s’amuse à pisser dans la baignoire où il barbote avec deux filles). Il existe un bizarre contraste entre cette indolence éthique et un soudain accès d’intransigeance, quand ils injurient copieusement un cafetier antisémite, lors d’une excursion au Luxembourg. La chaude-pisse d’accord, mais l’antisémitisme non ! Il y a je trouve une incohérence entre une des scènes, où le narrateur affamé se dit prêt à tout pour une bouchée de pain, et celle où il explique savoir entre les pages de quel livre son camarade planque des économies. Il y a quand même çà et là de bons passages, mais dans les dernières pages le récit tourne au grand guignol fantasmatique, si bien que la meilleure qualité du livre est sa brièveté, moins de cent pages.

samedi 8 novembre 2025

couleurs

    La symbolique des couleurs n’est pas une science exacte, plutôt un folklore plein de bizarreries. Ainsi le rouge, couleur de gauche en Europe, de droite aux Etats-Unis, ou le noir, couleur du drapeau anarchiste et des chemises fascistes. Le plus drôle est peut-être le vert, couleur de l’espoir, de l’islam, du dollar et de l’écologie…

jeudi 6 novembre 2025

noisetier

Longtemps j’ai méprisé le bois de noisetier. Il a fallu toute l’autorité de la FFF (la Flore forestière française), jugeant que c’était un « assez bon combustible », pour me faire reconsidérer mon avis. Ma mauvaise impression venait je pense du fait qu’une fois mort ce bois se dégrade assez rapidement et devient friable et léger, beaucoup plus vite que le chêne, par exemple. Mais coupé vert, ce que j’évite, ou récolté sec sans trop tarder, il n’est pas mal. Surtout pour du bois qu’on ne paye pas. Ces derniers mois j’ai pris le temps de revisiter systématiquement tous mes noisetiers. Ils poussent en gerbes de tiges, la plupart bien droites. J’en ai sorti toutes les tiges mortes déjà tombées, et les mortes sur pied qui se laissaient arracher en tirant dessus. J’éprouve ces petits troncs en les tenant à deux mains par le bout du bas, le plus ferme, et en les frappant sur le sol. J’entasse à pourrir les morceaux qui se cassent et je ne scie que les parties encore dures. Cela donne des bûches ou des bûchettes du calibre d’un pied de table ou de chaise. Au cours de ces opérations j’ai découvert un procédé, qui permet de se passer d’un chevalet. Il faut repérer les arbres, rares dans les bois, qui présentent une fourche à hauteur des mains. Cela ne marche pas toujours, mais si elle est bien tournée, on peut aisément y placer un long bout de bois, surtout une tige bien droite comme un tronc de noisetier. Une fois coincé dans la fourche, il est facile de le tenir d’une main et de le scier de l’autre. Je partage bien volontiers ce truc, ne me remerciez pas.

(Photos : fourches dans deux aubépines)



mercredi 5 novembre 2025

Tandil

Un autre nom de marque à l’étymologie improbable est celui des magasins Aldi. Je croyais la chaine italienne, à cause de la ressemblance avec le prénom Aldo, diminutif de Rinaldo (Renaud). Il parait qu’Aldo est aussi un prénom allemand, provenant de l’adjectif ald ou alt, signifiant ancien, noble. J’ai appris qu’Aldi est justement une chaine allemande, créée par la famille Albrecht, et que le nom de la marque est en fait un acronyme formé sur les premières syllabes d’Albrecht-Diskont. Je ne déteste pas faire des courses de temps en temps chez ce bon Aldi, où l’on trouve de la marchandise exotique. En Gironde il y en avait un à ma portée quand j’habitais Gradignan, je connais aussi celui qui se situe à la sortie d’Audenge. En Charente vers chez moi le magasin de Saint-Jean a fermé, mais il reste celui de Surgères. On vend chez Aldi de la lessive Tandil et je ne lave plus mon linge qu’avec elle, depuis que j’en ai découvert l’existence, car son nom m’entraine dans la rêverie documentaire. J’ignore si c’est par coïncidence ou pour quelque autre raison, qu’elle porte le même nom que la ville d’Argentine où se croisèrent peut-être Robert Le Vigan et Witold Gombrowicz, l’un en exil et l’autre en villégiature, dans les époques…

