Dans une boite à livres, un heureux hasard m’a fait tomber sur un petit volume délabré mais exquis de Sacha Guitry, Toutes réflexions faites, Précédées d’un portrait de l’auteur par lui-même (Editions de l’Elan, 1947). Les vingt pages du portrait sont ce que j’ai le mieux aimé. Elles sont écrites sans trop de forfanterie, ni non plus de fausse modestie, l’auteur y montre une belle conscience de ses qualités et de ses défauts. On y sent encore l’amertume des deux mois de taule qu’il a dû faire à la Libération mais qui ne lui ont pas fait perdre sa morgue. Quant aux réflexions, c’est un recueil de notes, d’aphorismes et autres fragments bien tournés, qui séduisent moins par la profondeur ou le goût du paradoxe, que par le charme du personnage, lequel fait du Guitry sur le papier comme il en fait sur scène. Il y a une très belle page sur les Parisiens, qui ne sont pas forcément les natifs de Paris : «… On n’est pas de Paris comme on est de Clermont, mais on est de Paris comme on serait d’un cercle. On est élu Parisien, élu à vie. C’est une dignité …» Notez le rythme de la première phrase, comme deux alexandrins enchaînés, et notez les trois qui forment la première de cette autre citation : «Il est des écrivains que l’on connaissait mal, sur lesquels on se jette, et qui vous ensorcellent – et qui pendant un mois vous dispensent des autres. Ce sont ordinairement des écrivains de second ordre.» Ce n'est pas mal vu, il y a là de quoi méditer...
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