lundi 31 juillet 2023

conditions

    Un de mes souvenirs les plus amusants remonte aux premières années où j’ai travaillé à la bibliothèque universitaire. Un collègue plus âgé que moi, représentant syndical, et d’ailleurs sympathique, passait le plus clair de son temps à se promener dans les couloirs en discutant ici et là, et à descendre fumer des cigarettes à la cafétéria du rez de chaussée. A part ça il ne foutait pas grand chose, et le peu qu’il faisait était si mal fait que c’était à refaire. Je n’oublierai jamais le jour où je l’ai entendu déclarer à la cantonade : C’est quand même vrai qu’on n’a pas de bonnes conditions de travail...

dimanche 30 juillet 2023

état

    Dans la plupart des cas cette majuscule à Etat me paraît de trop, je n’en vois pas l'utilité, je la boycotte.

samedi 29 juillet 2023

choses

DIX CHOSES QUE JE NE DETESTE PAS

Le rosé mais alors très pâle

La lumière rasante sur les murs

Le regard sérieux des animaux

Boire un petit trait au goulot
Les roses, même les roses blanches

Ranger des trucs dans ma cuisine

Décorner une page

Flâner dans un supermarché

Le bruit d’un hélicoptère

Voir un héron s’envoler

vendredi 28 juillet 2023

égalité

    Il est bien aimable de s’employer à réduire les inégalités, tant que cela ne conduit pas à la discrimination dite positive ou à couper des têtes. Mais le fait est que : 1) L’égalité n’existe pas, 2) L’égalité n’existera jamais. Il faut s’arranger avec cette fatalité de la façon la plus juste, la plus délicate, la moins désastreuse.

jeudi 27 juillet 2023

jardin

Cette année dans mon jardin, un pied d’artichaut planté l’an dernier a si bien profité qu’il est devenu énorme, lançant des tiges de ma hauteur. Il a donné vingt-six artichauts, j’en ai mangé plus que jamais, j’en ai distribué. Aussi une petite pousse de mauve procurée par Cyril et qui au printemps avait failli disparaître, réduite à presque rien et assaillie par les limaces, s’est si bien reprise qu’elle s’étale maintenant sur deux mètres de diamètre. A part ça j’ai acheté trois plants de courgettes qui ont été aussitôt dévorés par les mollusques, et un de courge dont les fruits pourrissaient à peine formés, et lassé de l’arroser en vain j’ai fini par l’arracher. J’ai deux pieds de tomates-cerises, un de jaunes et un de rouges, qui donnent abondamment, et un pied de tomates normales qui glande laborieusement. On m’a aussi offert naguère deux petits plants de tomates, qui ne produisent pas encore. Dans un moment d’euphorie j’ai acheté une pousse d’angélique, qui ne va me servir à rien, et trois petits choux rouges soldés, qui n’ont pas l’air de vouloir se développer. J’ai eu quelques framboises, peu de groseilles, il n’y en a plus. J’ai goûté quelques baies de sureau, mais c'est insipide. Mon noyer perd ses noix par dizaines avant l’heure, il en est tombé plus de cent et je me demande s’il en restera le moment venu. Et il y a peu de prunes cette année. Mais j’ai découvert le pourpier, qui m’enchante. Il s’est mis à en pousser dans ma réserve de terre et plutôt que de me risquer à le transplanter, je le laisse prospérer sur place, il a l’air de se trouver bien. J’en coupe une tige pour chaque repas, j’aime beaucoup ces petites feuilles.

vendredi 21 juillet 2023

poèmes

    Rêvé que je lisais trois poèmes, que François Hollande avait écrits sous le pseudonyme de Guillaume Laurent. Des poèmes en vers libres, partie en prose, partie en lettres capitales. Je me disais qu’à la place de l’auteur je n’aurais pas recouru à l’artifice des capitales, et je trouvais à ces poèmes un air socialiste quelque peu relâché, malgré quoi dans le fond ils ne me déplaisaient pas.

