mercredi 31 mars 2021

nature

Un indice, de ce que la Nature par elle-même n’est peut-être pas aussi belle qu’elle semble à ses dévots, apparaît dans les photos et les peintures qu’on en donne souvent : paysages de campagne cultivée, jardins certes charmants, rideaux d’arbres des haies, chemins forestiers, tout cela n’est qu’à moitié naturel, c’est de la nature humanisée, un univers remanié.

mardi 30 mars 2021

lynch

Vu Une histoire vraie (The Straight story) de David Lynch (1999). Un vieil homme fâché avec son frère, qui vit à la campagne à plusieurs centaines de kilomètres, apprend que celui-ci vient d’avoir une attaque et que sa vie est menacée. Il décide d’aller le voir pour se réconcilier avec lui, mais comme il ne peut plus conduire de voiture, il a l’idée de faire le trajet en tracteur-tondeuse, avec une remorque pour transporter les bagages et s’abriter. Le film raconte ce drôle de voyage, avec les rencontres que fait le protagoniste et ses rapports téléphoniques avec sa fille simple d’esprit restée garder la maison. Je n’ai pas trop aimé le sentimentalisme de certaines scènes, ni le moralisme du vieux sage qui fait volontiers la leçon, mais c’est sans conteste une belle histoire. B.

lundi 29 mars 2021

chat borgne

 A la Croix j’ai revu mon copain le chat borgne, qui vient de plus en plus souvent mendier dans mon jardin. J’ai de la sympathie pour ce pauvre animal. Je lui donne à manger en lui disant tiens, c’est rien que pour toi, tu peux bien te goberger.

dimanche 28 mars 2021

verdure

En montant à la Croix cette semaine j’ai pris deux auto-stoppeurs à Pons. Deux jeunes hommes à l’air sérieux, limite anxieux, chargés de lourds sacs à dos. Un peu mystérieux, aussi. Pour discuter avec celui qui était assis à côté de moi, j’ai essayé de savoir quel voyage ils faisaient. Ils venaient de Pau, m’a-t-il dit, mais il est resté évasif sur la destination : la Bretagne, et peut-être Lille… Je n'ai pas insisté. Ils souhaitaient que je les dépose à Saintes, où ils devaient se rendre au Leclerc, pour un rendez-vous semble-t-il. J’ignore où il se trouve, je connais peu la ville, que je contourne en général par la voie rapide. Comme je n’étais pas pressé, j’ai suggéré au voyageur de localiser le magasin sur le téléphone portable qu’il ne quittait pas des mains, comme tous les gens de son âge, mais il a bredouillé une excuse pour n’en rien faire. Eh bien, je les ai abandonnés à leur sort sur l’avenue centrale, le Cours National, en leur souhaitant bonne route.

Le hasard m’a amené ces derniers jours à préciser mes idées sur les traits distinctifs de deux espèces de petits animaux et de grands arbres, les rainettes et les séquoias. Les rainettes de la région peuvent être des rainettes méridionales (Hyla meridionalis) ou des rainettes dites vertes (Hyla arborea). Les deux sont généralement vertes mais peuvent être marron. La première, plus commune, porte un trait noir qui va de l’œil au cou, tandis que chez la seconde le trait se prolonge le long du corps jusqu’à l’aine. Les séquoias que l’on trouve dans les parcs appartiennent aux deux espèces américaines, le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum) et le séquoia toujours vert (Sequoia sempervirens). Malgré leur nom c’est le toujours vert qui peut pousser le plus haut, jusqu’à plus de cent mètres. Le séquoia géant a de jolis cônes ovoïdes de la grosseur d’une noix et de bizarres feuilles pointues, le toujours vert des cônes plus petits et des feuilles très reconnaissables, semblables à celles des ifs.

samedi 27 mars 2021

Peltex

J’ai lu avec intérêt La gloire des Models, d’un certain Jean Sérien, pseudonyme derrière lequel joue à se cacher, je crois, Dominique Leblanc (Editions Model-Peltex, Strasbourg, 2021). Ce livret est un numéro tardif, le quinzième de la revue Peltex, qui avait commencé de paraître en 1981 «dans le silence médiatique des provinces endormies». L’auteur y évoque sur un ton à la fois nostalgique et détaché les débuts de ce graphzine, son équipe, l’ambiance de l’époque. On y sent aussi comme une pointe d’amertume quant au fait qu’en ce domaine comme en d’autres, ne pas être parisien constitue un handicap. Le texte est illustré d’extraits de la revue et de photos. Et le format de l’ouvrage est tout naturellement l’archétypique format A5.

