mardi 23 avril 2024

Palestine

Pendant les longs moments où je déserte mon chantier de terrassement, j’ai aussi lu la bédé Les amandes vertes, Lettres de Palestine, des sœurs belges francophones Delphine et Anaële Hermans (éditions Warum, 2011). Cela se présente comme une correspondance entre la dessinatrice Delphine, qui demeure à Liège, et sa sœur partie de Bruxelles passer dix mois en Cisjordanie, de mars à décembre 2008, pour accomplir on ne sait trop quelles tâches au sein d’organismes humanitaires. L’ouvrage est divisé en chapitres commençant chacun par une carte postale envoyée de Liège par Delphine et suivie sur plusieurs pages par la réponse de la voyageuse. Ces réponses, constituant l’essentiel du livre, sont une chronique des actions et des sentiments de la narratrice, en même temps qu’un reportage sur la vie locale. C’est intéressant d’autant plus qu’Anaële, basée à Bethléem, n’y reste pas tout le temps mais visite plusieurs autres villes et villages du sud de Jérusalem. Elle s’entend bien avec les Palestiniens qu’elle rencontre et, comme elle a aussi des amis israéliens, elle se rend quelques fois en Israël. Cela lui permet de comparer l’ambiance différente des deux pays : en Israël le mode de vie occidental, avec à Tel-Aviv l’agrément du bord de mer, et en Palestine une vie plus rurale, plus austère à cause de l’islam (tabou de l’alcool, relative distance hommes-femmes) et plus rude à cause des colons israéliens qui pourrissent la vie des locaux (expulsions, confiscations, menaces, couvre-feux, murailles barrant les routes et la vue, etc). Points faibles : les pages ne sont pas numérotées, et les parties de texte tracées en blanc sur noir sont souvent illisibles. Mais c’est un bon livre, bien raconté, par petites touches sensibles sans insistance, et qui donne honnêtement matière à méditer, mais je dois dire qu’il ne m’a pas rendu plus optimiste quant à l’issue de ce pénible conflit.

lundi 22 avril 2024

monologues

La grande vertu des Monologues du vagin (Balland, 1999, édition originale américaine The vagina monologues, 1998) c’est la brièveté. L’écrivaine Eve Ensler a su se contenter d’une centaine de pages, ventilées en courts chapitres, c’est bien assez. Ce pamphlet féministe tient à la fois de l’essai et du théâtre, les textes étant destinés à être lus sur scène. Il s’agit d’une célébration du sexe féminin, que l’on examine sous toutes les coutures et sous une lumière crue, et que l’on s’efforce de glorifier. Eve pense ainsi œuvrer à la «libération» des femmes, terriblement opprimées par l’ordre patriarcal des vilains hommes, qui sont très méchants. Le choix du terme Monologues me paraît discutable : il peut s’appliquer à certains des textes (développements de l’auteuse, transcription ou adaptation des propos de telle ou telle autre femme) mais enfin il rend mal compte du fait que l’ouvrage est essentiellement polyphonique, et plusieurs des chapitres sont des collections de réponses à des questions, ces voix multiples étant tout le contraire de monologues. Il y a là des Discours ou des Variations, plutôt que des monologues. Quant au thème du Vagin, est-il si libérateur, et si passionnant ? On sent bien là l’obsession des femmes féministes qui n’en peuvent plus de se trouver formidables, et dont on devine que le deuxième organe préféré doit être le Nombril. Je pense qu’il ne serait pas plus appétissant de composer pareillement des Tirades du pénis, ou des Soliloques du trou du cul. Il ne faut peut-être pas avoir honte de ce que nous soyons des êtres biologiques, mais je crois qu’il n’y a pas non plus matière à s’en vanter. Quant aux particularités de la biologie féminine, les féministes seraient bien avisées d’admettre que les hommes n’y sont pour rien. (Par comparaison je relisais naguère les méditations autrement graves d’un Caraco sur le sujet, dans son Post mortem : «La menstruation, la grossesse et l’accouchement, et la lactation, nous ne pouvons glorifier de telles servitudes, elles sont dégoûtantes et nombre d’hommes en frémissent, bien qu’ils n’étalent l’horreur qu’ils éprouvent, de peur de passer pour des monstres. Les hommes amoureux affectent de les oublier, les autres gardent le silence, c’est un sujet que l’on élude et qui nous peine tous ...»). Enfin l’aspect le plus pénible des dits Monologues, c’est la niaiserie souvent avec laquelle le sujet est traité. Alors que certains chapitres observent une certaine justesse de ton (le meilleur à mon avis est celui recueillant des témoignages sur les premières règles, pages 55-60), d’autres sombrent dans un mauvais goût de très bas niveau. Les pires sont les trois compilant de multiples réponses à ces trois questions : Comment habilleriez-vous votre vagin (p 39-40) ? Si votre vagin pouvait parler, en deux mots, que dirait-il (p 41-42) ? enfin Qu’évoque pour vous l’odeur d’un vagin (p 93-94) ? Inutile de préciser que les réponses rivalisent de ridicule avec les questions, je laisse aux curieux le plaisir de découvrir ces perles. Un détail social m’a frappé, page 28, quand Eve évoque ses vastes recherches : «J’ai parlé avec plus de deux cents femmes ... Elles étaient professeurs, actrices, cadres, professionnelles du sexe ...» Ces dernières sont naturellement des opprimées de choix, en quelque sorte estampillées, mais les trois premières professions citées sont celles de milieux plutôt aisés, et surtout très réceptifs aux idéologies dites progressistes. Par contre zéro prolo, zéro paysanne, zéro petite employée. Malgré quoi cette œuvre larmoyante est un best seller international et des millions de dindes, de dindons et de dindonneaux ont applaudi le spectacle ou acheté le livret dans le monde entier. Ce succès immense dément d’ailleurs l’idée que la voix des femmes serait étouffée. En France il paraît que le texte a été lu à Bobino par les politiciennes humanistes Roselyne Bachelot, Myriam El Khomri et Marlène Schiappa, qui ont bien la tête à ça, en effet.

