lundi 29 avril 2024

pépinières

Dans une pile de Rustica, que l’on m’avait passée, je n’ai lu attentivement qu’un article du n° 2826 (23-29 février) portant sur les «Pépinières Desmartis, 150 ans de passion végétale». Cet article m’a intéressé pour les données qu’il m’apprenait et pour les souvenirs qu’il m’évoquait. A Bergerac, où j’ai passé la plus grande part de ma jeunesse (j’y ai habité à l’âge de 7 à 19 ans et y suis souvent revenu jusqu’au départ de ma mère en 2013) l’entreprise Desmartis était connue de tous, et j’ai eu pour condisciple au collège un fils de la famille, brillant garçon. Je n’étais pas fan de leur production-phare, les arbustes Lagerstroemia, mais j’aimais bien leur magasin de jardinerie au sud de la ville, sur la route d’Agen, revendu depuis à Jardiland. J’y allais volontiers faire un tour, souvent plus en promeneur qu’en acheteur, en compagnie de ma mère ou de mon fils petit, un peu comme on va flâner le dimanche chez Le Lann, à Gradignan. J’ai appris que non seulement les Desmartis avaient été une dynastie de pépiniéristes sur au moins trois générations, mais que le fondateur Eugène avait épousé en 1874 une jeune femme elle-même issue d’une longue lignée de pépiniéristes, les Perdoux. Et j’ai compris par la même occasion d’où tirait son nom le jardin public de la ville, dit le Jardin Perdoux. J’avais toujours trouvé ce nom un peu ridicule, pensant que c’était quelque chose comme une formule occitane pour Jardin Perdu. J’apprends maintenant que cette appellation était tout à fait justifiée, mais hélas j’apprends en même temps que le charmant jardin a été rebaptisé Parc municipal Jean-Jaurès. Quelle horreur. J’espère que les habitants se révolteront pour rétablir le nom perdu. J’ai aussi de bons souvenirs de ce lieu. Du collège Henri IV, un professeur nous y emmenait dessiner les arbres, il suffisait de traverser la rue. Plus tard, devenu hippie chevelu, j’ai souvent zoné autour du joli bassin aux bordures en carrelage bleu. La lecture de cet article m’a inspiré l’idée de créer ma vingt-deuxième notice dans Wikipédia, celle-ci sur les Pépinières Desmartis. C’est chose faite depuis hier, mais les Perdoux en mériteraient aussi une, sans doute. En cherchant de la documentation en ligne, je suis tombé sur une étymologie étonnante, celle du nom des jardineries Gamm Vert : il paraît que Gamm est un acronyme pour Grande Armée Maillot Malakoff, ce qui est assez inattendu...

samedi 27 avril 2024

monosyllabes

    Monsieur Bruno R, de Paris, attire mon attention sur cette belle phrase attribuée à Victor Hugo : «Le monosyllabe a une étrange capacité d'immensité : mer, nuit, jour, bien, mal, mort, oui, non, dieu». Je la suppose authentique, puisque reproduite en ligne dans plusieurs collections de citations et dans des sites de grands journaux, mais je ne l’ai vue nulle part plus précisément référencée. Il y a en elle cette bizarrerie, qu’elle mentionne mer mais pas terre, mort mais pas vie. Mais elle est bien vue, pour ce contraste entre la brièveté des mots et l’ampleur des notions. A vrai dire il n’est peut-être pas étonnant que les notions les plus fondamentales soient ainsi désignées par des mots élémentaires. Cette phrase me plait aussi parce que je me suis moi-même laissé fasciner plusieurs fois par l’énergie primitive des monosyllabes, surtout dans une langue aussi volontiers bi ou trisyllabique que le français. (Voir mes notes et mes poèmes-listes sur les pays, les départements, les villes, les animaux, les arbres, les fruits, les couleurs etc).

