jeudi 29 juin 2023

Jarama

Ces derniers mois, sans savoir pourquoi j’ai repensé plusieurs fois à une phrase qui m’avait désorienté, quand j’étais collégien ou peut-être déjà lycéen, en tout cas dans les premières années où j’apprenais l’espagnol : Tenlo por un rato, c’est à dire Maintiens-le un moment. Il n’est pas évident pour un débutant de deviner que rato peut vouloir dire moment. Cette difficulté m’avait si bien contrarié, que je ne l’ai jamais oubliée. Dans mon souvenir, la phrase se trouvait dans une version intitulée Juegos en el Jarama, soit jeux (d’ados) dans la rivière de ce nom, un affluent du Tage. Par curiosité j’ai tenté deux trois fois de retrouver le texte dans Google, en vain. Au début de ce mois, me trouvant en Estrémadure, je confiai cette énigme à Mario, mon correspondant. La phrase ne lui disait rien, mais le titre supposé lui faisait songer à El Jarama, roman de Rafael Sánchez Ferlosio paru dans les années 50. Cela paraissait une bonne piste. J’inscrivis le livre sur la liste de ceux que j’emprunterais à l’université lors d’une prochaine occasion. Etant cette semaine en Gironde, je suis allé hier matin à la bibli de la fac, d’où j’ai rapporté entre autres ledit roman (
édition Destino, Ancora y Delfín). C’est un dodu volume de 365 pages, entre lesquelles il n’allait peut-être pas être si facile que ça de repérer la phrase déroutante, si tant est qu’elle s’y trouve. Or dans l’après-midi, partant me baigner dans les eaux du Bassin, je m’arrête en chemin à la boite à livres de Cassy. Le hasard veut qu’il y ait là un vieux manuel scolaire, L’espagnol en 2e, de Darmangeat et alii (Classiques Hachette), dont je reconnais la couverture éraflée : j’ai eu jadis le même. Je l’ouvre. La première partie contient des textes portant sur Las sierras y las aguas, et voilà que j’y retrouve, pages 29-30, mes Juegos en el Jarama...
    (Ps : J'ai quand même feuilleté le roman, où la scène se trouve page 50.)

mercredi 28 juin 2023

trois

Tres Algarrobos
Três Corações
Tres Esquinas
Drei Felden
Drei Hausen
Três Ilhas
Tres Lagos
Trois Maisons
Trois Puits
Trois Rivières
Tre Signori
Tres Valles
Tres Zapotes
 
(Lieux d'Argentine, Minas Gerais, Trujillo, Rhénanie, Hesse, Espírito Santo, Argentine, Moselle, Marne, Québec, Lombardie, Veracruz, et Veracruz encore).

mardi 27 juin 2023

deux

Dos Bocas (Tabasco)
Zwei Brücken (Palatinat)
Deux Chaises (Allier)
Dos Hermanas (Andalousie)
Two Harbors (Minnesota)
Two Hills (Alberta)
Dois Irmãos (Rio)
Deux Jumeaux (Calvados)
Two Lakes (Alberta)
Deux Montagnes (Laurentides)
Dos Palos (Californie)
Dois Riachos (Alagoas)
Two Rivers (Alaska)
Deux Rivières (Yonne)
Two Wells (Australie)

lundi 26 juin 2023

carrefours

CARREFOURS

Four Buttes
Cuatro Caminos
Quatre Champs
Cuatro Ciénegas

Four Corners
Four Elms
Four Mountains
Four Oaks

(Montana, Castille, Ardennes, Coahuila, 
Usa, Kent, Alaska, Caroline)

dimanche 25 juin 2023

avocat


    Avec sa forme oblongue et son noyau sphérique, l’avocat est comme un œuf de verdure.

