dimanche 31 décembre 2023

dernière

(réédition)

Lettre documentaire 341.  Décembre 2000

LA DERNIÈRE FOIS, par Michel Ohl


Extrait d’un courrier de M Ohl relatif à G Simenon, mars 2000


     «J’ai parlé, il y a je ne sais plus combien de temps, de ce que j’appelais «La dernière fois que...». La dernière fois que j’ai joué au golf, la dernière fois que j’ai fait du ski, la dernière fois que j’ai joué au bridge, la dernière fois que j’ai nagé dans ma piscine d’Epalinges, la dernière fois que je suis monté à cheval, etc, etc. Je crois avoir signalé alors qu’au fond ces «dernières fois» n’ont rien de dramatique. D’ailleurs, on ne sait jamais quand elles ont lieu. On monte à cheval comme tous les jours. Puis, quelques mois après, on se demande à quelle date on a cessé de monter. Chaque premier de l’an, je ne peux m’empêcher de me demander : Est-ce la dernière fois que...»

     Simenon dicte ces mots le 1er janvier 1976 (A l’abri de notre arbre). Il a 73 ans. Il meurt en 1989. Les «dernières fois» qu’il évoque sont vraiment pour lui les dernières dernières. Il n’envisage pas de rejouer au golf ou au bridge. C’est un jeu de vieux et de malades.

     LA DERNIÈRE FOIS QUE

     - je suis allé au cinéma : en 85 ou 86, avec Lise et mon frère Jean-Pierre : adaptation de Au-dessous du volcan.

     - je suis allé chez le coiffeur : en 68 à Mimizan-Plage, au salon de coiffure qui est devenu le bar Palace Beer. Depuis, m’ont coupé les tifs : ma mère, une ou deux amies, Lise.

     - j’ai pris un bain de mer : été 68, plage de Catalogne du côté de Tarragone, au retour d’un voyage à Alicante avec un copain de Mimizan d’alors.

     - j’ai quitté la France : idem.

     - j’ai piloté une bagnole : celle de Lise en juillet 79 au Pays Basque. Elle s’était blessée au pied, je l’ai conduite à la clinique de Saint-Etienne-de-Baïgorry.

     - j’ai assisté à un match de rugby dans un stade : Toulouse, demi-finale du championnat de France 1960 (59? 61?) opposant Béziers à Agen.

     - j’ai pris une vraie cuite : le 10 (11?) octobre 1997 au Castans (avec traversée du Salon du Livre).

     J’en ai marre de ce jeu.

samedi 30 décembre 2023

lierre

 Détruis du lierre tous les jours : si tu ne sais pas pourquoi, lui le sait.

vendredi 29 décembre 2023

jeudi 28 décembre 2023

trois

(réédition)

Lettre documentaire 338

Novembre 2000

 

LE LIVRE DE TROIS

Les éditions Quaderns Crema, de Barcelone, ont réédité en 1997, par les soins de Martí de Riquer, un petit ouvrage catalan anonyme de la fin du XVe siècle, le Llibre de tres. Cet opuscule est un recueil d’aphorismes ternaires, amusant car il est partiellement parodique. On y trouve en effet mélangées des maximes d’une piété respectable mais banale, et d’autres qui intriguent par leur incongruité ou leur bizarrerie. En voici un choix, mis en français pour nos lecteurs.

 

     (7) Trois choses sauvent l’homme : le Père, le Fils et le Saint Esprit.

     (8) Trois choses damnent l’homme : pécher, continuer de pécher, et ne pas s’en repentir.

     (9) Trois choses conservent la jeunesse : engendrer jeune, vivre chastement, et allègrement.

     (10) Trois choses rendent l’homme bientôt vieux : engendrer vieux, naissance à la nouvelle lune, et peur de la mort.

     (11) Trois choses rendent l’homme riche : soin d’accumuler, diligence à conserver, et se garder du mal.

     (12) Trois choses rendent l’homme pauvre : négligence, intempérance, et mauvaise compagnie.

     (13) Trois choses rendent l’homme joyeux : santé, richesse, et plaisante compagnie.

     (14) Trois choses rendent l’homme joyeux : bien manger, bien boire, bien dormir.

     (16) Trois choses rendent l’homme triste : ventre vide, cul coulant, et mauvaise nuit.

     (19) Trois choses font l’homme bientôt gras : souffler sur le feu, élever des abeilles, et trainer au cellier.

     (20) Trois choses honorent l’homme : richesse, naissance, et beau vêtement.

     (21) Trois choses déshonorent l’homme : parler mal, être mal habillé, et envoyer des vents par derrière.

     (22) Trois choses trompent le jeune homme : pluie fine, vin doux, et larmes de pute.

     (23) Trois choses font l’homme sage : beaucoup vivre, beaucoup lire, et beaucoup voyager.

     (24) Trois choses rendent l’homme sot : ne pas sortir de son trou, ni rien lire, ni écouter de sermons.

     (25) Trois choses sont difficiles pour tous : moucher la chandelle, juger équitablement, et torcher le cul d’un petit.

     (26) Trois choses font sortir l’homme de chez lui : fumée, pluie, et mauvaise femme.

     (29) Trois choses défont l’homme : mauvaise femme, bouche gourmande, et mauvaise langue.

     (37) Trois choses font un bon roi : justice, miséricorde, et bon conseil.

     (38) Trois choses font un bon roi : qu’il ne soit pas invisible à son peuple, qu’il entende souvent la messe, et qu’il garde son pays en paix.

     (39) Trois choses font un bon roi : qu’il ait bonne compagnie, ne dépense pas plus qu’il ne gagne, et se fasse craindre en plaine comme en montagne.

     (42) Trois choses font une bonne reine : écouter pieusement la messe, ne pas aimer l’avarice, et ne pas s’éloigner de ses demoiselles.

     (43) Trois choses font une mauvaise reine : aimer l’avarice, ne pas supplier pour les injustement condamnés, et aller peu à la messe.

     (45) Trois choses font un mauvais chevalier : ne pas tenir parole, maltraiter ses hommes, et ne pas les défendre.

