vendredi 24 décembre 2021

Noël

Joyeux Noël à tous.
(Vitrail d'Yvonne Williams, 1942, Musée canadien de l'Histoire)










jeudi 23 décembre 2021

sagesse

 En ce moment Facebook n’en finit pas de me proposer des pages de «sagesse» où la platitude le dispute à la niaiserie, avec des «pensées» du genre «En amour ne force rien, si elle veut partir laisse là partir, il y’a d’autre personne qui t’entoure qui t’aime» ou «Avant de pointer du doigt à la vie Des gens Demande Toi si la tienne en vaut un exemple». Il y a semble-t-il un gisement inépuisable de ces précieuses maximes. De mon côté je ne me lasse pas d’y répondre chaque fois par ma nouvelle phrase fétiche, piquée naguère à un groupe de jeunes : «sa fais réfléchire». Il faut bien rigoler un peu. Mais je me demande si je n’ai pas tort : en prenant ainsi la peine de répondre à ces âneries, en semblant donc leur accorder quelque crédit, n’incité-je pas les algorithmes idiots à m’accabler de plus belle?

mardi 21 décembre 2021

Herzog

 J’ai regardé un clip de cinq minutes présentant des extraits du film documentaire de Werner Herzog, Le nomade sur les pas de Bruce Chatwin, diffusé par la chaine Arte. Les deux hommes étaient paraît-il très amis et avaient en commun la passion de la marche. «Le monde se dévoile à ceux qui voyagent à pied.» Le clip montre des images saisissantes de Chatwin agonisant, les yeux exorbités, lui jadis beau garçon. Cela me gêne un peu, je trouve indiscret que l’on photographie ou que l’on filme ainsi un mourant en mauvais état, j’espère que nul ne s’avisera d’en faire de même avec moi si l’occasion se présente un jour. Je n’adhère pas non plus aux propos de Herzog déplorant que «le nomadisme (ait) cédé la place au sédentarisme, ce qui entraine d’énormes concentrations de personnes et de technologies qui vont aboutir à l’extinction de l’espèce». Je pense que le nomadisme des sociétés primitives de chasseurs-collecteurs tenait moins d’une sagesse ensuite perdue par les sédentaires, que de la nécessité de changer de résidence au moins toutes les quelques années afin de retrouver un milieu plus giboyeux. Et je crois que l’habitat sédentaire n’est pas nécessairement entassé, il peut aussi bien être dispersé. Et puis ma foi, le nomadisme est une option très légitime pour ceux à qui cela convient, mais je ne jetterais pas la pierre à celui qui préfère demeurer dans son coin à regarder pousser ses arbres. Mais enfin malgré ces réserves je regarderai à l’occasion le film de Herzog, qui doit être intéressant, j’en ai vu d’autres de lui, qui m’ont plu.

lundi 20 décembre 2021

sapin

 Le nouveau maire de Bordeaux, écologiste militant, refuse d'installer un sapin de Noël sur la place Pey-Berlan (place de la mairie et de la cathédrale), comme il était de tradition. Il trouve que couper un arbre est un crime. A la place, il fait installer un sapin en ferraille et en verre d'une laideur monumentale, dont la production et la surveillance doivent coûter cher au contribuable. Je ne comprends pas que personne ne suggère de planter simplement un sapin quelque part sur cette place et qu'il y reste, il y a bien assez d'espace.

samedi 18 décembre 2021

tomates

De temps en temps je repense au triste spectacle vu il y a quelque deux ans sur un trottoir de Saint-Jean, où le long d’une façade un philanthrope avait installé une imposante jardinière altruiste. Elle était jonchée d’une douzaine de pieds de tomate, tranchés alors qu’ils n’avaient pas encore fructifié, et surmontée d’un écriteau où le malheureux jardinier avait griffonné toute sa rage suite à cet acte de pur vandalisme. Je me demande ce qu’a représenté pour lui, alors et depuis, l'idée de fraternité.

mardi 14 décembre 2021

insomnie

Pendant une insomnie je songe au monde des premiers temps, déjà sonore et visible mais encore jamais vu ni entendu, avant qu’y apparaissent les êtres vivants capables d’entendre et de voir.

mardi 7 décembre 2021

girls

Je ne vais jamais voir les putes mais j’aime bien les regarder, à l’occasion. Elles n’en sont pas toutes, les filles que dessine Bill Térébenthine, on reconnait même parmi elles des vedettes (Deneuve, Bardot, Marylin…). Lui les appelle des girls. Il a réuni ces images dans trois volumes numériques de Some girls (sur le site éditorial de GFIV, le Groupe Fictif d’Intervention Virtuelle, 2018 et 2019) et plus récemment dans Many girls (2021). Ce sont des pdf en accès gratuit. Chaque page montre une belle fille, rarement plus, en tenue légère, tenue de plage par exemple, ou habillée mollement (décolleté lâche, ceinture défaite…). Il se dégage de l’ensemble une ambiance estivale et sensuelle, d’un érotisme léger, quelquefois plus ardent, telle cette donzelle à quatre pattes sur un fauteuil, l’abricot visible (page 26 de Many girls). Il y a au début du premier volume une Présentation de l’éditeur, qui ne m’aide pas bien à comprendre l’œuvre, mais peut-être ne s’agit-il que d’une parodie du baratin des critiques d’art. La technique est variable : dessin, peinture, mélange de dessin et peinture, couleur, noir et blanc, monochromie, mélange de couleur et de noir et blanc. Une des images les plus réussies à mes yeux est ce portrait de dame dessiné au trait noir, avec juste les lèvres teintées de rouge (Many girls p 22). J’aime bien l’air songeur qu’ont souvent les modèles. J’ai l’impression que tous ces dessins et peintures sont réalisés d’après des photos. Certains reproduisent même explicitement des couvertures de magazines de la seconde moitié du XXe siècle, genre Lui, Crime Detective, Hustler… (L’auteur s’emploie d’ailleurs, dans d’autres publications, à reproduire des couvertures de livres et de disques). Telle est en quelque sorte l’essence de Térébenthine, si j’ose dire : il ne représente pas simplement des femmes, il re-représente la façon dont elles ont été représentées sur des clichés d’il y a quelques décennies. C’est un méta-mateur. Il n’a pas le style léché d’un Aslan. Les premiers volumes ont souvent un genre brouillon et maniéré qui rappelle Bazooka. Le dernier présente une façon plus dépouillée, plus épurée, plus concentrée sur l’objectif de rendre simplement, à travers une imagerie datée, la grâce éternelle de la féminité. Profitons-en, pendant qu’elle existe encore.

