jeudi 22 avril 2021

Espagne rouge

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt Espagne rouge, Scènes de la guerre civile, de Ksawery Pruszynski (Buchet-Chastel, 2020). C’est un gros volume (près de 500 pages) de reportages effectués par ce journaliste polonais dans les derniers mois de 1936 et les premiers de 1937. Il visite largement l’Espagne mais uniquement en territoire républicain, arrivant en Catalogne, gagnant ensuite le pays valencien, séjournant plus longuement à Madrid, revenant enfin au Nord pour terminer son voyage par le Pays basque. D’entrée il est confronté à ce qui n’est plus une banale république mais un pays plongé dans la tourmente révolutionnaire, avec partout des hommes en armes y compris dans les rues des grandes villes, des murs tapissés d’affiches et de drapeaux rouges et noirs (p 45), des églises incendiées (71, 88 etc), des sentinelles à l’entrée de toutes les villes et villages («tout comme au Moyen Age», 84). Il paie de sa personne (le simple fait de voyager dans l’Espagne d’alors était risqué) et s’aventure plusieurs fois sur la ligne de front au péril de sa vie, notamment aux alentours de Madrid. Un des aspects les plus intéressants de son enquête, ce sont les nombreux propos qu’il recueille. Lui-même est un «homme de droite» (194) bien informé des merveilles du marxisme par le voisinage de la Pologne avec la Russie soviétique, mais la plupart de ses interlocuteurs le prennent pour un sympathisant communiste, comme le sont beaucoup d’étrangers circulant alors en zone républicaine, et ils lui font volontiers des confidences qui dressent un tableau peu reluisant de l’Espagne révolutionnaire. Il y a des révélations cocasses, comme le cas du député B qui avoue collectionner les objets d’artisanat ancien qu’il vole dans les «maisons de fascistes» devenues «propriété du peuple» (144-145, 148) ou tel journaliste de gauche, qui lui s’intéresse plus aux instruments utilitaires modernes (157). C’est moins drôle quand sous les yeux du reporter de jeunes miliciens armés menacent une mère de famille terrorisée, dont le mari et deux fils ont déjà été fusillés, en lui ordonnant de leur procurer des objets (149). Car on fusille énormément, quotidiennement, non seulement les curés et les nonnes, mais aussi les «fascistes» et les «bourgeois», toute personne n’étant pas manifestement de gauche pouvant être condamnée par un «tribunal populaire» ou simplement abattue par des «justiciers» improvisés. Il y a une scène édifiante où le journaliste et une collègue s’étonnent de voir qu’une nonne sert d’infirmière dans un hôpital militaire. Leur accompagnateur se croit alors tenu d’expliquer en s’excusant presque de ne pas avoir fait fusiller cette religieuse avec les autres, car elle pouvait se rendre utile (140-141). Il y a aussi l’histoire du bateau blanc ancré à Almería, d’où chaque jour quelques uns des suspects qui y sont retenus prisonniers sont emmenés à terre pour être fusillés. La rumeur circule que les cadavres en décomposition contamineraient une source fournissant l’eau courante, mais les autorités rassurent la population en déclarant qu’il n’y a pas de pollution et que chaque jour les corps sont recouverts de chaux (175-177). Le plus terrible est sans doute la conversation avec un jeune militant communiste franco-espagnol âgé de dix-huit ans, participant aux «sections mobiles» qui exécutent des gens la nuit. «Eh bien oui, j’ai fusillé, pourquoi vous me regardez comme ça ? … Bien sûr, sans jugement … Qu’est-ce que ça serait comme révolution, si elle ne tuait pas ? … C’est ce qu’il faut pour tout changer … Pour que le monde soit meilleur.» La procédure est ignoble. On va chercher un gars la nuit en lui promettant qu’il ne s’agit que de se rendre à un interrogatoire qui ne durera pas plus d’une demi-heure. «Si t’avais pas d’arme ils te laisseront partir. – Mais vous n’avez pas trouvé d’arme chez moi ! C’est vrai, ces bourgeois ils n’avaient jamais d’arme … C’est seulement quand il voyait qu’on était à l’extérieur de la ville qu’il commençait à s’inquiéter. Où vous m’emmenez ? … On disait : descends ! … Alors boum, dans la nuque, au révolver.» Il y a une scène pénible où une femme s’accroche à son vieux mari gémissant et se révolte, dit aux miliciens qu’elle sait très bien qu’ils vont le flinguer et demande à être tuée avec lui (203-205). Le livre présente ainsi toute une série de tableaux qui donnent une idée de l’ambiance régnant à l'époque. Un point de vocabulaire notable est que l’usage complaisant du mot «fascisme» dans l’Espagne d’alors était à peu près le même que dans le monde d’aujourd’hui : «le mot «fascisme» … était si populaire aussi parce que de façon magique il dispensait de toute explication ou justification. Je crois que très souvent ceux qu’on avait tués pour leur fascisme et ceux qui les avaient tués pour cette raison auraient été incapables d’expliquer … ce qu’était vraiment le fascisme.» Je ne sais quelle était la formation de Pruszynski mais il paraît bien informé de l’histoire et de la géographie du pays. Cela apparaît notamment quand, au-delà de ses observations directes, il livre des analyses pertinentes et nuancées de la situation politique et économique. Par exemple au sujet de la pauvreté des campagnes, provoquant un exode massif vers les grandes villes, où les ruraux démunis venaient grossir les rangs du prolétariat, de l’armée et de la prostitution. Il distingue le cas, pas si général, des paysans sans terre dans les régions de latifundia comme l’Andalousie (344 sq), les cas au contraire où la pauvreté s’auto-génère comme dans les minifundia des petits paysans de Murcie (quatorze enfants sur une propriété de onze arpents, cela pose en effet des problèmes d’héritage, 58), les cas plus favorables du paysan riche de Valence, à la «petite propriété mais autosuffisante» (376) ou du paysan catalan «instruit et propère», avec «beaucoup de terre et peu d’enfants» (82). L’auteur analyse aussi la façon dont le destin a fait qu’avec la mort successive, par exécution ou par accident, de plusieurs leaders rebelles (Calvo Sotelo, Sanjurjo, Godet, bientôt Mola), assez vite «le vide se crée autour de Franco» et le soulèvement prend un tour qu’il n’avait pas au départ (rappelons que le principal instigateur, le général Mola, était très à droite mais républicain, et d’ailleurs franc-maçon). Pruszynski n’a pas rencontré que des gens du commun mais aussi des personnalités comme le général communiste Lister, la Pasionaria, et le docteur Gregorio Marañón, auquel il consacre un chapitre en rapportant un entretien. Marañón, intellectuel célèbre et républicain de la première heure, était déçu et épouvanté par le tournant révolutionnaire. C’est sans doute un remarquable travail qu’a accompli Brigitte Gautier en traduisant, préfaçant et annotant ce livre, mais il est dommage qu’on ne l’ait pas fait relire par quelqu’un qui connaisse l’Espagne et l’espagnol. Nombre d’erreurs dans les propos transcrits et les toponymes, erreurs qui se trouvaient peut-être déjà dans le texte original polonais, auraient pu être corrigées dans cette édition. Malgré cela il s’agit là d’un ouvrage très intéressant, agréable à lire et plein d’enseignements.