     (46) Trois choses font le bon prêtre : fuir le temporel, rester près du missel, et ne pas toucher la braguette.

     (54) Trois choses font le bon commerçant : dire la vérité, tenir sa promesse, et ne pas tromper son compagnon.

     (60) Trois choses font le bon jardin : fort bêcher, vieux fumier, et bonne plantation de choux.

     (78) Trois choses font une dame pieuse : peu parler, prier Dieu, et jeûner souvent.

     (80) Trois choses font une dame laide : nez de travers, yeux louches, et bouche tordue.

     (81) Trois choses font une dame déplaisante : couleur de melon mûr, seins secs, et hanches étroites.

     (88) Il y a trois plaisirs en ce monde : boire à la taverne, coucher au bordel, et chier dans le pré.

     (89) Trois plaisirs sont : l’été dormir seul, l’hiver faire un nid, et bons chapons sur la braise.

     (96) Trois douleurs sont : mal aux yeux, mal aux dents, et puce à l’oreille.

     (103) Trois choses font dormir l’homme : beaucoup manger, beaucoup boire, beaucoup veiller.

     (104) Trois choses font dormir : dire des prières, avoir la fièvre, et ne rien dire.

     (105) Trois choses empêchent de dormir : peur, douleur, et faim.

     (106) L’âne fait trois choses en même temps : il brait, siffle et piaffe.

     (107) L’hirondelle fait trois choses en même temps : elle vole, chie et mange.

     (111) Il y a au monde trois grandes choses : foi de chrétiens, fête de juifs, et justice de maures.

     (112) Trois choses défont la terre : voleurs que l’on n’ose punir, prêts à taux excessif, et mauvaises récoltes.

     (113) Trois peurs sont : perdre sa place, avoir le cancer, et chier du sang.

     (114) Trois effrois sont : éclairs, tonnerre, et diable.

     (115) Il y a trois sortes de pets : bruyants, silencieux, sifflants.

     (121) Trois choses font un bon sermon : sagesse, beau parler, et brièveté.

     (122) Trois choses font une bonne invitation : belle maison, bonne cuisine, et bonnes manières.

     (123) Trois choses font une belle fête : messe solennelle, bien manger, et puis danser.

     (126) On doit se méfier de trois choses : du courant d’air, d’un ami réconcilié, et de la chair deux fois cuite.

     (127) Trois choses font vivre longtemps : peu manger, se tenir au chaud, et être joyeux.

     (130) Trois choses font bien s’entendre mari et femme : qu’ils soient loyaux l’un envers l’autre, que la dame soit obéissante, et qu’elle le garde propre.

     (133) Le jeu fait faire trois choses : renier Dieu, dilapider ses biens, et oublier ses amis.

     (134) Trois puanteurs dépassent tout : pet de chou, rot de rave, et cadavre.

     (136) Trois règles sont à suivre en été : bien boire, bien manger, et peu marcher.

     (139) Trois fois sont peu estimées : foi de boucher, d’usurier, et de maquereau.

     (140) Le jeûne apporte trois biens : mérite envers Dieu, chasteté, et sainteté.

     (142) Il y a trois sortes de vins : frais, fin et fort.

     (158) Trois choses sont bonnes et seraient de grand prix s’il ne s’en trouvait qu’aux Indes : ail, chou et mouton.

     (160) Des gens de trois conditions peuvent mentir à leur guise : un grand seigneur devant ses vassaux, un vieillard devant les jeunes, et qui parle d’un pays lointain.

     (171) Il y a beaucoup d’autres trois, mais ... je n’en dis plus : prenez ce qui vous sera bon, et laissez le reste.

mercredi 27 décembre 2023

proverbes

    Le livre des Proverbes me semblait prometteur et je l’ai enfin lu la semaine dernière, en alternance dans la Bible Second disponible sur Wikisource, et dans une petite Bible de Jérusalem de poche, que l’on mettait à ma disposition. Je suis bien déçu de ces proverbes pâlots, sans grand intérêt, ressassant le plus souvent des banalités, genre les bons ont raison et les méchants ont tort, et des absurdités, genre les bons seront récompensés et les méchants châtiés de leur vivant. Un trait sympathique toutefois est l’association fréquente de la piété à l’intelligence. Cela me rappelait la belle formulation lue jadis dans je ne sais plus quelle traduction des Psaumes : «Des cieux, le Seigneur s’est penché vers les hommes, pour voir s’il en est un d’intelligent, qui cherche Dieu» (Ps 14:2). J’ai noté le proverbe 13:7, «Tel joue au riche qui n’a rien, tel fait le pauvre qui a de grands biens», lequel a peut-être inspiré la pensée 2135, plus explicative, du marquis de Maricá : «Les riches se déguisent en pauvres pour ne pas être importunés, les pauvres en riches pour obtenir crédit et confiance». J’ai aussi remarqué vers la fin du livre la jolie petite suite de proverbes numériques, du type Il y a trois choses (ou quatre) qui font ceci ou cela (Pr 30:15 à 30:33), lesquels me rappelaient le Llibre de tres anonyme catalan, dont j’avais traduit des extraits jadis dans ma Lettre documentaire 338.

