Le blog littéraire et agricole de Philippe Billé. Des notes de lecture, et des notes du reste.
mercredi 31 mars 2021
nature
mardi 30 mars 2021
lynch
Vu Une histoire vraie (The Straight story) de David Lynch (1999). Un vieil homme fâché avec son frère, qui vit à la campagne à plusieurs centaines de kilomètres, apprend que celui-ci vient d’avoir une attaque et que sa vie est menacée. Il décide d’aller le voir pour se réconcilier avec lui, mais comme il ne peut plus conduire de voiture, il a l’idée de faire le trajet en tracteur-tondeuse, avec une remorque pour transporter les bagages et s’abriter. Le film raconte ce drôle de voyage, avec les rencontres que fait le protagoniste et ses rapports téléphoniques avec sa fille simple d’esprit restée garder la maison. Je n’ai pas trop aimé le sentimentalisme de certaines scènes, ni le moralisme du vieux sage qui fait volontiers la leçon, mais c’est sans conteste une belle histoire. B.
lundi 29 mars 2021
chat borgne
A la Croix j’ai revu mon copain le chat borgne, qui vient de plus en plus souvent mendier dans mon jardin. J’ai de la sympathie pour ce pauvre animal. Je lui donne à manger en lui disant tiens, c’est rien que pour toi, tu peux bien te goberger.
dimanche 28 mars 2021
verdure
En montant à la Croix cette semaine j’ai pris deux auto-stoppeurs à Pons. Deux jeunes hommes à l’air sérieux, limite anxieux, chargés de lourds sacs à dos. Un peu mystérieux, aussi. Pour discuter avec celui qui était assis à côté de moi, j’ai essayé de savoir quel voyage ils faisaient. Ils venaient de Pau, m’a-t-il dit, mais il est resté évasif sur la destination : la Bretagne, et peut-être Lille… Je n'ai pas insisté. Ils souhaitaient que je les dépose à Saintes, où ils devaient se rendre au Leclerc, pour un rendez-vous semble-t-il. J’ignore où il se trouve, je connais peu la ville, que je contourne en général par la voie rapide. Comme je n’étais pas pressé, j’ai suggéré au voyageur de localiser le magasin sur le téléphone portable qu’il ne quittait pas des mains, comme tous les gens de son âge, mais il a bredouillé une excuse pour n’en rien faire. Eh bien, je les ai abandonnés à leur sort sur l’avenue centrale, le Cours National, en leur souhaitant bonne route.
Le hasard m’a amené ces derniers jours à préciser mes idées sur les traits distinctifs de deux espèces de petits animaux et de grands arbres, les rainettes et les séquoias. Les rainettes de la région peuvent être des rainettes méridionales (Hyla meridionalis) ou des rainettes dites vertes (Hyla arborea). Les deux sont généralement vertes mais peuvent être marron. La première, plus commune, porte un trait noir qui va de l’œil au cou, tandis que chez la seconde le trait se prolonge le long du corps jusqu’à l’aine. Les séquoias que l’on trouve dans les parcs appartiennent aux deux espèces américaines, le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum) et le séquoia toujours vert (Sequoia sempervirens). Malgré leur nom c’est le toujours vert qui peut pousser le plus haut, jusqu’à plus de cent mètres. Le séquoia géant a de jolis cônes ovoïdes de la grosseur d’une noix et de bizarres feuilles pointues, le toujours vert des cônes plus petits et des feuilles très reconnaissables, semblables à celles des ifs.
samedi 27 mars 2021
Peltex
J’ai lu avec intérêt La gloire des Models, d’un certain Jean Sérien, pseudonyme derrière lequel joue à se cacher, je crois, Dominique Leblanc (Editions Model-Peltex, Strasbourg, 2021). Ce livret est un numéro tardif, le quinzième de la revue Peltex, qui avait commencé de paraître en 1981 «dans le silence médiatique des provinces endormies». L’auteur y évoque sur un ton à la fois nostalgique et détaché les débuts de ce graphzine, son équipe, l’ambiance de l’époque. On y sent aussi comme une pointe d’amertume quant au fait qu’en ce domaine comme en d’autres, ne pas être parisien constitue un handicap. Le texte est illustré d’extraits de la revue et de photos. Et le format de l’ouvrage est tout naturellement l’archétypique format A5.