(Voir ce journal au 24 avril 2012 : Le comédien Robert Le Vigan (1900-1972), de son vrai nom Coquillaud et surnommé La Vigue par son copain Céline, avec qui il s'enfuit à pied à travers l'Allemagne en 1944-1945, eut ses biens confisqués et fut condamné en 1946 à l'indignité nationale et aux travaux forcés, pour faits de collaboration. Libéré en 1948, il s'exila d'abord en Espagne puis en Argentine, où il se fixa et demeura jusqu'à sa mort à 72 ans dans la ville de Tandil, qui comptait dans les 50.000 habitants au milieu du vingtième siècle et se situe au pied des montagnes à 350 kilomètres au sud de Buenos Aires. De son côté l'écrivain polonais Witold Gombrowicz (1904-1969), surpris par l'éclatement de la guerre en 1939 alors qu'il était à Buenos Aires en croisière, demeura dans le pays et ne retourna en Europe qu'en 1963. Pendant son exil sud-américain il vécut principalement dans la capitale argentine, mais séjourna aussi dans quelques autres villes, dont Tandil où il se rendit cinq fois entre 1957 et 1960, y passant en tout quelque onze mois. En méditant ces données, je me suis demandé si les deux exilés s'étaient rencontrés, comme il est possible, ou s'ils avaient au moins entendu parler l'un de l'autre. J'ai cherché quelque temps à éclaircir ce point, en vain et j'y ai bientôt renoncé. A la vérité, même s'ils ont pu se croiser dans cet espace et cette période, je n'assurerais pas que l'acteur popu et l'auteur aristo auraient eu grand chose à se dire.)

lundi 3 novembre 2025

Yourcenar

    Le peu que j’ai su et lu de Marguerite Yourcenar m’inspirant grande estime, j’étais tenté par ce livre trouvé dans une boite, Un autre m’attend ailleurs, de Christophe Bigot (La Martinière, 2024). Cet ouvrage au titre pas très explicite raconte la liaison quasi amoureuse qui s’est établie entre l’écrivaine, dans les dernières années de sa vie, et un photographe américain inverti, de quarante-cinq ans son cadet. Quand ils font connaissance, la traductrice de Yourcenar, devenue sa compagne et secrétaire, est mourante. Elle va être remplacée par le jeune homme, qui lui-même mourra du sida avant Marguerite. La page de titre annonce honnêtement qu'il s'agit là d'un roman, et un avertissement précise qu’il est «basé sur des faits réels», mais que «Les dialogues sont inventés, de même que les pensées des personnages et un certain nombre de scènes». L’histoire est bien racontée et l’auteur a l’air bien renseigné, mais après avoir lu une cinquantaine de pages, j’ai préféré en rester là, ne voulant pas lire plus avant un récit dans lequel j’ignorerais quelle est la part du vrai et celle du faux.

samedi 1 novembre 2025

Halloween

    J’aime bien l’Amérique et les Américains, mais l’adoption soudaine de leur coutume de Halloween ces dernières années en France me parait ridicule. Cela fait pitié, non ?
    (Ps : L'on me reproche d'être trop sévère et il se peut. Avouez qu'il y a tout de même de quoi râler, à voir ce folklore pratiqué par la marmaille et promu par la commune, dans un bled où l'on n'a toujours pas été atteint par la Fête de la musique...)

vendredi 31 octobre 2025

La Rochelle


    Octobre morose. Je n’ai pas le cancer du sein, qu’à Dieu ne plaise, mais octobre aura été pour moi pesamment médical. Démarches laborieuses envers ma mutuelle fantomatique, absence de spécialistes disponibles dans les environs, et donc obligation d’aller jusqu’à La Rochelle, deux fois ce mois-ci, consulter ophtalmo et dentiste à soixante bornes de chez moi sans gps. Je me récompense de ces misères en profitant du déplacement pour aller trainer une petite heure en bord de mer avant de rentrer. Même par temps maussade, cet air du large est apaisant.

jeudi 30 octobre 2025

Grévin

    Si l’on me donnait le droit et le pouvoir de détruire un seul musée, je pense que je choisirais le musée Grévin, qui m’a toujours fait horreur. Les statues de cire sont inutiles et laides, elles réussissent même à amocher les modèles déjà moches au départ.

mercredi 29 octobre 2025

Brizambourg

    A vrai dire, si j’ai feuilleté page à page l’énorme livre sur et de Goulebenéze, c’était aussi dans l’espoir d’y retrouver le texte entier d’une chanson, entendue chantée jadis par un oncle, et dont je n’avais retenu que quelques paroles. Je ne l’y ai pas vue, elle a pu m’échapper, Google me dit qu’elle serait bien de l’auteur, et intitulée Le charleston. Dans un bal à Brizambourg / Je r’gardais danser l’aut’ jhour / Une drolesse qu’avait les ch’veux courts … A sautait coum un égneau / Al avait point les deux pieds dans l’ minme bot…