(PS. On m'informe que l'ouvrage doit aussi ou d'abord être vu en référence à La gloire des Bazooka, d'un certain Jean Seisser. Je ne connais pas ce livre, mais en voyant la couverture, l'allusion semble en effet évidente.)

jeudi 18 mars 2021

presqu'aujourd'hier

Lettre documentaire n° 514
Presqu'aujourd'hier : Souvenirs de Philippe Billé
par Geof Huth (2006)
 
    Le 29 novembre 1989, Philippe Billé m'écrivit une note (pliée en neuf rectangles) au sujet de mon Subtle Journal of Raw Coinage (SJRC), à laquelle il joignait deux petits collages simples dont celui d'un passereau avec une tête de poisson. C'est ainsi que je fis la connaissance de Philippe, un homme à l'appétit dévorant pour l'information, avec un goût pour la documentation parfaite, et qui s'intéressait au monde dans son ensemble.
    Dès le départ, je pus voir que Philippe et moi avions beaucoup en commun. Nous étions tous deux des collectionneurs désireux de compléter n'importe quelle série d'acquisitions. Comme je lui envoyais mes SJRC (dont chaque numéro comprenait des mots inventés, sans leur définition), il m'envoyait des exemplaires de ses Lettres documentaires (LD), qu'il remplissait de toutes sortes d'informations intéressantes. Nous nous sollicitâmes l'un l'autre avec empressement pour obtenir un exemplaire du premier numéro de nos séries respectives, parce que nous voulions tous deux avoir l'ensemble complet du travail de l'autre. Nous étions tous deux des pères de famille qui écrivions au sujet de nos enfants. Nous avions tous deux un fort intérêt pour le langage comme concept en général, pour les langues et leur variété, et pour la littérature dans n'importe quelle langue. Nous aimions chacun la langue maternelle de l'autre. Et en 1992, quand Philippe commença sa formation de bibliothécaire, nous partageâmes également cette expérience.
    En parcourant la somme de notre correspondance, je suis surpris qu'elle ne soit épaisse que d'un ou deux centimètres. Quatre années durant, nous correspondîmes assez régulièrement (avec des périodes de latence occasionnelles dues au surplus de travail), et nous appréciions notre relation. Philippe était sans aucun doute mon meilleur ami en Europe, et un compagnon presque permanent à travers le courrier. Par-dessus tout, il était un ami exceptionnel : généreux, prévenant et bienveillant. J'appris beaucoup de lui, surtout dans ses fréquentes LD.
    Les Lettres documentaires étaient pour Philippe un exutoire à son imagination. Il se servait de ce simple fanzine pour faire un instantané de ce qui suscitait son intérêt à un moment donné. Les premiers numéros (à partir de fin 1989) faisaient souvent référence à la Grève de l'Art 1990-1993, mais bientôt les LD allaient se transformer en vitrine pour toutes sortes d'arts et d'activités, en particulier littéraires. Philippe remplissait les pages des LD d'un pot-pourri de fragments d'informations. Parfois, les LD m'apparaissaient un peu comme une fenêtre ouverte sur l'esprit de Philippe, ainsi offert à notre admiration. Ses centres d'intérêt étaient vastes, éclectiques, et toujours divertissants. Il avait spécialement à cœur de rendre compte du travail d'autrui (y compris du mien), et certains de ses numéros comprenaient des réponses détaillées à des questions simples qu'il avait posées. Mes préférés furent une succession de numéros dans la deuxième série de LD incluant des listes de dix livres «favoris». Il y avait une énorme diversité dans les listes que les gens avaient données, mais Ulysse de Joyce se retrouvait dans nombre d'entre elles (mais pas sur la mienne ; j'avais indiquéFinnegans Wake à la place).