Liens : Some girls 1, Some girls 2, Some girls 3, Many girls.

dimanche 5 décembre 2021

hier

 J’ai publié hier un poème-liste alphabétique énumérant des noms de Notre-Dame, en hommage à cette déesse omniprésente. L’idée m’en était venue après avoir appris par hasard qu’il existe dans l’Hérault un village bizarrement nommé Notre-Dame de Londres. Pour composer ce texte j’ai d’abord choisi dans la liste des communes françaises, puis j’ai complété en recherchant dans Google d’autres noms de lieux ou d’institutions. Aucun n’est inventé.

samedi 4 décembre 2021

Dames

 NOS DAMES

Notre-Dame des Anges
Notre-Dame du Bec
Notre-Dame de la Cour
Notre-Dame du Désert
Notre-Dame d’Epine
Notre-Dame des Fontaines
Notre-Dame de la Gorge
Notre-Dame du Hamel
Notre-Dame de l’Isle
Notre-Dame de la Joie
Notre-Dame de Kabylie
Notre-Dame de Londres
Notre-Dame de la Mer
Notre-Dame des Neiges
Notre-Dame d’Or
Notre-Dame du Parc
Notre-Dame de Québec
Notre-Dame du Rocher
Notre-Dame de la Solitude
Notre-Dame de la Treille
Notre-Dame de l’Unité
Notre-Dame du Val
Notre-Dame du Web
Notre-Dame d’Yron
Notre-Dame de Zaro

mardi 30 novembre 2021

actualités

     Grâce à mon ange gardien, qui m’a rendu visite la semaine dernière et m’a obligé à mettre le nez dans les papiers que je ne veux plus regarder, nous avons découvert que les versements des trois caisses dont je dépends font que je touche au total une pension de 577 euros par mois. C’est assez loin au dessous du seuil de pauvreté mais c’est quand même plus que je n’imaginais.

     L’on m’a appris la mort à 76 ans de Jean-Claude Darnal, cubanophile martiniquais, qui avait été un de mes profs d’espagnol au collège. Je ne l’avais plus revu depuis lors mais je ne l’avais pas oublié. Je l’aimais bien.

     Mes néomots ces derniers temps : vestalinisme, entrepologie, palpitié.

mercredi 24 novembre 2021

Yanne

J’ai feuilleté sans entrain les Pensées, répliques, textes et anecdotes de Jean Yanne (Le Cherche Midi, 1999). Paru quatre ans avant sa mort, ce recueil semble contenir les œuvres plus ou moins écrites et plus ou moins complètes de l’auteur. C'est à Jean Yanne parait-il que l'on doit le célèbre adage selon lequel «Il est interdit d'interdire». Malgré toute ma sympathie pour son personnage d’anar de droite mal léché, sa gouaille de Franchouillard indélicat et tout ce qu’on voudra, je n’ai pas trouvé grand intérêt à ces textes humoristiques, qui relèvent trop souvent d’une potacherie pas très inspirée. Si je devais sauver une seule phrase de cet ensemble, je citerais peut-être cet aveu : «Le plus beau compliment que je puisse faire à une femme est de lui dire : Je suis aussi bien avec toi que si j’étais tout seul.»

mardi 23 novembre 2021

Schott

Elles méritaient bien de faire un best-seller, Les miscellanées de Mr Schott (Editions Allia, 2006). Dans ce petit volume relié, soigneusement mis en pages, l’esthète et maniaque anglais Ben Schott a compilé une belle quantité d’informations «utiles ou futiles» sous forme de tableaux, de citations, de définitions, et surtout de listes (liste des formats d’enveloppes, des pseudonymes de Henri Beyle, des Danois célèbres, des abréviations pour écrire des sms, des fournisseurs de la reine Elisabeth II, des chats et des chiens de maîtres célèbres, de québécismes, de créolismes martiniquais, ou encore des apparitions de Hitchcock dans ses films). Amateurs de listes, ce livre est pour vous. A l’aveu de ma sympathie générale pour l’ouvrage, j’ajouterai qu’il m’a plu d’y retrouver certaines de mes inclinations littéraires, comme pour les poèmes-listes de Sei Shonagon ou la règle de Lord Chesterfield (j’ai commenté jadis l’excellente règle, selon laquelle une réunion convenable ne doit rassembler qu’un nombre de convives compris entre celui des Grâces et celui des Muses, soit entre trois et neuf, mais pas plus). Par ailleurs je suis reconnaissant à Mr Schott de m’avoir fait remarquer que les billets en euros sont illustrés de styles d’architecture, dont l’ordre chronologique suit l’ordre croissant de la valeur faciale (5 euros : classique, 10 euros : roman, 20 euros : gothique, etc). Enfin parmi les belles citations, je retiendrai en particulier cette maxime de George Washington : «Honorez vos parents & obéissez-leur, même s’ils sont pauvres», et cette considération de Samuel Johnson : «Tout de même que la paix est la fin de la guerre, le désoeuvrement est le but ultime de l’activité» (en somme, le moment où l’on n’a plus qu’à contempler). 

jeudi 18 novembre 2021

rêves

Une de ces dernières nuits, j’ai rêvé que j’étais dans une banlieue, Talence je crois, et que je devais raccompagner Romain D, mon ami traducteur et poète, à qui je demandai s’il voulait que je le dépose simplement à un arrêt de tram ou bien que je le reconduise jusqu’à Bordeaux, car j’avais tout mon temps, et dans ce cas à quel endroit. Au Commissariat central, répondit-il, à ma grande surprise.
   Une autre nuit j’ai rêvé une fois de plus que je retrouvais enfin une personne très chère, que je désespère de jamais revoir. Ma mère assistait à ces retrouvailles et je la prenais à témoin, lui confiant que j’avais tant de peine à y croire, que je me pinçais le bras pour m’assurer que je ne rêvais pas. Malgré quoi…
   Ma vie intellectuelle est à peu près inexistante ces temps-ci, je me voue aux petites besognes de la vie matérielle à la maison et au jardin, j’assiste ma sœur dans sa quête d’un logement français, je m’échappe à peine par instants dans les bois, je ne lis presque rien. Je me consacre par moments à monter la volière métallique de trois mètres sur quatre, deux au faîtage, que j'ai achetée naguère et dans laquelle, si Dieu le veut, j’installerai des cailles au printemps.