samedi 20 avril 2024

actualités

Les livres s’accumulent sur ma table de chevet plus vite qu’ils n’en repartent, présentement une vingtaine ou trentaine dont certains en processus de sédimentation depuis des mois ou des années, il faudrait là que je fasse place nette car en ce moment j’ai moins que jamais le temps de lire, m’étant lancé dans un nouveau chantier intermittent et d’envergure, pas moins que du terrassement, soit le décaissement et l’empierrement d’un quadrilatère d’environ dix-huit mètres carrés devant mon portail, afin de disposer ainsi au minimum d'une place où garer ma voiture automobile ailleurs que dans la rue quand les pluies abondantes comme cet hiver transforment le jardin en marécage, et je travaille comme je peux, certains jours pas du tout je l'avoue, à cet ardu ouvrage qu’un pésant du cru torcherait en deux jours et qui va je le sens me demander deux mois, mais il faut ce qu’il faut et qui vivra verra.

jeudi 18 avril 2024

bikini

BIKINI

Bikini

Bilitis

Bimini

Biribi

Cilicie

Difficile

Dimitri

Incipit

Isigny

Mirifique

Mistigri

Ouistiti

Philippines

Primitif

Rififi

Rimini

Riquiqui

Sibylline

Simili

Tbilissi

 

- - - 

       Je publie aujourd’hui le poème-liste Bikini, constitué de mots de trois syllabes dans lesquels la seule voyelle audible est le i (ou le y, mais pas le son nasal in). J’avais publié en septembre 2022 un poème semblable, Alaska, qui ne contenait que des toponymes. Ceux-ci étant trop rares avec la lettre i, j’ai étendu cette fois la liste à tous les noms propres et communs, ainsi qu’aux adjectifs. Comme dans Alaska j’ai pris pour titre l’incipit, Bikini, qui présente l’avantage de relever lui-même de différentes catégories sémantiques, étant à la fois un nom de lieu et un nom commun. Mes correspondants sur Facebook m’ont aimablement aidé à collecter des termes. Pour éviter d’être prolixe, j’ai limité mon choix à un numerus clausus de vingt unités et j’ai donc exclu certaines des propositions, comme celles des noms trop rares (viriliste, Shichimi...) ou trop sinistres (Syphilis), ou les formes conjuguées (initie, vivifie) lesquelles se prêtent moins bien à la juxtaposition. Merci à C Petchanatz, F Brouillaud, P Daudon, S Cauvin, A-J Roland, P Joncquez, C Colant, A Fournier, J-C Menu, I Czekierska, G Piti-Piotr, C Low, C Colomb et L Nadot.

mardi 16 avril 2024

allumettes

L’imagerie des boites d’allumettes (photos d’intérieurs chaleureux et autres niaiseries) me plait rarement. J’en achète volontiers lorsque je suis à l’étranger, ou je m’en fais rapporter. Elles ne sont pas toujours mieux inspirées quand elles viennent d’ailleurs, mais elles présentent au moins le charme de l’exotisme. Or je viens de découvrir près d'ici, dans les magasins de St-Jean d’Angély, deux marques à l’esthétique remarquablement sobre, toutes deux produites en Inde. D’une part des boites de «240 allumettes maison» vendues chez Gamm Vert, figurant juste en médaillon une marmite au-dessus de flammes, sur fond de motifs géométriques. D’autre part deux modèles de boites de «100 pcs 55 mm» trouvées chez Lidl, montrant simplement une allumette grandeur nature, sur fond de lignes ou de losanges. Aimables trouvailles, ma foi.



lundi 15 avril 2024

expo

Une exposition collective sur le thème «Doeuil sur le Mignon village d’eau et de lumière» est organisée par le Foyer rural de cette commune. J’y participe avec un collage-lettrage de format carte-postale horizontal. Je me suis intéressé au beau quadrillage de 3 x 6 = 18 cases que permettent les lettres de ce toponyme. J’ai traité le thème de façon minimale, par deux petits signes tracés dans la case laissée libre. L’exposition se tiendra au Moulin à Café, 7 rue des Ecoles, du 12 au 26 avril.
(Suite à une panne, cette note parait avec un peu de retard. Jours et heures d'ouverture sur la page Fb du MàC).

jeudi 11 avril 2024

tourterelles

    Il existe en France et en Europe deux espèces de tourterelles, la Tourterelle turque (Streptopelia decaocto) et la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur). Le nom du genre en latin scientifique, Streptopelia, est formé sur deux racines grecques, streptos = collier, et peleia = pigeon ramier.

La Tourterelle turque vient comme son nom l’indique de Turquie ou d’Orient. Elle a envahi l’Europe depuis les années 1930 et elle y est maintenant l’espèce la plus répandue. C’est notamment la tourterelle des villes et des villages, nichant toujours près des habitations humaines. Elle se reconnaît à son demi-collier noir très net, qu’elle porte sur la nuque et sur les côtés du cou. Son nom d’espèce en latin scientifique est decaocto, c’est à dire dix-huit, en référence à la légende antique d’une servante accablée de travail et se plaignant de ne gagner que dix-huit pièces par an. Les dieux la changèrent en tourterelle mais elle continue de pimer : hou-hou... hou. Son petit chant plaintif est ainsi fait de deux premières notes collées, puis d’une troisième séparée. Le nom de la Tourterelle turque dans la plupart des langues européennes se réfère comme en français à son origine géographique : en espagnol Tórtola turca, en portugais Rola-turca, en allemand Türkentaube, en néerlandais Türkse tortel. Mais on la nomme d’après son collier en italien : Tortora dal collare, et en anglais : Ring-necked dove ou Collared dove, parfois Eurasian collared dove.

