jeudi 29 février 2024

bandessinées

 Trois bédés empruntées à la bibli de Loulay.
    - La fin du monde, récit de Pierre Wazem et dessin de Tom Tirabosco (Futuropolis, 2008). C’est un peu beau, genre flou obscur nocturne bleuté. Je trouve les décors mieux dessinés que les personnages. L’histoire est un conte fantastique plus ou moins abracadabrant, avec au-delà, sorcellerie, revenants, mais une belle éclaircie à la fin.
    - La déconfiture, première partie, de Pascal Rabaté (Futuropolis, 2016). Les errances de soldats le long des routes et dans la campagne pendant l’exode de 1940, à la fin de la drôle de guerre, jusqu’à leur reddition aux Allemands. Pas folichon mais pas mal. Il y a je crois quelques anachronismes dans le vocabulaire employé, par exemple l’expression «tourisme de masse» (page 86).
    - Ce qu’il faut de terre à l’homme, de Martin Veyron, d’après Tolstoï (Dargaud, 2017). Un conte philosophique pessimiste, à propos d’un petit paysan qui fait son possible pour agrandir son domaine mais finit très mal. Intéressant pour les vues sur la vie des moujiks d’antan. Veyron lui aussi paraît plus à l’aise pour dessiner les décors et les paysages que les visages. Il y a un anachronisme peut-être voulu (mais alors pourquoi ?) page 68, où dans trois cases des personnages s’expriment en faisant des guillemets avec les doigts.
    En résumé trois œuvres pas mauvaises, mais pas terribles. Ce qui me sidère comme souvent avec les bédés modernes, c’est la qualité du papier, de l’impression et de la reliure. La bédé m’a l’air d’être un des secteurs les plus luxueux de l’édition aujourd’hui.

mercredi 28 février 2024

mardi 27 février 2024

subventions

    J’ai eu naguère l’occasion d’examiner, dans une pile d’invendus offerts, trois livres subventionnés récents, combinant chacun images d’art (photographie, gravure) et texte d'intention littéraire. Ayant déjà assez d’ennemis, je ne citerai pas le nom des auteurs et n’entrerai pas dans les détails. Disons seulement que la teneur oscille du passable au franchement débile. La réalisation en revanche est parfaite : beau papier, belle impression, reliure en cahiers cousus... Les interrogations de l’honnête homme, devant ce genre de production, sont toujours les mêmes : Combien ça coûte ? et Qui c’est qui paye ? Il va de soi qu’aucun entrepreneur privé ne s’amuserait à investir dans l’édition de ces chefs d’œuvre insipides. Ils sont publiés par des officines spécialisées dans l’assistanat, qui opèrent «avec le soutien», variante «avec l’aide», variante «avec le concours» de l’association Bidule, de la ville de Quelquepart, du Conseil général de tel Département, etc. C’est à dire avec l’argent du contribuable, lequel est plus ou moins au courant de l’utilisation de ses impôts.

lundi 26 février 2024

Mocky

    J’ai regardé sur YouTube Y a-t-il un Français dans la salle, de Jean-Pierre Mocky (1982) parce que dans une discussion en ligne j’avais vu quelqu’un en vanter la distribution (en effet : Lanoux, Dutronc, Maillan, Galabru, Lavanant, Ferréol, Stévenin, Bideau, Dufilho, Zardi, Cavanna...). C’est une histoire de chantage en milieu politique, co-écrite par Frédéric Dard, auteur talentueux mais pas toujours bien fin. En l’occurrence l’intrigue n’est pas mal trouvée mais le film est ruiné par l’extrême vulgarité qui y règne, notamment dans les rapports hommes-femmes (le duo Stévenin-Meillan est gratiné) et l’expression des personnages. J’imagine les syncopes en milieu féministe si l’on y visionnait aujourd’hui ce film centré sur l’idylle d’un politicien de 55 ans avec une jouvencelle de 17... La fin tragique est particulièrement sinistre.

dimanche 25 février 2024

Alexakis

    Désolé, j’étais certain que le Paris-Athènes de Vassilis Alexakis me plairait, mais il m’ennuie plus souvent qu’il ne m’intéresse et j’ai préféré l’abandonner en cours de route. Ce n’est pas un mauvais sujet, que ce recueil de souvenirs et de réflexions sur la condition de bilingue bi-culturel franco-grec, mêlant anecdotes anciennes et récentes, mais je ne sais ce qu’il y manque, ou bien c’est moi qui suis encore d’humeur impatiente.