mercredi 21 juin 2023

re-Pascal

    Un lecteur, gêné peut-être par ma note abrupte d’avant-hier sur Pascal, m’a passé le lien vers une collection de citations en ligne. Il a bien fait. Cela ne m’a pas rendu fan du janséniste, mais ces petites citations bien nettes, détachées de leur gangue, me font meilleure impression que le vieux classique grisâtre. Je me demande combien de formules de Blaise ont ainsi eu le pouvoir de traverser les siècles : le nez de Cléopâtre, le roseau pensant, le cœur a ses raisons, l’homme ni ange ni bête... En feuilletant ces pages numériques, j’ai remarqué deux pensées bien à mon goût. Celle-ci, amusante : «D'où vient qu'un boiteux ne nous irrite pas et un esprit boiteux nous irrite ? A cause qu'un boiteux reconnait que nous allons droit et qu'un esprit boiteux dit que c'est nous qui boitons.» Et celle-là, presque embarrassante de vérité : «Personne ne parle de nous en notre présence, comme il en parle en notre absence.»

mardi 20 juin 2023

parade

    Les exhibitions obscènes de la gaie parade laissent à penser que l’homosexualité exclut la pudeur, la décence. L’impression semble confirmée par le fait qu’à peu près personne ne se risque à démentir cette équation...

lundi 19 juin 2023

Pascal

Il paraît que c’est aujourd’hui le quatrième centenaire de la naissance de Blaise Pascal. Or il se trouve, parmi les piles qui s’accumulent sur ma table de chevet, un mince volume des Classiques Hatier datant des années cinquante, consacré aux Pensées et opuscules. Je l’ai feuilleté plusieurs fois ces derniers mois en y cherchant la joie de lire et je dois dire que je ne l’ai pas beaucoup trouvée. On peut sans doute admirer le génie intellectuel du mathématicien et de l’inventeur, mais c'est autre chose. On déplore souvent que les Pensées ne soient que les matériaux épars d’une somme, que l’auteur n’a pas eu le temps de réaliser. Pour ma part les fragments ne me déplaisent pas, je les préfère souvent aux grandes constructions, qui m’assomment. Mais en l’occurrence je trouve Pascal peu convaincant dans le fond et assez barbant dans le style, dont le trait dominant n’est pas la clarté. J’ai quand même bien aimé quelques formules, hors Pensées la distinction entre l’esprit géométrique et l’esprit de finesse, et dans les Pensées les visions de l’homme pris entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, "Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout", mais cela tient sur deux pages...

dimanche 18 juin 2023

Yvonne

Récemment j’ai créé dans Wikipédia ma dix-neuvième notice, celle-ci consacrée à Yvonne, l’épouse de Georges Préveraud de Sonneville. Ils étaient tous deux peintres et ont vécu à Bordeaux, à Martillac et à Talence, mais c’est à Gradignan que se trouve le musée conservant leurs œuvres. Pour moi l’évocation de ce couple d’artistes est indissociable du souvenir de mes dernières années girondines, époque où j’habitais non loin de ce bon musée, qui exposait chaque mois un nouveau choix de peintures des Sonneville.

samedi 17 juin 2023

tremblement

    La grande affaire hier soir fut que vers sept heures moins vingt, alors que j’étais en train de dîner tranquille en regardant Cnews, la maison s’est mise à trembler de partout, en faisant grand bruit. Je ne comprenais pas si la trépidation venait de l’intérieur de la maison ou de l’extérieur. Cela ressemblait à la vibration que provoque parfois un camion ou un tracteur en passant, mais en plus fort et sans la progression du véhicule qui approche. Je me suis levé pour aller voir s’il se passait quelque chose dehors. Il n’y avait rien et les secousses avaient déjà cessé. Tout cela n’avait duré que quelques secondes, moins de temps qu’il n’en faut pour le raconter. Depuis le portillon j’ai vu qu’au bout de la rue Lulu était sortie de chez elle et parlait avec son voisin d’en face. J’en ai conclu que le même phénomène avait été ressenti ailleurs que chez moi et j’ai alors songé à la possibilité du tremblement de terre. En rentrant j’ai constaté qu’il n’y avait plus d’électricité. En repensant à la scène je me suis rappelé ce bruit très identifiable au milieu du vacarme : les assiettes s’entrechoquant dans mon buffet. Quand le courant est revenu, un quart d’heure après, j’ai pu avoir confirmation de mes soupçons. L’épicentre était paraît-il vers Mauzé sur le Mignon, soit à une vingtaine de kilomètres de chez moi. Aucun dégât apparent, mais forte impression.