jeudi 18 mars 2021
presqu'aujourd'hier
mercredi 17 mars 2021
critique
En lisant naguère l'anthologie d'aphorismes espagnols El cántaro a la fuente (voir au 4 janvier) j'avais noté cette pensée d'un certain Jordi Doce, je traduis : «Trop de critiques approchent les livres comme si c'étaient des tremplins. Trop d'entre eux retombent dans la piscine d'eux-mêmes.» Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vise cette flèche : des critiques s'employant à parler d'eux-mêmes, plus que des livres dont ils rendent compte? Qui, par exemple? Cette pensée m'embarrasse car je ne peux m'empêcher de la rapprocher de ma propre pratique. Certes je ne suis pas critique littéraire, en tout cas pas professionnel, je ne suis pas payé pour évaluer les livres que je lis, mais enfin mes lectures sont probablement mon sujet de causerie le plus fréquent, et l'on peut dire que mes notes de lecture, éminemment subjectives, me concernent autant qu'elles concernent le bouquin en question. Elles informent plus ou moins complètement ou au contraire brièvement sur l'existence du livre, sur sa forme, sur son contenu, mais elle sont tout autant de la documentation sur mon âme, puisque je fais connaitre ce qui, dans tel ouvrage, m'a paru aimable, ou regrettable, ou indifférent, et je ne vois pas quel mal il y a à cela. Rédiger une critique, c'est donner son avis, et donc nécessairement parler de soi, plus ou moins explicitement. Même les critiques les plus prudents ne peuvent faire autrement que d'exposer leur goût, me semble-t-il.
dimanche 14 mars 2021
arbres
samedi 13 mars 2021
antifascisme
La police politique stalinienne dans la guerre civile espagnole (1937) :
extraits du chapitre X du livre de l'anarchiste Diego Abad de Santillán, Por qué perdimos la guerra («Pourquoi nous avons perdu la guerre»), paru d'abord en 1940, réédité en 1975 et en 2018, maintenant disponible en ligne (extraits ici traduits par Philippe Billé).
vendredi 12 mars 2021
créatives
Il m'étonne que les féministes, si créatives, n'aient pas encore inventé que c'est la faute aux hommes, si les femmes ont des règles. Mais cela ne saurait tarder.
jeudi 11 mars 2021
précision
Pour ce deuxième poème-liste Archipel, j'ai prospecté dans Google toutes les suggestions proposées aux demandes du type île aux A, île aux B, etc. Comme il y avait beaucoup de réponses (incluant des îles de fiction, des noms de magasins ou d'entreprises, et des périphrases descriptives, genre la Guadeloupe, île aux belles eaux) j'ai restreint mon choix aux noms d'îles réelles, vérifiables dans Wiki. Le résultat a une teneur très zoologique (onze cas sur dix-sept dénominations) mais ce n'était pas pour me déplaire.
ARCHIPEL (2)
L'île aux Aigrettes
L'île aux Basques
L'île aux Bénitiers
L'île aux Canards
L'île aux Cerfs
L'île aux Cochons
L'île aux Dames
L'île aux Eléphants
L'île aux Grues
L'île aux Hérons
L'île aux Juifs
L'île aux Moines
L'île aux Nattes
L'île aux Oiseaux
L'île aux Ours
L'île aux Serpents
L'île aux Vaches
mercredi 10 mars 2021
mes poches
GRANDS REPORTAGES : Contenu habituel de mes poches de pantalon.
Dans la poche avant gauche : un stylo (un Bic Cristal Pocket de demi-format, très commode pour la poche, le seul inconvénient est que pour m'en procurer un noir il faut que j'en achète un lot de quatre comprenant aussi un bleu, un vert et un rouge, desquels je ne me sers pas et que je jette), un ou deux mouchoirs en papier absorbant (le plus souvent de simples feuilles d'essuie-tout, auxquelles peuvent s'ajouter des essuie-main de table, de café ou de sandwich, si bien que je transporte quelquefois un trousseau de quatre ou cinq feuilles), et souvent une clé usb.Dans la poche avant droite : un crayon de petite taille (un reste de crayon de cinq ou six centimètres, dont je ne me sers quasiment pas car il est rarement plus utile que le stylo de la poche gauche, mais enfin il a acquis droit de cité je ne sais trop comment et il reste à demeure), un stick inhalateur que j'aime bien me fourrer dans le nez de temps en temps (je le fais recharger en senteurs une fois par an), par périodes un briquet. La mini-poche supplémentaire qui parfois se trouve au-dessus ou à l'intérieur de la poche droite principale, en général je ne m'en sers pas.