    L'un des services les plus précieux rendus par Philippe dans les pages des LD étaient ses traductions d'œuvres d'auteurs underground. Il semblait adorer le défi de traduire des œuvres littéraires presque intraduisibles. Peut-être est-il unique pour sa traduction française de l'écriture humoristique et confidentielle de «Blaster» Al Ackerman. J'aurais tenu cet exploit de traduction comme le plus difficile de Philippe s'il n'avait pas aussi traduit en français — avec succès! — la poésie de John M. Bennett. À l'époque, Bennett pratiquait une écriture tranchante, incantatoire, résolument américaine et d'une saveur délicieusement avant-gardiste. Je n'aurais pas cru cela possible jusqu'à ce que je lise les traductions de Philippe. Après les avoir lues, je lui ai envoyé mes félicitations pour le travail accompli. Philippe me fit aussi l'honneur de traduire en français mon micro-essai préféré. Lorsqu'il œuvra à la traduction d'«Après-propos» (une postface que j'avais écrite pour une suite brève de poèmes visuels, et un essai personnel sur l'intérêt que j'avais depuis l'enfance pour la représentation visuelle du langage), je découvris à quel point il était un traducteur attentif. Il m'envoya une série de questions, car il tâchait de déterminer exactement ce que je voulais dire dans mon anglais parfois tortueux. Finalement, sa traduction devint une LD et apparut plus tard dans une anthologie française de poésie visuelle nord-américaine. Sans Philippe, personne ne se serait suffisamment intéressé à ces mots pour les traduire en français. Philippe a aussi publié une LD comprenant des traductions de mon ancienne rubrique sur la praecisio (une figure de style qui consiste à faire valoir son argument sans rien dire du tout).
    À l'époque où Philippe se présenta à moi, il avait décidé de prendre part à la Grève de l'Art 1990-1993, mais il publia et distribua ses LD également pendant toute la durée de la grève. Peut-être ne voyait-il pas son travail dans les LD comme de l'art : après tout, il ne faisait par le biais de cette publication que décrire le monde. Mais j'ai toujours tenu ses Lettres documentaires pour de l'art. Il créa dans les LD une anthologie unique de réflexions, un certain style visuel épuré, et une expression claire de ce qui l'intéressait dans le monde. Les LD étaient une forme d'art particulière que j'en vins à qualifier d'art informatif : un art qui se concentre sur l'information qu'il contient plutôt que sur la représentation visuelle ou auditive qu'il en fait. Je conçois l'art informatif comme l'art le plus pur, puisqu'au fond le contenu de l'art est l'information : des morceaux du monde offerts pour notre plaisir et à notre interprétation.
    Ce que Philippe a fait pour moi est inestimable, et ce soutien dont il a fait preuve apparut tout de suite dans notre relation. La LD 13 fut une réimpression du contenu des trente-deux premiers numéros de SJRC, et cette parution mit immédiatement en valeur mon petit projet auprès d'un public bien plus large. Philippe se donna aussi du mal pour comprendre les obscurs jeux de mots que j'utilisais en anglais et mes façons bizarres (et pas du tout idiomatiques) de faire violence à la langue française. Philippe et moi correspondions généralement en anglais, mais c'était le seul de mes correspondants avec qui je pouvais écrire des paragraphes macaroniques comme celui-ci :
    Est-ce que vous voudrez me comprendre si yo escribo en more than una lengua at once? J’aime beaucoup les mots del mundo, y je like writing in fier linguas or cinco. Um lingua e due languages are three langues, a tongue for hommekind. Lire sont lire en Italia ; lire est lire in Frankreich.
    Philippe connaissait assez bien l'anglais, avait étudié l'espagnol à l'université et avait tout terminé pour son doctorat de portugais à part sa thèse (ce qui lui faisait dire qu'il était «resté un demi-docteur, un doc») [Il est finalement docteur à part entière depuis l'an 2000]. J'étais un Américain ayant appris le français en vivant au Maroc, pratiqué l'espagnol en vivant en Bolivie, et appris le portugais étant enfant à Porto, et donc Philippe et moi étions liés par les langues qui nous avaient créés. Je dois dire toutefois que la maîtrise des langues étrangères de Philippe était meilleure que la mienne. C'était un vrai polyglotte, et c'est sa compréhension de langues diverses qui avait fait de lui un lien qui faisait tenir ensemble les deux côtés de l'Atlantique. Il traduisait des œuvres depuis l'anglais, l'espagnol et le portugais, en provenance de chaque côté de l'Atlantique, et beaucoup de ces traductions ont abouti dans les incomparables petites pages des LD. L'un des tours de force de traduction de Philippe fut la plus petite: il traduisit mon terme maladroit pwoermd (les mots poem et word imbriqués pour former un terme désignant un poème long d'un seul mot) par l'élégant et légèrement archaïque poëmot.