mardi 18 juillet 2023

secrétariat

    Ces temps-ci je fais surtout du secrétariat. Par exemple je passe le balai numérique dans mon ordi, voir quels fichiers je fusionne, lesquels je renomme, lesquels je supprime. Je récupère aussi les Lettres documentaires dispersées çà et là pour en faire de beaux dossiers, que peu de gens liront et peut-être personne, mais que j’aurai eu le plaisir de mettre en ordre. Par ailleurs en m’aidant d’un catalogue Yvert, j’ai enfin pris le temps d’examiner la collection de timbres-poste héritée de mon père. Je sais maintenant que c’est une collection complète des années 1956-1976, doublée d’un stock de planches entières et de demi-planches des années 1966-1971. Je doute que cela soit facile à vendre, mais au moins je peux en parler plus à mon aise. Enfin je me suis mis à trier mon courrier électrique. Ayant été avisé, à tort ou à raison, que j’atteignais la limite des capacités de stockage, j’ai entrepris de vider mes boites Outlook et Orange, où le courrier s’accumulait depuis 2010. Je relis à peu près tout, je copie-colle dans des fichiers les messages reçus ou envoyés que je veux conserver, je bazarde le reste. A un moment j’ai supprimé d’un seul clic 4862 messages que j’avais envoyés sur Hotmail. Vu l’ampleur de mon lectorat, cela ne devrait pas trop manquer à l’histoire de la littérature.

lundi 17 juillet 2023

New York

    Une bédé empruntée parce que l’auteur est Riad Sattouf, No sex in New York (Dargaud, 2004). L’auteur a fait mieux. Cette histoire est bonne pour le lectorat de Libération, où elle a paru d’abord en feuilleton. Cela arrache un sourire de temps en temps, mais l’ensemble reste vraiment au ras des pâquerettes.

dimanche 16 juillet 2023

pilules

Une bédé empruntée un peu au hasard, Pilules bleues, de Frederik Peeters (Atrabile, 2002). C’est l’histoire pas très drôle mais autobiographique du narrateur, engagé dans une relation durable avec une fille séropositive et mère d’un très jeune enfant également séropositif. C’est intéressant et bien raconté, mais l’histoire est fortement imbibée de bons sentiments et l’on sent affleurer ici et là l’idéologie de gauche inévitable. Deux regrets : il est dit dans la première scène qu’un salaud de médecin a qualifié le couple de «discordant» mais on ne dit ni qui est ce médecin, ni à quel propos exactement cette appréciation a été formulée. Un peu plus loin, dans une scène bien vue où la fille est en train de couper les cheveux du gars, ils discutent de l’opportunité de révéler la maladie de celle-là aux parents de celui-ci et se demandent comment ils réagiraient en l’apprenant, mais finalement on ne sait ce qu’il en a été. Un point qui m’intrigue, j’ai l’impression que le narrateur n’a pas bien la même tête sur ses dessins et tel qu’on peut le voir en photo (j'avais eu la même impression avec L Lolmède, K Paloma...).

samedi 15 juillet 2023

jeudi 13 juillet 2023

chevêche

Preuves nouvelles, s’il en était besoin, que les chevêches sont les plus diurnes des chouettes, j’en ai vu une, ces jours derniers, posée vers 13 heures sur une balle de foin à la lisière du village, et aujourd’hui probablement la même, au même endroit, à midi moins le quart.

mercredi 12 juillet 2023

carbone

    Les écolos ont-ils jamais calculé le bilan-carbone des milliers de voitures brûlées en France (en moyenne plus de cent par jour, paraît-il, ce qui veut dire plus de 36.000 par an) ? Et celui des bâtiments incendiés, notamment les bâtiments publics (écoles, gymnases, médiathèques etc) ? Ou bien est-ce un sujet tabou ?