mardi 28 octobre 2025

Goulebenéze

L’occasion se présentant, j’ai feuilleté le livre que les éditions Le Croît vif ont consacré en 2007 à Goulebenéze, le Charentais par excellence. Cet énorme pavé de 740 grandes pages comprend de savantes études (par Charly Grenon, Pierre Péronneau, Eric Nowak) sur les ancêtres, la vie et l’oeuvre de celui qui se nommait en fait Evariste Poitevin (1877-1952). L’ouvrage comprend aussi et surtout l’ensemble des historiettes et des chansons composées par le barde saintongeais, tantôt en français, tantôt en patois. (Il est vraiment dommage que l’on n’ait pas eu l’idée de doter d’un ou deux index, ou d’une table complète des titres, ce généreux volume dans lequel on est condamné à fouiller à l’aveuglette pour y retrouver un texte…). Goulebenèze (écrit tantôt avec un accent grave et tantôt un aigu), c’est à dire Gueule bien à l’aise, n'avait pas mal choisi son pseudonyme, qui peut s’appliquer aussi bien à sa gouaille de beau parleur et chanteur, qu’à son épicurisme de buveur et mangeur. Malgré ce que pourrait faire croire le personnage de modeste paysan moustachu en sabots, blouse bleue et petit chapeau, que Goulebenéze a campé toute sa vie et pour lequel il avait sans doute une sympathie sincère, lui-même était issu de ruraux enrichis, devenus grands propriétaires terriens et même châtelains, mais dont la prospérité fut affaiblie par la crise du phylloxéra. Je dois avouer que je ne me sens pas très attiré par la personnalité de cet amuseur provincial franchouillard, humaniste anticlérical de gauche, qui a consacré un hymne pompeux aux «citoyens du monde» (p 690) et du reste j’ai du mal à lire le patois, que je ne connais pas très bien. Je ne déteste pas son poème le plus connu et assez long Bonjour, Saintonge (C’est le pays joyeux où la grive d’automne / Se grise de fruits d’or parmi les pampres roux / Où le gai vendangeur sous la hotte chantonne / A l’appel des coupeurs qui boivent le vin doux) dans lequel il passe en revue toute la province, citant plusieurs villes et faisant la part belle au bord de mer. On peut sourire à ses chansons sur les boissons locales, comme Le vin bian (le vin blanc : que reun rempiace … O vous r’met l’ thieur en piace, 266), la Valse dau Cougnat (valse du cognac : O l’est une lithieur sans pareille / Queuneussez-vous reun de pu bon ? … O l’est moëleux, o l’est piaisant / O vous met dau baume dans la goule ! 267) ou encore la Chanson dau Pinaud (chanson du pineau : Thiau vieux Pinaud aussi jhaune qu’un lu d’or, 270). Pour faire bonne mesure je citerai aussi la chanson où il raille Les bains de soulail (419) que l’on prend pour avoir la pia tannée (la peau bronzée) : A Fouras coum à Chatelaillon / A Rouéyan coum à La Rochelle / N’on vouet des drolesses sans cotillon … A sont là toute la sainte jhornée / Couchées su’ l’ vente, en piein soulail…

lundi 27 octobre 2025

vendredi 24 octobre 2025

échanges

    Existe-t-il une théorie générale des rapports monétaires entre servis (ceux qui payent) et serveurs (ceux qui sont payés) ? Cela ne concerne pas l’esclavage, qui produit du travail gratuit, mais les très différents échanges payants entre servis et serveurs : patrons et ouvriers, employeurs et employés, état et fonctionnaires, clients et artisans, acheteurs et commerçants, spectateurs et saltimbanques, collectionneurs et artistes, clients et avocats, patients et médecins, etc. D’où vient que dans certains cas l'échange devient exploitation car il est injuste, et que dans ces cas-là l’exploiteur est tantôt celui qui paye, mais trop peu, tantôt celui qui est payé, trop bien payé ?

jeudi 23 octobre 2025

Joinville

    Comme si je n’avais que ça à faire, j’ai lu une centaine de pages des Mémoires de Joinville, dans un recueil d’extraits publié chez Gallimard en 1976 sous le titre En avant, soldats de Dieu ! L’auteur raconte des souvenirs de la septième croisade, où il a accompagné le roi Louis IX, futur saint Louis. Joinville n’est pas là pour flâner, il paye de sa personne, participe aux combats (Je demandai au roi qu’il me laissât y aller et il me dit d’emmener avec moi jusqu’à quatre ou cinq cents hommes armés, me désignant ceux qu’il voulait que j’emmenasse). C’est intéressant sans être captivant, parfois difficile à suivre, c’est remuant (beaucoup de morts, de blessés, de prisonniers, d’otages). C’est dépaysant parce que médiéval et exotique, même si la toponymie nous est parfois familière (Sitôt que le sultan de Damas eut fait la paix avec ceux d’Egypte, il manda à ses gens qui étaient à Gaza qu’ils revinssent vers lui…).