La Tourterelle des bois est l’espèce indigène en Europe. Elle ne vit pas que dans les bois mais se tient toujours plus à l’écart des hommes que l’envahisseuse turque, et on la trouve parfois aux abords des villages. On la distingue à ses ailes au plumage écaillé et non uni comme chez la turque, et à son cou orné de petites griffures noires au lieu d’un collier. Son nom d’espèce en latin scientifique est le même qu’en latin classique : turtur. C’est une onomatopée, son cri étant très roucoulant : tourrr tourrr tourrr... On l’appelle en anglais European turtle dove ou simplement Turtle dove (= pigeon-tourterelle) comme en allemand (Turteltaube). C’est en espagnol la Tórtola europea, en portugais la Rola comum ou Rola brava (tourterelle commune ou sauvage), en italien la Tortora selvatica. Les Hollandais la nomment Zomertortel, tourterelle d’été, parce que c’est un oiseau migrateur qui va passer l’hiver en Afrique, au contraire de la turque sédentaire.

mercredi 10 avril 2024

Cologne

Le parfum je n’en mets jamais si ce n’est une fois par semaine un peu d’eau de Cologne après m’être rasé, de préférence l’eau de Cologne Mont St Michel. Au moment d’en acheter un nouveau flacon, j’ai toujours la même hésitation : si je me fiais aux appellations de la gamme, j’opterais pour la Naturelle Classique, mais quant à la senteur je préfère la Fraîcheur Intense...

mardi 9 avril 2024

hiver


Tous mes animaux ont passé l'hiver. Les moins en danger étaient les trois poissons rouges du bassin. Le plus jeune d'entre eux et donc le plus petit, qui était en fait jaune, se pare maintenant de marbrures noires d'un bel effet. De son côté la tortue a survécu au froid, je l’en avais donc assez bien protégée. C’est son deuxième hiver ici et je la laisse hiberner dehors, en prenant des précautions. Pour fêter sa remise en activité, je lui ai confectionné un nouvel enclos, un carré de planches d’environ deux mètres cinquante de côté. Comme c'est une prison ensoleillée, je l'appelle Guantanamo. Quant à mes trois cailles cégétistes, qui avaient totalement cessé de pondre depuis l’été dernier, j'ai acheté pour elles cet hiver à la ferme Dubourg, à Pessac, des granulés aux protéines censés stimuler la ponte. Je comptais leur en donner au printemps mais je n'en avais encore rien fait quand soudain, le week-end de Pâques, j'ai trouvé six oeufs dans la volière. Un vrai bombardement. Il semble que la meilleure protéine soit le printemps lui-même. Auraient-elles enfin compris la leçon du camarade Thorez, comme quoi il faut savoir terminer une grève ? Je n’en jurerais pas, car depuis lors le rendement n’est pas terrible, en moyenne un œuf par jour. Je sens qu’elles gardent un préavis sous le coude...

Sur la photo, une vue du nouvel enclos de la tortue. En zoomant, on aperçoit la bête devant la porte de son cabanon. En arrière-plan le deuxième anclos, plus petit, sa résidence secondaire.

dimanche 7 avril 2024

pouillot

Parmi les chants d’oiseaux que le printemps ramène, celui du Pouillot véloce, comme celui du Coucou, est de ceux que l’on entend plus souvent qu’on ne voit le chanteur. Le pouillot d’ailleurs n’est qu’un ppb, un petit passereau brun, assez indistinct. Mais son chant têtu, fait d’une dizaine de notes clairement détachées, qui se suivent sans se toucher, est un des plus sonores et des plus faciles à reconnaître, dans le ramage de saison.

samedi 6 avril 2024

pension

    Au début de l’année, j’ai été augmenté. De 35 euros. Je palpe maintenant dans les 673 euros de pension mensuelle. Cela n’est pas beaucoup mais je ne m’en plains pas. Au contraire je mesure ma chance de vivre dans une société généreuse, qui rétribue encore celui qui n’a pas fait grand chose pour le mériter durant sa vie active. N’ayant pris d’emploi régulier qu’aux approches de la quarantaine, et le plus souvent avec des horaires à 80 % pour m’assurer d’amples week-ends, j’aurai peut-être blanchi mais ça n’était pas beaucoup sous le harnais. Ayant un genre de vie assez frugal, cette rente légère suffit à mes besoins. Quand elle ne suffit pas, je puise dans les réserves que j’ai eu la prudence ou la chance de mettre de côté. Je n’ai pas de loyer à payer, la banque alimentaire de Loulay me procure des vivres deux fois par mois, et quand Mercure me favorise, je vends un collage, une poignée de livres ou quelque autre chose. Je m’arrange.

lundi 1 avril 2024

Bob

    Cela fait maintenant des années que Google News ne laisse pas passer une seule journée sans me proposer, dans son assortiment de nouvelles du jour, un article sur Bob Dylan, dont je n’ai rien à foutre. Je suis partagé entre la lassitude, la perplexité (comment ces gens fonctionnent-ils ?) et la consolation (dans le fond, être fliqué par un géant myope n’est pas si inquiétant)...

dimanche 31 mars 2024

captivité

Encore une bédé empruntée à Loulay, et enfin une bonne, ce n’est pas si fréquent : S’enfuir, sous-titré Récit d’un otage, du dessinateur québécois Guy Delisle (Dargaud, 2016). Cette histoire vraie raconte l’enlèvement à Nazran, en Ingouchie, d’un membre de Médecins Sans Frontière, Christophe André, et sa séquestration dans un bled de la Tchétchénie voisine pendant plus de trois mois, de juillet à octobre 1997. Le dessin n’est pas virtuose mais efficace, la narration habile, émaillée de petits incidents significatifs. Il règne dans la quasi totalité du livre une ambiance obscure car les images sont comme voilées d’un gris plus ou moins foncé, du fait que le captif est maintenu enfermé dans des pièces sans éclairage et que les scènes d’extérieur se déroulent de nuit. Pour illustrer le fait que l’otage ne parle pas russe, ou quelle que soit la langue locale, et ne comprend donc pas ses ravisseurs quand ils parlent entre eux ou s’adressent à lui, le dessinateur les fait s’exprimer en caractères cyrilliques : idée ingénieuse, en tout cas pour le lectorat qui, comme moi, ignore aussi cette langue, car lire des caractères indéchiffrables est en effet comme entendre des paroles incompréhensibles (je me suis demandé si c’étaient des mots réels ou simulés). Tout au long de ce fort volume (432 pages) on se sent oppressé par les conditions d’incarcération de l’otage. Ses ravisseurs caucasiens ne sont pas des brutes sadiques mais des brutes quand même, qui le maintiennent menotté à un radiateur ou à un pied de lit, quand ce n’est enfermé dans un placard, le font coucher sur un grabat et le nourrissent de bouillon, en lui offrant quand même une clope de temps en temps. La scène de l’évasion, dans les dernières pages, se lit le souffle coupé. Un bon livre.