mardi 23 avril 2024

Palestine

Pendant les longs moments où je déserte mon chantier de terrassement, j’ai aussi lu la bédé Les amandes vertes, Lettres de Palestine, des sœurs belges francophones Delphine et Anaële Hermans (éditions Warum, 2011). Cela se présente comme une correspondance entre la dessinatrice Delphine, qui demeure à Liège, et sa sœur partie de Bruxelles passer dix mois en Cisjordanie, de mars à décembre 2008, pour accomplir on ne sait trop quelles tâches au sein d’organismes humanitaires. L’ouvrage est divisé en chapitres commençant chacun par une carte postale envoyée de Liège par Delphine et suivie sur plusieurs pages par la réponse de la voyageuse. Ces réponses, constituant l’essentiel du livre, sont une chronique des actions et des sentiments de la narratrice, en même temps qu’un reportage sur la vie locale. C’est intéressant d’autant plus qu’Anaële, basée à Bethléem, n’y reste pas tout le temps mais visite plusieurs autres villes et villages du sud de Jérusalem. Elle s’entend bien avec les Palestiniens qu’elle rencontre et, comme elle a aussi des amis israéliens, elle se rend quelques fois en Israël. Cela lui permet de comparer l’ambiance différente des deux pays : en Israël le mode de vie occidental, avec à Tel-Aviv l’agrément du bord de mer, et en Palestine une vie plus rurale, plus austère à cause de l’islam (tabou de l’alcool, relative distance hommes-femmes) et plus rude à cause des colons israéliens qui pourrissent la vie des locaux (expulsions, confiscations, menaces, couvre-feux, murailles barrant les routes et la vue, etc). Points faibles : les pages ne sont pas numérotées, et les parties de texte tracées en blanc sur noir sont souvent illisibles. Mais c’est un bon livre, bien raconté, par petites touches sensibles sans insistance, et qui donne honnêtement matière à méditer, mais je dois dire qu’il ne m’a pas rendu plus optimiste quant à l’issue de ce pénible conflit.

lundi 22 avril 2024

monologues

La grande vertu des Monologues du vagin (Balland, 1999, édition originale américaine The vagina monologues, 1998) c’est la brièveté. L’écrivaine Eve Ensler a su se contenter d’une centaine de pages, ventilées en courts chapitres, c’est bien assez. Ce pamphlet féministe tient à la fois de l’essai et du théâtre, les textes étant destinés à être lus sur scène. Il s’agit d’une célébration du sexe féminin, que l’on examine sous toutes les coutures et sous une lumière crue, et que l’on s’efforce de glorifier. Eve pense ainsi œuvrer à la «libération» des femmes, terriblement opprimées par l’ordre patriarcal des vilains hommes, qui sont très méchants. Le choix du terme Monologues me paraît discutable : il peut s’appliquer à certains des textes (développements de l’auteuse, transcription ou adaptation des propos de telle ou telle autre femme) mais enfin il rend mal compte du fait que l’ouvrage est essentiellement polyphonique, et plusieurs des chapitres sont des collections de réponses à des questions, ces voix multiples étant tout le contraire de monologues. Il y a là des Discours ou des Variations, plutôt que des monologues. Quant au thème du Vagin, est-il si libérateur, et si passionnant ? On sent bien là l’obsession des femmes féministes qui n’en peuvent plus de se trouver formidables, et dont on devine que le deuxième organe préféré doit être le Nombril. Je pense qu’il ne serait pas plus appétissant de composer pareillement des Tirades du pénis, ou des Soliloques du trou du cul. Il ne faut peut-être pas avoir honte de ce que nous soyons des êtres biologiques, mais je crois qu’il n’y a pas non plus matière à s’en vanter. Quant aux particularités de la biologie féminine, les féministes seraient bien avisées d’admettre que les hommes n’y sont pour rien. (Par comparaison je relisais naguère les méditations autrement graves d’un Caraco sur le sujet, dans son Post mortem : «La menstruation, la grossesse et l’accouchement, et la lactation, nous ne pouvons glorifier de telles servitudes, elles sont dégoûtantes et nombre d’hommes en frémissent, bien qu’ils n’étalent l’horreur qu’ils éprouvent, de peur de passer pour des monstres. Les hommes amoureux affectent de les oublier, les autres gardent le silence, c’est un sujet que l’on élude et qui nous peine tous ...»). Enfin l’aspect le plus pénible des dits Monologues, c’est la niaiserie souvent avec laquelle le sujet est traité. Alors que certains chapitres observent une certaine justesse de ton (le meilleur à mon avis est celui recueillant des témoignages sur les premières règles, pages 55-60), d’autres sombrent dans un mauvais goût de très bas niveau. Les pires sont les trois compilant de multiples réponses à ces trois questions : Comment habilleriez-vous votre vagin (p 39-40) ? Si votre vagin pouvait parler, en deux mots, que dirait-il (p 41-42) ? enfin Qu’évoque pour vous l’odeur d’un vagin (p 93-94) ? Inutile de préciser que les réponses rivalisent de ridicule avec les questions, je laisse aux curieux le plaisir de découvrir ces perles. Un détail social m’a frappé, page 28, quand Eve évoque ses vastes recherches : «J’ai parlé avec plus de deux cents femmes ... Elles étaient professeurs, actrices, cadres, professionnelles du sexe ...» Ces dernières sont naturellement des opprimées de choix, en quelque sorte estampillées, mais les trois premières professions citées sont celles de milieux plutôt aisés, et surtout très réceptifs aux idéologies dites progressistes. Par contre zéro prolo, zéro paysanne, zéro petite employée. Malgré quoi cette œuvre larmoyante est un best seller international et des millions de dindes, de dindons et de dindonneaux ont applaudi le spectacle ou acheté le livret dans le monde entier. Ce succès immense dément d’ailleurs l’idée que la voix des femmes serait étouffée. En France il paraît que le texte a été lu à Bobino par les politiciennes humanistes Roselyne Bachelot, Myriam El Khomri et Marlène Schiappa, qui ont bien la tête à ça, en effet.

samedi 20 avril 2024

actualités

Les livres s’accumulent sur ma table de chevet plus vite qu’ils n’en repartent, présentement une vingtaine ou trentaine dont certains en processus de sédimentation depuis des mois ou des années, il faudrait là que je fasse place nette car en ce moment j’ai moins que jamais le temps de lire, m’étant lancé dans un nouveau chantier intermittent et d’envergure, pas moins que du terrassement, soit le décaissement et l’empierrement d’un quadrilatère d’environ dix-huit mètres carrés devant mon portail, afin de disposer ainsi au minimum d'une place où garer ma voiture automobile ailleurs que dans la rue quand les pluies abondantes comme cet hiver transforment le jardin en marécage, et je travaille comme je peux, certains jours pas du tout je l'avoue, à cet ardu ouvrage qu’un pésant du cru torcherait en deux jours et qui va je le sens me demander deux mois, mais il faut ce qu’il faut et qui vivra verra.

jeudi 18 avril 2024

bikini

BIKINI

Bikini

Bilitis

Bimini

Biribi

Cilicie

Difficile

Dimitri

Incipit

Isigny

Mirifique

Mistigri

Ouistiti

Philippines

Primitif

Rififi

Rimini

Riquiqui

Sibylline

Simili

Tbilissi

 

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       Je publie aujourd’hui le poème-liste Bikini, constitué de mots de trois syllabes dans lesquels la seule voyelle audible est le i (ou le y, mais pas le son nasal in). J’avais publié en septembre 2022 un poème semblable, Alaska, qui ne contenait que des toponymes. Ceux-ci étant trop rares avec la lettre i, j’ai étendu cette fois la liste à tous les noms propres et communs, ainsi qu’aux adjectifs. Comme dans Alaska j’ai pris pour titre l’incipit, Bikini, qui présente l’avantage de relever lui-même de différentes catégories sémantiques, étant à la fois un nom de lieu et un nom commun. Mes correspondants sur Facebook m’ont aimablement aidé à collecter des termes. Pour éviter d’être prolixe, j’ai limité mon choix à un numerus clausus de vingt unités et j’ai donc exclu certaines des propositions, comme celles des noms trop rares (viriliste, Shichimi...) ou trop sinistres (Syphilis), ou les formes conjuguées (initie, vivifie) lesquelles se prêtent moins bien à la juxtaposition. Merci à C Petchanatz, F Brouillaud, P Daudon, S Cauvin, A-J Roland, P Joncquez, C Colant, A Fournier, J-C Menu, I Czekierska, G Piti-Piotr, C Low, C Colomb et L Nadot.

mardi 16 avril 2024

allumettes

L’imagerie des boites d’allumettes (photos d’intérieurs chaleureux et autres niaiseries) me plait rarement. J’en achète volontiers lorsque je suis à l’étranger, ou je m’en fais rapporter. Elles ne sont pas toujours mieux inspirées quand elles viennent d’ailleurs, mais elles présentent au moins le charme de l’exotisme. Or je viens de découvrir près d'ici, dans les magasins de St-Jean d’Angély, deux marques à l’esthétique remarquablement sobre, toutes deux produites en Inde. D’une part des boites de «240 allumettes maison» vendues chez Gamm Vert, figurant juste en médaillon une marmite au-dessus de flammes, sur fond de motifs géométriques. D’autre part deux modèles de boites de «100 pcs 55 mm» trouvées chez Lidl, montrant simplement une allumette grandeur nature, sur fond de lignes ou de losanges. Aimables trouvailles, ma foi.



lundi 15 avril 2024

expo

Une exposition collective sur le thème «Doeuil sur le Mignon village d’eau et de lumière» est organisée par le Foyer rural de cette commune. J’y participe avec un collage-lettrage de format carte-postale horizontal. Je me suis intéressé au beau quadrillage de 3 x 6 = 18 cases que permettent les lettres de ce toponyme. J’ai traité le thème de façon minimale, par deux petits signes tracés dans la case laissée libre. L’exposition se tiendra au Moulin à Café, 7 rue des Ecoles, du 12 au 26 avril.
(Suite à une panne, cette note parait avec un peu de retard. Jours et heures d'ouverture sur la page Fb du MàC).

jeudi 11 avril 2024

tourterelles

    Il existe en France et en Europe deux espèces de tourterelles, la Tourterelle turque (Streptopelia decaocto) et la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur). Le nom du genre en latin scientifique, Streptopelia, est formé sur deux racines grecques, streptos = collier, et peleia = pigeon ramier.