mercredi 22 octobre 2025

marques

    Ayant su par hasard que l’entreprise Uhu a choisi pour nom celui du hibou grand-duc en allemand, que Tuc est l’acronyme de Trade Union Congress, et que Gamm (Vert) est celui de Grande Armée Maillot Malakoff, j’enrichis ma connaissance des étymologies inattendues de noms d’enseigne en apprenant que GiFi reprend les premières syllabes du nom et du prénom de son fondateur lot-et-garonnais Philippe Ginestet, et qu’Auchan est une adaptation du nom du quartier des Hauts-Champs, à Roubaix, où la marque avait ouvert son premier magasin.

mardi 21 octobre 2025

ps

    Ayant enfin retrouvé une citation que je recherchais désespérément, je complète ainsi ma note du 15 septembre, sur l'âge :
    Maximes contraires. Une sentence que j’ai vaguement en mémoire, dont je ne sais plus qui est l’auteur, dit en substance qu'en vieillissant, nos âmes s’enlaidissent comme nos corps, ce qui n’est pas invraisemblable. (PS : ce doit être la réflexion 112 de La Rochefoucauld, citée et commentée dans mon Journal le 16 XI 2020, selon laquelle Les défauts de l'esprit augmentent en vieillissant comme ceux du visage). En sens inverse, la pensée d’Antonio Pérez (Ld 405), plus réconfortante : La beauté de l’âme s’accroît avec l’âge, à mesure que décroît celle du corps.

lundi 20 octobre 2025

quelqu'un

    Ces deux réflexions entendues dans des films, avant-hier Arletty dans Circonstances atténuantes (Jean Boyer, 1939) : On dira ce qu’on voudra, mais cet homme-là, c’est quand même quelqu’un. Et hier une autre dans Le majordome (Jean Delannoy, 1965) : Même quand on est quelqu’un, on n’est pas grand chose…

samedi 18 octobre 2025

verbier

    Mes néomots de ces derniers temps : délinquescence, prényme, effait.

vendredi 17 octobre 2025

Sablé

    «Il faut s'accoutumer aux folies d'autrui et ne se point choquer des niaiseries qui se disent en notre présence.» Garder en mémoire cette maxime de Madame de Sablé (1599-1678) lorsqu’on feuillette les réseaux sociaux.

jeudi 16 octobre 2025

ginkgo

J’ai déjà raconté dans ce journal (le 26 mars 2023) comment un pied de ginkgo haut d’un mètre, que l’on m’avait offert jadis, et que j’avais planté dans une clairière au bosquet de la Rigeasse, était bientôt mort, mais aussi comment, des années plus tard, j’avais soudain constaté que poussait, à quelques centimètres du petit tronc sec, une nouvelle tige, menue mais bien vivante et feuillue. Cette résurrection m’enchantait : j’entourai de soins le miraculé, je le bichonnais, le montrais volontiers aux rares visiteurs. Mais enfin maintenant force est de constater que le rené, s’il survit, végète et ne grandit guère. Il passait à peine les vingt centimètres quand je l’ai découvert, trois ans après il n’atteint toujours pas les quarante. Cela me déçoit un peu. Je me console en songeant qu’après tout l’arbrisseau extrême-oriental est doublement exotique : ce ginkgo est un bonsaï…

mercredi 15 octobre 2025

ceasefire

    Dans les journaux, c'est marrant, depuis qu'il a imposé un cessez-le-feu au Proche Orient, Trump n'est plus tellement Hitler...