mercredi 21 avril 2021

sept arbres

Du temps que j’étais redevenu bordelais, il y a deux trois ans, j’avais consacré quelques promenades à rendre visite aux sept vieux arbres de la ville auxquels les experts ont accordé le titre de «remarquables». Le Cyprès chauve du parc Rivière. Le Pacanier et le Cyprès de marais du Mexique du Jardin public, pas faciles à trouver. Le Peuplier noir du parc Chantecrit, zone sinistre si je me souviens bien. Mes préférés ont été la Glycine des Archives municipales, rue du Loup, seule de ces vénérables que je connaissais déjà, et les deux Arbres de Judée de l’hôpital Charles Perrens, zone pas très gaie non plus. Ces deux-là doivent avoir en ce moment les belles fleurs pourpres de leur espèce. J’ajouterais bien à cette liste la treille centenaire de la place de la Victoire.

lundi 19 avril 2021

avec Placid

Ce week-end à la Croix-Comtesse j’hébergeais l’ami Placid, que je n’avais revu depuis quelques années. Parti de son perchoir du Perche à destination de la Gascogne, il faisait halte à mi-chemin dans mon ranch. Nous procédâmes aux potlatches d’usage : pour ma part je reçus entre autres son imposant recueil de dessins au stylo polychrome exécutés chaque jour de l’année 2007, et je lui offris des dessins d’étrangers (un volume du Graphische Werk d’Adolph von Menzel, et les Vrouwen de Bantzinger). J’avais prévu des menus à la mesure de mes compétences : salade aux neuf ingrédients et saucisses grillées vendredi soir, samedi midi patates bouillies et charcuteries, le soir platée de riz au thon et aux œufs. Nous discutâmes de choses et d’autres. Selon mon hôte normand, le nom de Disney viendrait de d’Isigny, et c’est la taille plus que le goût qui distingue trois fameux fromages : le Camembert ne serait qu’un petit Coulommiers, lequel ne serait qu’un petit Brie. Je n’y avais jamais songé.

