samedi 31 décembre 2022

franglais

    Aperçu hier dans Google Actualités ce titre d’article de chez Topito : «Top ten des tweets les plus likés de tous les temps». Quoique très imbibé de franglais, ça n’en est pas moins un alexandrin…

vendredi 30 décembre 2022

Adam

    Ces derniers jours j’ai modestement contribué au perfectionnement du monde en créant une dix-huitième notice dans Wikipédia, celle-ci sur Lucien Adam, cas de  personnalité française qui n’apparaissait jusqu’alors que dans des Wikis étrangers, sept au total, dont l'anglophone. Lucien Adam (1833-1918), magistrat de profession, s’est illustré comme linguiste amateur mais savant en promouvant notamment l’étude scientifique des langues indiennes d’Amérique. Il a en particulier joué un rôle décisif comme auteur et comme éditeur pour la série mythique (à mes yeux) des vingt-cinq volumes parus de 1871 à 1903, formant la Collection linguistique américaine, rebaptisée Bibliothèque linguistique américaine à partir du sixième volume. Ceux portant sur les familles de langues tupi-guarani et caribe m’ont bien servi dans mes études, et il me plait de pouvoir ainsi rendre hommage à ce peu connu savant. 

mercredi 28 décembre 2022

noms

    En rangeant des papiers, je retrouve une feuille d’il y a peut-être trente ans, où je m’étais amusé à rechercher le sens de quelques noms étrangers d’artistes. J’en avais tout oublié. A quoi cela peut-il servir, sinon à une note de journal. Je la retranscris ici sans être sûr de l’exactitude. On me corrigera, au besoin. Ackerman laboureur, Appel pomme, Berg montagne, Escher du frêne, Feuerbach ruisseau de feu, Grünewald bois vert, Hals cou, Hopper sauteur, Jongkind jeune enfant, Klee trèfle, Ribera berge, Schönberg beau mont, Steen pierre, Swift martinet, Turner tourneur, Uccello oiseau, van Velde du champ, Vlaminck flamand, Weber tisserand…

mardi 27 décembre 2022

Lascault

    Gilbert Lascault est mort, paraît-il. A quatre-vingt-huit ans, belle course. Il y a comme ça des gens qui avaient déjà tellement disparu, que l’on est tout surpris d’apprendre qu’ils étaient encore de ce monde. Je me souviens de sa voix haut perchée, quand je l’écoutais sur France Culture, dans l’Antiquité. Je me suis senti un peu endetté envers lui quand, jeune artiste, étudiant l’histoire de l’art contemporain en autodidacte, j’ai remarqué que plusieurs des articles que j’avais photocopiés dans l’Encyclopaedia Horribilis étaient signés de lui (celui sur le non-art, entre autres). Il me semblait qu’on avait eu un échange épistolaire, je m’aperçois en cherchant dans mes archives qu’il m’a écrit deux fois, brièvement, sur des cartes. A un envoi de repros de collages, en 1987, il avait répondu tardivement «Je trouve vos images intéressantes. Certaines sont joyeusement perturbatrices»… Il m’avait récrit un mot ex nihilo six ans plus tard : «Cher ami, En rangeant je viens de retrouver ces œuvres. Cela m’avait fasciné et me fascine encore. Bien à vous, G.L.» Bon. Concrètement, il n’avait rien fait pour moi, mais rien contre non plus. Et peut-être n’avait-il pas plus de pouvoir que ça. Au moins m’avait-il adressé quelques mots aimables. La vie m’a appris depuis lors, que c’est déjà beaucoup.

lundi 26 décembre 2022

actualités

    Vague de froid sans précédent aux USA. On peut difficilement accuser le réchauffement climatique, mais il est vrai que les prophètes parlent maintenant plutôt de changement climatique, ce qui est inattaquable. En effet le climat est toujours changeant, chaud en été, froid en hiver, qui peut le nier ?
    Les femmes interdites d’université : l'Afghanistan grand favori au championnat du monde d'arriération musulmane.
    Après qu’un cinglé a flingué trois Kurdes, déferlement de sauvagerie dans les rues de Paris, où les cultures différentes ont tout cassé. C’est marrant, on ne voit jamais ça quand un blanc se fait massacrer par un divers, comme il arrive à peu près chaque jour. Je remarque à l’occasion cette manière de noyer le poisson chez les journalistes, selon qui de violents incidents ont eu lieu «en marge» des manifestations. Ah, ok, c’est juste en marge. Mais ça fait quand même une grosse marge, hein…