samedi 24 février 2024

métamorphose

    Ce n’était pas évident a priori mais j’ai réussi à lire en entier La métamorphose de Franz Kafka, malgré mon peu d’attrait pour ce genre d’histoire. A vrai dire j’étais moins stimulé par l’histoire elle-même que fasciné par la prouesse de l’auteur, qui réussit à baratiner sur une petite centaine de pages avec un sujet aussi improbable. Il paraît qu’on a donné à cette célèbre nouvelle de multiples interprétations psychologiques et surtout sociales. Certains se plaisent à y voir bien sûr de la «critique sociale», mais quel intérêt y aurait-il à cela ? Du reste, ne peut-on en voir autant, avec un peu de bonne volonté, dans n’importe quelle fiction où il apparaît qu’il existe des situations sociales différentes ? Pour ma part il me semble que la bizarrerie de ce drôle de récit lui suffit, sans qu’il soit besoin d’y fournir une explication. J’ai remarqué cette astuce de l’auteur, qui se garde de décrire trop en détail l’aspect du protagoniste métamorphosé et nous laisse en grande partie le soin de l’imaginer. Il indique vaguement que son dos est une coque dure, que son abdomen est divisé en arceaux et que ses membres sont remplacés par de fines pattes, mais il se garde de préciser la taille globale de l’organisme : elle semble aussi petite que celle d’un véritable insecte, quand on nous dit qu’il est capable de grimper aux murs et jusqu’au plafond, mais elle paraît plus importante quand on sait qu’il tient tout juste sous un canapé. De même on ignore ce qu’il en est du visage, s’il a encore figure humaine ou s’il est devenu tout à fait bestial. Il y a là un stratagème ingénieux.

jeudi 22 février 2024

Brassens

    J’ai feuilleté La tour des miracles, de Georges Brassens (10/18, 1973) et ce petit ouvrage ne m’a pas fait grande impression.

mercredi 21 février 2024

tchèque

Lu Anna en cavale, une bédé de la dessinatrice tchèque Lucie Lomova (Editions de l’An 2, 2006) empruntée au hasard. L’histoire ingénieuse mais abracadabrante et très politicorrecte (avec femmes rebelles, marginaux sympathiques, Gitans serviables et Russes méchants) ne m’a pas transporté. Mais le dessin est correct et la fin est drôle.

mardi 20 février 2024

rallye

Avant-hier j’ai rendu ma visite annuelle à mon bois de Cunèges, à peu près à la même date que l’an dernier et dans les mêmes circonstances, un rallye dominical personnel en partant aux aurores de ma Charente nordique pour arriver le soir au bassin d’Arcachon, en faisant un détour pour passer quelques heures en Dordogne. J’étais dans ma frênaie de 10:30 à 17 heures. L’anarchie d’un bois abandonné n’est pas un spectacle bien à mon goût et le peu d’ordre humain que j’ai pu y ramener en la circonstance parait négligeable, mais j’étais content de cette tournée d’inspection. Mon cabanon encore debout permet de stocker quelques branches au sec, pour faire du feu à chaque visite. Je n’avais apporté pour déjeuner que deux tranches de pain de mie, deux pommes, un œuf dur et un bout de chorizo. Cela suffisait, avec une bouteille d’eau, et j’ai eu beau temps, ni froid ni chaud. Parmi les bonnes surprises, trois ou quatre buis plantés il y a près de trente ans survivent et sont maintenant plus hauts que moi. Et puis l’ambiance paisible de l’hiver, où la jungle se tient à carreau.

samedi 17 février 2024

colombidés

    Il existe en Europe deux espèces de Tourterelles (Tourterelle turque et T des bois) et trois espèces de Pigeons (biset, colombin et ramier), qui toutes se trouvent en France. La langue française distingue donc nettement, par ces deux mots, les Tourterelles à la robe beige, de taille relativement petite (un peu moins de 30 centimètres) et les Pigeons essentiellement gris et plus grands (un peu plus de 30 cm pour le biset et le colombin, plus de 40 pour le ramier). Cette distinction Tourterelle-Pigeon se retrouve en latin scientifique (genres Streptopelia & Columbus) et dans plusieurs langues européennes : espagnol (Tórtola-Paloma), portugais (Rola-Pombo), néerlandais (Tortel-Duif). L’allemand dit Taube pour les cinq espèces. L’italien appelle les Tourterelles Tortora et a trois noms pour les Pigeons : Piccione, Colombella, Colombaccio. La situation est plus confuse en anglais, où l’on dit Dove pour les Tourterelles, le colombin et le biset, que l’on appelle aussi Pigeon, ainsi que le ramier.