samedi 30 mars 2024

dates

    En feuilletant les Récréations mathématiques et problèmes des temps anciens et modernes, de W Rouse Ball (Librairie Scientifique A Hermann et Fils, 1909), livre qui m’attirait mais dans lequel je dois avouer que je ne comprends à peu près rien, je remarque cette Question curieuse : Quelles sont les années bissextiles commençant par un jeudi ? Je ne me l’étais jamais posée et je suppose que vous non plus, chers lecteurs, mais après tout ce divertissement n’est pas indigne. Au bout de deux pages d’explications dont le sens m’échappe, je contemple les réponses, limitées aux siècles les plus proches : 1604, 1632, 1660, 1688, 1728, 1756, 1784, 1824, 1852, 1880, 1920, 1948, 1976, 2004, 2032, 2060, 2088. On s’est contenté d’ajouter : etc. Cette énumération me donne le vertige. Il y a là des dates appartenant décidément au passé, puis celles qui étaient du futur pour l’auteur mais sont du passé pour nous, enfin celles qui sont encore du futur pour nous-mêmes aujourd’hui. La prochaine n'est pas loin, 2032, mais... Où serons-nous alors, si nous sommes encore, cela est incertain.

(Référence : Récréations mathématiques et problèmes des temps anciens et modernes, par W Rouse Ball (de Cambridge), Deuxième édition française, traduite d’après la Quatrième édition anglaise et enrichie de nombreuses additons par J Fitz-Patrick, Troisième partie, pages 125-126.)

mardi 26 mars 2024

tungstène

Lu la bédé Tungstène, du scénariste et dessinateur brésilien Marcello Quintanilha (Editions Çà et Là, 2015). Cela raconte les interactions entre quelques personnages pendant une demi-journée dans une banlieue de Bahia. Les faits varient en gravité entre les bagatelles de la vie quotidienne et la violence du fait divers, avec quelques invraisemblances. L’action principale est l’arrestation mouvementée de deux truands pratiquant la pêche à l’explosif au bord de la mer, au pied d’une forteresse. Les quatre principaux personnages sont un sergent retraité, qui repère les malfaiteurs et veut les faire arrêter, un rasta dealer, plus ou moins son ami, qui rechigne puis accepte d’appeler un policier dont il est l’informateur, le policier, un gros noir costaud en pleine forme, et son épouse, une belle métisse qui glande à son domicile. Une particularité de ce récit est qu’il n’y a aucun personnage franchement positif, tous sont plus ou moins tarés : le sergent aime l’ordre mais il est irascible et vantard, le dealer est cool mais pourri, le policier est efficace mais c’est un hâbleur, un homme brutal et un mari volage, quant à son épouse elle raconte à tout le monde qu’elle s’apprête à le quitter mais ne le fait jamais. Il se dégage ainsi de cette histoire une impression de médiocrité humaine générale. Cette vision pessimiste est renforcée du fait que le récit se termine en queue de poisson sur des images du dealer en mauvais état, titubant la nuit au milieu d’une route. C’est original, sans être captivant. Le titre n’a pas de rapport direct avec le récit, dans lequel il n’est jamais question de tungstène. Une note du rabat indique que c’est le métal ayant le plus haut degré de fusion, suggérant par là une signification symbolique, sur laquelle se pencheront ceux qui n’ont rien de mieux à faire de leur temps. Une déception : la belle image de couverture ne correspond à aucune scène du livre.

lundi 25 mars 2024

couleurs

    J’ai cru comprendre (soyons prudent) en lisant la Contribution au Traité des couleurs de Goethe, de Jean-Christophe Sekinger (1997) que certains jadis établissaient une corrélation entre lumière et couleurs, selon laquelle ma préférée couleur, le jaune, serait la plus claire, la plus proche du blanc, et sa complémentaire, le violet, la plus sombre, la plus proche du noir.

vendredi 22 mars 2024

héros

La bédé No pasarán est un épisode des aventures de Max Fridman pendant la guerre d’Espagne, par le dessinateur et scénariste italien de gauche Vittorio Giardino (Glénat, 2011). Le héros franco-suisse prend des risques invraisemblables pour retrouver un ami, juif comme lui, disparu dans la Catalogne en guerre. Les bombardements le font trembler mais quand il se prend un pruneau dans le bras, il dit Bah, ce n’est rien... Le dessin est moyen et le scénario compliqué, je ne suis pas sûr d’avoir bien discerné toute la ribambelle d’espions, faux-espions et contre-espions. Par contre la caractérisation morale des différents groupes est assez claire : les juifs sont formidables, les chrétiens sont des salauds, les «fascistes» n’en parlons pas, les révolutionnaires idéalistes sont des braves gars, et les staliniens sont des gros vilains. On jugera là du grand courage intellectuel de l’auteur. Reconnaissons qu’il fait quelques efforts pour être nuancé : le protagoniste désabusé avoue «qu’on devient comme eux» (en parlant des phalangistes) et que «penser avoir raison ne suffit pas pour fusiller quelqu’un» (pages 125-126). Mais dans l’ensemble cette nopasaranerie n’est pas terrible.