mardi 14 octobre 2025

Niort

    Brève excursion hier après-midi au pôle Niort (30 km de chez moi). J’y vais rarement, et en général dans les supermarchés de la banlieue Est, mais plus rarement encore au centre-ville, une ou deux fois l’an, si bien que d’une fois l’autre je n’arrive guère à me familiariser avec la géographie des lieux. Qui plus est, comme en toute ville, où l’on s’emploie de mieux en mieux à damner la voiture automobile, je n’ose m’aventurer trop avant. Ma stratégie est la suivante. Arrivant droit du sud par la bien nommée avenue de Saint-Jean d’Angély, on trouve à main gauche, non loin du centre, une station d’essence, et derrière elle un supermarché, avec un parking où l‘on a toujours la place de se garer. L’enseigne a varié au fil des ans, c’est maintenant un Simply Market je crois. On est là à dix minutes de marche du centre. Je me rendais hier pour la première fois à la bibliothèque municipale, située au-delà de la Sèvre, sur la rive nord. C’est une bonne grande médiathèque moderne et spacieuse, où l’on m’a promptement procuré quatre livres de la réserve, que j’avais repérés sur le catalogue en ligne. C'étaient d’une part trois Caraco d’époque, j’entends parus du vivant d’Albert, dans lesquels je voulais juste voir s’il n’y avait pas quelque dédicace de l’auteur, qui n’en était pas avare. Hélas non, mais j’en ai profité pour feuilleter quelques minutes ces ouvrages, Les races et les classes, et les deux tomes de son Apologie d’Israël. A vrai dire, bien qu’il soit de mes écrivains fétiches, je n’ai jamais lu qu’une minorité de ses oeuvres, essentiellement ses textes autobiographiques. Et chaque fois que j’ai l’occasion d’en ouvrir d’autres, je suis étonné par l’ampleur et l'intensité de son racisme tous azimuts, en particulier judéolâtre et goyophobe. Pour lui le Peuple élu est véritablement une élite incomparable, le reste de l’humanité se décomposant en différentes couches et sous-couches de bassesse variable. Il étrille le goy au karsher cachère en s’étranglant de rage, mais toujours dans un style impeccable et savoureux. To be honest, bien qu’il m’inconforte, je ne déteste pas me faire bousculer par ses imprécations, dont je goûte au moins la sincérité. Elles comportent aussi d’amères vérités, en tout cas matière à réflexion. J’ai lu entre autres, dans le premier volume de l’Apologie, la drôle de page de Louanges à Marie, dont il se réjouit que les cathos aient fait leur déesse, se détournant ainsi du vrai Dieu, qu’il les accuse d’avoir volé aux Hébreux. L'impopularité durable de ce penseur s'explique probablement par la teneur de ses écrits, souvent peu aimables pour les non-juifs, et j'imagine embarrassants pour les Juifs. Le quatrième de mes livres était le deuxième volume de la biographie de Céline par François Gibault, à ce qu’il parait la plus complète. Je voulais voir ce qu’on y dit sur une question qui m’intéresse, celle du bref séjour de Ferdine en Charente-Maritime, où l’avait conduit l’exode de juin 1940. Il y a sur le sujet un substantiel chapitre d’une quinzaine de pages. J’en reparlerai. J’étais entré dans le bâtiment par la porte du côté de la rue, j’en suis ressorti de l’autre côté, où l'on traverse une esplanade, puis on franchit la rivière sur une passerelle réservée aux piétons, au pied de l’énorme donjon. C’est là sans aucun doute un endroit charmant, comme il n’y en a pas beaucoup dans cette ville austère. Ayant regagné mon parking gratuit, je m’acquittai cependant de ma dette en allant faire quelques achats dans les allées paisibles du supermarché. Cela me parait un deal convenable.

lundi 13 octobre 2025

auto-radio

Une bribe d’émission d’Europe 1 entendue hier après-midi en voiture, à propos de Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle, m’a donné envie de l’écouter en entier. Chose faite hier soir en différé, pour m’instruire en dinant. C'était dans la série Les histoires d'amour extraordinaires. Comme beaucoup d’artistes de gauche, ces deux-là étaient contre la société mais pour ses subventions, à ce qu’il semble. Leurs oeuvres ne m’ont jamais attiré, cette audition ne m’en a pas rapproché, mais il était intéressant d’entendre l’histoire de ce couple pittoresque, avec ses coucheries révolutionnaires incessantes. Et puis j’aime bien la voix appliquée de Sophie Davant, une Gazinettaise de charme.

dimanche 12 octobre 2025

Twitter

    Du temps de Twitter, les comptes conservateurs étaient systématiquement censurés ou marginalisés. Après le rachat du réseau en 2022, rebaptisé X en 2023, Elon Musk leur a rendu la parole, provoquant la désertion des financiers de gauche qui soutenaient la compagnie, ainsi mise en danger. Lors d’un entretien accordé en mars 2024 à ce crétin de Don Lemon, qui lui demandait ce qu’il en pensait, Musk a donné cette explication : J’ai acquis X afin de préserver la liberté d’expression en Amérique, le premier amendement, et je vais m’y tenir. Et si cela veut dire gagner moins d’argent, qu’il en soit ainsi (I acquired X in order to preserve freedom of speech in America, the first amendment, and I’m gonna stick to that. And if that means making less money, so be it). Belle mise au point.