Je pense qu'il faudrait mettre en ligne cette bonne Ld qui n'a existé qu'en papier.

mardi 26 décembre 2023

Depardieu

    Ma participation aux polémiques du moment : qu’il ait du talent comme acteur n’empêche que Depardieu soit un gros veau manquant de finesse.

lundi 25 décembre 2023

Alexakis

Vassilis Alexakis aurait quatre-vingts ans aujourd’hui. J’ai vu hier soir sa date de naissance dans Wiki. Je pensais à lui parce que récemment j’ai trouvé dans une boite son livre Paris-Athènes, que j’aimerais lire bientôt. Je me souviens qu’en 1986 j’avais transcrit un texte de lui entendu sur France Culture et qu’il m’avait autorisé à le reproduire dans ma revue Bizaar. C’était une interprétation fantaisiste du tableau de Manet Le balcon, qui me faisait rigoler parce qu’il disait que le personnage central était en train de fumer une cigarette de hachich. J’aimais bien entendre la voix nasale et trainante d’Alexakis à la radio, dans les époques...

vendredi 22 décembre 2023

Giuliani

    Je suis abasourdi par le verdict prononcé dernièrement contre Rudy Giuliani, ancien maire de New York et ancien avocat de Trump, soupçonné d’avoir calomnié deux assesseuses électorales, qu’il accusait d’avoir fraudé en 2020. Jugé coupable, il est condamné à leur verser la bagatelle de 148 millions de dollars. Même s’il était vraiment coupable (je n'en sais rien) cette somme astronomique me paraît relever du délire plus que de la justice.

jeudi 21 décembre 2023

Paris

    Cette petite lettre parisienne postée rue de Lourmel en janvier 1951, et que je viens de trouver entre les pages d'un livre de boite à livres, m'a amusé :
    Le 10 janvier 
    Ma chère Bianca
Je vous écris de mon lit où un fort mal de gorge me donne un peu de fièvre et beaucoup de fatigue. Ceci pour vous dire
1°) que je suis navrée mais que je crois qu’il ne faut pas compter sur la fameuse perle de f. de ménage : il paraît que dans la dernière place où elle était on l’a éreintée et elle trouve que rue de Prony c’est trop loin pour elle qui habite rue Lecourbe. Du coup elle ne viendra pas chez moi puisque je ne peux la prendre tous les jours.
2°) Voulez-vous venir dîner samedi soir avec les Griffet. Comme ça on se verrait 1 peu car dimanche nous sommes pris. Mais si ça ne vous dit rien d’être avec eux vs n’avez qu’à le dire. Je vous embrasse bien fort ainsi que votre homme et Cricri. Renée

lundi 18 décembre 2023

lgbtude

Il demeurait plongé dans un état de profonde LGBTude, dont il ne parvenait à s’extraire.

dimanche 17 décembre 2023

bibliothèque

    J’ai regardé sur YouTube une vidéo de la revue Eléments où l’on visite La bibliothèque d’Alain de Benoist, qui serait la plus grande ou du moins l’une des plus grandes biblis privées d’Europe, avec ses 100.000 volumes. J’avais déjà vu mentionner ce chiffre, si imposant qu’il me paraissait douteux. Mais après tout, pourquoi pas ? Les bibliothécaires considèrent qu’une étagère d’un mètre de long contient en moyenne 50 livres, et qu’ainsi 100 livres occupent 200 centimètres. Cent mille livres remplissent donc 200.000 centimètres linéaires, soit deux kilomètres d’étagères. Si les étagères sont superposées par dix (cela semble être tantôt moins et tantôt plus chez A de B), il leur faut 200 mètres de longueur de murs, ce qui paraît possible, surtout si ladite bibliothèque est répartie à ce qu’on dit entre deux maisons... Une belle collection, en tout cas, et qui a l'air bien ordonnée, ce qui est essentiel.

samedi 16 décembre 2023

porte


    Comme il n'y a pas de houx dans le coin, cette année j'ai décoré ma porte avec un rameau de cotoneaster, piqué à une branche qui dépassait d'un mur.

vendredi 15 décembre 2023

exposition

Ces deux dernières semaines, du 1 au 14 décembre, j’ai eu l’occasion d’exposer quelques uns de mes collages au Moulin à Café, le café associatif de Doeuil sur le Mignon, à une petite dizaine de kilomètres au nord-ouest de la Croix. Comme il fallait intituler la manifestation, j’ai choisi la formule Peindre avec des ciseaux (piquée à un article de jadis dans Libération, sur Roman Cieslewicz l'homme qui peint avec des ciseaux). J’exposais là seize collages à proprement parler, plus une transparition (Autoportrait au Natal, 1988) et un caviardage exquis (Le lendemain, 2020). A vrai dire il n’y avait pas foule au vernissage, mais j’ai encore accueilli quelques visiteurs tardifs les jours suivants et bénéficié du public venant au café pendant les créneaux d’ouverture. Après quelques tentatives infructueuses dans d’autres communes du voisinage ces derniers mois, c’était une expérience bien aimable, que de pouvoir montrer un peu mes images dans ce local très accueillant.

Photo D Berton.

Oeuvres exposées :

Autoportrait au Natal, 1988. Transparition, 19 x 29 cm.

Portrait sans titre, 05 I 2008. Collage, 10 x 15 cm.

Portrait sans titre, 20 VI 2009. Collage, 10 x 15 cm.

Calligrammes, 2 VIII 2010. Lettrage, 8 x 10 cm.

Portrait à l'antique aux yeux bleus, 2016. Collage, 10 x 14 cm.

Portrait sur fond ligné, 2016. Collage, 10 x 10 cm.

Season, 2016. Lettrage, 9 x 9 cm.

Rembrandt, 2018. Lettrage, 10 x 15 cm.

Bacubas, 2019. Collage, 7 x 10 cm.

Portrait abyssin, 2019. Collage, 8 x 13 cm.

Not-red-ame, 2020. Lettrage, 9 x 11 cm.

Le lendemain, 2020. Caviardage, 8 x 11 cm.

Paysage d'après Seurat, avril 2020. Collage, 10 x 14 cm.

Hellène, 2021. Collage, 9 x 14 cm.

Vincent, 2021. Collage, 10 x 12 cm.

Nocturne avec Playmobil et Vélasquez, 2021. Collage, 14 x 20 cm.

Monna, 2023. Collage, 12 x 18 cm.

