lundi 4 janvier 2021

aforismos

 

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'anthologie El cántaro a la fuente : Aforistas españoles para el siglo XXI (coédition Apeadero de Aforistas et Thémata Editorial, 2020). Les deux maîtres d'ouvrage, José Luis Trullo et Manuel Neila, par ailleurs poètes et essayistes, sont eux-mêmes des praticiens, des commentateurs, et des éditeurs d'aphorismes. Ce recueil El cántaro a la fuente (la cruche à l'eau) réunit un choix d'aphorismes écrits au XXIe siècle par 66 auteurs espagnols, présentés dans l'ordre chronologique de leur date de naissance, allant de 1922 à 1988, et à chacun desquels sont consacrées une ou deux pages. On retrouve naturellement parmi eux Ramón Eder, que mes lecteurs connaissent. La plupart de ces aphorismes sont extraits de recueils déjà publiés par les auteurs, mais quelques uns sont des inédits. Beaucoup de pensées m'ont plu dans ce petit volume vraiment stimulant. Je ne résiste pas au plaisir d'en traduire ci-dessous une douzaine pour mes lecteurs.

De Carlos Castillo del Pino (1922-2009, le seul de ces écrivains à n'être plus de ce monde) : «L'intimité existe pour nous reposer des autres formes de la vie.»


D'Angel Guinda : «La beauté est toujours une apparition.»


De Manuel Neila : «Il existe quelques livres à feuilles persistantes... et beaucoup, beaucoup de livres à feuilles caduques.»


De Juan Kruz Igerabide : «La révolution aussi, c'est l'opium du peuple.»


De Luis Felipe Comendador : «Une femme mince semble beaucoup plus nue, quand elle se dénude.»


De Karmelo Iribarren : «J'ai passé toute ma vie à me rapprocher de quelque chose d'important, qui n'arrête pas de se déplacer.»


De Jaime Fernández : «Le pessimiste est un spectateur. L'optimiste, un spectacle.»


De Félix Trull (pseudonyme de José Luis Trullo) : «Seuls les très jeunes ou les très grossiers peuvent arborer leurs certitudes comme si c'étaient des étendards victorieux.»


De Gabriel Insausti : «Entre la solitude et la compagnie, il arrive que l'on ne sache pas bien laquelle est la maladie, et laquelle le remède.»


De Sergio García Clemente : «Il y a des choses qui sont invisibles jusqu'à ce qu'elles disparaissent.»


De Victoria León : «Il y a des clés qui ouvrent des portes qui n'existent plus.»


De Jesús Montiel : «Une époque qui ridiculise le sacré sacralise le ridicule.»


Je ne peux que saluer une fois de plus l'extrême fertilité du «genre le plus bref» chez nos voisins espagnols.

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