dimanche 9 juillet 2023

mémoire

    Depuis quelque temps j’envisageais de pratiquer un exercice, qui consisterait à passer en revue les années de ma vie et à noter celles dont je gardais un souvenir marquant. Je viens de prendre un moment pour me livrer à ce petit jeu. C’est un exercice de mémoire, dans lequel je ne fais état que des événements qui me reviennent spontanément, sans recourir à la documentation (pour les plus anciens, naturellement, j’en ai connaissance sans en avoir le souvenir à proprement parler).
1956 : année où je suis né, à Saint-Jean d’Angély.
1959 : année de la naissance de mon frère.
1960 : année où nous sommes partis vivre à Brest.
1963 : année où nous sommes partis vivre en Dordogne, à Lalinde.
1964 : année où nous nous sommes installés à Bergerac.
1968 : année de ma communion solennelle.
1970 : année où ma sœur a émigré au Canada, je crois.
1974 : année où j’ai passé le bac.
1975 : année où je suis entré à l’Ecole Normale d’instituteurs, pour un an seulement.
1976 : année où j’ai commencé mes études de langues à l’université et où j’ai passé le permis de conduire.
1981 : année où mon père est mort.
1984 : année de mon premier voyage au Brésil.
1985 : année de ma première traduction de livre.
1987 : année de la naissance de mon fils.
1992 : année où je suis redevenu célibataire et où j’ai suivi une formation de bibliothécaire.
1993 : année où j’ai embauché à la bibliothèque universitaire.
1995 : année où j’ai acheté un bois en Dordogne et où je me suis inscrit en thèse.
1997 : année où j’ai embauché à la bibliothèque ibérique de l’université.
1998 : année où je me suis lié avec mon aide de camp.
1999 : année où j’ai acheté ma maison à la Croix-Comtesse.
2000 : année où j’ai passé ma thèse.
2001 : année de l’attentat du World Trade Center.
2006 : année où j’ai fait un bilan de santé.
2013 : année où ma mère est partie en maison de retraite.
2018 : année de la mort de ma mère.
2020 : année du covid 19.
2021 : année où j’ai pris ma retraite.

samedi 8 juillet 2023

haine

 Contrairement à une idée reçue, la haine de classe est aussi conne que la haine de race.

jeudi 6 juillet 2023

quatre

    Dans le mot carrefour, par coïncidence, la première partie est un dérivé de quatre, et la seconde, en fait apparentée à fourche, a la même forme que le mot anglais pour quatre.

mercredi 5 juillet 2023

binaires

    Les idéologues, qui divisent l’humanité entre binaires et non-binaires, sont-ils pas d’une autre façon binaires eux aussi ?

mardi 4 juillet 2023

Bardadrac

Hier j’ai passé l’après-midi à feuilleter, à lire par endroits l’énorme Bardadrac de Gérard Genette (Seuil, 2006, 453 pages). C’est une sorte de dictionnaire personnel, un fourre-tout réunissant dans l’ordre alphabétique des notes diverses (souvenirs, observations, blagues, etc). Je l’ai emprunté après que l’ami Frédéric R eut attiré mon attention sur l’entrée consacrée aux Mots-chimères. L’auteur propose cette appellation basée sur Chimère (animal monstrueux hybride, par exemple mi-chèvre mi-lion) pour désigner les mots créés par amalgame, que l’on nomme habituellement mais vaseusement mots-valises. Je trouve la suggestion de Gérard ingénieuse et je comprends pourquoi Fred me l’a signalée : la plupart des néomots que j’invente de temps en temps, et que j’ai réunis dans un Verbier, relèvent de cette catégorie. Mais Genette ne se contente pas de gloser sur la question, il propose sur plusieurs pages sa propre liste, les mots-chimères qu’il a créés : Abbécédaire, Alambigu, Amalgamme... Du coup je ressens une gêne, j’ose à peine lire les inventions de ce concurrent. Ses néomots sont aussi bons que les miens, ce qui n’est pas peu dire, mais lui éprouve le besoin d’expliciter leur double-sens en rédigeant une définition, ce dont je me passe. Je n’ai pas le temps de lire en entier ce livre attirant, mais en le parcourant je me suis trouvé quelques autres points de connivence avec l’auteur. Dans son remarquable Bestiaire, je lis la phrase La chouette n’est pas la femelle du hibou, qui est un des vers de mon poème Fausses paires. A son entrée Caverne, il compare la salle de cinéma à la caverne de Platon, puis avoue qu’il serait «fort surpris d’être le premier à hasarder ce rapprochement», que pour ma part j’avais fait dans mon Allégorie du cinéma (Journal documentaire, mai 2000). Sur le Métissage, j’approuve et j’ai moi-même pensé mille fois ce qu’il dit à propos de l’absurdité idéologique consistant à faire à la fois l’éloge du métissage et celui de la diversité, l’un et l’autre tendant à s’exclure. Genette tantôt amuse par ses souvenirs cruels de ses ex-camarades communistes (Angèle), tantôt étonne par sa belle idée de collectionner les rivières où il s’est baigné (Temps de rivière), et je ne doute pas que l’ouvrage recèle encore bien des traits charmants.