dimanche 25 décembre 2022

samedi 24 décembre 2022

Noël

Il semble que dans l’espace public la dimension chrétienne de Noël (la Nativité, la Crèche) se rabougrisse chaque année un peu plus, moins au profit de sa dimension païenne (le Sapin, le Père Noël) qu’au profit de sa dimension commerciale et syndicale (les Fêtes de fin d’année). En tant qu’incroyant de tous les bords, je m’en fous un peu. Et en tant que vieux garçon habitué à passer Noël seul et sans festoyer, cela ne change pas grand chose pour moi. Malgré quoi j’aime bien l’image de cette fête. Côté chrétien, autant le martyre pascal, horrible et inutile, me repousse, autant l’intimité humble et tranquille de la Nativité me ravit. Côté païen mon meilleur souvenir de jadis, ma Madeleine de Noël, c’est le parfum de l’épicéa. Mais je ne vais pas acheter un sapin que pour ça. Cette année je me suis procuré un rameau de houx, que j’ai accroché à ma porte, pour égayer un peu.

vendredi 23 décembre 2022

poncifs

    Je me souviens que du temps de ma jeunesse, les universitaires avaient le plus grand mal à concevoir, pour leurs livres ou leurs articles, un titre ne contenant pas le mot «structure» ou l’adjectif «structural». Quelques modes ont passé depuis lors. Ces dernières années, nous assistons à une épidémie de «l’invention» et de «la fabrique», me semble-t-il.

mercredi 21 décembre 2022

tupi-guarani

Quatre ans après sa rédaction, et après divers aléas, mon article-serpent-de-mer sur le «Vocabulaire français d’origine tupi-guarani» vient enfin de paraître dans la dernière livraison du Bulletin hispanique (tome 124-2, décembre 2022, pages 257-284). C’est pour moi une rare satisfaction. Dans cette étude, je recense et commente la centaine de mots que notre langue a tirés de ce fonds lexical, dans lequel elle a puisé plus abondamment que dans tous les autres lexiques du Nouveau Monde (car nous avons aussi emprunté quelques mots à l’eskimo, à l’algonquin, au nahuatl, à l’arawak, au caribe et au quechua). «La grande majorité sont des noms de plantes (Acajou, Ananas, Manioc, Maracuja, etc) et d'animaux (Ara, Cobaye, Couguar, Jaguar, Piranha, Sagouin, Tamanoir, Tapir, Tatou, Toucan, etc), quelques uns relèvent d'autres catégories sémantiques (Boucan, Maracas, Tapioca, etc).» C’est aussi le tupi qui fournit à la nomenclature astronomique le seul nom de constellation d'origine américaine, celle du Toucan. Signalons par ailleurs au sommaire de ce numéro éclectique un article de Jacques Joset au sujet des rapports (ténus, à vrai dire) entre Céline et Cervantès. 

Conditions : la revue coûte 46 euros et n’est disponible en libre accès en ligne que trois ans après la publication.

dimanche 18 décembre 2022

Piso

    Ne connaissant guère que de réputation le naturaliste hollandais Willem Piso (1611-1678) qui accompagna en son temps une mission d’exploration au Brésil, je n’avais a priori aucune raison de le trouver antipathique, jusqu’à ce que je tombe l’autre jour sur une citation de lui, à propos de l’animal Paresseux, qui commence en ces termes : «J’ai disséqué une femelle vivante … qui avait en elle un fœtus parfait … Le cœur a continué de battre très fortement pendant une demi-heure après avoir été retiré du corps ...» La science a peut-être ses raisons, mais cela m’a dégoûté.

mercredi 14 décembre 2022

lunettes

    J’ai rêvé que Roland Topor habitait devant chez moi et avait une fenêtre grande ouverte juste en face de la mienne. Je le voyais assis à un bureau, portant deux paires de lunettes superposées, des ovales à la Toulouse-Lautrec et des rondes à la Lennon, celles-ci avec des verres bleu clair, comme j’ai eu dans ma jeunesse.