mardi 9 mars 2021
SOS livres
J'ai sauvé de la benne, d'une benne institutionnelle, deux volumes de la Géographie universelle de Vidal de la Blache et Gallois. Ils sont dans un drôle d'état : il leur manque la couverture (ils ont visiblement été abandonnés en cours de reliure, l'un d'eux a des plats en carton) mais les pages sont en très bon état (l'un des deux n'a pas été coupé, donc jamais feuilleté). Il s'agit du tome II (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, 1927, 250 pages) et du tome IV (Europe centrale I : Généralités, Allemagne, 1930, 379 pages). Je ne souhaite pas conserver ces livres, dont je n'ai pas besoin. Dans quelques jours j'irai les déposer dans une boîte à livres, mais d'ici là si cela peut intéresser un de mes lecteurs, il faut me le dire. Bonne journée.
lundi 8 mars 2021
réédition
BREVE HISTOIRE DU MACHISME, par Olavo de Carvalho
Les femmes ont toujours été exploitées par les hommes. S’il est une vérité que nul ne conteste, c’est bien celle-ci. Des solennels amphithéâtres d’Oxford aux talk-shows télévisés, du Collège de France au carnaval de Rio, le monde entier réaffirme cette certitude, peut-être la moins mise en doute de toutes celles qui ont jamais traversé le cerveau humain, si tant est qu’elle ne soit pas directement passée des utérus aux thèses universitaires.
Ne souhaitant pas m’opposer à une si auguste unanimité, je me propose de réunir ici quelques données qui pourront renforcer, chez les croyants de tous les sexes existants et à inventer, leur sentiment de haine envers le mâle hétérosexuel adulte, ce type exécrable à qui aucun individu, ayant eu le malheur de naître de sexe masculin, ne veut ressembler en grandissant.
Notre histoire commence à l’aube des temps, à quelque période imprécise, entre Néandertal et Cro-Magnon. C’est dans ces heures sombres qu’a débuté l’exploitation de la femme. L’époque était dure. Les communautés humaines, vivant dans des grottes, étaient constamment ravagées par les attaques des fauves. Les hommes, profitant de leurs prérogatives de classe dominante, eurent tôt fait de se réserver les places les plus confortables et les plus sûres de l’ordre social : ces petits malins restaient à l’intérieur des cavernes, donnant à manger aux bébés et se peignant les cheveux, tandis que les pauvres femmes, armées de simples massues, partaient affronter les lions et les ours.
Lorsque l’économie de cueillette fut remplacée par l’agriculture et l’élevage, les hommes réalisèrent encore un beau coup en assignant aux femmes les tâches les plus lourdes, comme de transporter des pierres, de dompter des chevaux, d’ouvrir des sillons dans la terre avec la charrue, tandis qu’eux-mêmes restaient bien tranquilles à la maison, peignant des poteries et jouant au tissage. C’est vraiment révoltant.
Quand les grands empires de l’Antiquité furent dissous, laissant la place aux fiefs en guerre perpétuelle les uns contre les autres, ceux-ci formèrent des armées privées, entièrement constituées de femmes, tandis que les hommes restaient bien à l’abri dans les châteaux, à savourer les poèmes que les guerrières, entre deux combats, composaient en l’honneur de leurs charmes virils.
Lorsque quelqu’un eut l’idée extravagante d’évangéliser le monde, rendant ainsi nécessaire d’envoyer sous tous les cieux des missionnaires, qui couraient le risque d’être empalés par les infidèles, égorgés par les bandits de grand chemin, ou trucidés par l’auditoire ennuyé de leurs sermons, ce fut encore aux femmes qu’incomba cette lourde tâche, tandis que ces messieurs se contentaient machiavéliquement de réciter des neuvaines devant les autels domestiques.
Les malheureuses subirent une exploitation comparable, à l’occasion des croisades, lorsque, chargées de lourdes armures, elles traversèrent les déserts pour y être passées au fil de l’épée par les musulmans (ou plutôt par les musulmanes, car les disciples de Mahomet n’étaient pas moins machistes que nous). Sans parler des grandes navigations ! A la recherche d’or et de diamants, avec quoi parer leurs indolents compagnons, les braves navigatrices traversaient les sept mers et combattaient les féroces indigènes, qui parfois se les enfilaient mais uniquement – quelle misère ! – au sens gastronomique du terme.