Chathomme, 2023. Collage, 13 x 15 cm.

mercredi 13 décembre 2023

résistance

    Il s’est développé naguère, à propos des nations qui s’entretuent au Proche Orient, un curieux débat public sur les concepts de résistance et de terrorisme. Le point de vue dominant chez les journalistes humanistes consistait à juger inadmissible de qualifier le Hamas de mouvement de résistance, étant donné qu’il s’agit d’une organisation terroriste. Pour ma part, je ne vois pas que les deux notions s'excluent. Il me semble que l’Histoire a déjà donné mille exemples de mouvements de résistance qui ont recouru à des méthodes terroristes. Le fait d’être résistant, ou de se proclamer tel, n’a jamais suffi à rendre impeccable.

mardi 12 décembre 2023

cantonniers

    Il me semblait que Thoreau, dans son Walden, déclarait plaisamment avoir servi de cantonnier bénévole, ce qui pourrait se dire en anglais volunteer road-mender, ou unpaid roadmender. J’étais curieux de vérifier les termes, qui s’appliqueraient aussi bien à certaines de mes occupations. J’y pense à chaque fois que je prends le temps de ramasser des canettes le long d’un chemin, ou de remettre un peu d’ordre au pied d’une haie massacrée de frais. Ayant retrouvé le texte et sa traduction par un certain Fabulet, je vois que ma mémoire avait substitué ses propres termes à ceux de Thoreau, un peu différents : For many years I was self-appointed inspector (inspecteur, par moi-même appointé, des tempêtes ...) ... surveyor ... of forest paths and all across-lot routes (surveillant ... des sentiers de forêt ainsi que de tous chemins à travers les lots de terre...). Ce n’est pas tout à fait le même office, mais dans le même secteur d’activité : Henry David veillait à ce que les chemins demeurent praticables, moi à ce que leurs abords soient présentables. A chaque époque ses priorités, lui pionnier dans un monde encore neuf, moi néo-rural en un temps où il est si facile de salir et où l’on élague au char d’assaut. Mais on a toujours besoin de cantonniers, et à l’occasion de bénévoles.

PS. La traduction française de Louis Fabulet date de 1922. Je me suis amusé à vérifier, à la bibliothèque de l'université, les termes variables des traductions ultérieures de
- Germaine Landré-Augier (1967) : inspecteur nommé par moi-même des tempêtes de neige, des orages et de la pluie ... arpenteur ... des sentiers de la forêt et des pistes à travers champs
- Brice Matthieussent (2010) : inspecteur autoproclamé des tempêtes de neige et des orages de pluie ... arpenteur ... des sentiers forestiers et des chemins de traverse
- Jacques Mailhos (2017) : inspecteur auto-appointé des tempêtes de neige et des orages pluvieux ... inspecteur ... des chemins forestiers et de tous les sentiers de traverse...

vendredi 8 décembre 2023

cageots

A chaque nouveau cageot en bois fin, dont nous cassons des lambeaux pour allumer le feu, nous nous disons que cette fois nous allons faire plus simple et ne pas prendre la peine de défaire méticuleusement toutes les agrafes qui fixent toutes les planchettes, et puis finalement peu à peu jour après jour nous prenons quand même la peine de défaire méticuleusement toutes les agrafes qui fixent toutes les planchettes.

jeudi 7 décembre 2023

Sartre

    Je voudrais revenir un instant sur Le voyant d’Etampes, précisément à la page 354, où l’auteur Abel Quentin nous régale d’une citation édifiante de Jean-Paul Sartre, extraite d’Orphée noir (ce texte est la préface de Sartre à l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, de Léopold Sédar Senghor, parue aux PUF en 1948) : «L’unité finale qui rapprochera tous les opprimés dans le même combat doit être précédée aux colonies par ce que je nommerai le moment de la séparation ou de la négativité : ce racisme antiraciste est le seul chemin qui puisse mener à l’abolition des différences de races.» Ce «racisme antiraciste», on croit rêver : l’expression (répétée p xiv et xl) vaut son pesant. Il y a là comme la source vive de tout le délire déconnolonial actuel. Je déplorais naguère (le 16 X) que l’antiracisme engendre un autre racisme, j’ignorais que cette aberration idéologique avait été formulée et revendiquée déjà il y a trois quarts de siècle. Que reste-t-il de ce pauvre Sartre, bourgeois anti-bourgeois fanatique et bigleux, le «philosophe de la liberté» qui s'est distingué en ne levant pas le petit doigt contre l'Occupation allemande, puis après-guerre en défendant systématiquement les dictatures communistes ? Un beau fils de pute parmi les fils de pute, que vaut n’importe quel fils de pute et qui les vaut tous.

lundi 4 décembre 2023

Quentin

Il n’était pas assuré que je trouve le temps de lire l’assez long roman (380 pages, quand même) d’Abel Quentin, Le voyant d’Etampes (Editions de l’Observatoire, 2021) que m’avait proposé l’ami Adrien B. C’est une satire bien menée et bien renseignée des nouvelles idéologies extrémistes raciales et sexuelles. Le narrateur est un jeune retraité de l’Université, fermement de gauche, ancien militant de SOS-Racisme, présentement alcoolique, divorcé de la femme qu’il continue d’aimer, et père d’une jeune dinde lesbienne. C’est un spécialiste de l’histoire contemporaine des Etats-Unis, domaine dans lequel il s’est mal illustré en publiant à la quarantaine une vibrante apologie des époux Rosenberg, citoyens judéo-américains supposés avoir été injustement persécutés par le vilain maccarthysme et exécutés pour espionnage communiste. Or l’ouvrage avait paru juste avant l’ouverture d’archives américaines révélant que les Rosenberg étaient en effet des traitres à leur patrie, qui transmettaient aux soviétiques des secrets militaires, et l’auteur s’en était trouvé discrédité. Maintenant retraité, il se remet à l’étude et consacre un livre à un poète américain méconnu, mort encore jeune dans un accident de voiture en France, où il s’était exilé dans les années cinquante. Or voilà qu’un blogueur, et à sa suite une foule d’internautes, s’en prennent à l’historien, qu’ils accusent de racisme pour avoir négligé la négritude du poète. Le roman expose les arguments du fanatisme idéologique, citant à l’occasion les maitres à penser (Sartre, Fanon, Peggy McIntosh, Eric Fassin) et décrit les mécanismes des polémiques d’aujourd’hui, tournant au lynchage médiatique et aux campagnes «virales» des réseaux sociaux. Un ressort de drôlerie est que le protagoniste, toujours de gauche, vient à être défendu par les horribles réacs du RN et de Valeurs Actuelles, et trouve du réconfort auprès d’Africains. Quelques fantômes du passé apparaissent ici et là, tels Jean Cau, Julien Dray ou Alain Pacadis. J’ai relevé une petite incohérence à propos d’une employée, dont on dit d’abord qu’elle vient faire le ménage deux fois par mois, et plus loin chaque semaine (p 233 et 344) mais ce n’est qu’un détail. L’ensemble est assez divertissant. Il y a aussi matière à une méditation sur l'âge de la retraite, propice à la mélancolie et à la résignation. Je ne sais ce que l'auteur en connait, car il est encore jeune homme, mais ce n'est pas mal vu.