    Les Lettres documentaires commencèrent sous la forme d'une feuille A4 pliée en quatre pages, mais le jour du troisième anniversaire de mon fils, en 1992, Philippe commença sa deuxième série de LD. Il en changea le format au profit d'une feuille A4 en recto simple (pliée juste assez pour rentrer dans une enveloppe). Numérotée à l'origine en chiffres romains pour distinguer cette série de la première, la deuxième série revint aux chiffres arabes à partir du centième numéro (par souci de simplicité, je suppose). Les deux séries témoignaient de l'intérêt de Philippe pour la documentation, de son œil d'archiviste pour l'importance des dates, et de son œil de bibliothécaire pour la perfection des données de catalogage. Ces morceaux de papier sont un beau témoignage du monde autour (et à l'intérieur) de Philippe, et j'ai passé des heures de ma vie à lire en détail ces numéros si merveilleusement singuliers.
    Pour des raisons personnelles, celle des LD que je préfère est le n° XX de la nouvelle série. Paru le 31 décembre 1992 sous le titre «Verbier», ce numéro fut publié conjointement par ma maison d'édition (dbqp), de sorte qu'il a aussi pour titre The Subtle Journal of Raw Coinage # 64. Ce numéro se composait de 366 néomots de Philippe, sans définition. À l'origine, il ne comportait que 365 de ses néologismes (un pour chaque jour de l'année), mais je lui suggérai d'ajouter poëmot, de sorte qu'il aurait un mot pour chaque jour de l'année bissextile que fut 1992. Je composai la publication pour qu'elle rentre à la fois sur une feuille A4 et sur le papier à lettres qu'on a de ce côté-ci de l'Atlantique. Ce numéro nous associa Philippe et moi dans nos intérêts communs pour les mots, les néologismes, le langage, la micropublication, et ce fut le point de nos carrières respectives où LD et SJRC n'ont fait qu'un. (Ce numéro de LD/SJRC incluait les néologismes presqu' et aujourd'hier de Philippe, que j'ai joints dans le titre de cet hommage à cet homme plus que de lettres, à cet homme de mots.)
    Je perdis le contact avec Philippe quelque part en 1994. En octobre 1993, ma femme Nancy et moi avions acheté une maison, je commençai un nouveau travail pour lequel je passais l'essentiel de mon temps sur la route, et il me fut impossible de poursuivre ma correspondance. Ma vie était trop occupée pour l'art, et je laissai en suspens ma correspondance même avec mes amis les plus chers. Je me demande quel âge Samuel, le fils de Philippe, peut bien avoir aujourd'hui. Peut-être vingt ans. Je me demande si je devrais reprendre contact pour que nous puissions finir la traduction de mes poèmes dans Paralipomena. J'ai écrit l'original anglais, mon frère a traduit le texte en portugais, j'ai traduit la plupart du portugais en espagnol, et j'avais prévu de faire traduire l'espagnol en français par Philippe. Tant que je n'ai pas le français, je ne peux pas finir le livre, qui est resté inachevé pendant plus d'une décennie. Mais tout ça est de ma faute pour avoir été un mauvais correspondant, le maillon faible dans la chaîne de notre amitié. Vers la fin de notre correspondance, après que j'eus trop tardé à répondre, Philippe m'envoya un mot, demandant simplement: «Toujours en vie?». Oui, mais non, aurait été la réponse correcte.
    J'ai perdu contact avec un grand homme et un grand esprit, je vais donc devoir rattraper ça. En revanche, je lis (sans le lui dire) son blog Journal documentaire, mais la dernière de ses Lettres documentaires que je possède est la 158 (deuxième série) de novembre 1995. Et j'ai envoyé ma dernière lettre à Philippe en juin 1994, donc je suis sûr de lui devoir une lettre.