vendredi 16 février 2024

économie

    Ma politique extérieure serait très simple : pas un rond pour les pays étrangers tant que les comptes du nôtre ne sont pas en équilibre, c’est à dire avec la dette publique égale à zéro.

jeudi 15 février 2024

ismes

    Trouvé au hasard du net cette blague malicieuse, discutable mais pas insensée, de la chroniqueuse américaine Ann Landers (1918-2002) sur les ismes, je traduis :
Socialisme : Vous avez deux vaches. Donnez-en une à votre voisin.
Communisme : Vous avez deux vaches. Donnez-les au gouvernement, il vous donnera peut-être du lait.
Fascisme : Vous avez deux vaches. Donnez tout le lait au gouvernement, pour qu’il le vende.
Nazisme : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous fusille et prend les deux vaches.
Anarchisme : Vous avez deux vaches. Gardez-les, fusillez l’agent du gouvernement, et volez une autre vache.
Capitalisme : Vous avez deux vaches. Vendez-en une et achetez un taureau.

mardi 13 février 2024

orthographe

    Il y a des langues, que j’appelle orthographiques, qui s’écrivent comme elles se prononcent et se prononcent comme elles s’écrivent, si bien que même en les connaissant mal, pour peu que l’on ait appris leurs règles d’orthographe, on sait assurément comment prononcer les mots qu’on en voit écrits, et l’on saurait presque aussi aisément écrire les mots que l’on entend prononcer. C’est le cas par exemple de l’espagnol et de l’allemand. Il existe à l’opposé des langues très irrégulières, pour ne pas dire bordéliques, dans lesquelles beaucoup de sons peuvent être transcrits de plusieurs manières et beaucoup de graphies peuvent être prononcées de différentes façons, sans compter que les mots écrits dans ces langues comportent souvent des lettres qu’il est d’usage de ne pas prononcer du tout. C’est le cas par exemple du français et de l’anglais. Il me semble que les langues orthographiques font un usage plus efficace, plus intelligent, du merveilleux outil de l’écriture, un usage plus conforme à sa mission, alors que les langues irrégulières, tout empêtrées d’incertitudes, d’exceptions et d’absurdités, le dévoient bêtement. Naturellement l’apprentissage de l’écriture dans les langues irrégulières est plus long (il n’en finit jamais tout à fait, à vrai dire) et demande inutilement plus d’efforts. Une tare supplémentaire des langues emberlificotées est qu’elles favorisent chez les esprits mesquins un élitisme scolaire assez ridicule, les plus savants trouvant dans leur science des aberrations un prétexte à mépriser les moins instruits. Regardez-moi ces bouseux, pensent-ils, ces bouseux ignorant que tel mot s’écrit comme ceci ou se prononce comme cela. Eh bien, beaux esprits, enseignez-le leur, et détendez-vous...

dimanche 11 février 2024

couleurs, bis


Mise à jour de ma note de jeudi, sur mes six pots de couleur : je possède maintenant, grâce à une bienfaitrice, tous les couvercles qui conviennent. L'ouvrage prend forme.

samedi 10 février 2024

voyage

VOYAGE

balade

déplacement

errance

excursion

expédition

itinéraire

périple

promenade

randonnée

trajet

vendredi 9 février 2024

planète

    Jpp de la planète. La planète me sort par les trous. Dès qu’on me bassine avec la planète, que c’est bon ou pas bon pour la planète, qu’il faut la sauver la planète, j’ai envie de foutre des baffes. Il faut que je me retienne...