lundi 3 juillet 2023

Nietzsche

    Rêvé que Pascal Zamor m’invitait par mail à le rejoindre chez le vieux (mais alors très vieux) Nietzsche, qui habitait à Paris rue Gabriel-Marcel, et à qui il devait rendre visite tôt le matin.

dimanche 2 juillet 2023

Pathelin

Je regrette un peu de m’être forcé à lire jusqu’au bout la farce de Maître Pathelin. La lecture en vieux français était difficile, malgré les nombreuses notes plus ou moins éclairantes de la petite édition scolaire de chez Bordas, que j’avais trouvée. Il paraît que c’est cette oeuvre qui a popularisé l’expression Revenons à nos moutons, ce qui est certes un mérite. La pièce montre les manigances d’un drapier, un avocat et un berger, qui s’arnaquent mutuellement. Il y a là beaucoup de pitreries, quelques grossièretés, mais rien qui m’ait vraiment amusé. J’ai au moins appris à cette occasion que l’exclamation Palsambleu est une altération de Par le sang bleu, euphémisme pour Par le sang de Dieu.

samedi 1 juillet 2023

chienlit

Quelques remarques sur le cas Nahel (de quoi parler d’autre aujourd’hui, décemment ?).
    Mardi, à l’issue d’une demi-heure de course-poursuite, commencée alors qu’un jeune chauffard récidiviste mais toujours sans permis avait été surpris en train de rouler à vive allure dans un couloir de bus, au volant d’une voiture dont on ne sait d’où elle sort, le pilote s’est fait flinguer par la police. C’est cher payer le refus d’obtempérer, mais enfin on ne peut pas dire que le défunt n’avait pas cherché les ennuis. 
    Dans cette affaire, 1) le président de la république, en se précipitant pour juger le policier «inexcusable» avant même de savoir au juste ce qui s’est passé, et 2) l’abruti milliardaire Mbappé, en qualifiant carrément le malfrat de «petit ange», se sont comportés comme deux beaux fils de pute.
    Le lendemain la mafia politique, ne ratant jamais une occasion de prendre le parti de la racaille, a fait observer à l’assemblée nationale, s’il vous plait, une minute de silence à la mémoire du hors-la-loi décédé. On n’en fait pas tant, semble-t-il, pour les innocents massacrés chaque semaine par la vermine.
    Les télévisions ont retransmis les déclarations de la mère et de la grand-mère de l’automobiliste, le dépeignant sans gêne et contre toute vraisemblance comme un gentil petit garçon sans problème. Aucun regret quant à ses infractions répétées, ni quant à sa très imparfaite éducation. Accessoirement aucune larme, à ce que j’ai pu observer, tout au contraire on a vu la mère, portant déjà un T-shirt à l’effigie de son lardon, pérorer sur une motocyclette.
    Et bien sûr dans les jours et surtout les nuits qui ont suivi, les hordes de banlieue, déjà très indisciplinées en temps ordinaire, et ne se sentant plus pisser dès qu’un tel prétexte leur est fourni, ont fait régner toute l’anarchierie dont on les sait capables.