[Cet article daté du 30 avril 2006, et ici traduit par Romain Delpeuch, était la contribution de Geof Huth au site que m'a aimablement consacré Laurent Fairon en juin 2006. Précisons que j'ai finalement rencontré Geof à Bruxelles en mai 2017.]

mercredi 17 mars 2021

critique

En lisant naguère l'anthologie d'aphorismes espagnols El cántaro a la fuente (voir au 4 janvier) j'avais noté cette pensée d'un certain Jordi Doce, je traduis : «Trop de critiques approchent les livres comme si c'étaient des tremplins. Trop d'entre eux retombent dans la piscine d'eux-mêmes.» Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vise cette flèche : des critiques s'employant à parler d'eux-mêmes, plus que des livres dont ils rendent compte? Qui, par exemple? Cette pensée m'embarrasse car je ne peux m'empêcher de la rapprocher de ma propre pratique. Certes je ne suis pas critique littéraire, en tout cas pas professionnel, je ne suis pas payé pour évaluer les livres que je lis, mais enfin mes lectures sont probablement mon sujet de causerie le plus fréquent, et l'on peut dire que mes notes de lecture, éminemment subjectives, me concernent autant qu'elles concernent le bouquin en question. Elles informent plus ou moins complètement ou au contraire brièvement sur l'existence du livre, sur sa forme, sur son contenu, mais elle sont tout autant de la documentation sur mon âme, puisque je fais connaitre ce qui, dans tel ouvrage, m'a paru aimable, ou regrettable, ou indifférent, et je ne vois pas quel mal il y a à cela. Rédiger une critique, c'est donner son avis, et donc nécessairement parler de soi, plus ou moins explicitement. Même les critiques les plus prudents ne peuvent faire autrement que d'exposer leur goût, me semble-t-il.

dimanche 14 mars 2021

arbres

J'apprends dans Arbres et forêts, de Léon et Maurice Pardé, père et fils (Armand Colin, 1938) que les botanistes, du moins les botanistes francophones, distinguent quatre catégories d'arbres selon leur taille : 
1) Les arbres à proprement parler, qui sont les plus grands. 
2) Les arbustes, formés comme les grands arbres d'un tronc et d'un houppier, mais ne dépassant pas ou rarement sept mètres. Ils en donnent pour exemple le noisetier, j'y ajouterais le sureau, le fusain, le prunellier, l'aubépine, l'arbousier, le houx... 
3) Les arbrisseaux, ramifiés dès la base, et formant ainsi un buisson haut tout au plus de trois ou quatre mètres, comme le genêt (ou le lilas, le seringat, le forsythia, etc). 
4) Enfin les sous-arbrisseaux ne dépassant guère un mètre, tels le thym, la lavande, le fragon. 
Wikipédia reprend cette typologie, tout en étant aussi avare en exemples. Les définitions de l'arbuste et de l'arbrisseau dans le Grand Robert et le Wiktionnaire me paraissent fumeuses. Pour ma part j'observe que dans le langage courant, c'est le mot arbuste qui s'applique à ce que les botanistes nomment arbrisseau, et ce dernier terme désigne les jeunes arbres. J'ai l'impression que les anglophones ne distinguent pas les deux premières catégories, il n'y a pas d'article correspondant à Arbuste dans le Wikipedia en anglais.

samedi 13 mars 2021

antifascisme

 Lettre documentaire n° 513
La police politique stalinienne dans la guerre civile espagnole (1937) : 
extraits du chapitre X du livre de l'anarchiste Diego Abad de Santillán, Por qué perdimos la guerra («Pourquoi nous avons perdu la guerre»), paru d'abord en 1940, réédité en 1975 et en 2018, maintenant disponible en ligne (extraits ici traduits par Philippe Billé).
    L'un des aspects qui nous révoltait le plus [nous = les anarchistes] était l'introduction des méthodes policières russes dans notre politique intérieure. Les tortures, les assassinats irresponsables, les prisons clandestines, la férocité envers les victimes coupables ou innocentes, étaient à l'ordre du jour. [...]
    On n'imagine pas tout ce qui s'est passé dans les tchékas communistes de l'Espagne républicaine. A l'hôtel Colón de Barcelone, à la maison Carlos Marx, [il cite d'autres lieux à Barcelone, Valence, Castelldefels et ailleurs] avaient lieu des crimes sans précédent [...]. La révolution espagnole et la guerre contre le fascisme ont été déshonorées par ces procédés policiers [...]. La mairie de Castelldefels a dû protester contre les nombreux cadavres que la tchéka du château abandonnait chaque nuit sur la voie publique. Il y a eu des jours où l'on a retrouvé jusqu'à seize hommes assassinés, tous antifascistes mais opposés au communisme. [...]
    Un beau jour les brigades du XXIIIe Corps d'armée [sous le commandement du lieutenant-colonel Galán, communiste] reçoivent l'ordre que chacune réunisse un peloton ou un escadron d'antifascistes confirmés. Cela fait, on donne aux soldats des instructions pour qu'ils se rendent à Turón, un village de 2500 habitants dans la région de Grenade. On leur dit qu'ils doivent éliminer des fascistes pour le bien de la cause. Ils arrivent à Turón et y exécutent 80 personnes, dont la plupart n'avaient nullement à subir ce châtiment, puisqu'elles n'étaient pas hostiles et encore moins dangereuses. C'est ainsi que des éléments de la CNT, du Parti socialiste et d'autres mouvements de gauche ont massacré des camarades de leurs propres organisations, en ignorant que c'était le cas et en croyant oeuvrer pour la justice, comme l'avaient affirmé leurs supérieurs. Il y eut aussi des cas de viols de filles afin d'éviter que leurs parents soient assassinés. Le plus répugnant fut la façon de perpétrer ces actes en plein jour et à la vue de tous, ce qui provoqua une vague de terreur dans le canton. On construisait alors la route de Turón à Murtas et les morts furent enterrés sous la chaussée. [...]
    [L'historien espagnol, qui a attiré mon attention sur ces passages en les citant, fait observer que l'auteur anarchiste est surtout scandalisé par le fait que les victimes de ces exactions étaient des gens de gauche, laissant supposer que les exécutions sommaires et les viols le dérangeaient moins quand ils visaient les gens de droite, comme ce fut le plus souvent le cas.]

