jeudi 28 juillet 2022

Autheman

Désolé : encore une bd (un «roman bd», même) qui ne m’a pas fait grande impression, Le filet de Saint-Pierre (Glénat, 1992). A son crédit, c’est une œuvre d’auteur (Autheman est à la fois scénariste et dessinateur), l’intrigue captive un peu (sans excès) et la plupart des personnages sont des gens âgés (ce qui est une rareté). C’est l’histoire d’une équipe d’anciens résistants engagés par les services secrets pour libérer un opposant iranien kidnappé en Camargue. Idéologiquement ça va bien dans le sens du vent, les méchants sont des fachos, imprimi potest, à ceci près qu’il règne dans ces pages une beauferie salace vraiment lourdingue, qui ferait tousser les commissaires politiques d’aujourd’hui.

mardi 26 juillet 2022

animaux

Les animaux sont de droite. Prudence, méfiance, principe de précaution... 

vendredi 22 juillet 2022

Bouzard

 

Vite expédiée, la bd de Guillaume Bouzard, The autobiography of me too two (Editions Les Requins Marteaux, 2008). Je n’ai même pas réussi à lire la première page en entier, j’ai vaguement feuilleté le reste, mais bon, on doit appartenir à des cultures différentes, je n’éprouve aucun attrait pour ces histoires et le dessin n’est pas terrible. Ce qui me sidère, c’est que ce genre de chef d’œuvre trouve à être publié et pas n’importe comment, avec couverture rigide et toilée, et l’auteur paraît-il invité dans des salons… 

jeudi 21 juillet 2022

interactions

 Un rêve tirant sur le cauchemar, cette nuit. J’étais invité à un vaste banquet, il y avait des tables dans plusieurs salles. A la mienne, j’étais assis à la droite de mon copain Bernie. On déposait à sa gauche un beau plat d’oignons hachés frits, dont je me régalais d’avance. Mais quand il se fut servi, il n’en restait plus rien. Je lui fis remarquer qu’il abusait un peu, et lui ne voyait pas pourquoi. Un moment après, voilà qu’on déposait à ma droite un même plat, avec en outre sur les oignons des vanets bien dorés, grâce auxquels j’allais pouvoir me consoler. Mais pour quelque raison il fallait d’abord que je m’éloigne un instant, et à mon retour le plat avait disparu. D’ailleurs la fête était finie, les gens partaient. J’allai au fond de la salle récupérer dans un capharnaüm ma clé de voiture (la clé noire de mon ancienne voiture, que je regrette tant) et mon petit sac à dos, que je retrouvais hélas couvert de taches de peinture. Une fois dehors, c’était sur les quais de Bordeaux, je rencontrai mon ancienne collègue Marie-Emilia. Sur un ton un peu hautain (qu’elle n’a jamais en réalité) elle m’expliqua qu’elle allait faire une séance de lecture publique, comme tous les samedis soir. Elle était avec trois jeunes hommes de belle taille, qui paraissaient aimables et malins. Elle est bien accompagnée, me disais-je, tout en éprouvant une espèce de mélancolie. Je crois que c’est là mon sentiment général à l’égard du monde du travail, dont je ne fais plus partie. J’ai beau maintenir par mail des relations aimables avec deux trois collègues, je me sens un peu comme un paria vis-à-vis de ce milieu, comme quelqu’un qui n’est plus dans le coup, et ma foi cela est sans doute inévitable.

J’ai fait ce rêve cette nuit alors qu’internet était en panne depuis hier en fin de matinée (la panne a duré près de 24 heures). A cette occasion je mesure une fois de plus à quel point cette machinerie nous manque, quand elle fait défaut. Plus possible de consulter ses messageries, de musarder sur les réseaux, de chercher des informations. De regarder des vidéos sur YouTube en déjeunant. Dans l’après-midi j’ai eu un passage à vide, le genre de moment où la flemme, l’indécision et la chaleur se conjuguent pour vous réduire à l’inertie. J’ai pris ma voiture et je suis d’abord allé au bourg de Villeneuve, acheter un pain blanc à la Coop, puis rendre mes livres à la bibli et en prendre d’autres. J’ai bien assez à lire chez moi mais je vais là pour avoir un peu de vie sociale, j’y emprunte surtout des livres légers qui ne me feront pas perdre trop de temps et j’en profite pour saluer et bavarder un peu avec les dames qui s’y retrouvent. Après quoi je suis monté passer deux bonnes heures, de cinq à sept, dans mon bois en longueur, sur le plateau. Cela faisait longtemps et j’y allais sans conviction mais cette activité m’a ragaillardi. J’ai poursuivi mes interminables travaux d’élagage et de nettoyage, récupéré quelques bouts de bois. Après mon retour un gentilhomme du voisinage est passé chez moi et nous en avons profité pour discuter un peu. Comme il est expert dans la revente, j’attendais une occasion de lui demander son avis sur certaines de mes marchandises de brocante, savoir ce qu’il jugeait plus ou moins vendable. Au cours du passage en revue il s’est intéressé à une baïonnette, qu’il a bien voulu m’acheter trente euros. Je ne sais s’il connait mes revenus actuels, et s’il se doutait combien cette petite affaire imprévue était pour moi une aubaine. Finalement cette fichue journée n’aura pas été si mauvaise.