lundi 8 novembre 2021

fascisme

 Ce que les «anti-fascistes» désignent de nos jours comme «fasciste» n’a le plus souvent pas grand-chose à voir avec ce que fut en effet le fascisme historique, voire rien. Mais parmi les mouvements politiques d’aujourd’hui en Occident, celui des «antifas» est sans doute celui dont les agissements présentent le plus d’affinités avec ce que furent les méthodes fascistes. Ainsi donc, dans ce monde réellement renversé… (air connu).

dimanche 7 novembre 2021

racisme

Le racisme, c’est la haine d’une race envers une autre. L’anti-racisme, c’est le contraire.

vendredi 5 novembre 2021

Moink

J’aime beaucoup l’emblème de la société fermière américaine Moink. Il figure la silhouette d’une vache, qui englobe celle d’un porc, qui englobe celle d’un mouton, qui englobe enfin celle d’une poule. Avec en outre un petit saumon figurant le point sur le i de Moink. Je ne comprenais pas le sens de ce nom. Ma sœur vient de me suggérer que c’était sans doute la contraction de moo (meuh) et oink (le cri du cochon). Que d’imbrications…

lundi 1 novembre 2021

newords

 Mes néomots ces derniers temps (je n'arrête pas) : réfléchette, émoire, digestionnaire.

dimanche 31 octobre 2021

Arithmomania

Ces jours-ci j’ai pris connaissance de l’Arithmomania de l’ami Lucien Suel, parue cet été. Le titre se réfère à la notion d’arithmomanie, le «besoin obsédant de compter». C’est un copieux recueil (plus de 200 pages) de poèmes basés sur une contrainte numérique. Ils sont de deux types. D’une part ceux composés de vers ou de versets arithmogrammatiques, comportant un nombre déterminé de lettres et de signes typographiques. D’autre part ceux composés de vers ou de versets arithmonymes, comprenant un nombre déterminé de mots. En considérant ce que j’ai noté en cours de lecture, je vois bien que j’ai été sensible surtout aux poèmes de la première catégorie, les arithmogrammes. Ils se présentent souvent comme des pavés impeccablement rectangulaires, ainsi le bel Escourgeon (12 vers de 37 caractères, «La neige fond silencieusement dans la…»), l’exalté Tout partout (82 vers de 37 caractères, «tout autour de l’autocar c’est la vie / tout partout autour ici et maintenant / ailleurs et toujours c’est tout plein / de tout tout le temps et tout partout…») ou encore le très céleste Le ciel (5 strophes de 3 vers de 37 caractères). Ils peuvent également prendre la forme de calligrammes (par exemple les strophes en sablier du Spicilège septique) ou l’allure plus prosaïque d’une suite de tweets (tweets de 140 caractères dans Forêt, de 280 dans Ypres). Ces poèmes recèlent çà et là des friandises à mon goût : néomots (virturéel, rapalmipèdes, dans Nuages) ou énumérations (noms de rivières dans D’une rive à l’autre : «rivières don dniestr / inini seine inénisséï…»). Je signalerai aussi des trouvailles thématiques comme Apocalypse 13 : 11-18 (un passage de l’Apocalypse remanié en vers de 37 caractères) ou Saint Sébastien MMXV (hommage en vers de 10 et 9 caractères à un martyr de l’islamisme, égorgé dans le désert). Je citerai enfin le cas notable de Médor, à la fois arithmogramme et arithmonyme (5 strophes de 5 vers de 5 mots de 5 lettres). Dans les meilleurs de ces poèmes, il apparaît clairement que leur création ne se ramène pas à la recette mathématique, il y faut aussi toute l'inspiration dont Lucien a le secret.

Photo Ph Billé, à la Ferme de Taussat les Bains.

samedi 30 octobre 2021

boucherie

Comment ne pas penser au regretté Michou, l'auteur du Prix du boeuf, quand dans les rues de Saint-Jean je tombe sur la Boucherie-Charcuterie Jarry Père & Fils, «La boucherie qui vous sourit».

mercredi 27 octobre 2021

secours

Je cherche un nom qui me convienne, pour la société caritative que j’envisage de fonder, dans mes moments de rêverie. Le Secours Impopulaire Français, peut-être.

mardi 26 octobre 2021

lundi 25 octobre 2021

revisite

Il y a aussi que ces derniers mois, n’ayant plus le recours de scanner mes collages pour épater les copains sur Facebook, je me suis mis à rediffuser chaque jour un extrait de mes journaux des années passées. Je constate ainsi que mes pages tiennent encore debout après quelques années, c’est une satisfaction. J’en profite pour les perfectionner, je change un adjectif ici, je supprime là une virgule. Le bon moment, pour corriger ses œuvres, c’est quand on est encore vivant, n’est-ce pas. J’aime beaucoup cet exercice, qui me permet de rester en contact avec mes millions de lecteurs, non je blague, je veux dire la demi-douzaine d’aimables fidèles, une douzaine complète dans les grands jours. L’inconvénient est que le temps ainsi passé à revisiter mes anciens journaux est perdu pour le journal en cours. On ne peut pas tout avoir.

mardi 19 octobre 2021

occupations

 

On m’a demandé comment il se fait que je n’écrive plus beaucoup dans ce blog et je me le demande aussi. La raison principale est sans doute que je suis de plus en plus feignant, avec l’âge. Et accessoirement que j’ai été fort occupé, dans mon exil rural. Je n’ai jamais bien compris ceux qui se sont inquiétés de savoir ce que j’allais faire de mon temps quand j’aurais pris ma retraite et si je ne craignais pas de m’ennuyer. Je me doutais un peu qu’ayant la charge d’entretenir une maison, un jardin et des bois, et gardant par ailleurs quelques projets en réserve, je ne risquais guère de me trouver désoeuvré, d’autant que les journées continuent de ne compter que vingt-quatre heures et que je n’ai ni domestique, ni secrétaire. A cela s’ajoute que j’ai dû m’acquitter de longs chantiers : la rédaction de ma note sur Gomez Davila publiée enfin le 18 août et qui m’a donné beaucoup de fil à retordre ; le remaniement de mon article sur le Vocabulaire français d’origine tupi-guarani, un peu trop long pour les critères de la revue qui accepte de le publier je ne sais quand ; enfin le tri et la récupération des mails que je souhaitais conserver de ma messagerie professionnelle, qui sera prochainement désactivée. Et puis j’ai maintenant charge d’âme, devant héberger pour une durée indéterminée ma sœur canadienne, qui a décidé de se rapatrier. Au moins puis-je l’accueillir dans une demeure un peu moins austère, ayant fait installer le mois dernier un poêle à bois (Invicta, modèle Altea) qui marche assez bien.

