Je doute qu’aucun universitaire ait jamais le courage ou l’autorisation de consacrer ses recherches aux processus de promotion sociale par la coucherie. Je crois qu’une telle étude établirait que ce favoritisme a profité aux femmes et aux homosexuels, plus souvent qu’aux hommes hétérosexuels.
Journal documentaire
Le blog littéraire et agricole de Philippe Billé. Des notes de lecture, et des notes du reste.
mardi 1 juillet 2025
lundi 30 juin 2025
Zulmira
Les Máximas inéditas de Tia Zulmira (Editora Codecri, Rio de Janeiro, 1976) sont une oeuvre du journaliste et humoriste brésilien Sérgio Porto (1923-1968) parue posthumément sous son pseudonyme Stanislaw Ponte Preta. J’ai lu en entier ce mince volume sans y trouver une seule maxime à mon goût. On y remarque au mieux quelques définitions métaphoriques à la Gómez de la Serna, ainsi (je traduis) «Le colibri est l’hélicoptère de Dieu» (p 55) ou «Le pharmacien est le sergent de la médecine» (p 73). Le reste est ricanement soixante-huitard (genre «Le policier est toujours suspect», p 48) sans grand intérêt.
dimanche 29 juin 2025
Sagan
Il est toujours délicat de parler d’un livre qui vous a plu un peu mais sans plus, ainsi du Avec mon meilleur souvenir, de Françoise Sagan (Gallimard, 1984). N’étant guère porté sur la fiction et n’ayant jamais lu de roman de Sagan, je gardais depuis quelques mois sous le coude ce recueil de fragments autobiographiques, légué je crois par Fred R. Le volume est solidement charpenté en dix chapitres, dont cinq portant sur des artistes que l’auteuse a connus (B Holiday, T Williams, O Welles, R Noureev, J-P Sartre), alternant avec cinq autres sur divers sujets (Le jeu, La vitesse, Le théâtre, Saint-Tropez, Lectures). On y retrouve plus en détail ce que la rumeur nous avait déjà vaguement fait savoir sur le personnage de cette écrivaine joueuse, bohème, bambocheuse, etc. Son univers ne m’attire guère mais le texte se laisse lire parce qu’il est écrit avec soin, sans façons (on ne compte pas les formules du genre C’était en telle ou telle année, je ne sais plus bien) et semble-t-il avec sincérité. Sagan a quand même réussi à m’attendrir momentanément sur le vieux Sartre presque aveugle, qu’elle aide à manger au restaurant, ce n’est pas rien.
vendredi 27 juin 2025
lundi 23 juin 2025
Vilain
Ayant lu par hasard il y a quelques mois et n’ayant pas détesté le petit livre Le jeune homme, dans lequel Annie Ernaux raconte sa liaison pendant un lustre avec un homme beaucoup plus jeune qu’elle, puis ayant appris que celui-ci, Philippe Vilain, venait à son tour de publier un ouvrage où il expose sa version des faits, Mauvais élève (R Laffont, 2025), j’étais curieux de le lire et je viens de l’emprunter. A cette occasion j’apprends qu’en fait l’écrivaine a évoqué l’idylle dans deux autres livres, et que de même l’ancien amant l’a déjà représentée dans deux romans avant de publier cet essai autobiographique. A vrai dire Annie Ernaux n’apparait qu’au bout d’une centaine de pages, dans ce récit plus globalement consacré à décrire la métamorphose intellectuelle de l’auteur depuis son adolescence. Au départ marginal délinquant illettré, fils de prolo alcoolique, il a peu à peu pris goût aux études et à la littérature, notamment sous l’influence de cette maitresse providentielle, à laquelle il a fini par consacrer une thèse de doctorat. Je dois avouer que ce livre m’a un peu déçu, je l’ai trouvé intéressant mais souvent ennuyeux, notamment dans cette première centaine de pages que je n’ai pu lire avec soin, me contentant de la survoler. On est content pour lui que l’auteur ait appris à écrire correctement, mais cela ne suffit pas à produire un texte captivant. Il faut dire que non seulement la matière (une existence médiocre dans un milieu médiocre) est ingrate, mais qu’en outre elle est traitée sur le ton besogneux de la soso, la sociologie socialiste. C’est qu’Annie comme Philippe, et celui-ci sans doute à cause de celle-là, sont imbibés d’idéologie balourde, fiers de défiler avec Krivine et Laguiller ou de «tuteurer un sans-papier algérien désireux de se marier avec une Française» (page 161). Obsédés par la classe sociale, ils voient partout du privilège et de l’oppression, de l’héritage et de la distinction. Ils vivent dans un monde sans surprise, où tout est déterminé, et voient les gens autour d’eux comme des personnages pour lesquels, dirait Davila, «la psychologie est de trop, la sociologie suffit». Fort heureusement la vie réelle ne se déroule pas exactement comme dans les bourdieuseries et Vilain admet que sa propre trajectoire est un contre-exemple du déterminisme marxiste. Dans l’analyse de ses rapports avec Annie, il observe au moins deux malentendus. D’une part elle prétend retrouver en lui son modeste milieu d’origine, mais lui voit bien qu’elle est issue d’un milieu pas si modeste que ça, et socialement supérieur au sous-prolétariat dont lui procède (« nous ne provenions pas du même milieu modeste … Un monde séparait nos milieux modestes », 120-121). D’autre part il pense qu’ils étaient attachés l’un à l’autre de façon asymétrique, par des penchants différents («je devinais que le passionné de littérature que j’étais l’attirait moins que mon corps», 115). En tout cas elle semble avoir été très amoureuse, et l’être restée y compris avoir avoir rompu avec lui. La seule scène vraiment émouvante du livre est celle où, un an après la séparation, elle demande à le revoir et tente de renouer (223 sq). Mais c’est trop tard, car il est maintenant engagé dans une autre relation, et elle a du mal à l’accepter. Accessoirement je me suis trouvé un petit sujet de méditation à un moment où l’auteur, pour montrer qu’Annie est sérieusement embourgeoisée, évoque le rituel compliqué des repas : «j’étais chargé de dresser la table, d’allumer les chandelles, de choisir la musique classique qui servirait de fond sonore, et je me trompais toujours de côté en plaçant les couverts, je confondais les fourchettes à entrée avec celles à plat ou à dessert, les couteaux, les cuillères, les multiples verres, les assiettes … » (164-165). Pour ma part je me dis que si vraiment c’est un privilège, que d’avoir à se colleter avec de multiples verres et couverts, j’aime autant m'en passer…
dimanche 22 juin 2025
abc
VITAMINE A
Poème-liste, sur une idée
de Christophe Petchanatz
Vitamine A
Plan B
Vitamine C
Système D
Vitamine E
Point G
Heure H
Génération I
Jour J
Vitamine K
Taille L
Taille M
Quantité N
Groupe O
Point P
Source Q
Valeur R
Taille S
Ford T
Super U
Rayon X
Chromosome Y
Série Z
samedi 21 juin 2025
Angérien
Mais je ne dois pas trop me plaindre de la bonne ville de Saint-Jean d'Angély, où l'hebdo L'Angérien libre me gratifie encore d'un copieux article du correspondant local Philippe Tumo, sur cinq colonnes s'il vous plait, à l'occasion de ma réédition du Voyage de Jean Mocquet en Andalousie. Il m'intéresserait de toucher ainsi le public local, à qui je peux vendre de la main à la main sans être soumis au racket postal. Nous verrons ce qu'il en est...