vendredi 28 avril 2023

inégalité

    Nous sommes inégaux en taille, en poids, en âge, en santé, en vigueur, en richesse, en savoir, en intelligence, en charme, en Dieu sait quoi d’autre, et nous allons continuer de l’être.

lundi 24 avril 2023

incruste

    Feuilletant un recueil de nouvelles (C'était juste pour dire, de Jacky Billeau, 2015) je remarque ce passage où l’on dit d’un maître de conférences, c’est à dire un enseignant à l’université, arrivant en fin de carrière : «A soixante-sept ans, (il) aurait pu prétendre occuper son poste encore trois années unversitaires, jusqu’à l’échéance fatidique de ses soixante-dix ans, âge auquel le règlement le mettrait définitivement hors circuit.» C’est ainsi : il y a les corporations où il faut la loi pour inciter les salariés à rester à leur poste, et celles où il faut un règlement pour les empêcher de s’incruster.

lundi 17 avril 2023

repérage

    Ce que j’aime bien avec Google News, c’est que je ne me sens pas surveillé de trop près. Si j’en juge aux Actualités locales, ils me situent toujours au fin fond du Limousin, où je n’ai jamais mis les pieds. Quant à leurs Recommandations personnalisées, ce sont pour la plupart des cancans sur des vedettes, dont je n’ai rien à foutre. Bigleux Brother is watching you...

dimanche 16 avril 2023

artifice

    On n’a pas fini de s’extasier ou de s’inquiéter devant les prodiges de l’Intelligence artificielle. Pour l’heure je viens d’écouter un faux dialogue sous-titré entre Joe Rogan et Donald Trump, dont les voix sont parfaitement imitées. C'est impressionnant. Je ne sais où cela mènera, mais visiblement les moyens de mentir et de falsifier vont être démultipliés.

samedi 15 avril 2023

brochures

Il s’en passe à Braine-l’Alleud où L’Eléfantôme vient de rééditer, avec son soin coutumier de la typographie et de la mise en page, deux anciennes brochures belges, amusantes parodies de textes scientifiques : d’une part le Voyage pittoresque et industriel dans le Paraguay-Roux et la Palingénésie australe, par un gentilhomme breton, en fait Henri Delmotte (Mons, 1835), d’autre part, joint au précédent et dans un charmant très petit format, l’Aperçu iconoclastique sur les différents procédés employés dans la fabrication de l’huile de cailloux, du Docteur Cloetboom (Bruxelles, 1832). Les titres suffisent à donner une idée du ton de ces écrits pataphysiques avant l’heure, dont je citerai quand même ce fragment du second : «Une polémique ineffable et calcaire donna le jour à une foule de pamphlets sauriens, dont le seul remarquable est l’hippodrome de Ketbach, de l’université de Wavres. Ce profond controversiste, habile à saisir le côté périclitant des quadrinomes intermédiaires entre l’agrogate et la scammonée, fit pencher un instant en sa faveur l’opinion des Barosanèmes.»
Plus d’infos, si l’on en veut, à cette adresse : elefantome@hotmail.com

mercredi 12 avril 2023

gaz

    Pour me mettre de bonne humeur ce matin je parcours sur Google News la «couverture complète» de la médiaterie française à propos de l’explosion ayant entrainé l'effondrement d’un immeuble à Marseille dimanche dernier, provoquant la mort de plusieurs personnes. Les journaux dans l’ensemble me paraissent bien peu curieux des causes du désastre. Quelques uns balbutient vaguement que les enquêteurs sembleraient s’orienter vers l’hypothèse éventuelle qu'il ait peut-être pour origine la négligeance d’un locataire, potentiellement une vieille dame utilisant le gaz... Bref, encore un accident meurtrier dû à un(e) irresponsable et non à l’incurie des vilains propriétaires-capitalistes-qui-sont-très-méchants, c’est ballot...