vendredi 16 juin 2023

oursons

    Elle ne se doute pas qu’elle m’a fait sourire, la personne que j’ai entendu dire Avoir des oursons dans les poches.

jeudi 15 juin 2023

chocolat

 J’ai acheté un succédané vegan de chocolat au lait, qui était bradé chez Noz. A ma grande surprise, c’est aussi bon que du vrai, je n’aurais pas fait la différence.

mercredi 14 juin 2023

Septimanie

SEPTIMANIE

Sette Bagni

Sete Barras

Sete Cachoeiras 

Sette Camini

Sete Cidades

Sept Frères

Seven Harbors

Seven Hills

Siete Iglesias

Seven Islands

Seven Kings

Sete Lagoas

Seven Oaks

Seven Persons

Sete Pontes

Siete Puntas

Sete Quedas

Seven Sisters

Seven Valleys


(Toponymes trouvés la plupart dans l’index du Britannica Atlas).

dimanche 11 juin 2023

Portugal

Je reprends ici le récit de ce voyage, interrompu par manque de connexion en territoire portugais.
    Lundi 5 juin. Nous quittâmes ce jour Cáceres en repartant cette fois-ci non vers le Nord-Est et Salamanque, d’où nous étions venus, mais vers le plein Nord et Ciudad Rodrigo. De la sorte, comme notre route à l’aller passait à l’Est du secteur de las Hurdes, elle passait maintenant à l’Ouest. J’ai étudié jadis la question de cette contrée déshéritée et du film de propagande communiste qu’en a tiré Luis Buñuel, sur lequel j’ai écrit un article en décembre 2011. Malgré mon intérêt pour le sujet, j’ai préféré ne pas compliquer notre itinéraire en nous détournant vers cette zone montagneuse où je n’avais rien de spécial à faire ni à voir. Notre route passait cependant par Coria, ville dont les évêques ont oeuvré efficacement en faveur de la paysannerie arriérée. En chemin, brève halte à Perales del Puerto, où nous visitâmes exceptionnellement une église ouverte, Nuestra Señora de la Asunción. Il n’y avait que deux vitraux historiés, datant probablement du vingtième siècle et disposés de part et d’autre de l’autel : à gauche ce qui semblait être une Sainte Vierge de Guadalupe avec trois angelots, à droite un saint tenant un livre, avec deux poissons à ses pieds, peut-être saint Antoine. Tous deux étaient signés Cervi taller artístico, Madrid. Sur la route j’ai vu un instant un panneau signalant à deux kilomètres le village de Peña Parda, d’où est originaire une personne de ma connaissance. A Robleda, arrêt-déjeuner sous un amandier, à côté de l’église bien sûr fermée. Ce fut probablement le jour où nous vîmes le plus de cigognes, très nombreuses dans cette province. Par moments on voyait à l’écart de la route tous les pylones électriques occupés par un, deux, ou trois nids. A Ciudad Rodrigo aussi, nous prîmes le temps de marcher un moment dans la ville petite mais monumentale. Après quoi, reprenant notre route vers l’Ouest, nous arrivâmes bientôt au Portugal, dans la province de Beira Alta. Entre les deux petites villes-frontières, Fuentes de Oñoro et