mercredi 20 juillet 2022

vous

 Il n’est pas étonnant que les amants se tutoient dans les chansons de Brassens, poète popu partageant l’idée générale que le tutoiement est l’usage naturel dans l’intimité. Le passage du vous au tu est d’ailleurs un effet du rapprochement, comme le souligne, dans La première fille, la formule «La première étrangère / A qui l’on a dit tu». Dans les quelques chansons où les partenaires se vouvoient, c’est le plus souvent parce que ce sont des inconnus qui viennent juste de se rencontrer : ainsi la voisine effrayée dans L’orage («Je suis seule et j’ai peur, ouvrez-moi, par pitié»), la fantômette égarée dans Le fantôme («Venez, dis-je en prenant sa main / Que je vous montre le chemin…»), et la veuve joyeuse dans La fessée («Que diriez-vous d’une frugale collation ? … Avez-vous remarqué que j’avais un beau cul ?»). Dans deux chansons seulement le vouvoiement est de rigueur. L’une est plutôt mélancolique, à propos d’un amour défunt, c’est Le vingt-deux septembre : «Un vingt-deux septembre au diable vous partîtes…». L’autre au contraire tout à fait euphorique, et délicieuse, c'est J’ai rendez-vous avec vous.

mardi 19 juillet 2022

Wiki

    Ces derniers jours, j’ai créé mes seizième et dix-septième notices dans Wikipédia. 
    La première est consacrée à l’intellectuel charentais François Julien-Labruyère, qui fut l’animateur des éditions Le Croît-vif, l’éditeur entre autres du Dictionnaire biographique des Charentais, le directeur de l’Académie de Saintonge, et le président du Festival de Saintes. 
    La seconde notice porte sur Quinton Peeples, rare cas de cinéaste américain jusqu’alors absent de Wiki, bien qu'il y ait un article en 6 langues, dont le français, sur son film Joyride (Mauvais plan). Je le connaissais par ce film, acheté par hasard, mal coté sur Rotten Tomatoes, mais qui me plait bien (j'ai vu qu'il est disponible sur YouTube, en v.o.). 

lundi 18 juillet 2022

Faye

 Parce qu’on me l’avait conseillé, j’ai essayé de lire le roman Petit pays, du chanteur Gaël Faye (Grasset, 2016). J’ai bien aimé la première page, où l’on explique assez clairement la différence entre les Hutus, qui sont «petits avec de gros nez», et les Tutsis, «grands et maigres avec des nez fins». Après j’ai commencé à m’ennuyer, et malgré mes efforts je n’ai pu tenir jusqu’au bout. J’aurais dû me méfier, sachant que l’œuvre avait été distinguée par le prix Goncourt des Lycéens et celui des étudiants France-Culture-Télérama, ce sont quand même des signes qui ne trompent pas.

dimanche 17 juillet 2022

suite

 Buvons jusqu’à la lie. Puisque les gazettes en parlent, je me suis instruit de la Tribune que des mécontents ont publiée pour protester contre les propos «homophobes» de la ministre Caroline Cayeux. Ils l’ont intitulée, reprenant une formule de la dame, «A tous ces gens-là». Si j’ai bien compris leur pleurnicherie, ils estiment que l’expression «ces gens-là» est particulièrement offensante. Ces mots les «meurtrissent», pauvres chatons. J’espère que l’Elysée leur a dépêché une cellule d’assitance psychologique, mais à mon humble avis la tournure ne relève quand même pas du crime contre l’humanité. Sur le net, des malins citent la chanson Ces gens-là, où Brel vomissait sa haine anti-catho, à l’époque où déjà cela demandait autant de courage que de tirer sur une ambulance. «Faut vous dire, Monsieur / Que chez ces gens-là / On n'pense pas, Monsieur / On n'pense pas / On prie». Je serais tenté d’adapter la ritournelle au ridicule d’aujourd’hui. Chez ces gens-là, Monsieur, on ne pense pas : on milite. On pétitionne. Et ça fait des grands slurp. Chez les signataires peu de vedettes, et pas très reluisantes : l’arriviste-en-chef Manuel Valls, cette vieille méduse de Boris Cyrulnik… Y a-t-il en France un seul homosexuel qui, pour sauver l’honneur des homosexuels, se soit élevé contre ce cirque ? Je n’en sais rien, je m’en fous un peu à vrai dire, mais s’il en est un, ce ne sont pas les gazettes qui lui serviront de haut-parleur.