Enfin, quand l’Etat moderne institua le recrutement militaire obligatoire, ce furent les femmes qui constituèrent les troupes, avec peine de mort pour les désertrices et les récalcitrantes, tous cela pour que les hommes puissent rester chez eux à lire La princesse de Clèves.
Depuis des millénaires, en somme, les femmes meurent sur les champs de bataille, charrient des pierres, construisent des bâtiments, luttent contre les fauves, traversent les déserts, les mers et les forêts, en sacrifiant tout pour nous, les mâles oisifs, qui n’affrontons pas de plus grand danger que celui de salir nos menottes avec les couches de nos bébés.
En échange du sacrifice de leurs vies, nos héroïques défenseuses n’exigent rien de nous que le droit de parler fort à la maison, de percer quelques nappes avec la braise des cigarettes et, éventuellement, d’égarer une paire de chaussettes dans un coin du salon où il faut les chercher.
«Breve história do machismo», parue dans le Jornal da Tarde du 16 août 2001, reprise dans le recueil O mínimo que você precisa saber para não ser um idiota (Editora Record, Rio de Janeiro, 2013, p 497-498) et ici traduite par Philippe Billé (Lettre documentaire n° 500, de février 2005).
vendredi 5 mars 2021
histoire de l'art
je vous ai envoyé des photocopies hier, et des impressions.
Et hier soir je me suis mis à lire votre mémoire, je l'ai presque fini.
Dans la première partie et dans les entretiens, il m'a intéressé d'apprendre des tas de choses que j'ignorais, et de me rappeler des tas d'autres que j'avais oubliées.
J'ignorais cette césure de 94 dans l'histoire d'ES2S, que de toute façon je n'ai jamais bien connue.
Des noms me sont familiers mais n'étaient pour moi que de vagues fantômes (Avila, Pennequin...).
Morlighem et Thiellement, je me souviens, quand ils sont apparus ils étaient si jeunes que je n'arrivais pas à les prendre au sérieux, ils me faisaient limite pitié, et ils ont fini par s'en tirer mieux que moi.
K Timar était venue m'interroger à Bordeaux, il y a bien longtemps.
Doury m'est devenu plus sympathique qu'il ne m'était.
Quel triste sort tout de même la mort précoce de sa femme, de lui-même puis de leur fille.
Le mot terrible de Seisser, que Bazooka était important, Doury joli mais pas important.
Il est certain qu'ESDS, malgré ses vertus, n'a pas l'impact historique de Bazooka.
(...).
Je lis toujours en notant machinalement les coquilles, je pourrai vous en signaler si vous voulez perfectionner votre ouvrage.
Captain Cavern né en 56 comme BR, PD et moi, je l'aurais cru bien plus jeune.
Avez-vous pas une photo de lui, j'aimerais voir sa tête.
Je sais que je l'ai croisé une fois, mais aucun souvenir.
Vous avez de bonnes formules, sur la légende des institutions lâches et des artistes héros transgressifs après le scandale de Lyon (il est tellement facile, rentable et peu risqué de faire ce genre de scandale), sur la récurrence ad nauseam des symboles nazis, sur le braconnage d'ESDS sur les terres de la littérature.
La bibliographie est bien faite.
Je reconnais sur la couverture du n° 87-88, Tu vas con damné etc, un dessin de dinosaure fait par mon fils, c'est un détail peu connu de l'histoire de l'art.
Il doit aussi figurer dans une de mes Ld.
C'est tout pour today.
Meilleur salut.
Ph.
jeudi 4 mars 2021
incitations
Par contre, les incitations à la haine sociale, ou idéologique, ça ne gêne pas trop l'humanisme.
lundi 1 mars 2021
lundi
Merveilles de la chronologie. J'aime bien l'impression d'ordre qu'apporte le calendrier lorsque le mois commence par un lundi. J'avais noté que 2018 était à cet égard une année faste, parce qu'alors ce fut le mois de janvier et donc l'année entière, qui partaient ainsi du bon pied. Je découvre maintenant ce nouveau luxe : en 2021, comme c'est le mois de février qui a commencé un lundi et qu'il dure pile 28 jours, nous avons rebelote en mars...