vendredi 12 mars 2021

créatives

 Il m'étonne que les féministes, si créatives, n'aient pas encore inventé que c'est la faute aux hommes, si les femmes ont des règles. Mais cela ne saurait tarder.

jeudi 11 mars 2021

précision

 Pour ce deuxième poème-liste Archipel, j'ai prospecté dans Google toutes les suggestions proposées aux demandes du type île aux A, île aux B, etc. Comme il y avait beaucoup de réponses (incluant des îles de fiction, des noms de magasins ou d'entreprises, et des périphrases descriptives, genre la Guadeloupe, île aux belles eaux) j'ai restreint mon choix aux noms d'îles réelles, vérifiables dans Wiki. Le résultat a une teneur très zoologique (onze cas sur dix-sept dénominations) mais ce n'était pas pour me déplaire.

ARCHIPEL (2)

L'île aux Aigrettes

L'île aux Basques

L'île aux Bénitiers

L'île aux Canards

L'île aux Cerfs

L'île aux Cochons

L'île aux Dames

L'île aux Eléphants

L'île aux Grues

L'île aux Hérons

L'île aux Juifs

L'île aux Moines

L'île aux Nattes

L'île aux Oiseaux

L'île aux Ours

L'île aux Serpents

L'île aux Vaches 

mercredi 10 mars 2021

mes poches

GRANDS REPORTAGES : Contenu habituel de mes poches de pantalon. 

    Dans la poche avant gauche : un stylo (un Bic Cristal Pocket de demi-format, très commode pour la poche, le seul inconvénient est que pour m'en procurer un noir il faut que j'en achète un lot de quatre comprenant aussi un bleu, un vert et un rouge, desquels je ne me sers pas et que je jette), un ou deux mouchoirs en papier absorbant (le plus souvent de simples feuilles d'essuie-tout, auxquelles peuvent s'ajouter des essuie-main de table, de café ou de sandwich, si bien que je transporte quelquefois un trousseau de quatre ou cinq feuilles), et souvent une clé usb. 
    Dans la poche avant droite : un crayon de petite taille (un reste de crayon de cinq ou six centimètres, dont je ne me sers quasiment pas car il est rarement plus utile que le stylo de la poche gauche, mais enfin il a acquis droit de cité je ne sais trop comment et il reste à demeure), un stick inhalateur que j'aime bien me fourrer dans le nez de temps en temps (je le fais recharger en senteurs une fois par an), par périodes un briquet. La mini-poche supplémentaire qui parfois se trouve au-dessus ou à l'intérieur de la poche droite principale, en général je ne m'en sers pas.
    Dans la poche arrière droite : la liasse de billets que je possède sur le moment. J'en fais un petit cahier en les pliant tous en deux de la même façon, avec la face principale dessus, et en les rangeant par ordre de valeur, ceux de moindre valeur au-dessus et ceux de plus grande valeur à l'intérieur. Je crois n'avoir jamais possédé de billet de plus de cinquante euros. La liasse est plus moelleuse quand je viens de faire un retrait à la Poste, surtout si on me sert comme je préfère en petites coupures de dix et vingt euros, car je retire en général deux cents euros d'un coup, mais si possible une seule fois par mois. Je donne à ce cahier de billets une petite couverture en l'insérant dans une fiche en bristol de format bibliothèque, 7,5 x 12,5 centimètres, elle aussi pliée en deux. Cette fiche à petits carreaux me sert d'aide-mémoire où je note mes courses à faire, une adresse, un détail, une idée etc.
    Dans la poche arrière gauche : en général, rien.