vendredi 10 octobre 2025

arbres

Bizarre soirée d’hier à Saint-Jean d’Angély, où m’attirait une annonce de L’Angérien vue dans Facebook, selon laquelle le Rotary Club organisait à 20 heures une «conférence passionnante» d’un certain André Guyot sur les arbres remarquables. L’entrée était payante mais bon marché, 5 euros, et j’étais stimulé, outre le sujet, par le défi de sortir le soir en ville, qui plus est dans un club dont je ne suis pas familier. J’étais parti de chez moi assez tôt pour avoir le temps de faire d'abord quelques courses à Lidl, et j’arrivai fort heureusement avec un peu d’avance à l’amphithéâtre de la Fondation Robert, que j’eus du mal à localiser. Il n’y avait sur place qu’une petite quinzaine de personnes, organisateurs compris. Le cadre n’avait rien de luxueux : une banale salle de spectacle aux fauteuils rouges, sur scène un écran suspendu à un trépied, et devant elle un projecteur juché sur des meubles empilés. Après un quart d’heure charentais perdu à attendre en vain l’arrivée d’autres spectateurs, puis un autre quart d’heure pour permettre au conférencier de comprendre plus ou moins comment fonctionnait l’appareil, lequel menaçait de ne pas rester chargé jusqu’au bout, comme il advint en effet, la soirée commença donc avec une demi-heure de retard. En fait de conférence le programme consistait d’abord et principalement en la projection de deux films documentaires, entrecoupée par des pannes, et avec les lumières de la salle restant allumées en permanence, de sorte que les images étaient difficilement visibles, et les inscriptions à peu près illisibles. Les films n’ont pas été bien présentés, ni leurs auteurs cités, mais ayant tout de même réussi à noter leurs titres, La vie secrète des arbres et L’intelligence des arbres, j’ai pu me renseigner sur eux ensuite. Le second présente les idées mi-scientifiques mi-délirantes du garde forestier Peter Wohlleben, qui a fait fortune ces dernières années avec son best-seller du même titre. Selon lui les arbres communiquent par des ondes électriques et par les racines, et ils sont plus intelligents et plus bienveillants que nous, les vilains êtres humains. Après ces deux films le conférencier a projeté des photos de quelques arbres remarquables de la région, et dialogué quelques minutes avec le public. Un gentilhomme de l’assemblée a fait part d’une expérience de reboisement intelligent, combinant croissance spontanée et intervention humaine, dont il avait été témoin devers Arès, près du Bassin. Et dans les derniers moments il nous fut aimablement servi un verre de pineau, quelques Monaco, une meringue, et une languette de galette charentaise. Il y avait donc à boire et à manger.

jeudi 9 octobre 2025

fraternité

    Les révolutionnaires d’aujourd’hui, qui prétendent « lutter contre la haine » en recourant à la violence politique, me font penser à ceux de jadis, qui guillotinaient à tour de bras au nom de la liberté, de l’égalité, et surtout de la fraternité…

mercredi 8 octobre 2025

mardi 7 octobre 2025

décence

    Je n’arrive pas à situer la pudeur et la décence, l’une par rapport à l’autre. La pudeur est-elle un sentiment et la décence un principe ? La pudeur est-elle personnelle et la décence conventionnelle ? La décence est-elle la pudeur vue de l’extérieur ?

lundi 6 octobre 2025

huhu

    Les métaphores en usage pour désigner les organes génitaux masculins, genre le Service trois-pièces, ne sont pas bien à mon goût et je leur cherche des alternatives. Pendant un temps j’avais adopté le Sub-continent indien, j’incline maintenant pour le Pack Office.

dimanche 5 octobre 2025

fortune

    Ces trois notes retrouvées, à propos de philanthropes, prises çà et là. Dans Au temps du boeuf sur le toit, de Maurice Sachs, en date du 20 mars 1920, «Gaby Deslys est morte : elle a légué toute sa fortune aux pauvres de la ville de Marseille». Dans Wikipédia, des renseignements sur le duc de Loubat (1831-1927) qui a distribué sa fortune au bénéfice de plusieurs institutions culturelles et scientifiques, en Europe et aux USA. Dans le Dictionnaire du Bassin d’Arcachon, d’Olivier de Marliave, la notice sur Sophie Wallerstein (1853-1947) riche héritière à Arès, qui mena ses affaires, fonda une Maison de santé pour les pauvres, un centre aéré pour les enfants, et une bibliothèque populaire de plusieurs milliers de volumes, qui devint la bibli municipale. Au contraire des journalistes et des socialistes, pour qui les riches n’ont que des torts, j’admire ces exemples.

vendredi 3 octobre 2025

America

    Destin différent de deux noms d’états américains d’origine espagnole. Dans Montana, le ñ espagnol, qui devrait se prononcer comme le gn français, est réduit à un simple n, mais l’accent tonique reste placé sur la deuxième syllabe. Au contraire dans Florida, pas de modification morphologique ou orthographique, mais l’accent tonique a migré de la deuxième syllabe à la première.