samedi 9 octobre 2021

choses

Choses bues
Choses dues
Choses eues
Choses lues
Choses mues
Choses nues
Choses sues
Choses tues
Choses vues

mercredi 6 octobre 2021

motus

 Hélas, petit génie, trois vieux sages nient votre belle thèse, enfin relue, alors motus !

vendredi 1 octobre 2021

actualité

 Alexandrin d'actualité, dans les titres du Figaro d'hier : Eric Zemmour s'installe, Anne Hidalgo s'effondre.

vendredi 24 septembre 2021

illisibles

    Deux livres illisibles, en tout cas pour moi, piqués naguère dans des boites à livres, par curiosité.
    D’une part Le chat a encore frappé, de Philippe Geluck (Casterman, 2005). J’ai déjà vu ou entendu ici et là ce dessinateur, chouchou des médias. Il me paraît plutôt sympathique, à défaut d’être amusant, mais cet album m’a semblé vraiment très mauvais. Je n’ai lu que quelques blagues, c’est de l’humour absurde à la portée des écoles primaires. Par exemple le chat dit «On m’appelle el gato» et à côté un gâteau répond «moi aussi». Et tout a l’air du même niveau.
    D’autre part Rapport d’activité du Comité central du Parti communiste bulgare pour la période entre le dixième et le onzième congrès et les tâches à accomplir, de Todor Jivkov (Sofia-Presse, 1976). Rien que le titre, déjà ça calme. Suivent 114 pages de blabla irrespirable, pleines de prêchi-prêcha marxiste-léniniste, de larges masses, de réalisations mirobolantes et d’avenir radieux. Je pense que personne ne peut lire d’un bout à l’autre un tel pâté, sans y être contraint.

mercredi 22 septembre 2021

météo

 En cherchant à me renseigner sur la typologie de la météo, je ne vois nulle part mentionnée la catégorie du temps divin. Comment définir autrement celui qu’il faisait aujourd’hui en fin de matinée : ciel bleu, température entre 20 et 25 degrés, brise légère…

jeudi 16 septembre 2021

deux notices

    
La semaine dernière j'ai eu le temps de créer mes onzième et douzième notices dans Wikipédia. 
    L'une est consacrée à Maurice Dessertenne, dessinateur de la Belle Epoque. J'avais repéré son existence il y a quelques mois, après avoir feuilleté un vieux Larousse en ruine. Je pensais d'abord que les illustrations étaient anonymes, puis j'ai vu que certaines étaient signées. Dessertenne fut parait-il le seul dessinateur, puis le principal, des premières éditions du Larousse illustré. Il existait un article sur lui dans le Wiki en anglais mais pas en français. Je n'ai rédigé qu'une ébauche pour combler cette lacune et d'autres contributeurs l'ont promptement complétée.
    L'autre notice concerne André Dalmas, écrivain et surtout critique littéraire, dont j'ai découvert l'existence parce qu'il fut un des rares, dans le temps, à rendre compte d'un livre d'Albert Caraco. J'ai eu l'occasion de feuilleter l'énorme recueil posthume de ses articles, dans lequel celui sur Caraco n'est bien sûr pas reproduit.

samedi 4 septembre 2021

Sardou

Il y avait a priori peu de chances pour que l’autobiographie de Michel Sardou, Et qu’on n’en parle plus (2009) me ravisse, et en effet je l’ai parcourue sans y trouver aucun intérêt. L’ouvrage se présente comme un dialogue imaginaire du chanteur avec son insupportable mère, mais cet artifice sonne faux et l’auteur y égrène confusément, dans le plus grand désordre, ses pauvres souvenirs de playboy friqué, d’enfant gâté revenu de tout, qui ne m’ont touché à aucun moment.

vendredi 3 septembre 2021

imaginaire

Un nouveau Molière trouverait sans peine, dans le délire actuel de certains militants, la matière à une satire sur le thème de L’opprimé imaginaire.

jeudi 2 septembre 2021

retrait

 C’était hier 1er septembre ma première journée officielle de vie en retrait. Jusqu’ici tout va bien ou à peu près, je ne m’ennuie pas et le temps est clément. Une de mes préoccupations est que les faibles rentes qui me sont promises vont sans doute me vouer à une économie de Marque Repère et de Top Budget. L’austérité annoncée est compensée par une relative abondance de biens. Depuis que j’ai quitté la ville à la mi-juillet pour me retirer dans ma thébaïde, les objets dont je disposais là-bas sont venus s’ajouter à ceux d’ici, de sorte que j’en ai plein en double : deux tubes de dentifrice, deux bouteilles de vinaigre, deux savons à barbe, etc, sans parler des stylos et du papier. Et comme mes voisins britanniques, occupant la maison d’à côté depuis un quart de siècle, ont eux aussi déménagé cet été, en m’offrant quantité de leurs affaires, je me retrouve à posséder deux scies à bûche, deux houes, deux pompes à velo, et quantité d’autres ustensiles, qui pourraient faire matière à brocante. En outre les remplaçants, qui ont sérieusement éclairci la végétation de leur jardin, me laissent disposer des morceaux de bois coupé qui m’intéressent, si bien que mes piles de bûches sont bien regarnies. Quant à mon propre jardin, il produit inégalement. Fraisiers et framboisiers n’ont quasi rien donné, la récolte de noisettes, de raisin, et de noix s’annonce médiocre, mais j’ai plus qu’il n’en faut de courgettes et d’excellentes mirabelles, j’en offre même à droite et à gauche. L’avenir n’est pas sûr mais tout n’est pas perdu.