mardi 9 mars 2021

SOS livres

 J'ai sauvé de la benne, d'une benne institutionnelle, deux volumes de la Géographie universelle de Vidal de la Blache et Gallois. Ils sont dans un drôle d'état : il leur manque la couverture (ils ont visiblement été abandonnés en cours de reliure, l'un d'eux a des plats en carton) mais les pages sont en très bon état (l'un des deux n'a pas été coupé, donc jamais feuilleté). Il s'agit du tome II (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, 1927, 250 pages) et du tome IV (Europe centrale I : Généralités, Allemagne, 1930, 379 pages). Je ne souhaite pas conserver ces livres, dont je n'ai pas besoin. Dans quelques jours j'irai les déposer dans une boîte à livres, mais d'ici là si cela peut intéresser un de mes lecteurs, il faut me le dire. Bonne journée.

lundi 8 mars 2021

réédition

BREVE HISTOIRE DU MACHISME, par Olavo de Carvalho

Les femmes ont toujours été exploitées par les hommes. S’il est une vérité que nul ne conteste, c’est bien celle-ci. Des solennels amphithéâtres d’Oxford aux talk-shows télévisés, du Collège de France au carnaval de Rio, le monde entier réaffirme cette certitude, peut-être la moins mise en doute de toutes celles qui ont jamais traversé le cerveau humain, si tant est qu’elle ne soit pas directement passée des utérus aux thèses universitaires.

     Ne souhaitant pas m’opposer à une si auguste unanimité, je me propose de réunir ici quelques données qui pourront renforcer, chez les croyants de tous les sexes existants et à inventer, leur sentiment de haine envers le mâle hétérosexuel adulte, ce type exécrable à qui aucun individu, ayant eu le malheur de naître de sexe masculin, ne veut ressembler en grandissant.

     Notre histoire commence à l’aube des temps, à quelque période imprécise, entre Néandertal et Cro-Magnon. C’est dans ces heures sombres qu’a débuté l’exploitation de la femme. L’époque était dure. Les communautés humaines, vivant dans des grottes, étaient constamment ravagées par les attaques des fauves. Les hommes, profitant de leurs prérogatives de classe dominante, eurent tôt fait de se réserver les places les plus confortables et les plus sûres de l’ordre social : ces petits malins restaient à l’intérieur des cavernes, donnant à manger aux bébés et se peignant les cheveux, tandis que les pauvres femmes, armées de simples massues, partaient affronter les lions et les ours.

     Lorsque l’économie de cueillette fut remplacée par l’agriculture et l’élevage, les hommes réalisèrent encore un beau coup en assignant aux femmes les tâches les plus lourdes, comme de transporter des pierres, de dompter des chevaux, d’ouvrir des sillons dans la terre avec la charrue, tandis qu’eux-mêmes restaient bien tranquilles à la maison, peignant des poteries et jouant au tissage. C’est vraiment révoltant.

     Quand les grands empires de l’Antiquité furent dissous, laissant la place aux fiefs en guerre perpétuelle les uns contre les autres, ceux-ci formèrent des armées privées, entièrement constituées de femmes, tandis que les hommes restaient bien à l’abri dans les châteaux, à savourer les poèmes que les guerrières, entre deux combats, composaient en l’honneur de leurs charmes virils.

     Lorsque quelqu’un eut l’idée extravagante d’évangéliser le monde, rendant ainsi nécessaire d’envoyer sous tous les cieux des missionnaires, qui couraient le risque d’être empalés par les infidèles, égorgés par les bandits de grand chemin, ou trucidés par l’auditoire ennuyé de leurs sermons, ce fut encore aux femmes qu’incomba cette lourde tâche, tandis que ces messieurs se contentaient machiavéliquement de réciter des neuvaines devant les autels domestiques.

     Les malheureuses subirent une exploitation comparable, à l’occasion des croisades, lorsque, chargées de lourdes armures, elles traversèrent les déserts pour y être passées au fil de l’épée par les musulmans (ou plutôt par les musulmanes, car les disciples de Mahomet n’étaient pas moins machistes que nous). Sans parler des grandes navigations ! A la recherche d’or et de diamants, avec quoi parer leurs indolents compagnons, les braves navigatrices traversaient les sept mers et combattaient les féroces indigènes, qui parfois se les enfilaient mais uniquement – quelle misère ! – au sens gastronomique du terme.