samedi 16 juillet 2022

liberté

 En France on a la liberté d’expression mais ça coûte 200.000 euros. C’est l’amende que doit payer la télévision CNews parce qu’Eric Zemmour n’a pas mâché ses mots pour dénoncer sur ses ondes la criminalité des «mineurs migrants isolés», qu’il avait traités de «voleurs», «assassins» et «violeurs». Il n’y aurait pas besoin de chercher longtemps dans les actualités pour constater qu’il y a matière à défendre ce point de vue, mais il faut surtout bien peser ses mots pour évoquer ce fléau. Zemmour est accusé pour cela d’incitation à la haine. Par contre l’incitation à la haine envers Eric Zemmour ne dérange pas les censeurs. On notera également que Jean-Luc Mélenchon peut tenir des propos ouvertement racistes comme «Je ne peux pas survivre quand il n’y a que des blonds aux yeux bleus, c’est au-delà de mes forces», sans que cela lui vaille aucune poursuite ni condamnation.

Ces jours-ci, un autre cas édifiant de liberté de penser à géométrie variable est celui de la ministre Caroline Cayeux, menacée d'être virée de son poste pour avoir tenu en 2013 des propos qui déplaisent aux militants homosexistes. Elle aurait alors déclaré que le mariage «pour tous» et le droit à l'adoption d'enfants par les couples homosexuels étaient une «réforme de caprice et de dessein qui va contre la nature», en précisant cependant que «si la loi était votée, (elle) l'appliquerait». Elle a beau maintenant se chier dessus en «regrettant» ses propos «stupides», des vigilants réclament sa tête. Détail piquant : sa lettre de plates excuses a été relue par la ministre «de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances». Ce qui devrait sauter aux yeux, c'est qu'on ne se soucie absolument pas de l'égalité de droit à exprimer ses opinions pour ou contre certaines réformes : il y a d'un côté ceux qui ont le droit de brailler devant les micros et les caméras, de l'autre ceux qui risquent leur place pour avoir émis des réserves il y a des années. De même la «diversité» : elle parait très souhaitable dans certains domaines mais surtout pas dans celui des idées, où l'on est priés d'être tous du même avis...

jeudi 14 juillet 2022

Miss.Tic

J’aimais mieux Miss.Tic et ses œuvres dans la très vague idée que j’en avais, moins maintenant que je viens de feuilleter l’album Miss.Tik attak (Editions Alternatives, 2004). On ne peut dénier à cette «street artist» un style personnel reconnaissable, mais enfin toutes ces silhouettes de belles filles bien sapées, posant d’un air mauvais en brandissant des armes ou les poings, ça devient vite lassant. Surtout quand elles sont assorties de slogans «rebelles» genre «Créer c’est résister», souvent basés sur des jeux de mots pas terribles : «Universal ou univers propre»… Hum. J’en ai cherché un qui me plaise, en vain, sauf dans la préface où l’artiste se dit «armée jusqu’aux dentelles», mais ça fait léger. Une autre chose qui m’ennuie dans ces œuvres, c’est leur taille. Je trouve ça indiscret, d’étaler comme ça ces grandes inscriptions ostentatoires sur de pauvres murs sans défense. Ma préférence va aux pochoirs discrets, de petit format. J’aime bien les murs modestes, qui exercent leur métier de mur sans se mêler de me faire des démonstrations.

mardi 12 juillet 2022

ferme

La bande dessinée israélienne Ferme 54 (Editions çà et là, 2008) est l’œuvre de la scénariste Galit Seliktar et de son frère dessinateur Gilad Seliktar. Le livre évoque en trois épisodes la vie familiale et sentimentale, puis militaire, d’une narratrice d’abord jeune fille puis jeune femme. Cela manque un peu de rythme car il se passe en fin de compte peu de choses dans ce volume de plus de cent pages, mais les thèmes sont bien trouvés, avec ce qu’il faut de sordide et de dramatique pour maintenir la tension (deux ados batifolent dans une piscine sans se rendre compte qu’un enfant se noie à côté, trois ados vont chercher un chien crevé dans une cave pour l’enterrer, l’accompagnement de soldats qui vont faire exploser des maisons d’Arabes). J’aime bien la disposition, trois seuls dessins tout en largeur sur chaque page. Le dessin est correct, peu appuyé, mais glisse par moments de l’évanescent à l’indistinct, il y a des fois où je ne comprends pas ce qui est représenté. Ensemble estimable mais pas folichon.