vendredi 27 août 2021

lérots & gobemouche

Hier matin j’ai pris mon huitième lérot depuis le début du printemps. Très excité comme les trois précédents, bondissant dans la cage, roulant des yeux. Les deux premiers au contraire étaient amorphes, prostrés, peut-être épuisés par les vains efforts pour sortir du piège. D’autant que je travaillais encore et que quand je les découvrais en arrivant, ils pouvaient avoir déjà passé plusieurs jours en prison. Quand je suis là, je repère la capture au bruit qu’ils font dans la nasse métallique, qui résonne sur le plancher du grenier. Si c’est le soir ou la nuit, pour pouvoir dormir je monte la chercher et je la descends dans le chai, le monde du silence. Au petit matin je déporte la bête au bois de Volebière, à deux kilomètres. J’imagine les émotions du petit mammifère : l’arrivée du geôlier qui soulève la cage, la sortie dans le jardin, la montée en voiture, le ronronnement du moteur, l’auto-radio. Ici je ne reçois pas Radio Classique, ils doivent se contenter de France Musique. Une fois sur place je dispose la cage au pied d’un chêne ou d'un érable et j’ouvre la porte. Quand ils réalisent qu’ils peuvent sortir, ce qui n’est pas toujours immédiat, ils grimpent à toute vitesse sur le tronc et en quelques secondes sont hors de ma vue. Une fois l’un d’eux s’est arrêté à deux ou trois mètres de haut, s’est retourné et m’a dévisagé un instant avant de repartir. La prise la plus curieuse fut celle de la nuit du 13 au 14 juillet, quand je me suis exilé de la ville. J’en avais pris deux à la fois. Plutôt menus, sans doute des jeunes, peut-être deux frères. Quand je suis allé les chercher au lever du jour, j’ai eu la surprise de les trouver endormis roulés en boule, pelotonnés l’un contre l’autre. Je ne voulais pas les déranger, je suis allé m’occuper d’autre chose pendant une heure, mais à mon retour ils n’étaient toujours pas réveillés. J’ai secoué un peu la cage, rien n’y faisait. Ils montraient ce que veut dire dormir comme un loir. J’ai décidé de les emmener quand même, mais rien ne les a tirés du sommeil, ni le transport, ni le moteur, ni France Musique, ni l’ouverture de la cage. J’avais beau la secouer pour les faire sortir, ils s’accrochaient instinctivement au grillage avec leurs petites griffes, tout en continuant à dormir. Je suis allé faire un tour dans le bois. A mon retour l’un d’eux roupillait encore, l’autre était sorti mais restait sur le toit de la cage, l’air groggy. Je les ai laissés, je ne suis revenu que le lendemain chercher la cage vide. Je me demande si tous les lérots que je relâche dans ce bois se retrouvent entre eux. Peut-être forment-ils un quilombo de lérots marrons. En tout cas ils ne jouent pas de tam-tam, c'est un avantage. 
Dans le jardin ces derniers jours il y a un nouvel oiseau, que je ne connaissais pas. En cherchant à l’identifier dans les livres, je me dis que ce doit être une femelle de gobemouche noir. La gorge blanche, un trait blanc à l’aile, mais le reste du plumage gris. Une jolie petite bête, je lui accorde volontiers un permis de séjour.

mercredi 25 août 2021

néomots

 Mes néomots ces derniers temps :  scandinavire, lituanid, talibanlieue.

mercredi 18 août 2021

Davila

Au printemps dernier j’ai eu l’occasion de prendre connaissance du savant ouvrage que Michaël Rabier a consacré à Nicolás Gómez Dávila, penseur de l’antimodernité, Vie, œuvre et philosophie. Ce livre issu d’une thèse et paru à L’Harmattan est le premier publié en français sur le penseur colombien. Bien qu’il soit agréablement écrit en langage normal et sans jargon, je dois avouer que la partie proprement philosophique m’est assez difficile d’accès, à la différence de celles portant sur la vie et l’œuvre. J’ai remarqué entre autres points d’intérêt que la question des épigraphes employées par Davila est traitée pages 65 sq (c’est un sujet d’article auquel j’avais songé, resté en plan, mais qui est là bien élucidé). L’auteur a l’amabilité de me citer quelques fois dans son livre et de rappeler le petit rôle que j’ai joué au début des années 2000 comme premier traducteur français de Gomez Davila. J’aimerais à ce propos apporter quelques précisions et évoquer la mésaventure de mes tentatives de faire publier cet écrivain en français. Les œuvres du Colombien ont d’abord été traduites en allemand, à commencer dès 1987 par une sélection de ses aphorismes, qu’il appelait des scolies, parus en 1975. Un lecteur enthousiaste, le dramaturge et essayiste Botho Strauss, en a cité une dizaine dans un texte de 1990, Der Aufstand gegen die sekundäre Welt, qui fut traduit en français en 1996 sous le titre Le soulèvement contre le monde secondaire, chez L’Arche Editeur. C’est dans cette retraduction à partir d’une version allemande, par Henri-Alexis Baatsch, qu’ont été publiés en français les quelques premiers aphorismes de Davila. Mon ami Baudouin, qui lisait le livre de Strauss en 99 ou en 2000, a attiré mon attention sur ce Gomez Davila, qui était singulièrement absent des bibliothèques et des bibliographies à ma disposition. En cherchant sur internet, j’ai découvert un gisement de ses pensées mis en ligne par je ne sais plus qui (Oscar Torres Duque, peut-être ?). Elles m’ont vivement intéressé, pour ne pas dire ébloui, et j’ai aussitôt voulu traduire celles que je préférais. J’en ai publié un petit choix de deux douzaines dans ma Lettre documentaire 332, en septembre 2000. La même année, mon ami colombien Juan Moreno, qui travaillait dans la même université que moi, m’a procuré peu à peu les quelques livres de Davila. J’ai alors traduit, en 2001, un choix plus important, une quarantaine de pages de ses Scolies, dont j’ai publié certaines dans le n° 20-21 de la revue La Polygraphe, de Chambéry, et la même année je me suis mis en quête d’un éditeur. A l’automne, ma proposition a d’abord été refusée par Pierre-Guillaume de Roux, qui travaillait alors aux éditions du Rocher, puis par Fata Morgana. Au printemps de 2002 je suis parvenu à éveiller l’intérêt des éditions de L’Arche, qui envisageaient sérieusement une publication en m’assurant que je serais leur traducteur. Hélas le projet a capoté quand il s’est avéré qu’une édition était déjà en préparation sous la direction de Samuel Brussel, lequel travaillait aux mêmes éditions du Rocher qui avaient pourtant refusé ma proposition l’année précédente. C’est ainsi qu’ont paru au Rocher, début 2003 et fin 2004, les deux premiers livres de Davila en français, une sélection des Escolios de 1975 (devenus Les horreurs de la démocratie) et une des Nuevos escolios de 1986 (Le réactionnaire authentique) traduits par Michel Bibard. Je fus bien déçu, d’abord de n’avoir pas été le traducteur de ces livres, comme on peut comprendre, mais aussi par la forme que l’on avait donnée à ces éditions françaises, notamment le choix discutable d’avoir doté les scolies d’une numérotation qui peut rendre service, mais qui ne correspond en rien à ce que serait la numérotation réelle d’une édition complète. Les traductions cependant étaient de bonne qualité, quoique pas exemptes de quelques faux-sens ou contresens, comme de traduire le verbe Creer par Créer au lieu de Croire (Horreurs, 785) ou de traduire Dependencia par son exact contraire Indépendance (Réac auth, 490). Mais passons, après tout je suis bien placé pour savoir qu’un traducteur n’est pas toujours infaillible. Entre ces deux dates, je me suis consolé en publiant à mes frais, à l’automne 2003, la livrette Studia daviliana, où je réunissais quelques documents, études et traductions. Elle a obtenu un bon succès. Mais il manquait encore à ma déconvenue le coup de pied de l’âne, qui arriva en 2009 quand les éditions de L’Arche, ayant oublié mon existence, confièrent à une danseuse de flamenco, qui d’ailleurs ne s’en est pas mal tirée, la traduction du troisième et dernier recueil de pensées de Davila (Carnets d’un vaincu). J’arrêterai ici la narration de cette drôle d’histoire, pour en revenir à mon propos initial en évoquant encore ce point. J’aurais pu m’en apercevoir plus tôt mais c’est en lisant les pages biographiques du bon ouvrage de M Rabier, que je réalise combien Davila avait longuement résidé en France dans sa jeunesse. Né en Colombie en 1913, il a vécu à Paris de 1919 à 1936, c’est à dire pas moins de dix-sept ans. Cela m’amène à songer qu’un autre de mes grands réacs préférés, Albert Caraco, né en Turquie en 1919, a de son côté habité Paris de 1929 à 1939. Pendant sept ans, de 1929 à 1936, ces deux esprits ont donc vécu non loin de l’autre, ont pu se croiser… Ils étaient encore bien jeunes et n’avaient pas commencé d’écrire, en tout cas de publier, mais l’idée de cette coexistence porte à la rêverie. 