mercredi 20 mars 2024

court

LA VIE BREVE

Court-bouillon

Court-circuit

Courte échelle

Court-métrage

Courte paille

Court terme

Courte vue

mardi 19 mars 2024

cour

POETES DE COUR

Poète de cour d’appel

Poète de cour d’assises

Poète de basse-cour

Poète de cour de cassation

Poète de cour des comptes

Poète de cour d’école

Poète de cour martiale

Poète de cour des miracles

Poète de cour de récréation

Poète de cour suprême

jeudi 14 mars 2024

ménage

Un autre de mes travaux intermittents ces jours-ci consiste à tirer avantage d’une dizaine de petits arbres morts, pour la plupart des aubépines, au bosquet de la Rigeasse. Certains sont tombés dernièrement, soufflés par le vent, d’autres ne tenaient plus debout que soutenus par les énormes cordes de lierre qui les enserraient. Je dégage ces matériaux, je trie. Je teste le bois mort en le tapant au sol. Ce qui se casse tout seul est trop pourri pour être conservé, je ne fais de bûches qu’avec les parties les plus dures. Je coupe aussi des buchettes dans les plus grosses tiges de lierre. Cela donne du bois médiocre, qui brûle vite, mais quand même utile et il est gratuit. La plupart de ces ruines végétales se trouvent à la lisière nord, où j’en profite pour faire du ménage. C’est dans cette bordure que se tiennent deux grands vieux ormes qui survivent mystérieusement, alors que tous les autres meurent jeunes. L’un des deux pourtant porte une vilaine blessure à deux mètres du sol, provoquée m'a-t-on dit par un coup de foudre il y a longtemps, mais qui n’affecte pas sa vigueur. Il y a aussi, à l’extrémité ouest de cette lisière, quelques beaux vieux pieds de Cornouiller mâle. J’ai passé un moment à les examiner. Ils ont ces temps-ci leurs petites fleurs jaunes, qui sortent avant les feuilles. C’est une espèce au bois durissime, plus dur encore que celui du Cornouiller sanguin, et qui lui vaut le surnom de bois de fer. Certains rameaux semblent assez minces pour être coupés au sécateur, mais requièrent la scie. Je nettoie ces arbres désordonnés, je leur ôte des branches cassées ou mal placées, je les aide à retrouver belle allure.

lundi 11 mars 2024

cyprès

Un de mes travaux intermittents ces jours-ci consiste à mettre en pièces un arbre que j’ai dû abattre dans mon jardin. C’était mon seul cyprès, planté près du portail il y a une quinzaine d’années. Il était alors moins haut que moi. Une fois, quelques années plus tard, quand il mesurait déjà trois quatre mètres, un coup de vent l’a poussé, il s’est affalé en biais contre le toit du hangar, à deux mètres de là. Je l’ai redressé et tuteuré ou haubanné quelque temps, en me disant que si cette mésaventure se reproduisait, je le supprimerais. Il a tenu bon, bien droit pendant des années. Dernièrement il s’élevait jusqu’à plus de huit mètres et formait un beau duo de gardiens méridionaux avec le laurier, qui pousse de l’autre côté du portail. Cet automne il a souffert d’une tempête, qui l’a très légèrement mais visiblement penché. Et voilà que le mois dernier, en rentrant de Gironde alors qu’il y avait encore eu tempête pendant la nuit, je l’ai retrouvé très incliné, à l’aplomb au-dessus du coin du hangar. Les vents dominants ici soufflent de l’ouest ou du sud-ouest, mais vu l’orientation de l’arbre, le coup fatal est venu du nord-ouest. Impossible de redresser un spécimen de cette dimension, et si c’était possible cela serait vain, il resterait promis à de nouveaux assauts. Restait à le couper. J’ai laissé passer quelques jours pour songer à la question, hésitant à chercher l’aide d’un bûcheron, puis j’ai décidé d’opérer moi-même. Après avoir dénudé le tronc sur un mètre de haut pour y voir plus clair, j’ai appliqué ma scie au niveau le plus pratique, à quatre-vingt centimètres du sol. Le tronc était large d’une quinzaine de centimètres à cette hauteur et je l’ai assez facilement scié jusqu’aux deux tiers, quand il s’est affaissé sur le toit du hangar un peu plus brutalement que je n’aurais pensé, mais en n’y cassant que deux tuiles. A ce moment par coïncidence sont passés dans la rue mon voisin Maurice, qui m’a prêté une scie électrique, et l’ami Cyril, qui m’a aidé à finir de scier l’arbre et à le faire tomber au sol, où il git depuis une dizaine de jours. Il interdirait l’entrée de véhicules par le portail, si le portail n’était de toute façon maintenu fermé depuis le début de l’année, les pluies ayant rendu le jardin trop boueux pour que j'y gare ma voiture automobile. Il y a là peut-être une leçon : les cyprès sont faits pour pousser en terrain méditerranéen sec et pierreux, non dans de l’argile molle et gorgée d’eau. Je n’essaierai pas d’en planter un autre. Celui-ci faisait de temps en temps des petits, qui poussaient dans les interstices du dallage à proximité. Des quelques pousses que j’ai essayé de récupérer, toutes ont périclité sauf une, qui a donné une belle tige de quarante centimètres. Je l’ai plantée l’an dernier en lisière d’une parcelle dans les collines, on verra bien ce qu’elle donne. En attendant, aux moments où il ne pleut pas et où je n’ai rien de plus urgent, je coupe toutes les branches du cyprès tombé, les plus fines au sécateur, les plus grosses à la scie. Puis je les recoupe en morceaux assez petits pour les entasser dans mes bacs en plastique et les emporter à la déchette. Je n’ai pas de remorque et n’en voudrais pas, mais je peux placer trois bacs sur la banquette arrière et un quatrième dans le coffre. J’ai déjà fait cinq ou six voyages, le prochain devrait être le dernier, j’arrive au bout. Débiter un cyprès est pour moi un travail inhabituel. Je suis étonné par la densité de ce tronc solide, que je conserverai à toute fin, et par la lourdeur du feuillage très dense. L’arbre est garni de cônes sphériques innombrables, assurément plus de mille, les uns neufs et compacts, les autres secs et craquelés, j’en ai gardé un petit tas. Quand je manipule les branches, elles dégagent un pollen jaune qui s’envole en poussière. Ici et là je trouve un nid en ruine, fait de branchettes ou de mousse. Je me souviendrai de ce long chantier.