jeudi 2 octobre 2025

Connoué

Il y a quelques jours, j’ai créé dans Wikipédia ma vingt-sixième notice, celle-ci au sujet du grand spécialiste de l’art roman charentais, Charles Connoué (1886-1969). Il était natif de Saint-Julien de l’Escap, un faubourg de Saint-Jean d’Angély, mais passa la plus grande part de sa vie et mourut à Saintes. Un de ses titres de gloire est d’avoir été l’un des dix co-fondateurs de l’Académie de Saintonge en 1957. J’ai voulu lui consacrer une notice pour trois raisons principales : d’abord parce qu’il était l’un des rares membres historiques de cette Académie à ne pas disposer de notice personnelle dans l’encyclopédie. Ensuite parce qu’il est surtout, à mes yeux, l’auteur d’une somme admirable sur Les églises de Saintonge, inventaire exhaustif d’environ 750 églises, avec commentaire archéologique et architectural, et dessin au crayon ou à la sanguine, publié sur dix ans (1952-1961) en cinq volumes (dont je possède seulement le troisième, portant sur Saint-Jean d’Angély et sa région). Enfin parce qu’ayant commis l’erreur d’être collabo pendant la guerre, il fait partie des pestiférés que l’on s’abstient de célébrer, quels que soient par ailleurs leurs mérites (aucune rue ne portera probablement jamais son nom). A cet égard son destin anti-marxiste me parait intéressant : voilà tout de même un banquier (argh) et entrepreneur (aargh), qui plus est catho (aaargh) et collabo (aaaargh!) qui a su consacrer du temps et des efforts à produire quelque chose de beau et d’intelligent. Des échos personnels qui me sont parvenus, comme quoi il aurait fini sa vie en vieux fou infréquentable et très seul, enseveli dans sa documentation, me l’ont aussi rendu sympathique. Cette notice succincte, et qui n’a guère besoin d’être plus longue, m’a pourtant donné du fil à retordre et j’ai bien mis trois semaines à la pondre. J’ai reçu pour cela une aide décisive d’une personne du musée de Saint-Jean. Une difficulté que j’ai eue a été de pouvoir mettre la main sur un exemplaire de L’alambic de Charentes, de François Julien-Labruyère, ouvrage dont le titre n’indique pas bien qu’il s’agit tout simplement d’une histoire culturelle de cette province, et dans lequel j’avais l’intuition que je trouverais quelques données. La consultation du catalogue en ligne faisait apparaitre qu’il y en avait deux exemplaires à la médiathèque de St-Jean et deux autres dans une bibliothèque annexe, celle de la Maison de Jeannette, institution vouée à la culture locale. Or les quatre exemplaires étaient indisponibles, les deux premiers appartenant à des fonds de réserve en cours de déménagement, et la maison abritant les deux autres étant à la dérive suite au décès de la responsable). Cela était d’autant plus fâcheux que j’ai moi-même possédé jadis ce livre, dont je ne sais plus si je l’ai revendu, donné ou perdu. Mais enfin, après maints échanges par mail et par téléphone, la médiathèque m’a permis de le consulter. Je signalerai pour conclure une petite énigme, apparue au cours de mes recherches. Les notices concernant Charles Connoué dans le site de l’Académie de Saintonge et dans le Dictionnaire biographique des Charentais, presque identiques, affirment toutes deux que son père aurait créé la banque Dalmont, Connoué et Cie en 1881. Or Charles naquit en 1886 et dans son acte de naissance, que l’on m’a procuré, il est signalé que son père était alors âgé de 24 ans. Cela voudrait dire qu’il avait créé une banque à l’âge de 19 ans, chose improbable. S’agit-il en fait de l’année 1891, ou d’une autre ? Je n’en saurai sans doute jamais rien…

mercredi 1 octobre 2025

apéritif

Il y a une quinzaine, avec mon coach, nous fûmes passer une journée rituelle à l’île de Ré. Déjeuner sur le port de La Flotte, au Bar Ré, petite heure de glandage sur l’étroite plage située non loin à l’ouest des quais, pèlerinage à Saint-Martin. Avant de rentrer j’espérais que nous trouvions un accès au rivage de la côte sud, et nous tombâmes par hasard, divine surprise, sur la plage des Anneries, à La Couarde. Grande plage quasi déserte, grand beau temps. Suivant mon habitude, tout en marchant, je collectai sur le sable divers matériaux : cailloux et coquilles pour compléter mes empierrements, éclats de verre pour en préserver mes concitoyens, quelques déchets, bouts de plastique, pour en débarrasser la place, os de seiche pour donner à mes cailles, etc. Je ramassai entre autres un petit tesson blanc de je ne sais quoi (je suis dans une période tesson) d'environ 2 cm x 3, où apparait en noir le mot Apéritif. Cet objet m’amusait mais je ne sais qu’en faire. S’il intéresse quelqu’un, je le donne. J’offre l’apéritif, en quelque sorte.