vendredi 16 avril 2021

rêve

 J’ai rêvé que je me trouvais avec un couple d’inconnus mais qui étaient mes amis, avec qui j’allais visiter un musée d’art. Il était situé dans un énorme bâtiment moderne. Nous y étions accueillis par un guide, qui nous prévenait que l’on se perdait souvent dans ce grand musée. Une fois dedans, je m’étonnais de ce que les salles soient remplies de mobilier vieillot, et qu’il n’y ait presque pas de tableaux. Notre guide avait maintenant les traits de Jean-Luc Mélenchon (!). Il nous fit monter à bord d’une voiture, qu’il conduisait à vive allure dans les rues d’une ville qui me paraissait brésilienne. J’étais assis entre l’homme et la femme du couple. En passant, j’aperçus un magasin dont la devanture portait en grosses lettres le nom de Bordéus (Bordeaux en portugais). Mais enfin, demandai-je au chauffeur, sommes-nous vraiment toujours dans le musée ? Sur quoi je m’éveillai.

lundi 12 avril 2021

cerf sacré

Vu Mise à mort du cerf sacré, de Yorgos Lanthimos (The killing of a sacred deer, 2017). Un jeune homme, dont le père est mort lors d’une opération du cœur, exige que le chirurgien, dont il est devenu l’ami, tue en compensation une personne de sa propre famille. L’ado mystérieux fait pression avec son pouvoir surnaturel de rendre les gens mortellement malades. Le jeune acteur a une tête un peu bizarre à la Elon Musk et dodeline sans arrêt. Je n’ai pas aimé l’ouverture sur un gros plan de chirurgie cardiaque écoeurant et pas très utile, ni la fin en queue de poisson. Sans quoi le motif, paraît-il inspiré d’Iphigénie, est bien trouvé, l’histoire assez prenante et joliment filmée. B.

dimanche 11 avril 2021

Preciado

L’air de rien, j’ai quand même réussi à lire les quatre ou cinq premières pages de l’essai de Paul B Preciado, Je suis un monstre qui vous parle (Grassette & Fasquil, 2020). Son style confus et suffisant m’insupporte, je n’irai pas plus loin. Le titre devrait être «Je suis un prétentieux qui vous fait la leçon». Un peu déçu, j’ai voulu me rabattre sur le copieux article que lui consacre Wikipédia, mais là encore, je n’ai pas la patience de lire jusqu'au bout ces billevesées marxistes-féministes, je me contenterai des premiers paragraphes. Popaul était jadis une femme espagnole, née Beatriz Preciado, à qui le vilain état catho-franquiste patriarcal avait attribué, avec peut-être quelques raisons à mon avis, le genre féminin. Plus tard, n’ayant jamais digéré cet abus scandaleux, Béa s’est employée, au prix de je ne sais quel tripatouillage pharmaceutique ou chirurgical, à prendre une identité masculine. Ma foi, si il ou elle s’en trouve mieux, grand bien lui fasse. Faut-il pour autant trépigner en expliquant au monde entier que cela est formidable et que les gens ont bien tort de croire que l’humanité est constituée d’hommes et de femmes, c’est une autre affaire. Paulette a des idées sur la création d’une «société nouvelle», dans laquelle les sexes seraient indistincts. Elle propose «une alternative à la sexualité» … «dans laquelle l’anus et le godemichet sont au centre du comportement sexuel». Quel progrès ! En 2013, lis-je, Popaulette a appelé les femmes à s’affirmer «en tant que citoyens entiers et non plus comme utérus reproductifs … par l’abstinence et par l’homosexualité, mais aussi par la masturbation, la sodomie, le fétichisme, la coprophagie, la zoophilie, et l’avortement». Je pense qu’en effet tout ira mieux ainsi. A mon grand regret l’article de Wiki ne fournit pas d’illustrations montrant Preciado dans ses exercices de libération coprophagique et zoophilique. Espérons que cette lacune soit bientôt comblée.