Vilar Formoso, nous obliquâmes vers le Sud pour rejoindre non loin de là Malhada Sorda, village où nous étions accueillis pour quelques jours par Michou et Henriette. Deux aspects du paysage se remarquent tout de suite : d’une part que même dans ces campagnes reculées, tout comme en Espagne, les routes sont en excellent état ; d’autre part qu’il y a ici une tradition ingénieuse de l’emploi des pierres locales pour construire non seulement les murs des maisons, mais aussi les escaliers, les dallages, les murets d’enceinte des cours, des jardins et des champs. De grandes plaques fournissent aussi des bancs et des éléments de clôture.
    Mardi 6 juin. Le matin, nous descendîmes à pied voir la rivière Coa, qui passe à un ou deux kilomètres en contrebas du village. Dans ce bel endroit aussi on a utilisé de grandes plaques de la pierre locale gris-brun, j’imagine une sorte de schiste, pour faire des tables de picnic, des bancs et des passerelles. L’après-midi nous fûmes à Guarda, la grande ville du coin et la plus haut perchée du pays, située à trente ou quarante kilomètres de notre bled. Nous visitâmes la cathédrale, beau vieux bâtiment austère en granit sombre, qu’égayent à peine quelques fantaisies décoratives : deux paires de colonnes torsadées dans la nef, quelques ornements en forme de cordages à l’extérieur. Nous visitâmes une autre église dont j’ignore le nom, assez belle mais tout aussi dépourvue de vitraux que la cathédrale, et un immense centre commercial près du lieu où nous étions garés. Il y avait au rez de chaussée un magasin Auchan, où sur le conseil de Henriqueta je me procurai un flacon d’eau de rose.
    Mercredi 7 juin. Le matin je préférai rester lire à la maison plutôt que d’accompagner mes amis dans une nouvelle promenade à pied, à cause de quoi je manquai une occasion peu commune, car ils rencontrèrent dans la lande ce qui semble bien être un loup, dont ils tirèrent une photo médiocre mais assez convaincante, et du reste la zone géographique rendait le fait vraisemblable. L’animal fit le tour de l’endroit où ils se tenaient, à moitié dissimulé par les buissons, puis poussa un hurlement en s’éloignant. L’après-midi nous fûmes à la ville-frontière Vilar Formoso, où le plus beau bâtiment est sans conteste la gare de chemin de fer, formidablement décorée sur tous ses côtés par un ensemble de tableaux en carrelage jaune et bleu, figurant les principales villes du pays et quelques tenues traditionnelles. Nous visitâmes en face de la gare un intéressant magasin de vaisselle et de linge, et ailleurs en ville un Intermarché bien pourvu. Le soir nous dinâmes avantageusement au restaurant O Velho, dont je recommande l’adresse, rua do Caminho Velho : coustille et salade de tomates + côtes de porc et riz + poulet et frites + bière, vin, dessert et café, le tout pour 12 euros par personne.
    