jeudi 8 février 2024

couleurs


Ces derniers temps j’ai commencé à réaliser un petit projet auquel je songeais depuis longtemps. L’idée m’a été inspirée par Isidore Krapo et ses Confitures de l’esprit, ainsi qu’il a nommé une série de sculptures consistant en pots de conserve de différentes tailles, remplis d’objets et de matériaux hétéroclites (il ne jette rien), pots dont il scellait ensuite le couvercle avec de la cire. J’aimerais reprendre ce procédé à ma façon, en utilisant un nombre limité de pots de même taille, remplis chacun d’objets d’une seule et même couleur, et sans nécessairement sceller les couvercles. J’ai réuni pour cela six pots d’environ 7 centimètres de large sur 17 de haut (la plupart sont d’anciens pots à graines de lupin). J’ai commencé à les remplir de petits objets utilitaires (bouchons, chevilles etc) ou ludiques (mini-jouets, figurines etc) d’une couleur différente pour chacun : rouge, bleu, vert, jaune, noir, et blanc. N’en ayant pas trouvé assez chez moi, je me suis mis en quête de menus objets monochromes, de préférence en plastique (si vous en avez qui trainent, je suis preneur, mais si possible de la main à la main, pour éviter des frais de poste). Je cherche aussi à remplacer trois des couvercles par d’autres de la couleur qui convient : à l’origine j’en avais quatre jaunes et deux noirs, j’ai pu en trouver un vert, j’en cherche donc un bleu, un blanc et un rouge (diamètre 6,5 cm) avec ou sans inscriptions dessus. Je ne souhaite pas bourrer ces pots, je voudrais que les objets à l’intérieur restent relativement mobiles, mais je suis loin de les avoir remplis...
PS. Je possède maintenant tous les couvercles qui conviennent, grâce à une bienfaitrice.

mercredi 7 février 2024

vues

    Visions fugitives de ces derniers jours. Des mouettes posées comme des boules blanches sur la terre foncée d’un guéret, dans le demi-soleil de l’après-midi. Arrivant à Volebière en voiture deux chevreuils surpris, taches marron au loin dans un pré vert uni. Un autre jour dans le même bois, entendant un bruit de pas dans les feuilles, je me retourne et vois détaler un chevreuil, vers l’endroit où j’ai installé un abreuvoir. Depuis la haie du terrain de picnic, où je vais glaner des branches abandonnées par les élagueurs, vu une grosse volaille, possible outarde, traverser le champ d’à côté en courant en rase-mottes, sans voler. Et partout, à hauteur des mains, de petits nids désertés, chefs-d’œuvre discrets.

dimanche 4 février 2024

parcours

LA VIE-VOYAGE

Albert Caraco (Constantinople-Paris)
Arthur Rimbaud (Charleville-Marseille)
Auguste Brizeux (Lorient-Montpellier)
Cecilia Meireles (Rio-Rio)
Charles Bukowski (Andernach-Los Angeles)
Crad Kilodney (New York-Toronto)
Edgar Poe (Boston-Baltimore)
Fernando Pessoa (Lisbonne-Lisbonne)
Helmut Sick (Leipzig-Rio de Janeiro)
Louis-Ferdinand Céline (Courbevoie-Meudon)
Michel Ciry (La Baule-Varengeville)
Michel Ohl (Onesse-Bordeaux)
Olavo de Carvalho (Campinas-Richmond)
Pio Baroja (Saint-Sébastien-Madrid)
Thomas de Quincey (Manchester-Edimbourg)
Thomas Merton (Prades-Bangkok)
 
    J’ai composé ce poème-liste en repensant à cette note de mon Journal, du 6 août 2019 : «On signale communément les dates de naissance et de mort d'une personne : Victor Hugo, 1802-1885. On précise éventuellement les lieux : Victor Hugo, Besançon 1802 - Paris 1885. La situation de l'individu dans le temps nous importe sans doute plus que sa situation dans l'espace, puisqu'on n'aurait pas l'idée de dire : Victor Hugo, Besançon-Paris.» On a donc tendance à se représenter la vie prioritairement comme le parcours chronologique entre l’instant de la naissance et celui de la mort, plutôt que comme le parcours spatial entre les lieux de ces deux événements. Je me suis amusé à citer une quinzaine de personnalités en ne mentionnant que les lieux de départ et d’arrivée du voyage de leur vie, sans indication temporelle. Il s’agit ici d’un choix plus ou moins arbitraire, pioché au hasard dans ma documentation, mais naturellement tous les autres disparus de l’histoire de l’humanité auraient aussi bien pu y figurer.

vendredi 2 février 2024

comité

    Il nous a manqué, il nous manque toujours un Comité de vigilance des intellectuels anticommunistes.

jeudi 1 février 2024