samedi 10 avril 2021

Christchurch

J'ai lu le début puis seulement parcouru le reste du manifeste rédigé par Brenton Tarrant, auteur des attentats anti-musulmans de mars 2019 à Christchurch en Nouvelle-Zélande. L'attaque et le texte sont l'oeuvre d'un fou furieux dans la lignée d'Anders Breivik, auquel il se réfère et qu'il imite mais en moins bien, c'est le Breivik du pauvre. Comme Breivik il attaque par surprise, à l'arme automatique, des innocents désarmés (Breivik avait fait 77 morts, lui «seulement» 51). Comme Breivik il a un certain goût de la mise en scène, lui peint des inscriptions en blanc sur ses armes. Comme Breivik il publie un manifeste, plus bref (Breivik dans les 1500 pages, lui dans les 70) mais quand même trop long et répétitif, 7 pages auraient suffi. Comme Breivik il part d'un constat sociologique («Nous subissons une invasion d'une ampleur sans précédent», ce qui a quand même plus de sens pour la vieille Europe que pour la Nouvelle-Zélande), il en tire un diagnostic douteux (c'est le «white genocide», le génocide des Blancs) et des conclusions militaires délirantes. Comme Breivik il recourt au faux interview. Il se présente comme un homme blanc ordinaire de 28 ans, né en Australie dans une famille ouvrière d'origine écossaise, irlandaise et anglaise, n'ayant pas fait d'études supérieures. Il aurait fait fortune avec une crypto-monnaie, grâce à quoi il aurait pu voyager depuis 2017 dans différents pays, dont en Europe la France, l'Espagne, le Portugal. Tous cela est assez vague et secret, il ne cite aucun lieu précis. Il évoque surtout la France, où il aurait été choqué en constatant la démographie visible, aurait pleuré en songeant aux nombreux morts en vain d'un cimetière militaire, et aurait désespéré des solutions politiques après les résultats de l'élection présidentielle de 2017. Politiquement il déclare avoir été communiste puis anarchiste, se définit comme «éco-fasciste», et affirme que le régime existant dont il se sent le plus proche est celui de la Chine. Il dit n'appartenir à aucun parti mais prétend avoir été en contact avec l'ordre des Templiers refondé, comme Breivik. Le bilan de son action criminelle est nul sur le plan démographique, et contre-productif sur le plan politique. Il n’aura contribué qu’à discréditer ceux qui s’inquiètent du «grand remplacement» (formule qui vaut ce qu'elle vaut mais désigne des bouleversements sociologiques indéniables) et à conforter les sophistes selon qui s'en inquiéter conduit nécessairement au terrorisme.

vendredi 9 avril 2021

jaune

Des jaunes que j'ai aimés

Le jaune magnétique d’une route au milieu d’un paysage, vu dans une image de livre d’enfant.

Le jaune d’œuf et celui des omelettes.

Le jaune des citrons, des bananes.

Le jaune du bec des merles.

Le jaune des loriots.

Le jaune et noir de Kodak.

Le jaune d’une écharpe en tricot, trouvée sur une pelouse et portée des années, avant de la perdre à mon tour.

Le jaune de la Renault 4 que je conduisais à vingt ans.

Le jaune des cartes Michelin au 1/200,000.

Le jaune du National Geographic.

Le jaune de mon couvre-pied.


(Note dédiée à Carnif Low)

jeudi 8 avril 2021

nationalisme

 Peut-on dire que de même qu’il existe deux principes de guerre, d’une part les guerres d’attaque, guerres de conquête ou de domination, d’autre part les guerres défensives, guerres de résistance, de même il existe deux sortes de nationalismes, un nationalisme agressif et un nationalisme défensif ?

mercredi 7 avril 2021

neige

J’ai lu avec plaisir la bandessinée Nieve en los bolsillos («De la neige dans les poches») du dessinateur barcelonais Kim (Joaquim Aubert Puigarnau) parue en 2018. Moins appuyée idéologiquement que d’autres œuvres de l’artiste, c’est une histoire autobiographique dans laquelle Joaquín (il écrivait alors son prénom à l’espagnole) raconte le voyage de quelques mois qu’il a fait en Allemagne de l’Ouest d’octobre 1963 à mars 1964, pour prendre des vacances avant d’accomplir son service militaire. Ce sont là de rudes vacances, dans un pays où il fait bientôt grand froid. Le protagoniste se déplace en auto-stop, erre de ville en ville, exécutant à l’occasion de petits boulots. Assez vite il trouve à s’installer dans une sorte de pension pour travailleurs émigrés, la plupart espagnols, où faute de chambre libre on l’héberge dans un sous-sol. Il aménage son studio avec des meubles de fortune et le décore si bien que le local devient une sorte de club où ses camarades viennent passer des soirées à boire et à manger, chanter et discuter. Le directeur de l’établissement, sachant que le jeune homme étudie les beaux-arts, met gentiment à sa disposition du matériel et des fournitures qui trainaient dans les greniers. Au récit picaresque du touriste désargenté s’ajoutent les intéressants récits secondaires des personnages dont il fait connaissance, notamment les compatriotes qui lui racontent les drames personnels les ayant poussés à venir en Allemagne. Le protagoniste est naturellement antifasciste, mais c’est un antifasciste à visage humain, il avoue éprouver de la peine quand un compatriote phalangiste est obligé de quitter la pension parce que les gentils travailleurs de gauche lui rendent la vie impossible. Autre curiosité, l’auteur n’a pas l’air anti-clérical : il s’émerveille en passant devant la cathédrale de Cologne, s’exerce à l’occasion sur des sujets religieux (il sculpte une Vierge en bois et peint le portrait d’une nonne morte) et les prêtres qu’il représente sont bienveillants (celui qui aide un déserteur à quitter l’Espagne, celui qui permet une fête réunissant émigrés et émigrées, l’évêque qui lui achète ledit portrait). Enfin, Kim n’a pas eu l’émigration maussade, il ne se plaint pas du pays d’accueil, au contraire beaucoup des Allemands qu’il croise sont attentionnés et aimables. Ce long album de près de deux cents pages est assez captivant, je le recommande. Il a été traduit en 2019, paraît-il, sous le titre Un rêve d’ailleurs.