     Enfin, quand l’Etat moderne institua le recrutement militaire obligatoire, ce furent les femmes qui constituèrent les troupes, avec peine de mort pour les désertrices et les récalcitrantes, tous cela pour que les hommes puissent rester chez eux à lire La princesse de Clèves.

     Depuis des millénaires, en somme, les femmes meurent sur les champs de bataille, charrient des pierres, construisent des bâtiments, luttent contre les fauves, traversent les déserts, les mers et les forêts, en sacrifiant tout pour nous, les mâles oisifs, qui n’affrontons pas de plus grand danger que celui de salir nos menottes avec les couches de nos bébés.

     En échange du sacrifice de leurs vies, nos héroïques défenseuses n’exigent rien de nous que le droit de parler fort à la maison, de percer quelques nappes avec la braise des cigarettes et, éventuellement, d’égarer une paire de chaussettes dans un coin du salon où il faut les chercher.

 

«Breve história do machismo», parue dans le Jornal da Tarde du 16 août 2001, reprise dans le recueil O mínimo que você precisa saber para não ser um idiota (Editora Record, Rio de Janeiro, 2013, p 497-498) et ici traduite par Philippe Billé (Lettre documentaire n° 500,  de février 2005).

vendredi 5 mars 2021

histoire de l'art

 Cher Jonas,
je vous ai envoyé des photocopies hier, et des impressions.
Et hier soir je me suis mis à lire votre mémoire, je l'ai presque fini.
Dans la première partie et dans les entretiens, il m'a intéressé d'apprendre des tas de choses que j'ignorais, et de me rappeler des tas d'autres que j'avais oubliées.
J'ignorais cette césure de 94 dans l'histoire d'ES2S, que de toute façon je n'ai jamais bien connue.
Des noms me sont familiers mais n'étaient pour moi que de vagues fantômes (Avila, Pennequin...).
Morlighem et Thiellement, je me souviens, quand ils sont apparus ils étaient si jeunes que je n'arrivais pas à les prendre au sérieux, ils me faisaient limite pitié, et ils ont fini par s'en tirer mieux que moi.
K Timar était venue m'interroger à Bordeaux, il y a bien longtemps.
Doury m'est devenu plus sympathique qu'il ne m'était.
Quel triste sort tout de même la mort précoce de sa femme, de lui-même puis de leur fille.
Le mot terrible de Seisser, que Bazooka était important, Doury joli mais pas important.
Il est certain qu'ESDS, malgré ses vertus, n'a pas l'impact historique de Bazooka.
(...).
Je lis toujours en notant machinalement les coquilles, je pourrai vous en signaler si vous voulez perfectionner votre ouvrage.
Captain Cavern né en 56 comme BR, PD et moi, je l'aurais cru bien plus jeune.
Avez-vous pas une photo de lui, j'aimerais voir sa tête.
Je sais que je l'ai croisé une fois, mais aucun souvenir.
Vous avez de bonnes formules, sur la légende des institutions lâches et des artistes héros transgressifs après le scandale de Lyon (il est tellement facile, rentable et peu risqué de faire ce genre de scandale), sur la récurrence ad nauseam des symboles nazis, sur le braconnage d'ESDS sur les terres de la littérature.
La bibliographie est bien faite.
Je reconnais sur la couverture du n° 87-88, Tu vas con damné etc, un dessin de dinosaure fait par mon fils, c'est un détail peu connu de l'histoire de l'art.
Il doit aussi figurer dans une de mes Ld.
C'est tout pour today.
Meilleur salut.
Ph.

jeudi 4 mars 2021

incitations

 Par contre, les incitations à la haine sociale, ou idéologique, ça ne gêne pas trop l'humanisme.

lundi 1 mars 2021

lundi

 Merveilles de la chronologie. J'aime bien l'impression d'ordre qu'apporte le calendrier lorsque le mois commence par un lundi. J'avais noté que 2018 était à cet égard une année faste, parce qu'alors ce fut le mois de janvier et donc l'année entière, qui partaient ainsi du bon pied. Je découvre maintenant ce nouveau luxe : en 2021, comme c'est le mois de février qui a commencé un lundi et qu'il dure pile 28 jours, nous avons rebelote en mars...