dimanche 10 mars 2024

samedi 9 mars 2024

bas

PAYS BAS

Basses-Alpes

basse besogne

bas beurre

Basse-Bretagne

Basse-Californie

bas clergé

Bas-Congo

bas-côté

basse-cour

basses eaux

Basse-Egypte

Bas-Empire

bas étage

bas-fond

basse-fosse

basse fréquence

bas instincts

bas-latin

bas Moyen Age

bas peuple

Basse-Pointe

basse pression

bas prix

Basses-Pyrénées

bas quartier

bas-relief

Bas-Rhin

basse température

basse tension

Basse-Terre

bas-ventre

vendredi 8 mars 2024

Evita

Pour des raisons obscures, j’ai passé un moment à me renseigner sur Eva Perón (1919-1952) dans les articles de Wikipédia et dans le livre de Jean-Claude Rolinat sur La reine sans couronne des descamisados (Aencre, 2020). Encore un cas fascinant de destin anti-marxiste, d’une forte personnalité partie du très bas de l’échelle sociale et propulsée au sommet par la célébrité artistique d’abord, puis par le mariage avec le futur président argentin. J’ignorais qu’elle n’avait été que la deuxième des trois épouses qu’a eues Juan Domingo Perón (1895-1974). Ascension fulgurante d’Eva mais chute brutale, l’idole populiste ayant été terrassée par la maladie à trente-trois ans seulement. Il y a une histoire posthume sordide du corps embaumé, soumis à divers déplacements et péripéties. A cette occasion j’ai aussi lu le manifeste «justicialiste» des Vingt vérités péronistes (Veinte verdades peronistas, 1950). Il y apparaît que c’est un classisme, c’est à dire un racisme social («Le péronisme ne reconnaît qu’une seule classe sociale : celle des travailleurs») de même que le communisme ou le nazisme (rappelons que le parti nazi, NSDAP, était le Parti national-socialiste des ouvriers allemands) avec cette différence que le péronisme se voulait chrétien («Le justicialisme est une nouvelle philosophie de la vie, simple, pratique, populaire, profondément chrétienne et profondément humaniste»). 

jeudi 7 mars 2024

Post mortem

En 1963, peu après la mort de sa mère, l’écrivain pessimiste Albert Caraco composa un petit livre, Post mortem, alignant 111 paragraphes doux-amers en hommage à la femme à qui il reprochait de l’avoir mis au monde. Je me réjouis aujourd’hui de ce que l'ami Romain Delpeuch, que j’encourageais dans cette entreprise, ait traduit l’ouvrage en anglais, langue dans laquelle peu de pages et aucun livre entier de l’auteur n’étaient lisibles jusqu’à présent. Cette version anglaise paraît d’abord en feuilleton sur le site de la maison d’édition américaine Terror House. La première livraison comprend les trente premiers paragraphes.

mercredi 6 mars 2024

mardi 5 mars 2024

avortons

Je ne suis pas contre le droit à l’avortement (je ne suis pas non plus contre le droit de ceux qui s’y opposent à exprimer leurs idées). Mais alors le cirque de l’inscription dans la Constitution, d’une nécessité discutable, avec installation d’écran géant sur la place du Trocadéro et arrivée de la présidente de l’Assemblée au son du tambour, comment dire... Cette présidence n’a jamais lésiné sur le grotesque, mais on atteint là un sommet.

samedi 2 mars 2024

Calmos

Je ne sais qui anime ni ce que fabriquent par ailleurs les Editions Calmos, à Bordeaux, mais j’aime beaucoup leurs cartes postales imitant des couvertures de Que sais-je?, devenu Où vais-je ? (Caudéran, La rocade, La traversée de Bègles, La route de Toulouse...) vues naguère chez N’a qu’1oeil, rue Bouquière.

vendredi 1 mars 2024

Bestioles

Aimable petit livre de pochette, que les Bestioles de Philippe Louche (Novland, 2023). L’ouvrage se présente comme une suite de notices placées dans l’ordre alphabétique des entrées, lesquelles sont parfois en effet des noms d’animaux (Cochon, Hiboux, Ouistiti...), plus souvent des noms de catégories zoologiques (Batracien, Bovidé, Echassier...), ou encore diverses notions plus ou moins inattendues (Belge, Churchillien, Cloîtré...) mais à propos desquelles l’auteur s’arrange toujours pour citer au moins une des dites bestioles. Le mot du titre est bien choisi pour indiquer que l’on parle ici des animaux avec moins de scientificité que de désinvolture, malgré des coquetteries terminologiques. Les bêtes sont plus souvent un prétexte à causer de ceci ou cela, surtout de belles-lettres, sur le ton badin du dilettante. Au plaisir de cette lecture légère s’ajoutait pour moi celui de retrouver sur la couverture une photo de l’auteur enfant parmi des singes, qui orne encore un de ses blogs.

jeudi 29 février 2024

bandessinées

 Trois bédés empruntées à la bibli de Loulay.
    - La fin du monde, récit de Pierre Wazem et dessin de Tom Tirabosco (Futuropolis, 2008). C’est un peu beau, genre flou obscur nocturne bleuté. Je trouve les décors mieux dessinés que les personnages. L’histoire est un conte fantastique plus ou moins abracadabrant, avec au-delà, sorcellerie, revenants, mais une belle éclaircie à la fin.
    - La déconfiture, première partie, de Pascal Rabaté (Futuropolis, 2016). Les errances de soldats le long des routes et dans la campagne pendant l’exode de 1940, à la fin de la drôle de guerre, jusqu’à leur reddition aux Allemands. Pas folichon mais pas mal. Il y a je crois quelques anachronismes dans le vocabulaire employé, par exemple l’expression «tourisme de masse» (page 86).
    - Ce qu’il faut de terre à l’homme, de Martin Veyron, d’après Tolstoï (Dargaud, 2017). Un conte philosophique pessimiste, à propos d’un petit paysan qui fait son possible pour agrandir son domaine mais finit très mal. Intéressant pour les vues sur la vie des moujiks d’antan. Veyron lui aussi paraît plus à l’aise pour dessiner les décors et les paysages que les visages. Il y a un anachronisme peut-être voulu (mais alors pourquoi ?) page 68, où dans trois cases des personnages s’expriment en faisant des guillemets avec les doigts.
    En résumé trois œuvres pas mauvaises, mais pas terribles. Ce qui me sidère comme souvent avec les bédés modernes, c’est la qualité du papier, de l’impression et de la reliure. La bédé m’a l’air d’être un des secteurs les plus luxueux de l’édition aujourd’hui.