mardi 30 septembre 2025

écossais

Dimanche avant-dernier le 21 septembre, je suis allé au château du village voisin, Villeneuve la Comtesse, où l’on célébrait, pour les Journées du patrimoine, le 600ème anniversaire de la construction du bâtiment (1425), date aussi de la création de la Garde écossaise du roi Charles VII, future garde républicaine. Si j’ai bien compris, les premiers maîtres du château furent aussi les premiers chefs de ladite garde, un dénommé Christy Chamber puis son fils Nicole. Ces deux événements se produisaient dans le cadre de l’Auld Alliance, la Vieille Alliance scellée entre la France et l’Ecosse en 1295, alliance consistant principalement en une entraide militaire contre l’ennemi commun, l’Angleterre. Dans la matinée j’ai assisté à une conférence donnée par l’historien Patrick Gilles, bon orateur et très chic, habillé en kilt, sur le thème de L’armée d’Ecosse au secours du royaume de France. Toujours en quête de renseignements sur la dignité humaine, j’ai noté l’indication qu’à la bataille d’Azincourt, défaite française lamentable (1415) la plus grande part des pertes françaises ne serait pas les hommes morts au combat, mais les 1200 prisonniers que les Anglais ont égorgés pour s’assurer de n'être pas pris à revers s’ils les relâchaient. Le conférencier a estimé que c’est lors d’une autre bataille, celle de Verneuil (1424), qu’aurait été tiré le plus grand nombre de flèches, selon lui plus d’un million. Il a dit qu’un bon archer pouvait en décocher cinq à la minute. Ces beaux chiffres sont parmi mes souvenirs les plus mémorables de cette journée.

dimanche 28 septembre 2025

âge

    J’ai rêvé qu’une femme, ne voulant pas révéler franchement qu’elle avait 35 ans, disait avoir 34 ans et douze douzièmes. Dans le rêve cette coquetterie ne me paraissait pas ridicule. En réalité, je ne me rappelle pas avoir déjà entendu quiconque user d’une telle formule.

samedi 27 septembre 2025

ménagerie

Au printemps il restait dans mon bassin deux gros poissons rouges, qui résidaient là depuis des années. Un beau matin j’ai trouvé l’un d’eux mort dans l’herbe de la pelouse, soit qu’il eût sauté de lui-même hors de l’eau, soit qu’il en eût été tiré mais par quelle bête ? Il s’avéra bientôt que son congénère était lui aussi absent définitif, et introuvable. Au début de l’été j’achetai deux petits remplaçants, qui disparurent aussitôt dans l’eau devenue opaque en cette saison, et ne donnèrent plus de nouvelles. Quelque temps après, les jugeant perdus, j’achetai un nouveau duo de jeunes poissons, qui eux aussi s’éclipsèrent illico et durablement. J’avais beau surveiller, il n’y avait plus signe de vie dans le bassin. Deux fois je passai même au fond de l’eau un râteau, qui ne fit rien apparaître. Puis, ayant remarqué un chat du voisinage rôdant, parfois même se couchant près du bassin, j’eus dès lors quelque idée de qui était le responsable des disparitions. Cela posait un problème difficile, car je ne voyais pas comment me débarrasser de l’animal, ni comment lui barrer l’accès au bassin. En tout cas il était exclu que je rachète indéfiniment de nouveaux poissons, pour le seul profit de Raminagrobis. Je pouvais aussi m’en passer, mais cela comportait un autre inconvénient : sans poissons pour manger les larves, le point d’eau serait bientôt un réservoir à moustiques. Plus d'un mois s’écoula ainsi, pendant lequel je ruminai la question, comparant les avantages et les inconvénients de différentes solutions, quand soudain je vis réapparaitre un, deux, trois, puis les quatre petits poissons. Après avoir passé tout ce temps planqués au fond de l’eau vert sombre de l’été, les revenants étaient tous là : un rouge, deux jaunes, et un bizarre, marbré de gris fauve au moment de l’achat, devenu blanc rose comme un albinos. Dernièrement le retour des pluies a éclairci l’eau, elle est si transparente que l’on voit jusqu’au fond, et de son côté le petit banc de poissons, enfin habitué à son nouveau biotope, musarde volontiers en surface. A la bonne heure. Ainsi donc les nouveaux effectifs de mon hacienda sont de : quatre poissons (carassins) dans le bassin, trois oiseaux (cailles) dans la volière, deux reptiles (tortues) dans un enclos, et un mammifère (homme) dans la maison (j’ai rarement de la visite).