vendredi 9 décembre 2022

Garnier


L’on m’apprend que ma thèse, sur La faune brésilienne dans les écrits documentaires du XVIe siècle, vient d’être publiée aux Classiques Garnier. Je n’en savais rien. Le plus étonnant est que c’est un correspondant, qui m’avertit du fait, et non la maison d’édition. Peut-être a-t-elle tenté de m’en informer via mon ancienne messagerie professionnelle, où je suis maintenant injoignable, ou peut-être ne l’a-t-elle pas fait parce qu’elle n’y est pas obligée. A vrai dire cet ouvrage a déjà été publié chez Honoré Champion en 2009, et il ne s’agit là que d’une réédition, un fonds ayant été racheté d’une maison par l’autre. Je vois que le livre est assez cher, 97 euros en version reliée, mais se vend quasiment à mi-prix, 49 euros, en version brochée. Et il les vaut bien, cela va sans dire. La nouveauté est que l’on peut aussi acheter les chapitres séparément, sous forme numérique, pour des sommes modiques. Tout cela ne va rien me rapporter, mais la nouvelle est assez divertissante.

jeudi 8 décembre 2022

Loti

A la bibli du bled je renonce aux bédés, mais rien n’est assuré, mes deux derniers emprunts sont des documentaires, qui m’ont plutôt déçu. D’une part un Guide du patrimoine géologique en Poitou-Charentes, qui m’intéressait de loin, mais de près je n’ai su m’y investir. D’autre part un album de portraits de Pierre Loti, Les fantaisies changeantes. Je n’ai jamais lu Loti, je n’ai toujours pas été voir sa maison à Rochefort, qui paraît-il vaut la visite, j’aurais aimé aimer ce livre mais il m’a ennuyé. L’époque du selfie aurait plu à Loti, nous le voyons ici se faire prendre en photo parfois nu ou quasi, le plus souvent affublé des tenues que son goût de l’exotisme et du travestissement lui inspirait : il se montre en officier, naturellement, mais aussi en Basque, en Breton, en Egyptien, en bédouin, en que sais-je, avec dans le regard un air trop sérieux qui semble implorer «regardez-moi!» et qui fait un peu pitié.

lundi 5 décembre 2022

Faure

Curieuse découverte de boite à livres que ce bref pamphlet au long titre, J’ai vu les mêmes abrutis dénoncer les Juifs, puis tondre les femmes (Infolio éditions, Suisse, 2011) dû à un certain Jean-Louis Faure (1931-2022) et préfacé par Régis Debray, que l’on ne présente pas, et par Charles-Henri Favrod, qui fut le producteur du film Le chagrin et la pitié. Faure était un artiste, principalement sculpteur, issu d’une famille d’humanistes protestants et comptant d’illustres aïeux (il était petit-fils d’Elie Faure, lui-même neveu de l'anarcho-géographe Elisée Reclus). On se demande un peu quel est le projet de l’auteur, qui a abandonné puis repris son texte plusieurs fois et s’exprime visiblement sans suivre de plan, mais non sans style. Trop jeune pour avoir lui-même fait la guerre, il raconte ses quelques souvenirs de gamin sous l’Occupation et à la Libération. Il se fait une piètre idée de la France déchue, dont ce qu’il reste de grandeur n’est à ses yeux qu’illusion. Les dernières pages évoquent la question juive. Dans ses vieilles années, après une vie de philosémitisme sans faille, l’auteur râle de voir ses amis juifs se complaire dans «la faribole du peuple élu» («Nier qu’il puisse exister quelque élite de l’humanité méritant une considération particulière fait de vous aux yeux de beaucoup de Juifs, sinon un antisémite, du moins un suspect») et de ce que le politiquement correct l’empêche de critiquer le colonialisme israélien («Ce qui me fait souffrir, non-Juif de mon acabit et de mon parcours, c’est de désapprouver la politique d’Israël et de ne pouvoir très simplement en faire part à certains Juifs de mon milieu sans ressentir la désagréable impression de me mêler de ce qui ne me regarde pas»). Cela nous porte à songer que le cycle du ressentiment n’est pas près de s’interrompre, et que les «communautés» n’ont pas fini de se regarder en biais. Sur ces considérations optimistes, nous allons ouvrir les volets et commencer la semaine.

dimanche 4 décembre 2022

Bartleby

Il existe paraît-il une loi de Bartleby selon laquelle, dans les réunions professionnelles, 80% des participants perdent 80% de leur temps. Cela m’a l’air assez bien vu.

samedi 3 décembre 2022

rêve

    Dans mon rêve quelqu’un évoquait le passé en plaisantant ainsi : On me voyait avec mon grand air, j’étais partout sur les petites photos. Ce propos m’a amusé.

vendredi 2 décembre 2022

truismes

    Dans un moment d’entrain, j’ai voulu lire le roman Truismes, de Marie Darrieussecq, et au bout de dix pages ce projet m’a semblé au-dessus de mes forces.