lundi 11 juillet 2022

plage

Pendant la semaine dernière, passée en Gironde avec une incursion dans les Landes, j’ai visité entre autres : une animalerie à Biganos où j’ai acheté pour mes cailles quatre kilos de graines concassées, une église à Sanguinet, une belle plantation à Biscarosse, un laboratoire d’analyses médicales à Audenge, la déchetterie de Lanton, un resto sur le port de Cassy où j’ai mangé des palourdes et des seiches, çà et là des supermarchés et des boites à livres. J’étais comme en vacances. J’ai piqué à la plage quelques poignées de sable, de quoi remplir un sac, pour mes cailles aussi. J’entretiens au milieu de la volière une petite plage sèche où elles vont se rouler. Quand je peux j’y mêle de la cendre, mais en ce moment je ne fais guère de feu.

dimanche 10 juillet 2022

barricades

Pourquoi intituler Barricades une bd où l’on ne voit pas la queue de la moindre barricade, je ne le pige pas bien, sinon peut-être pour faire de gauche? et en effet cet album est une œuvre de pure propagande à la mode du jour (Gulf Stream éditeur, Nantes, 2018). Le dessin de Jaypee est encore passable, mais le scénario larmoyant de Charlotte Bousquet est d’un gnangnan insupportable. C’est l’histoire d’un lycéen efféminé, le jeune Samuel, qui a pour idéal de devenir fille. Il a entrepris sa «transition», prend des hormones, s’appelle maintenant Samantha, ou Sam pour faciliter les choses, il s’habille en fille et va aux toilettes des filles. Il est accepté comme tel par ses parents, par la plupart de ses camarades, par la direction de l’établissement et par l’idéologie dominante, mais il souffre terriblement de l'hostilité des vilains transphobes, qui le rendent suicidaire. Il est impatient de bientôt aller se faire trancher le piton par un chirurgien quand il aura 18 ans, persuadé qu’il trouvera là sa plénitude, et ce n’est sûrement pas la scénariste qui va l’en dissuader. Cette bd coche toutes les cases de la LGBTude, cela pleurniche à longueur de page et je n’y ai pas trouvé grand intérêt.

jeudi 7 juillet 2022

farniente

Ce n’est pas que je manque de lectures, mais naguère j’ai emprunté à la bibliothèque du village voisin, Villeneuve la Comtesse, trois bandes dessinées, que j’ai l’intention de lire par ordre d’épaisseur. La plus mince est le Farniente de Lewis Trondheim (scénario) et Dominique Hérody (dessin) publié par L’Association (ce nom !) en 2002. Ce sont les dialogues d’un couple en vacances à la plage. Elle est jeune et jolie, lui pas autant, ils se connaissent depuis peu et se questionnent pour se tester. Cela se laisse lire, c’est gentillet, mais ça manque un peu de substance.
    A part ça j'ai confié ma volière à Cyrille et je suis descendu pour quelques jours en Gironde. Petite joie en voiture, dès l’entrée dans le département, de capter de nouveau Radio-Classique, dont je suis privé dans ma brousse habituelle.

mardi 5 juillet 2022

animaux

Mon petit Colombeau australien hélas n’est déjà plus. Il n’aura survécu que deux semaines sous ma garde. Je raconterai peut-être un jour les circonstances de sa mort, en partie mystérieuses.

En revanche mes cailles socialistes ont su terminer leur grève et ont repris la production. Elles ont pondu trois œufs un jour de pointe, mais n’en donnent d’habitude qu’un ou deux (dans ce cas un chacune, j’imagine). Ces oiseaux nonchalants pondent les œufs puis les délaissent, j’aime beaucoup les ramasser parmi les herbes. Je nourris ces dames de graines achetées dans le commerce et leur propose des extras improvisés, pour étudier leurs goûts. Parmi les favoris, la tranche de courgette et la coupelle de semoule.

J’ai pris mon quatrième lérot de la saison dans une des nasses du grenier. Puis je l’ai oublié jusqu’au lendemain et quand je suis revenu le chercher, il dormait roulé en boule dans la cage. J’ai attendu qu’il se réveille pour aller le relâcher dans un bois. Mais il était encore un peu groggy. Au lieu de détaler à grands bonds et de grimper au premier arbre, il a fait quelques pas hésitants puis a saisi une feuille de lierre qu’il a léchée. Je pense qu’il était assoiffé, il buvait les gouttes de pluie ou de rosée. Je l’ai regardé faire un moment, puis je suis rentré au village.

Photo DB.