mercredi 29 novembre 2023

court

TOUT COURT

court-bouillon

court-circuit

courte durée

courte échelle

court instant

court-jus

court métrage

courte paille

courte-pointe

court terme

courte vue

escroquerie

L’on me signale que l’on reçoit encore de faux e-mails de ma part, disant que je suis malade et demandant du pèse. 
On m’a conseillé de changer de mdp. 
Je ne vois pas comment les escrocs, qui ont eu accès à l’ancien mdp, n’auraient pas accès au nouveau, mais je viens quand même de faire ce changement. 
En espérant que le problème soit ainsi réglé (mais sans trop y croire).

mardi 28 novembre 2023

Goncourt

    Avec le Vivre vite de Brigitte Giraud, la semaine dernière, je me disais que je lisais enfin un Prix Goncourt, ce qui ne m’arrive jamais. Or après avoir consulté sur Wiki la liste des lauréats, je constate que ce n’est pas tout à fait vrai. J’ai lu jadis Un homme se penche sur son passé, de Maurice Constantin-Weyer (1928) et Le roi des aulnes, de Michel Tournier (1970), je crois aussi La condition humaine, d’André Malraux (1933) et Les racines du ciel, de Romain Gary (1956). Mais de ces quatre je ne garde quasi aucun souvenir, et c’était du temps où je lisais sans noter. Plus récemment j’ai tenté les Trois jours chez ma mère, de François Weyergans, et comme cela devenait agaçant au fil des pages, j’ai laissé tomber en route (voir au 8 I 21). J'entends d'ici les commentaires : Mais tu n'as donc jamais lu Ceci ? Ni Cela ? Eh bien, j'avoue...

lundi 27 novembre 2023

moto

Ayant trouvé dans une boite le Vivre vite de Brigitte Giraud (Flammarion, 2022) je me suis laissé captiver par ce Prix Goncourt qui n’est pas un roman. C’est un exercice de mémoire, dans lequel l’auteuse retrace méticuleusement les circonstances de la mort de son mari une vingtaine d’années auparavant. Une mort accidentelle est toujours tragique, elle paraît plus encore absurde dans les circonstances rapportées : l’homme s’est tué en tombant d’une moto qu’il avait empruntée ce jour-là au lieu de prendre la sienne, au moment où le couple venait juste d’acheter une maison qu’il comptait retaper. On a l’impression que la mémorialiste, qui s’apprête maintenant à quitter ladite maison, exorcice son deuil en reconstituant la journée du 22 juin 1999, qui aurait pu être banale et parfaitement oubliable mais a été fatale par la suite d’une série de causes et de coïncidences, qu'elle expose avec méthode et sobriété, sans exclure ici et là un brin d’humour. Ce livre m’a plu. 
(Accessoirement j’ai remarqué cette bizarrerie : on dit en ligne, entre autres dans Wiki, que Brigitte Giraud serait née en 1960, or elle signale à deux reprises, pages 171 et 199, qu’elle avait trente-six ans en 1999, ce qui ne concorde pas.)

dimanche 26 novembre 2023

révolutions

    Différentes doctrines ont inspiré les révolutions au cours de l’Histoire, avec toutefois en commun ce grand principe philosophique : Pousse-toi de là, que je m’y mette.

jeudi 23 novembre 2023

au lit

Pour étudier (c’est à dire pour lire et écrire), je ne me trouve nulle part mieux qu’au lit. 

dimanche 19 novembre 2023

punk

    Les rares fois où j’ai entendu ma pauvre mère employer le mot punk, elle le prononçait comme s’il s’écrivait pinque. A la réflexion, je me demande si elle ne le faisait pas exprès.

vendredi 17 novembre 2023

contraires

    Maximes contraires : le «Never complain, never explain» attribué à la famille royale anglaise, et la fausse citation religieuse placée par Céline en épigraphe à ses Bagatelles : «Il est vilain, il n’ira pas au Paradis, celui qui décède sans avoir réglé tous ses comptes». 

jeudi 16 novembre 2023

gardien

    Trois jours de suite que Google News me bassine à me resservir le même article du quotidien de gauche The Guardian, lequel nous avertit, avec son discernement et sa bonne foi habituels : «The public doesn’t understand the risks of a Trump victory. That’s the media’s fault» (Le public ne comprend pas les dangers d’une réélection de Trump. C’est la faute aux médias). Je te crois : terrible risque, d’un nouveau mandat de dictature hitlérienne sanguinaire apocalyptique. Et grave faute des médias, dont seulement 98 % passent leur temps à dégueuler sur le grand méchant Donald...

