samedi 10 avril 2021

Christchurch

J'ai lu le début puis seulement parcouru le reste du manifeste rédigé par Brenton Tarrant, auteur des attentats anti-musulmans de mars 2019 à Christchurch en Nouvelle-Zélande. L'attaque et le texte sont l'oeuvre d'un fou furieux dans la lignée d'Anders Breivik, auquel il se réfère et qu'il imite mais en moins bien, c'est le Breivik du pauvre. Comme Breivik il attaque par surprise, à l'arme automatique, des innocents désarmés (Breivik avait fait 77 morts, lui «seulement» 51). Comme Breivik il a un certain goût de la mise en scène, lui peint des inscriptions en blanc sur ses armes. Comme Breivik il publie un manifeste, plus bref (Breivik dans les 1500 pages, lui dans les 70) mais quand même trop long et répétitif, 7 pages auraient suffi. Comme Breivik il part d'un constat sociologique («Nous subissons une invasion d'une ampleur sans précédent», ce qui a quand même plus de sens pour la vieille Europe que pour la Nouvelle-Zélande), il en tire un diagnostic douteux (c'est le «white genocide», le génocide des Blancs) et des conclusions militaires délirantes. Comme Breivik il recourt au faux interview. Il se présente comme un homme blanc ordinaire de 28 ans, né en Australie dans une famille ouvrière d'origine écossaise, irlandaise et anglaise, n'ayant pas fait d'études supérieures. Il aurait fait fortune avec une crypto-monnaie, grâce à quoi il aurait pu voyager depuis 2017 dans différents pays, dont en Europe la France, l'Espagne, le Portugal. Tous cela est assez vague et secret, il ne cite aucun lieu précis. Il évoque surtout la France, où il aurait été choqué en constatant la démographie visible, aurait pleuré en songeant aux nombreux morts en vain d'un cimetière militaire, et aurait désespéré des solutions politiques après les résultats de l'élection présidentielle de 2017. Politiquement il déclare avoir été communiste puis anarchiste, se définit comme «éco-fasciste», et affirme que le régime existant dont il se sent le plus proche est celui de la Chine. Il dit n'appartenir à aucun parti mais prétend avoir été en contact avec l'ordre des Templiers refondé, comme Breivik. Le bilan de son action criminelle est nul sur le plan démographique, et contre-productif sur le plan politique. Il n’aura contribué qu’à discréditer ceux qui s’inquiètent du «grand remplacement» (formule qui vaut ce qu'elle vaut mais désigne des bouleversements sociologiques indéniables) et à conforter les sophistes selon qui s'en inquiéter conduit nécessairement au terrorisme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire