mardi 3 décembre 2024

aforismos

    Encore des déceptions dans mes lectures d’aphorismes ibéro-américains. Je n’ai rien trouvé qui m’intéresse dans Si todos los hombres... Aforismos, de l’écrivain argentin José Narosky (Buenos Aires : Planeta, 1997), ni dans les Observaciones y aforismos, de son confrère vénézuélien José Balza (Caracas : Fundación Polar, 2005). Et presque rien dans les Aforismos para o povo instruído, du journaliste et poète brésilien Ascendino Leite (João Pessoa : Editora Idéia, 1998). Peut-être cette remarque cynique : Mourir, c’est rentrer à la maison (Morrer é voltar para casa, p 11), suggérant que la vie n’est qu’une brève excursion hors du néant infini qui nous précède et nous succède. J’ai été intrigué par sa réflexion de la p 17 : «Civilizados são os que viajam. Eles são a novidade do mundo», c’est à dire Les civilisés sont ceux qui voyagent, ils sont la nouveauté du monde. A qui pensait-il en écrivant cela ? Aux découvreurs de la Renaissance ? Aux visiteurs nord-américains ou européens qui vont faire du tourisme ou participer à des congrès au Brésil ? En tout cas, vus d’ici, les voyageurs n’inspirent pas tous un tel optimisme. Mais chacun voit midi, n’est-ce pas...

lundi 2 décembre 2024

dimanche 1 décembre 2024

branchage

    Une question que je me pose, en nettoyant les arbres à piquants : ces branches, ces branchettes d’aubépine (épine blanche) et de prunellier (épine noire), ces tiges de ronce ou d’églantier, une fois coupées, si je les laisse trainer au sol ici et là, sont-elles pas autant de chausse-trapes où les bêtes se blesseront ? Les bêtes ou moi-même, les plus pointues épines m’ont percé des semelles. Ces rameaux et fragments je les entasse pour les rendre plus visibles, et j’installe ces tas de préférence hors du passage, par exemple dans l’espace entre des troncs rapprochés. Quant aux branches non épineuses, les plus nombreuses, en général je scie en bûches et en bûchettes leurs parties les plus épaisses, tout ce qui est trop gros pour être coupé au sécateur. Le fagot j’en rapporte parfois un peu chez moi, celui de meilleure qualité, le reste je le laisse à pourrir sur place, en tas également, pour ne pas avoir des branches dispersées qui encombrent l'espace et gênent la marche. Les parties les plus fines, les extrémités, quand j’ai le temps je les débite au sécateur, en petits tronçons pas plus longs qu’un doigt. Ils s’éparpillent sur le sol et en font partie dès qu’ils le touchent. Le ménage de la maison m’ennuie autant que celui des bois me délasse, je ne saurais dire à quoi cela tient mais c’est ainsi.

samedi 30 novembre 2024

Trump

Les avis que je recueille, en privé comme en ligne, me donnent l’impression que l’opinion publique française est à la quasi unanimité anti-Trump, je dirais à 90 ou 95 %. Par contraste, l’électorat américain s’est prononcé récemment à plus de 50 % en faveur de Donald Trump. La différence entre les deux populations est que la française connaît (ou croit connaître) Trump essentiellement d’après ce que lui en disent les journalistes, lesquels (comme par hasard) sont eux-mêmes quasi unanimement anti-Trump, alors que les Américains connaissent bien mieux celui qui est leur compatriote, et qui a d’ailleurs déjà été leur président. Cet écart flagrant me paraît significatif de l’influence énorme des médias sur l’opinion, surtout dans les domaines où le public dépend principalement desdits médias pour s’informer. La médiaterie a été cette fois-ci incapable d’empêcher l’élection du candidat qu’elle haïssait, mais elle ne désarme pas. Le malheureux n’a pas encore pris ses fonctions, qu’il faut déjà accabler toutes ses décisions. Le grand thème en ce moment est le choix des futurs ministres de Trump, lesquels, selon la presse, sont tous des idiots fous-furieux malhonnêtes et incompétents (à la différence des lumières qui ont officié sous Bidaine : les Kamala, Buttigieg, «Rachel» Levine et consorts). Le cas d’Elon Musk est embêtant, vu qu’il est difficile de le présenter comme un demeuré. Mais il suffit de parcourir un peu la presse pour voir qu’il est devenu une cible à salir. A mon avis on ne devrait pas tarder à apprendre qu’il est coupable de trafic d’organes par effraction ou de terrorisme en état d’ivresse. Ou du moins qu’on en a de forts soupçons, hein.

mercredi 27 novembre 2024

Sarduy

    Malgré toute mon estime pour les Ediciones Universal, créées à Miami par des exilés cubains, je dois m’avouer déçu par le mince volume, que je viens de parcourir, des Epitafios, Imitación, Aforismos, qu’elles ont publié en 1994, un an après la mort de l’auteur, Severo Sarduy. Ce petit livre sent la gonflette : dos carré mais moins de cent pages, beaucoup d’espace blanc, des dessins. Lesdites Epitaphes : sept brefs poèmes, l’Imitation : trois pages de petites strophes, quant aux Aphorismes il y en a un par page et ils sont au nombre de huit, ce qui n’est pas une quantité massive, et leur qualité n’a rien de bouleversant. Pour faire bonne mesure, on a rempli le reste de l’ouvrage avec deux études consacrées à l’écrivain, dont j’ai bien aimé la première, La persona Severo Sarduy, un témoignage biographique par son amie Concepción Teresa Alzola. 

mardi 26 novembre 2024

Bryce

J’ai passé une bonne heure à feuilleter les Aforismos : dichos, dichas y desdichas, de l’intellectuel péruvien Alfredo Bryce Echenique (Lima : Peisa, 2016). A vrai dire le titre abuse un peu, il s’agit d’un recueil de simples fragments extraits des œuvres de l’auteur, fragments dont la plupart n’ont pas vraiment la teneur d’aphorismes. A priori rien ne m’attirait dans la personnalité de cet écrivain professoral, typique bourge sud-américain de gauche, et en effet ce recueil m’a paru bien fade, c’est une collection de platitudes auto-satisfaites, sans saveur particulière. Pour ne rien arranger, l’ouvrage est affligé de négligences, ma visite hâtive m’a suffi à repérer aux moins deux citations reproduites en double, une à propos d’Albert Camus p 81 et 197, une autre à propos de Vargas Llosa répétée sur la seule page 98. Bon, allons voir ailleurs.

lundi 25 novembre 2024

Cecilia

De passage à Pessac et d’humeur optimiste, j’ai emprunté l’autre jour une quinzaine de livres à l’université. La plupart repérés en cherchant dans le catalogue le mot du titre Aforismos. Mais aussi quelques autres, dont deux volumes des Crônicas de viagem de la poétesse brésilienne Cecília Meireles (1901-1964). Ce sont des recueils dans lesquels on a réuni posthumément des textes en prose écrits à l’occasion de voyages en Europe (France, Espagne, Portugal, Italie, Belgique, Hollande) et en Orient (Israël, Inde). La plupart ont paru comme articles dans des quotidiens brésiliens au cours des années 50. Je n’ai pas bien le temps de lire ces ouvrages mais j’étais curieux de les feuilleter pour retrouver un moment l’esprit de cette écrivaine qui m’est chère. (Ma traduction de ses Nocturnes de Hollande n’a intéressé quasiment personne, mais c’est un de mes travaux auquel je suis le plus attaché). J’ai remarqué dans le volume 2 (Nova Fronteira, 1999) deux belles pages (147-148) sur la Luz da Holanda, la lumière de la Hollande («Qui a tenu entre ses mains cette lumière sait pourquoi la Hollande a produit tant de peintres...»). Dans le volume 3 (idem, 2000) deux autres pages (82-83) m’entrainent à la rêverie en me révélant qu’une fois, la poétesse et moi nous fûmes plus proches l’un de l’autre que je n‘aurais imaginé. En octobre 1956, elle descend de Paris à Biarritz, en voiture semble-t-il. Elle ne précise pas son itinéraire mais cite la Loire, Angers, puis Bordeaux, ce qui laisse supposer un passage par les Charentes. Un futur fan de ses vers était alors nouveau-né dans le pays...