lundi 13 novembre 2023

Bazooka

En me renseignant sur les artistes du collectif Bazooka, ces derniers temps, j’ai remarqué que Wikipédia avait une notice sur la plupart d’entre eux mais pas sur Loulou Picasso, et j’ai comblé cette lacune en esquissant ainsi ma vingt-et-unième notice dans cette encyclopédie. J’ai lu à leur propos quelques articles et emprunté trois livres : un très bon (Bazooka Un regard moderne, collectif dirigé par Jean Seisser, Seuil, 2005, avec pas mal d’infos et de belles reproductions en grand format), un médiocre (Bazooka, collectif préfacé par Marc Zermati, Editions Pyramid, 2006, avec des repros souvent trop petites et des légendes microscopiques illisibles), enfin une œuvre conjointe de Kiki et Loulou Picasso (Engin explosif improvisé, L’Association (ce nom !), 2009). La «horde Bazooka» (mot de D Mallerin) fut active dans la seconde moitié des années 70, qui fut l’époque de mes vingt ans et de la musique punk, dont Bazooka fut en quelque sorte un pendant graphique. Bizarrement je n’ai jamais aimé le punk, trop bruyant-brouillon-braillard à mon goût, mais j’ai certainement subi l’influence graphique des bazooqueurs, mes collages des années 80 en portent la marque. Bizarrement aussi je crois avoir subi cette influence confusément, par échos d’ambiance, par ondes suggestives, sans avoir contemplé ou examiné les œuvres attentivement, me semble-t-il, et jusqu’à récemment j’aurais été incapable de distinguer les styles individuels de cette demi-douzaine d’artistes. J’ai possédé un temps la série peut-être complète du tabloïd Un regard moderne, que m’avait léguée Jean-René, je l’ai à mon tour donnée ou vendue à vil prix depuis longtemps, à je ne sais plus qui. Les deux meilleurs artistes du groupe, les deux maitres à vrai dire, sont les deux surnommés Picasso, Kiki et Loulou. Parmi les autres, ma préférence va au graphisme émietté de Ti5 Dur. Kiki était sans doute le leader, la personnalité la plus énergique, la forte tête. Lui seul semble avoir poussé la provocation jusqu’à tenir des propos anti-gauchistes, ce qui est une hérésie («Ils me faisaient chier avec leurs discours gauchistes ... Mort aux peintres cocos», d’après Seisser, 2005). Est-ce lui qui a poussé le bouchon du «réactivisme» un peu trop loin en se prononçant «pour un retour du fascisme, de l'antisémitisme, de la violence» ? ce qui n’était pas bien malin. Il paraît qu’il s’est fait rosser par Pierre Goldman, le genre de finaud qui luttait contre la haine à grands coups de poing dans la gueule. Que pensaient alors, que pensent maintenant ces gens ? Je ne sais. Le tardif Engin explosif de Kiki et Loulou (2009, mais contenant des choses plus anciennes), que j’ai la flemme de lire, m’a l’air assez lourdement socialistoïde (j’y relève cet alexandrin sinistre : «Les clients de Chanel méritent tous la mort»). Je veux croire que ces deux ont maintenant dépassé l'âge idéologique. Dans le fond peu importe. Les belles formes qu'ils ont créées dureront plus longtemps que les slogans...

Ci-dessus : peinture de la série Hexadezimalsystem, par L Picasso, Arts Factory, 2022.

dimanche 12 novembre 2023

Dylan

    Entre l’avis du jury Nobel, qui a décerné son prix de littérature à Bob Dylan, et celui de Kurt Vonnegut, qui tenait Dylan pour «le plus mauvais poète vivant», je pencherais plutôt pour le second.

vendredi 10 novembre 2023

que d'eau

    Les rivières débordent, les fossés débordent, les champs sont inondés, les routes sont inondées, mon jardin est inondé, mon chai est inondé. Le premier qui m’explique qu’on manque d’eau à cause du changement climatique, surtout en Charente maritime, je l’étrangle.

mardi 7 novembre 2023

sensation

    Lorsque ma famille est venue s’installer dans le Sud-Ouest, nous avons d’abord vécu quelque six mois, un été et un automne, dans une des maisons situées à la sortie de Lalinde, le long de la route menant à Bergerac. J’avais alors sept ans. Derrière la maison se trouvait une bande de terre, de la dimension d’un petit champ, au bout de laquelle coulait la Dordogne. J’ai le souvenir vague mais persistant de bons moments passés seul à musarder parmi les arbres au bord de la rivière. Je ne sais plus très bien à quoi je m’occupais, peut-être juste à rêvasser. Je me souviens surtout de cette sensation de solitude tranquille, légèrement à l’écart du monde, dans la lumière du soleil tamisée par le feuillage. Souvent ces derniers temps, quand je vais un moment dans les bois oublier mes tracas, j’ai l’impression de revivre, de reproduire indéfiniment cette scène initiale, en quelque sorte initiatique.

lundi 30 octobre 2023

Plume

    Tentative de lire Plume, précédé de Lointain intérieur, de Henri Michaux. Je n’y arrive pas, ces textes m’ennuient, je ne leur trouve aucun attrait.

jeudi 26 octobre 2023

mardi 24 octobre 2023

Vandré

Le hasard de recherches dans Wikipédia m’a ramené le souvenir du chanteur, auteur-compositeur et guitariste brésilien Geraldo Vandré, dont j’ai connu dans ma jeunesse au moins deux chansons : d’une part Pra não dizer que não falei das flores (Pour ne pas dire que je n’ai pas parlé des fleurs), autrement intitulée Caminhando (En marchant), hymne gauchiste assez entrainant à défaut d’être bien sensé, d’autre part le Pequeno concerto que virou canção (Petit concert devenu chanson), une chanson d’amour aux belles vocalises. Vandré fut inquiété par la dictature militaire et se résolut à l’exil, dans la fin des années 60 et les premières années 70. Puis il rentra au pays, abandonnant pratiquement toute activité artistique, rejetant le vedettariat ainsi que le rôle d’idole anti-militariste que beaucoup lui prêtaient. Maintenant retraité, installé à Rio et âgé de 88 ans, il aurait déclaré cette année à un journal : «J’ai cessé toute activité et je n’ai rien à raconter. Je ne fais rien.» De tout temps je me suis demandé par quelle coïncidence Geraldo portait le même nom que celui du village natal de ma vénérable mère, Vandré, près de Surgères en Charente maritime (code postal 17700). L’artiste nordestin avait-il eu, dans le melting-pot brésilien, des ancêtres aunisiens ? Je tombe des nues en apprenant dans Wiki que Vandré n’est pas le véritable nom du chanteur mais un pseudonyme artistique, créé en abrégeant un des noms de famille de son père, Vandregíselo. Cet autre nom, d’aspect si peu lusitanien, est une autre énigme. Serait-ce l’altération de quelque patronyme flamand en Van der ? Il existe paraît-il au moins deux biographies du chanteur, dans lesquelles se trouve peut-être la réponse à cette question, mais que je n’aurai sans doute jamais entre les mains. Je me demande également si cet homme a jamais su que son nom d’artiste était aussi celui d’un village de France. Si vous tombez sur le vieillard oisif, dans les rues de Rio, posez-lui donc la question de ma part. 