mercredi 28 février 2024

mardi 27 février 2024

subventions

    J’ai eu naguère l’occasion d’examiner, dans une pile d’invendus offerts, trois livres subventionnés récents, combinant chacun images d’art (photographie, gravure) et texte d'intention littéraire. Ayant déjà assez d’ennemis, je ne citerai pas le nom des auteurs et n’entrerai pas dans les détails. Disons seulement que la teneur oscille du passable au franchement débile. La réalisation en revanche est parfaite : beau papier, belle impression, reliure en cahiers cousus... Les interrogations de l’honnête homme, devant ce genre de production, sont toujours les mêmes : Combien ça coûte ? et Qui c’est qui paye ? Il va de soi qu’aucun entrepreneur privé ne s’amuserait à investir dans l’édition de ces chefs d’œuvre insipides. Ils sont publiés par des officines spécialisées dans l’assistanat, qui opèrent «avec le soutien», variante «avec l’aide», variante «avec le concours» de l’association Bidule, de la ville de Quelquepart, du Conseil général de tel Département, etc. C’est à dire avec l’argent du contribuable, lequel est plus ou moins au courant de l’utilisation de ses impôts.

lundi 26 février 2024

Mocky

    J’ai regardé sur YouTube Y a-t-il un Français dans la salle, de Jean-Pierre Mocky (1982) parce que dans une discussion en ligne j’avais vu quelqu’un en vanter la distribution (en effet : Lanoux, Dutronc, Maillan, Galabru, Lavanant, Ferréol, Stévenin, Bideau, Dufilho, Zardi, Cavanna...). C’est une histoire de chantage en milieu politique, co-écrite par Frédéric Dard, auteur talentueux mais pas toujours bien fin. En l’occurrence l’intrigue n’est pas mal trouvée mais le film est ruiné par l’extrême vulgarité qui y règne, notamment dans les rapports hommes-femmes (le duo Stévenin-Meillan est gratiné) et l’expression des personnages. J’imagine les syncopes en milieu féministe si l’on y visionnait aujourd’hui ce film centré sur l’idylle d’un politicien de 55 ans avec une jouvencelle de 17... La fin tragique est particulièrement sinistre.

dimanche 25 février 2024

Alexakis

    Désolé, j’étais certain que le Paris-Athènes de Vassilis Alexakis me plairait, mais il m’ennuie plus souvent qu’il ne m’intéresse et j’ai préféré l’abandonner en cours de route. Ce n’est pas un mauvais sujet, que ce recueil de souvenirs et de réflexions sur la condition de bilingue bi-culturel franco-grec, mêlant anecdotes anciennes et récentes, mais je ne sais ce qu’il y manque, ou bien c’est moi qui suis encore d’humeur impatiente.

samedi 24 février 2024

métamorphose

    Ce n’était pas évident a priori mais j’ai réussi à lire en entier La métamorphose de Franz Kafka, malgré mon peu d’attrait pour ce genre d’histoire. A vrai dire j’étais moins stimulé par l’histoire elle-même que fasciné par la prouesse de l’auteur, qui réussit à baratiner sur une petite centaine de pages avec un sujet aussi improbable. Il paraît qu’on a donné à cette célèbre nouvelle de multiples interprétations psychologiques et surtout sociales. Certains se plaisent à y voir bien sûr de la «critique sociale», mais quel intérêt y aurait-il à cela ? Du reste, ne peut-on en voir autant, avec un peu de bonne volonté, dans n’importe quelle fiction où il apparaît qu’il existe des situations sociales différentes ? Pour ma part il me semble que la bizarrerie de ce drôle de récit lui suffit, sans qu’il soit besoin d’y fournir une explication. J’ai remarqué cette astuce de l’auteur, qui se garde de décrire trop en détail l’aspect du protagoniste métamorphosé et nous laisse en grande partie le soin de l’imaginer. Il indique vaguement que son dos est une coque dure, que son abdomen est divisé en arceaux et que ses membres sont remplacés par de fines pattes, mais il se garde de préciser la taille globale de l’organisme : elle semble aussi petite que celle d’un véritable insecte, quand on nous dit qu’il est capable de grimper aux murs et jusqu’au plafond, mais elle paraît plus importante quand on sait qu’il tient tout juste sous un canapé. De même on ignore ce qu’il en est du visage, s’il a encore figure humaine ou s’il est devenu tout à fait bestial. Il y a là un stratagème ingénieux.

jeudi 22 février 2024

Brassens

    J’ai feuilleté La tour des miracles, de Georges Brassens (10/18, 1973) et ce petit ouvrage ne m’a pas fait grande impression.

mercredi 21 février 2024

tchèque

Lu Anna en cavale, une bédé de la dessinatrice tchèque Lucie Lomova (Editions de l’An 2, 2006) empruntée au hasard. L’histoire ingénieuse mais abracadabrante et très politicorrecte (avec femmes rebelles, marginaux sympathiques, Gitans serviables et Russes méchants) ne m’a pas transporté. Mais le dessin est correct et la fin est drôle.

mardi 20 février 2024

rallye

Avant-hier j’ai rendu ma visite annuelle à mon bois de Cunèges, à peu près à la même date que l’an dernier et dans les mêmes circonstances, un rallye dominical personnel en partant aux aurores de ma Charente nordique pour arriver le soir au bassin d’Arcachon, en faisant un détour pour passer quelques heures en Dordogne. J’étais dans ma frênaie de 10:30 à 17 heures. L’anarchie d’un bois abandonné n’est pas un spectacle bien à mon goût et le peu d’ordre humain que j’ai pu y ramener en la circonstance parait négligeable, mais j’étais content de cette tournée d’inspection. Mon cabanon encore debout permet de stocker quelques branches au sec, pour faire du feu à chaque visite. Je n’avais apporté pour déjeuner que deux tranches de pain de mie, deux pommes, un œuf dur et un bout de chorizo. Cela suffisait, avec une bouteille d’eau, et j’ai eu beau temps, ni froid ni chaud. Parmi les bonnes surprises, trois ou quatre buis plantés il y a près de trente ans survivent et sont maintenant plus hauts que moi. Et puis l’ambiance paisible de l’hiver, où la jungle se tient à carreau.