Jeudi 8 juin. Je n’ai pu visiter l’église de Malhada mais ce matin j’ai pu entrer quelques instants dans la chapelle Nossa Senhora da Ajuda, ouverte à l’occasion d’une procession. Elle est grandette et assez majestueuse mais ne comprend qu’un seul vitrail, au-dessus du portail, une Vierge couronnée à l’enfant, non signée ni datée. Puis nous descendîmes au marché mensuel d’Alfaiates, à une vingtaine de kilomètres au Sud de Malhada. Bien que je n’aie pas trop d’argent à dépenser, j’achetai là un chapeau de paille au beau ruban bleu foncé, qui remplacera mon vieux chapeau troué depuis des années, et un solide fromage de chèvre à la croûte orange. Nous déjeunâmes sur place de grillades. L’après-midi en rentrant nous nous arrêtâmes à Vilar Maior et montâmes voir le château en ruine qui domine ce joli village endormi. Fait étrange, le château est bien signalé et on y accède par un sentier aménagé en ciment, mais l’endroit est désert et abandonné. Il y a un énorme donjon fermé, mais on peut accéder à la cour ronde, de vingt ou trente mètres de large. Elle est entourée d’un rempart haut de quelque trois mètres et large d’un bon mètre mais guère plus, auquel on accède çà et là par des escaliers primitifs, simples lignes obliques de pierres plus ou moins disjointes saillant du mur, sans rampe pour garantir le côté du vide. Je suis monté sur le rempart par un des escaliers, non sans hésiter, et mes camarades à ma suite, puis nous avons parcouru tout le tour du rempart, au sol par endroits disloqué. Précisons qu’à l’extérieur du château, d’où la vue portait fort loin, la muraille donnait par endroits sur des à-pics vertigineux, et qu’il soufflait un vent nerveux, de sorte que j’ai fait cette promenade en gardant une main sur la tête pour ne pas y perdre le bon chapeau acheté peu avant. C’était une expérience intéressante, inquiétante et excitante, il nous a semblé qu’en France une telle récréation aurait été interdite. Le soir, nous fûmes derechef nous goinfrer chez le Velho, à Vilar Formoso, où pour un peu plus cher que la veille nous eûmes droit à de la morue grillée.
    Vendredi 9 juin. Enfin ce matin-là nous prîmes le chemin du retour. Nous avions envisagé de faire le trajet en deux journées mais en fin de compte, au prix de quelques haltes reposantes, dont une non sans charme à Magaz de Pisuergas, nous étions rentrés à la fin du jour. 

samedi 10 juin 2023

de retour

Rentré hier soir de la brousse portugaise, où j'étais sans internet ces derniers jours, je remercie les correspondants qui m'ont écrit dernièrement et les prie d'excuser mon retard à répondre.

lundi 5 juin 2023

Barruecos

Hier, journée sur place à Cáceres, passée pour l’essentiel en compagnie de mon correspondant Mario, son épouse et son fils. Nous discutâmes entre autres de la biographie d’Albert Caraco, qu’il doit publier cette année. En descendant de chez nous chez lui, nous longeâmes l’avenida de España, dont les deux voies encadrent le paseo de Cánovas, un jardin botanique tout en longueur, que je revisiterais volontiers. L’après-midi nous fûmes visiter les Barruecos, un site naturel protégé, remarquable pour ses énormes rochers arrondis. Le site n’est pas protégé des horribles œuvres de Wolf Vostell, que l’on trouve ça et là, mais leur présence ponctuelle ne suffit pas à saccager ce bel endroit. Au bord d’un étang nous vîmes une cigogne manger un serpent, probablement une couleuvre. Le serpent est resté un moment suspendu au bec de la cigogne avant qu’elle ne se décide à l’engloutir, et l’on pouvait voir à sa silhouette que lui-même venait d’avaler une proie. Cette scène m’a fait penser une fois de plus que la nature est plus belle vue de loin que de près. Le soir nous fûmes invités dans un restaurant mexicain, où nous fîmes bonne chère.

Crédit photo Dany B.

dimanche 4 juin 2023

Cáceres

Avant de quitter Salamanque, hier, nous fîmes un peu de shopping dans la ville et dans sa banlieue : Lupa, Leroy Merlin (Bienvenidos a vuestra tienda Leroy Merlin Salamanca), Obramat (El almacén de la construcción y la reforma) et même Leclerc. A vrai dire je n’achetai presque rien mais la visite des supermarchés, surtout inconnus, est toujours pour moi une expérience initiatique dont je tire quelque enseignement. Puis nous reprîmes notre route en direction du sud-ouest. J’ai remarqué que la voix féminine de l’application Waze donne ses indications en mêlant au français des mots espagnols (salida, dirección, avenida) qu’elle prononce à la française et sans traduire les nombres, ce qui donne lieu à des énoncés bilingues comme Salida vingt-huit. (A ce propos je n’ai jamais compris la manie de prononcer pladza pour plaza, ce qui ne correspond ni à l’usage espagnol, ni au français : peut-être est-ce par confusion avec l’italien piazza). A mi-chemin, sortant de l’autoroute pour aller prendre notre pause méridienne au hasard dans le village de Riolobos, nous eûmes la bonne surprise d’y trouver la petite église hélas fermée comme les autres, mais au toit surpeuplé de cigognes : une douzaine de nids, tous occupés. Un autre bon moment du trajet fut celui où la route longe puis franchit le Tage peuplé d’îles. Nous avions alors quitté l’autoroute pour la nationale afin d’être plus près du rivage. Arrivés à Cáceres, nous déposâmes nos bagages à l’hôtel Iberia, rue des Pintores, tout près de la Plaza Mayor, puis nous visitâmes un moment la vieille ville. La Plaza Mayor, toute étirée en longueur et bordée d'arcades, est assez belle. Malheureusement il y avait dans un coin une sono ultra-sonore qui pourrissait l’ambiance par son vacarme indistinct. Cáceres est une ville à palmiers, lesquels lui donnent un air nettement méridional, même si le réchauffement climatique restait là mesuré.