dimanche 22 octobre 2023

cannibales

    En feuilletant les Paroles données de Claude Lévi-Strauss (Plon, 1984), je m’arrête un peu aux pages 141-142, où il est question de cannibalisme. L’auteur prend la précaution d’admettre qu’il existe sur le sujet «des témoignages nombreux et concordants ... qui ne permettent pas de douter de la réalité» des pratiques, entre autres chez les Tupinambas du Brésil de jadis, sur lesquels je suis un peu renseigné. Mais je reste perplexe devant ses développements tortueux visant à établir, ou à inventer, la valeur symbolique, culturelle, spirituelle, des rituels de tuerie. J’ai l’impression pénible d’assister là une fois de plus à des manoeuvres intellectuelles, dont l’objectif principal est de noyer le poisson de la brutalité primitive dans les eaux vaseuses de l’ethnologie de salon. Je m’arrêterai à la phrase affirmant que «cette torture ‘primitive’ n’a rien de commun avec celle qui se pratique dans les sociétés dites civilisées, dont l’effet est d’avilir la victime en violation de toutes les règles morales...» C’est assez, j’ai la dose. Nous retrouvons là les gros sabots de la rhétorique humaniste, opposant le vilain homme blanc occidental, qui est très méchant, au bon sauvage innocent, qui manie délicatement le symbole à coups de couteau et de massue. Comment un homme aussi fin et aussi savant a-t-il pu soutenir de telles âneries, grande énigme. Il y a dans cette volonté forcenée de prouver que les Sauvages n’étaient pas des sauvages («Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie», disait son beau sophisme dans Tristes tropiques) une sorte de négationnisme pépère, sans danger : les descendants des victimes, s’il y en a, ne porteront pas l’affaire devant les tribunaux.

samedi 21 octobre 2023

fruits

FRUITS

Coing

Datte

Figue

Fraise

Mangue

Mûre

Nèfle

Noix

Pêche

Poire

Pomme

Prune


(Après, j'arrête.)

vendredi 20 octobre 2023

villes

VILLES

Auch

Blois

Bourges

Caen

Chartres

Foix

Gap

Laon

Lille

Lyon

Mende

Metz

Nantes

Nice

Nîmes

Niort

Pau

Rennes

Tarbes

Tours

Troyes

Tulle

Vannes


(Chefs-lieux monosyllabiques)

jeudi 19 octobre 2023

mercredi 18 octobre 2023

monosyllabes

    Le goût des monosyllabes m’avait inspiré l’an dernier trois poèmes-listes, Terres, Arbres et Zoo. Songeant à explorer de nouveau cette veine, j’ai passé l’essentiel de la matinée à examiner des gisements de noms communs et de noms propres. A cette occasion je me suis aperçu qu’en français, les noms des couleurs sont presque tous des monosyllabes. Et j’ai remarqué qu’en anglais, langue éminemment monosyllabique, seules cinq des cent principales villes du Royaume-Uni sont des monosyllabes (Leeds, Poole, York, Slough, Bath) alors que c’est le cas de plus de vingt chefs-lieux de départements français.

lundi 16 octobre 2023

métamorphoses

    Au départ, on n’était pas forcé de deviner que l’antifascisme engendrerait un nouveau fascisme, l’antiracisme un autre racisme, et le féminisme un vulgaire sexisme. Comme quoi, tout peut arriver.

dimanche 15 octobre 2023

paresseux

    A la fin de l’année dernière, j’ai réalisé un projet auquel je songeais depuis longtemps et qui m’avait été inspiré par mes recherches sur la zoonymie de la faune sud-américaine : une Anthologie du Paresseux. Elle tient sur dix-sept pages. J’y présente vingt descriptions anciennes de ces édentés pas pressés (dix du XVIe siècle, six du XVIIe, trois du XVIIIe et une du XIXe). Je trancris les textes français en modernisant par endroits leur expression et je traduis ou retraduis à ma façon les textes étrangers (six de l’espagnol et autant du portugais). Maintenant que ce divertissement documentaire a pris forme, je ne sais trop qu’en faire : je crains qu’il ne soit trop littéraire pour les revues scientifiques et trop scientifique pour les revues littéraires. En attendant de lui trouver meilleur destin, je le dépose sur le site Academia, où l’on peut le lire en ligne ou le télécharger. Bonne lecture aux curieux.

mercredi 11 octobre 2023

massacres

    Ce matin j’entendais monsieur Darmanin, ministre de l’intérieur, déclarer la main sur le cœur que «Toucher un juif en France, c'est toucher toute la République» et annoncer que toute personne étrangère coupable d’actes ou de propos antisémites serait immédiatement expulsée. Je me réjouis pour mes compatriotes israélites de la ferme protection dont le ministre les assure, mais si ce n’est pas du pipeau, sait-on jamais, j’apprécierais qu’il en dise et surtout qu’il en fasse autant pour tous nos compatriotes non-juifs qui eux aussi s’en prennent plein la gueule, sans cesse et sans avoir rien demandé.
    Les terroristes du Hamas ont lancé samedi dernier une attaque contre Israël, étonnante principalement du fait qu’elle ait pu se produire. Les atrocités dont on a écho ne nous apprennent pas grand chose quant à la sauvagerie des islamistes, qui nous ont déjà instruits, les années passées, des exploits dont ils étaient capables. Cet assaut relève de ce qu’on nomme aujourd’hui avec emphase un crime contre l’humanité, et qu’on se contentait jadis d’appeler un massacre. En l’occurrence un massacre inattendu, auquel va répondre une revanche qui risque d’être quelque peu massacrante à son tour.
    Le principal enseignement que je tire de ces événements touche à la façon dont j’en suis informé. Je ne voulais pas croire Elon Musk, lorsque je l’ai entendu naguère affirmer que désormais les réseaux sociaux devançaient les médias classiques dans le rôle d’informateurs du public, mais je me range maintenant à son avis. On est en effet bombardé d’infos, notamment de vidéos, en temps réel ou peu s’en faut. Un problème est qu’en temps de guerre on est aussi bombardé d’intox, à des fins de propagande. Cela n’est pas nouveau, on se souvient d’exemples mémorables de mensonges étatiques ou médiatiques, comme lors de la guerre d’Irak ou de la révolution roumaine. Mais sur les réseaux, les impostures sont plus rapidement dénoncées (non : telle séquence a été tournée en telle autre occasion, il y a tant d'années, dans tel autre pays...), ou du moins mises en doute. C’est ainsi, la donne est sans cesse modifiée.