samedi 17 février 2024

colombidés

    Il existe en Europe deux espèces de Tourterelles (Tourterelle turque et T des bois) et trois espèces de Pigeons (biset, colombin et ramier), qui toutes se trouvent en France. La langue française distingue donc nettement, par ces deux mots, les Tourterelles à la robe beige, de taille relativement petite (un peu moins de 30 centimètres) et les Pigeons essentiellement gris et plus grands (un peu plus de 30 cm pour le biset et le colombin, plus de 40 pour le ramier). Cette distinction Tourterelle-Pigeon se retrouve en latin scientifique (genres Streptopelia & Columbus) et dans plusieurs langues européennes : espagnol (Tórtola-Paloma), portugais (Rola-Pombo), néerlandais (Tortel-Duif). L’allemand dit Taube pour les cinq espèces. L’italien appelle les Tourterelles Tortora et a trois noms pour les Pigeons : Piccione, Colombella, Colombaccio. La situation est plus confuse en anglais, où l’on dit Dove pour les Tourterelles, le colombin et le biset, que l’on appelle aussi Pigeon, ainsi que le ramier.

vendredi 16 février 2024

économie

    Ma politique extérieure serait très simple : pas un rond pour les pays étrangers tant que les comptes du nôtre ne sont pas en équilibre, c’est à dire avec la dette publique égale à zéro.

jeudi 15 février 2024

ismes

    Trouvé au hasard du net cette blague malicieuse, discutable mais pas insensée, de la chroniqueuse américaine Ann Landers (1918-2002) sur les ismes, je traduis :
Socialisme : Vous avez deux vaches. Donnez-en une à votre voisin.
Communisme : Vous avez deux vaches. Donnez-les au gouvernement, il vous donnera peut-être du lait.
Fascisme : Vous avez deux vaches. Donnez tout le lait au gouvernement, pour qu’il le vende.
Nazisme : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous fusille et prend les deux vaches.
Anarchisme : Vous avez deux vaches. Gardez-les, fusillez l’agent du gouvernement, et volez une autre vache.
Capitalisme : Vous avez deux vaches. Vendez-en une et achetez un taureau.

mardi 13 février 2024

orthographe

    Il y a des langues, que j’appelle orthographiques, qui s’écrivent comme elles se prononcent et se prononcent comme elles s’écrivent, si bien que même en les connaissant mal, pour peu que l’on ait appris leurs règles d’orthographe, on sait assurément comment prononcer les mots qu’on en voit écrits, et l’on saurait presque aussi aisément écrire les mots que l’on entend prononcer. C’est le cas par exemple de l’espagnol et de l’allemand. Il existe à l’opposé des langues très irrégulières, pour ne pas dire bordéliques, dans lesquelles beaucoup de sons peuvent être transcrits de plusieurs manières et beaucoup de graphies peuvent être prononcées de différentes façons, sans compter que les mots écrits dans ces langues comportent souvent des lettres qu’il est d’usage de ne pas prononcer du tout. C’est le cas par exemple du français et de l’anglais. Il me semble que les langues orthographiques font un usage plus efficace, plus intelligent, du merveilleux outil de l’écriture, un usage plus conforme à sa mission, alors que les langues irrégulières, tout empêtrées d’incertitudes, d’exceptions et d’absurdités, le dévoient bêtement. Naturellement l’apprentissage de l’écriture dans les langues irrégulières est plus long (il n’en finit jamais tout à fait, à vrai dire) et demande inutilement plus d’efforts. Une tare supplémentaire des langues emberlificotées est qu’elles favorisent chez les esprits mesquins un élitisme scolaire assez ridicule, les plus savants trouvant dans leur science des aberrations un prétexte à mépriser les moins instruits. Regardez-moi ces bouseux, pensent-ils, ces bouseux ignorant que tel mot s’écrit comme ceci ou se prononce comme cela. Eh bien, beaux esprits, enseignez-le leur, et détendez-vous...

dimanche 11 février 2024

couleurs, bis


Mise à jour de ma note de jeudi, sur mes six pots de couleur : je possède maintenant, grâce à une bienfaitrice, tous les couvercles qui conviennent. L'ouvrage prend forme.

samedi 10 février 2024

voyage

VOYAGE

balade

déplacement

errance

excursion

expédition

itinéraire

périple

promenade

randonnée

trajet

vendredi 9 février 2024

planète

    Jpp de la planète. La planète me sort par les trous. Dès qu’on me bassine avec la planète, que c’est bon ou pas bon pour la planète, qu’il faut la sauver la planète, j’ai envie de foutre des baffes. Il faut que je me retienne...

jeudi 8 février 2024

couleurs


Ces derniers temps j’ai commencé à réaliser un petit projet auquel je songeais depuis longtemps. L’idée m’a été inspirée par Isidore Krapo et ses Confitures de l’esprit, ainsi qu’il a nommé une série de sculptures consistant en pots de conserve de différentes tailles, remplis d’objets et de matériaux hétéroclites (il ne jette rien), pots dont il scellait ensuite le couvercle avec de la cire. J’aimerais reprendre ce procédé à ma façon, en utilisant un nombre limité de pots de même taille, remplis chacun d’objets d’une seule et même couleur, et sans nécessairement sceller les couvercles. J’ai réuni pour cela six pots d’environ 7 centimètres de large sur 17 de haut (la plupart sont d’anciens pots à graines de lupin). J’ai commencé à les remplir de petits objets utilitaires (bouchons, chevilles etc) ou ludiques (mini-jouets, figurines etc) d’une couleur différente pour chacun : rouge, bleu, vert, jaune, noir, et blanc. N’en ayant pas trouvé assez chez moi, je me suis mis en quête de menus objets monochromes, de préférence en plastique (si vous en avez qui trainent, je suis preneur, mais si possible de la main à la main, pour éviter des frais de poste). Je cherche aussi à remplacer trois des couvercles par d’autres de la couleur qui convient : à l’origine j’en avais quatre jaunes et deux noirs, j’ai pu en trouver un vert, j’en cherche donc un bleu, un blanc et un rouge (diamètre 6,5 cm) avec ou sans inscriptions dessus. Je ne souhaite pas bourrer ces pots, je voudrais que les objets à l’intérieur restent relativement mobiles, mais je suis loin de les avoir remplis...
PS. Je possède maintenant tous les couvercles qui conviennent, grâce à une bienfaitrice.