vendredi 13 août 2021

oiseaux 3

OISEAUX BOTANIQUES D'EUROPE











Pinson des arbres

Tarin des aulnes

Caille des blés

Geai des chênes

Râle des genêts

Phragmite des joncs

Hypolaïs des oliviers

Bruant des roseaux

Bec-croisé des sapins

Bruant des saules 

jeudi 12 août 2021

Oiseaux 2

 OISEAUX COLORÉS D'EUROPE (2)










Plongeon à bec blanc

Chocard à bec jaune

Crave à bec rouge

Engoulevent à collier roux

Canard colvert

Héron bihoreau à couronne noire

Chevalier cul-blanc

Pic à dos blanc

Rossignol à flancs roux

Rouge-queue à front blanc

Bruant à gorge brune

Pipit à gorge rousse

Guillemot à miroir blanc

Pie-grièche à poitrine rose

Pygargue à queue blanche

Barge à queue noire

Mésange à tête brune

Fauvette à tête noire

Pie-grièche à tête rousse

mercredi 11 août 2021

Oiseaux 1

OISEAUX COLORÉS D'EUROPE












Goéland argenté

Mésange azurée

Pigeon biset

Sizerin blanchâtre

Aigrette blanche

Merle bleu

Mésange bleue

Goéland brun

Macreuse brune

Héron cendré

Oie cendrée

Roselin cramoisi

Pluvier doré

Puffin fuligineux

Gobe-mouche gris

Perdrix grise

Fauvette grisette

Hipolaïs ictérine

Bruant jaune

Merle noir

Corneille noire

Héron pourpre

Flamant rose

Perdrix rouge

Brante roussâtre

Barge rousse

Hirondelle rousseline

Etourneau unicolore

Pouillot verdâtre

Rousserolle verderolle

Pic vert

Bécasseau violet

lundi 9 août 2021

Eça

 

Depuis des années je suis en possession d’un exemplaire, que je me promettais d’ouvrir un jour, du roman d’Eça de Queiroz Le crime du Padre Amaro (1880) traduit et présenté par Jean Girodon (Editions de la Différence, 1985). Girodon fut un de mes deux professeurs français de portugais à l’université, lui du côté Portugal, et celui du côté Brésil fut Albert Audubert. Deux hommes qui m’ont beaucoup apporté, aujourd’hui disparus, le premier dès les années 80, l’autre dans les années 2000, mais dont je garde le meilleur souvenir. Cet exemplaire est précisément celui que Girodon avait offert à Audubert, comme en témoigne la dédicace manuscrite à l’encre noire : «Au camarade Audubert, Maire de toutes les chapelles de tous les saints, Bien cordialement, Jean Girodon, décembre 1985». Pour bien comprendre le sens de cet aimable envoi, il faut savoir que le camarade Albert était alors le maire socialiste de La Chapelle aux Saints, en Corrèze (alors que Girodon était je crois très à droite) et lire dans ce «de tous les saints» une allusion à Bahia et à travers elle au Brésil, même si Audubert a surtout résidé à São Paulo. Il faut aussi songer que le roman, sous-titré Scènes de la vie dévote, a paraît-il une teneur lourdement anti-cléricale. J’ai lu avec grand plaisir les huit pages d’introduction très savantes et très claires. Girodon s’y réfère a plusieurs autres écrivains du XIXe siècle, et de façon plus inattendue à Cioran. Quant au roman lui-même, heureusement que je n’ai pas à avouer ça au cher maître, mais j’ai voulu essayer de le lire et j’ai préféré renoncer. Il est sans doute bien écrit et bien traduit, mais il me semble que l’on pressent dès les premières pages l’essentiel de ce qui va se passer, or il en reste 450 à lire et c’est présentement au-dessus de mes forces.

samedi 7 août 2021

Wayne

 Je traduis ces quelques phrases, lues en anglais sur Facebook, et supposées être les Cinq règles de vie de John Wayne. Ce n'est peut-être pas vrai, mais au moins c'est amusant.