mardi 10 octobre 2023

lundi 9 octobre 2023

hélas

    Le mot de Caraco sur la guerre d’Algérie, «drame par excellence, où chacun a raison, mais nul ne fera grâce», pourrait aussi bien s’appliquer à l’interminable conflit judéo-arabe, dont on ne voit pas qu’il soit en voie de résolution.

samedi 7 octobre 2023

titre

    Ce matin vers l’aube, j’ai rêvé qu’une revue d’art exotique s’appelait Hro-mbey. Je devrais peut-être faire enregistrer ce beau titre.

vendredi 6 octobre 2023

atelier

Bien que n’étant fan ni de Jean Genet ni de Giacometti, j’ai eu la curiosité, l’occasion se présentant, de lire l’ouvrage que le premier a consacré au second, L’atelier d’Alberto Giacometti (éditeur Marc Barbezat L’Arbalète, 1967). C’est un petit livre d’une cinquantaine de pages non numérotées, entrecroisées de photos montrant ledit atelier, sa crasse revendiquée, et les œuvres qui s’y trouvaient circa 1960. Genet fréquente l’atelier, y pose, contemple sculptures et peintures, discute avec l’artiste, et rapporte ici dans un style impeccable ses pensées, et des bribes de conversation. J’ai bien aimé l’idée que l’art n’a pas pour mission d’apporter de la nouveauté, mais de révéler de l’éternité. Sinon les méditations de l’écrivain m’ont paru trop nébuleuses, j’ai mieux aimé les anecdotes, les scénettes au café, les détails.

mercredi 4 octobre 2023

Goldman

Tous aux abris : avec la sortie d’un film sur le procès de Pierre Goldman, on peut prévoir un déluge de propagande médiatique pour nous expliquer qu’il était l’innocente victime d’une erreur judiciaire. Encore une fois des milliers, des millions de crétins vont s’estimer assez instruits par la fiction. Genre c’est bien vrai, puisque je l'ai vu au cinéma. Pour rigoler un peu, je suis allé lire sa longue notice dans Wiki. La phrase la plus drôle est celle où on explique que dans les années 60, quand il se distinguait parmi les nervis gauchistes qui allaient castagner du droitard, il se montrait «soucieux de ne pas causer de blessés trop graves». Sans blague. Il n’a peut-être pas flingué les deux pharmaciennes du boulevard Richard-Lenoir, mais l’hypothèse n’a rien d’invraisemblable, au vu de son profil de hors-la-loi guérillo-communiste brutasse. Il reste un chouchou de la mafia culturelle de gauche, sans toutefois faire l’unanimité, à ce qu’il semble. Pour ma part je ne vois rien d’admirable chez ce genre d’affolé.

mardi 3 octobre 2023

climat

    Bienfaits du climatique réchauffement : ce petit supplément d’été ne nuit pas.

lundi 2 octobre 2023

vivrensemble

    Il y a quelques jours, en lisant des commentaires sur un réseau social, je suis tombé sur les réflexions d’une dame, au sujet des progrès électoraux de «l’extrême droite» en Europe : «... ça s’active en Allemagne niveau extrême, c’est aussi la fête. Les pays européens ont cuvé leur claque d’il y a 80 ans, on dirait : on ne peut pas cacher sa vraie nature...» Ces propos et d’autres du même ton laissaient entendre que la dame en question et son interlocuteur appartenaient à certaine «communauté», comme on dit. Ils laissaient aussi entendre leur peu d’estime pour la soi-disant «vraie nature» de la population européenne de souche : la goyerie haineuse indécrottable. Les sentiments ainsi exposés, avec au moins le mérite (ou l’imprudence) de la franchise, ont naturellement heurté le goy de bonne volonté que je m’efforce d’être. Je ne sais s’ils sont répandus dans ladite communauté, et en quelque sorte représentatifs, ou au contraire marginaux. A vrai dire je ne vois pas pourquoi ils seraient si rares. En effet si ladite communauté a subi les persécutions que l’on sait, ses membres ne sont-ils pas fondés à éprouver vis-à-vis de la population générale, sinon le mépris visible dans l’exemple cité, du moins un minimum de méfiance, de suspicion vigilante ? Mais alors, me dis-je, s’il en est ainsi, les desouches sont-ils pas à leur tour fondés à se défier de ces concitoyens soupçonneux ? Poursuivant cette méditation morose, je me dis que dans notre nation maintenant dévolue à la «diversité», il ne manque pas d’autres groupes, races, cliques et engeances, qui ne manifestent plus souvent qu’à leur tour le ressentiment qu’elles éprouvent envers l’ancien peuple, ou même entre elles. La discorde n’a jamais eu de mal à surgir au sein de sociétés homogènes, on voit mal comment la diversité pourrait arranger les choses. A mon avis les communautés n’ont pas fini de se regarder en coin, et la fraternité républicaine ne sera jamais qu’une aimable chimère. Les cas d’entente cordiale existent certes, mais resteront minoritaires, je le crains. Bon, parlons d’autre chose.