mardi 6 avril 2021

patronyme

    Si mon patronyme est un nom de bûcheron, le nom de celui qui fait des billes de bois, c’est à dire des tronçons, si donc c’est un nom de métier, il devrait selon l’usage s’écrire Biller ou Billier, comme boulanger ou pâtissier. J’ai vu que certains de mes aïeux s’appelaient Billié, et Billet. Mais Billé me convient. Ce nom de cinq lettres, comme les doigts de la main, me va comme un gant.

lundi 5 avril 2021

nous autres

 J’aime bien le Nous autres, plus exactement Nous autes, des Québécois, assez semblable à celui des pésants de mon coin. De même le Pis, pour Et puis.

samedi 3 avril 2021

arboles

Peu de livres m'auront paru aussi aimables que ce Hablemos de árboles, publié par un certain Gerónimo Sosa en 1961 à Mendoza, en Argentine. Il y a d'abord l'aspect rassurant de l'objet : c'est un robuste gaillard de près de quatre cents pages, au papier lisse resté d'un blanc impeccable, avec une solide reliure en carton vert. Il y a ensuite la belle désinvolture de ce titre sans façons : «Parlons d'arbres». Il y a enfin la qualité riche et variée du contenu. Le livre comprend deux parties, dont la première est une présentation des arbres en général : leur histoire, leur biologie, leur utilité, leur agrément. Il n’y manque pas même une trentaine de pages consacrées à une anthologie de poèmes sur les arbres, par quelques auteurs espagnols et hispano-américains. Après cette «Parte general» vient la seconde, plus longue, la «Parte especial», dans laquelle sont passés en revue tous les arbres d’Argentine, aussi bien les espèces indigènes que les exotiques, importées d’Europe ou d’ailleurs. Elles sont présentées dans l’ordre alphabétique du nom commun, avec quelques entorses ingénieuses à cet ordre afin de rapprocher des essences cousines, que leur dénomination éloignerait (on rassemble ainsi, par exemple, toutes les espèces de pins, ou de palmiers, quels que soient leurs noms particuliers). Chaque espèce est documentée non seulement par du texte mais aussi tantôt par des photos, tantôt par de délicats dessins botaniques, lesquel(le)s sont également l’œuvre de l’auteur, qui n’a pas fait les choses à moitié. Je me régale à feuilleter ce livre admirable, qui entre dans la catégorie des chefs d’œuvre.

vendredi 2 avril 2021

incendie

Il y a au nord de la Croix en pleins champs une ancienne maison à un étage, reconvertie en grange. Les fenêtres de la façade sont murées et une grande ouverture a été pratiquée dans le mur arrière. On l’appelle la Grange du Pendu depuis qu’un militaire y a été trouvé pendu je ne sais trop quand. En passant à distance en voiture ces derniers mois j’avais été surpris de voir que le toit du bâtiment pourtant robuste s’était effondré. Je viens d’apprendre que cela s’est produit suite à un incendie, en juillet dernier. La cause est terrible : des crétins y ont amené une voiture volée à laquelle ils ont mis le feu, qui s’est propagé à la charpente. Voilà encore un crime qui restera impuni, je suppose.

jeudi 1 avril 2021

bobonnarcat

 Qui donc dénoncera l'empire de Bobonne, la bobonnocratie, l'odieux bobonnarcat?