1. L'argent ne fait pas le bonheur, mais il est plus confortable de pleurer dans une Mercedes que sur un vélo.

2. Pardonne à ton ennemi, mais souviens-toi du nom de ce salopard.

3. Aide ceux qui ont des ennuis, et ils se souviendront de toi quand ils auront encore des ennuis.

4. Beaucoup de gens sont en vie uniquement parce qu'il est illégal de les flinguer.

5. L'alcool ne règle pas les problèmes, mais après tout, le lait non plus.

vendredi 6 août 2021

Guitry

Dans une boite à livres, un heureux hasard m’a fait tomber sur un petit volume délabré mais exquis de Sacha Guitry, Toutes réflexions faites, Précédées d’un portrait de l’auteur par lui-même (Editions de l’Elan, 1947). Les vingt pages du portrait sont ce que j’ai le mieux aimé. Elles sont écrites sans trop de forfanterie, ni non plus de fausse modestie, l’auteur y montre une belle conscience de ses qualités et de ses défauts. On y sent encore l’amertume des deux mois de taule qu’il a dû faire à la Libération mais qui ne lui ont pas fait perdre sa morgue. Quant aux réflexions, c’est un recueil de notes, d’aphorismes et autres fragments bien tournés, qui séduisent moins par la profondeur ou le goût du paradoxe, que par le charme du personnage, lequel fait du Guitry sur le papier comme il en fait sur scène. Il y a une très belle page sur les Parisiens, qui ne sont pas forcément les natifs de Paris : «… On n’est pas de Paris comme on est de Clermont, mais on est de Paris comme on serait d’un cercle. On est élu Parisien, élu à vie. C’est une dignité …» Notez le rythme de la première phrase, comme deux alexandrins enchaînés, et notez les trois qui forment la première de cette autre citation : «Il est des écrivains que l’on connaissait mal, sur lesquels on se jette, et qui vous ensorcellent – et qui pendant un mois vous dispensent des autres. Ce sont ordinairement des écrivains de second ordre.» Ce n'est pas mal vu, il y a là de quoi méditer...

jeudi 5 août 2021

psychopathie

Il y a quelques semaines de cela, j’ai eu l’occasion de lire en diagonale un des derniers livres parus d’Albert Caraco, son Supplément à la Psychopathia sexualis, publié d’abord en 1983 par L’Age d’Homme et réédité en 2014. Le titre se réfère à celui du manuel de pathologie sexuelle Psychopathia sexualis, du psychiatre germano-autrichien Krafft-Ebing (1886). Au vu de l’intitulé austère et connaissant par ailleurs le caractère généralement peu enjoué de l’auteur, je m’attendais à trouver là quelque grave théorie, or j’ai découvert que c’est pour l’essentiel une œuvre humoristique. Elle est constituée de 211 paragraphes numérotés, consacrés à des cas de bizarrerie sexuelle réels ou inventés. Ces paragraphes commençent tous par «Un tel …» (fait ceci ou cela), avec quelques variations comme la série commençant par «On nous signale l’existence d’une société secrète…» Ils sont répartis en une quarantaine de chapitres thématiques et peuvent être lus dans n’importe quel ordre, ce qui ajoute à la légèreté de l’ouvrage. Je me dis que derrière cette fantaisie se tient l’idée de Caraco que le libertinage, auquel lui-même était peu enclin, vaut mieux que la sexualité normale, responsable de la surpopulation. Mais en tout cas voilà un petit livre assez drôle, pour qui veut s'amuser. 

mercredi 4 août 2021

préjugés

 Les préjugés favorables sont plus sympathiques, mais pas moins erronés que les préjugés défavorables.

mardi 3 août 2021

retirement

 Un mail de ma principale Caisse de Retraite, la Carsat Centre Ouest, m’informe que la pension mensuelle que je vais toucher à partir de septembre s’élèvera à 278,38 euros brut, soit 250 euros net. Bon. D’un naturel optimiste, je me dis que c’est toujours mieux que si je devais n’en toucher que 249. Mais je dois avouer que malgré mes habitudes frugales, cela risque de faire juste. A cette somme devrait s’ajouter la centaine d’euros qui me sont dus pour avoir obtenu le statut de fonctionnaire lors de mes dernières années de service, et les éventuels compléments des caisses complémentaires, si elles jugent que j’en mérite. Combien cela fera-t-il au total, je n’en ai qu’une vague idée, et d’après mes recherches il n’y a personne à la surface de la Terre qui sache le dire. On verra bien. Sans doute pas lourd. Tout cela n’a rien de bien surprenant, n’ayant jamais été un bourreau de travail salarié, je suis rétribué en conséquence. Une jeunesse oiseuse produit une vieillesse nécessiteuse, comme disait Oyhenart. En attendant, sur quoi compter? J’aimerais mieux ne pas toucher à la petite fortune personnelle que j'ai amassée au cours de ma vie d'aventures, mais il va sans doute falloir que j’y pioche. Il me faudrait d’autres ressources, mais lesquelles ? Ne me sentant guère de talent pour le proxénétisme, le brigandage ou le poker, il reste mes trafics habituels, vendre quand je le peux mes livres d’occasion et mes œuvres d’art low cost, jouer au vide-grenier, tenter de monnayer des travaux d’écriture... En bref, selon notre coutume, nous allons continuer de naviguer à vue…

mercredi 28 juillet 2021

brelan

 Je traduis ce brelan de tweets, de l’hérétique irlandais Keith Woods : 

«La croyance de gauche, que les coopératives seraient une sorte d’arme magique contre le capitalisme, ne me convainc pas beaucoup. La plupart des employés n’ont aucune envie de gérer l’entreprise pour laquelle ils travaillent, ils veulent juste faire leurs heures pour un salaire décent. 

J’ai fait quelques boulots merdiques mais n’ai jamais souhaité ajouter aux corvées pour lesquelles j’étais payé, la peine supplémentaire d’avoir à gérer l’entreprise au quotidien. Je ne me sentais pas plus aliéné par mon travail, du fait que je n’avais pas à décider de quelle couleur on peignait les murs. 