vendredi 2 juin 2023

Salamanque

Aujourd’hui vue agréable de plusieurs cigognes, en vol ou perchées ici et là. En cours de route je me suis dit que la Castille pourrait être un argument en faveur de ceux pour qui la terre est plate. Par coquetterie intellectuelle il me plaisait bien, puisque nous passions par là, de faire halte à midi dans la commune de Tordesillas, célèbre pour un traité de jadis, par lequel Espagne et Portugal se partageaient équitablement le monde. Il y a dans ce village une belle église blanche et rouge, mais qui était fermée. Nous cassâmes la croute dans un lieu retiré, en vue des eaux du Douro. De là nous gagnâmes Salamanque, où nous sommes hébergés à l’hôtel Soho Boutique, rue Grillo, près du paseo Canalejas. Cette ville est saturée de beaux vieux bâtiments, dont la fameuse Casa de las conchas, la maison aux coquilles sculptées, que j’étais content de voir de mes yeux. Nous fûmes aussi contempler le deuxième fleuve du jour, le Tormès qui jadis donna son nom à un petit Lazare de fiction et qui est enjambé par un pont romain parfaitement conservé. Mais la vedette de la ville semble être aujourd’hui le cosmonaute, que l’on voit partout sur les cartes postales : des sculpteurs l’ont inséré dans les ornements de la vieille cathédrale, lors d’une restauration, il y a une vingtaine d’années. Nous dinâmes ce soir d’excellents platos combinados, parmi les courants d’air frais. Météo : le réchauffement climatique reste discret, du genre imperceptible.

jeudi 1 juin 2023

Burgos

Combien de fois ai-je ainsi traversé les Landes pour descendre en Espagne, je ne saurais dire, peut-être moins de dix. Comme il y a dans la région des Landes plusieurs villes au nom en –os (Biganos, Pissos, Mézos etc) j’ai supposé pour blaguer que Burgos, où nous allions, en était une lointaine extension. Le paysage des montagnes basques est assez beau, par moments grandiose. J’aime bien aussi dans les tunnels, les longues lignes de lampes bleues, vertes ou jaunes. Arrivés à Burgos dans l’après-midi, avons déambulé quelques heures dans cette ville qui a son petit charme, sans plus. Avons vu quelques belles vieilles maisons, quelques églises fermées, une cigogne perchée sur San Lorenzo, l’extérieur de la cathédrale, qu’il faut payer pour visiter, monté jusqu’au château qui domine la ville. Pas vu de vitraux d'église, mais il y en a quelques uns signés de l’entreprise franco-espagnole Mauméjean dans le hall de l’hôtel Norte y Londres, où nous logeons : deux petites vues identiques de la cathédrale sur les deux vitres d'une fenêtre, une grande verrière géographique d'environ deux mètres sur trois montrant la région autour de Burgos, et dans l'entrée des carrelages émaillés à motifs floraux. Météo : réchauffement climatique de type glaciaire.