mardi 11 avril 2023

Persepolis

Le Persepolis de Marjane Satrapi m’a bien plu et m’a fait penser à L’Arabe du futur de Riad Sattouf, qu’il a peut-être inspiré. Dans les deux cas une bédé autobiographique se déroulant au Proche ou au Moyen-Orient, dans les deux cas un récit captivant dont le fond (témoignage humain, reportage sans complaisance) m’a plus intéressé que la forme (un dessin efficace quoique sans virtuosité). Persepolis a paru en quatre tomes publiés de 2000 à 2003 par l’Association (ce nom...). On m’a prêté la réédition de 2007 en un seul volume. Je me suis demandé qui, de l’auteur ou de l’éditeur, a eu l’idée idiote de ne pas numéroter les pages de ce fort volume, qui en compte environ 350. Hormis quelques retours plus en arrière dans l’histoire de la famille et du pays, la dessinatrice iranienne raconte son enfance et sa jeunesse depuis ses dix ans en 1979-80, au moment de la révolution islamique, jusqu’à son départ en France à vingt-quatre ans, en 1994. Au cours de cette quinzaine d’années, elle quitte l'Iran pour un séjour de quatre ans (1984-88) en Autriche, où elle étudie au lycée français de Vienne, après avoir fréquenté le lycée français de Téhéran. Elle était donc bien formée à la langue française avant même de venir en France et cela se ressent dans le soin porté au texte du récit. Le livre évoque sans fard les rudesses du régime des mollahs, les assassinats politiques, parfois en masse, les châtiments corporels, l’ambiance générale de flicage irrespirable, comparable au totalitarisme communiste ou fasciste. Les femmes doivent sortir emmitouflées dans la rue, où elles doivent cacher jusqu'à leur poignet, de même que les étudiants des beaux-arts dessinent un modèle emmitouflé. Il y a des détails pittoresques, le laveur de carreaux promu directeur d’hôpital, la petite clé en plastique doré que l’on donne aux enfants-soldats envoyés au casse-pipe pendant la guerre avec l’Irak, pour qu’ils puissent entrer au Paradis. Il y a même un mollah intelligent, que l’auteuse rencontre deux fois. L’épisode autrichien (objet du tome 3) apporte un peu d’air frais dans cette aventure. C’est le moment où l’adolescente déjà occidentalisée devient punkette, découvre le sexe et la drogue, se débat avec ses problèmes d’hébergement, apprend l’allemand et visite le Tyrol. Je n’ai pas beaucoup d’affinités avec la famille de bourges de gauche de Marjane, ni avec ses tendances féministes et son tempérament pète-sec, et elle m’a franchement heurté à deux reprises. Une fois quand elle sert dans un restaurant à Vienne où la cuisinière, pour la venger d’un indélicat qui lui a mis la main aux fesses, crache en cachette dans le plat qu’elle lui prépare. Elle a l’air d’apprécier cet acte, que je trouve vraiment ignoble. Une autre fois dans une scène de rue à Téhéran où, redoutant de paraître indécente et voulant mettre la police de son côté, elle prend les devants en allant accuser un quidam de l’avoir harcelée, alors que le pauvre type, qui n’a rien fait, est embarqué pour subir on ne sait quel traitement. Malgré ces réserves Marji m’a entraîné, j’ai aimé lire son histoire, partager ses joies et ses déceptions, son livre m'a plu.

lundi 10 avril 2023

citation


    Au hasard de ses lectures, un de mes correspondants en Ile-de-France découvre cette aimable note en bas de page, dont il m’envoie la photocopie.

dimanche 9 avril 2023

vendredi 7 avril 2023

chienlit

    A Bordeaux-Victoire aussi les forces de progrès se sont distinguées en occupant l’université et en salopant si bien les locaux et le matériel, qu’il y a pour plusieurs centaines de milliers d’euros de dégâts, et que l’établissement ne pourra pas rouvrir avant septembre. Les «autorités» ont rivalisé d’irresponsabilité avec les militants anarcommunistes en attendant dix jours (du 21 au 31 mars) pour les foutre dehors et en ne faisant procéder à aucune arrestation, leur assurant ainsi la plus parfaite impunité. Si «l’extrême droite» s’amusait à commettre le centième de ces exploits, ce serait un scandale national pendant des semaines. Là, on a eu deux trois articles et on n’en parle déjà plus. Mais le grand problème du pays, c’est l’âge de la retraite, hein... 

lundi 3 avril 2023

Starr

Ringo Starr m'a toujours semblé être le moins intelligent des quatre Beatles.

dimanche 2 avril 2023

flamenco

    Il existe une vidéo en noir et blanc de 1981 où l’on voit Paco de Lucía interpréter Entre dos aguas, accompagné par Ramón de Algeciras. Les deux frères sont beaux garçons, malgré leur allure démodée. Le Paco surtout a un look d’enfer : cheveux mi-longs, barbiche en friche, veste à épaulettes, grand col blanc pointu, pattes d’eph, chaussures à talon haut. Cependant quelle ferveur, et quelle virtuosité. Je reviens à ce clip comme à un sanctuaire, tous les quelques temps, pour revivre ces sept minutes de cadence infernale.

samedi 1 avril 2023

gingko

    Je serais pour qu’on réforme l’orthographe tordue de Ginkgo et qu’on écrive Gingko, qui correspondrait mieux à ce qu’on prononce. Je vois que le Wiktionnaire l’enregistre comme variante, mais fautive. On pourrait aussi écrire simplement Ginko, mais alors on perdrait le bel équilibre graphique du nom botanique Ginkgo biloba (six + six lettres).