Sans compter qu’à mon avis ces boites auraient vite fait faillite et que je me serais retrouvé au chômage, si tous mes collègues avaient eu leur mot à dire pour chaque décision.»

lundi 26 juillet 2021

best-sellers

    Dans les boites à livres je tombe souvent sur des best-sellers qui ont eu leur heure de gloire il y a quelques décennies et que j’ai vaguement connus de réputation, au moins de nom, mais qui ne m’ont pas assez attiré en leur temps pour que je cherche à les lire, et dont je dispose maintenant à volonté. Dernièrement j’en ai lu deux. 
    D’une part L’os de Dyonisos, de Christian Laborde (1987), célèbre pour avoir subi la dernière censure littéraire en France. Il fut interdit pour pornographie, ce qui fait sourire quand on considère le contenu assez bénin de l’ouvrage, vu de notre époque d’OnlyFans. Mais on se console pour l’auteur, tant il est vrai que ce genre de condamnation, loin de nuire à la réputation, est au contraire la meilleure publicité possible et une véritable assurance-vie artistique. L’histoire est plus ou moins autobiographique, j’imagine. Elle raconte quelques semaines ou quelques mois de la vie d’un professeur de lettres et d’occitan dans un lycée catho du Sud-Ouest (comme l’auteur a dû l’être), sa liaison avec une femme, ses déboires avec ses collègues, ses activités radiophoniques, etc. C’est un gascon lettré plein de verve, qu’on lit avec plaisir. Les moments sexuels ne sont pas de mes préférés, mais j’aime bien un passage comme «J’arrivai à hauteur d’une haie de frênes. ... Je sais faire des sifflets avec un bout de frêne. Ce n’est pas bien compliqué, je vous expliquerai ça une autre fois…» Il y a quelques traits idéologiques (anti-vieux, anti-patriotes, etc) typiques de l’époque et qui peuvent agacer, je ne sais ce que l’auteur en dirait aujourd’hui. Le livre est plein d’entrain mais au bout du compte il ne s’y passe pas grand chose et l’on reste un peu sur sa faim. Je me demande ce que mon ami Michel Ohl en pensait, je ne me rappelle pas qu’il m’en ait jamais parlé. Il partageait avec Laborde certains goûts (pour Nougaro, pour Manciet, comme il apparaît dans le texte, mais aussi pour Le tour de France, paraît-il). 
    J’ai lu d’autre part, tenez-vous bien, La valise en carton (1984) de Linda de Suza, dont Laborde se moque une ou deux fois, mais l’avait-il seulement lue ? Pour ma part je ne connais pas les chansons de Linda et le peu que j’en ai entendu ne m’a pas fait grande impression, en revanche je n’ai rien trouvé de risible dans son autobiographie. Ce livre n’a aucune prétention littéraire mais il est dans l’ensemble correctement écrit, en tout cas clairement, même si c’est je suppose avec l’aide d’un secrétaire. Je n’ai pas aimé le sentimentalisme du prologue, pour le reste cet ouvrage est intéressant comme document, moins sur la vie difficile des émigrés portugais que sur celle en particulier de cette jeune femme pleine d’énergie à qui ses parents ont mené la vie dure en l’exploitant, en l’injuriant et en la battant. La petite bonne portugaise étonne par sa force de caractère. Elle considère par exemple avec froideur mais honnêteté ses liaisons avec quelques hommes, qu’elle a ensuite préféré quitter, dont le père de son fils. Elle m’amuse par son franc-parler, jugeant ici être mal habillée «comme une gitane», donnant là un conseil peu féministe mais de bon sens : «Quand on a besoin de quelque chose, il ne faut pas hésiter une minute à utiliser tous ses atouts. La séduction, c’est notre arme à nous, les femmes.» Eh oui, c’est l’arme qui désarme les hommes.

vendredi 23 juillet 2021

retirada

 Il paraît que les Espagnols, pour quelque raison, nomment la retraite jubilación. Je ne sais trop ce qu’ils entendent par là mais en ce qui me concerne, je ne jubile pas beaucoup. Mon impression est plutôt celle de la retirada et de l’exil. Un ami m’a confié que son père avait passé son premier mois de retraite à dormir et à jouer au Solitaire. J’envie presque une telle réaction. Pour l’instant je ne profite guère de ces grandes vacances définitives, parce que d’une part un joli peloton de corvées se conjuguent ces temps-ci pour me bouffer l’air, et que d’autre part je ne peux me défaire du sentiment que la partie est finie et que j’en suis aux prolongations, sans garantie sur leur durée. Mais enfin nous allons tâcher de mener notre barque jusqu’où nous pourrons.

mercredi 7 juillet 2021

Apostilles

Ces derniers temps j’ai lu très lentement, genre une double page par jour, un recueil de poésies que je m’étais aventuré à acheter, les Apostilles de Gaël Guillarme, honoré du Prix des Trouvères 2021, Grand Prix de la Ville du Touquet. J’avais eu vent de cette nouveauté des éditions Henry parce que je lis à l’occasion les communiqués de l’auteur sur un réseau social. Une vertu de cet ouvrage est l’adéquation du titre au contenu, car la centaine de poèmes qu’il contient sont tous intitulés Apostille à ceci ou à cela. Une vertu supplémentaire est que ces Apostilles sont présentées dans l’ordre alphabétique de leur sujet (Apostille à l’abandon, à l’absence, etc, jusqu’à l’Apostille à la vieillesse), à l’exception des douze Apostilles aux mois de l’année, placées dans l’ordre chronologique. Ce sont là des poèmes brefs, il y en a entre un et trois par page. La plupart sont en vers libres, mais l’auteur s’est plu à en composer certains selon une forme précise : texte dessiné en triangle (Apostille à la source), vers rythmés et rimés (Apostille à l’insouciance), bloc de douze alexandrins (Apostille à l’unité)… Le mot Apostille désigne une inscription marginale, je le prends ici au sens d’évocation, une évocation esquissée en quelques phrases, en quelques touches plus ou moins transparentes, plus ou moins énigmatiques, parfois éblouissantes : «Eaux vives qui paraissez moudre le froment de la lumière…» (Apostille à l’inconstance).