La Tourterelle turque vient comme son nom l’indique de Turquie ou d’Orient. Elle a envahi l’Europe depuis les années 1930 et elle y est maintenant l’espèce la plus répandue. C’est notamment la tourterelle des villes et des villages, nichant toujours près des habitations humaines. Elle se reconnaît à son demi-collier noir très net, qu’elle porte sur la nuque et sur les côtés du cou. Son nom d’espèce en latin scientifique est decaocto, c’est à dire dix-huit, en référence à la légende antique d’une servante accablée de travail et se plaignant de ne gagner que dix-huit pièces par an. Les dieux la changèrent en tourterelle mais elle continue de pimer : hou-hou... hou. Son petit chant plaintif est ainsi fait de deux premières notes collées, puis d’une troisième séparée. Le nom de la Tourterelle turque dans la plupart des langues européennes se réfère comme en français à son origine géographique : en espagnol Tórtola turca, en portugais Rola-turca, en allemand Türkentaube, en néerlandais Türkse tortel. Mais on la nomme d’après son collier en italien : Tortora dal collare, et en anglais : Ring-necked dove ou Collared dove, parfois Eurasian collared dove.

La Tourterelle des bois est l’espèce indigène en Europe. Elle ne vit pas que dans les bois mais se tient toujours plus à l’écart des hommes que l’envahisseuse turque, et on la trouve parfois aux abords des villages. On la distingue à ses ailes au plumage écaillé et non uni comme chez la turque, et à son cou orné de petites griffures noires au lieu d’un collier. Son nom d’espèce en latin scientifique est le même qu’en latin classique : turtur. C’est une onomatopée, son cri étant très roucoulant : tourrr tourrr tourrr... On l’appelle en anglais European turtle dove ou simplement Turtle dove (= pigeon-tourterelle) comme en allemand (Turteltaube). C’est en espagnol la Tórtola europea, en portugais la Rola comum ou Rola brava (tourterelle commune ou sauvage), en italien la Tortora selvatica. Les Hollandais la nomment Zomertortel, tourterelle d’été, parce que c’est un oiseau migrateur qui va passer l’hiver en Afrique, au contraire de la turque sédentaire.

mercredi 10 avril 2024

Cologne

Le parfum je n’en mets jamais si ce n’est une fois par semaine un peu d’eau de Cologne après m’être rasé, de préférence l’eau de Cologne Mont St Michel. Au moment d’en acheter un nouveau flacon, j’ai toujours la même hésitation : si je me fiais aux appellations de la gamme, j’opterais pour la Naturelle Classique, mais quant à la senteur je préfère la Fraîcheur Intense...

mardi 9 avril 2024

hiver


Tous mes animaux ont passé l'hiver. Les moins en danger étaient les trois poissons rouges du bassin. Le plus jeune d'entre eux et donc le plus petit, qui était en fait jaune, se pare maintenant de marbrures noires d'un bel effet. De son côté la tortue a survécu au froid, je l’en avais donc assez bien protégée. C’est son deuxième hiver ici et je la laisse hiberner dehors, en prenant des précautions. Pour fêter sa remise en activité, je lui ai confectionné un nouvel enclos, un carré de planches d’environ deux mètres cinquante de côté. Comme c'est une prison ensoleillée, je l'appelle Guantanamo. Quant à mes trois cailles cégétistes, qui avaient totalement cessé de pondre depuis l’été dernier, j'ai acheté pour elles cet hiver à la ferme Dubourg, à Pessac, des granulés aux protéines censés stimuler la ponte. Je comptais leur en donner au printemps mais je n'en avais encore rien fait quand soudain, le week-end de Pâques, j'ai trouvé six oeufs dans la volière. Un vrai bombardement. Il semble que la meilleure protéine soit le printemps lui-même. Auraient-elles enfin compris la leçon du camarade Thorez, comme quoi il faut savoir terminer une grève ? Je n’en jurerais pas, car depuis lors le rendement n’est pas terrible, en moyenne un œuf par jour. Je sens qu’elles gardent un préavis sous le coude...

Sur la photo, une vue du nouvel enclos de la tortue. En zoomant, on aperçoit la bête devant la porte de son cabanon. En arrière-plan le deuxième anclos, plus petit, sa résidence secondaire.

dimanche 7 avril 2024

pouillot

Parmi les chants d’oiseaux que le printemps ramène, celui du Pouillot véloce, comme celui du Coucou, est de ceux que l’on entend plus souvent qu’on ne voit le chanteur. Le pouillot d’ailleurs n’est qu’un ppb, un petit passereau brun, assez indistinct. Mais son chant têtu, fait d’une dizaine de notes clairement détachées, qui se suivent sans se toucher, est un des plus sonores et des plus faciles à reconnaître, dans le ramage de saison.

samedi 6 avril 2024

pension

    Au début de l’année, j’ai été augmenté. De 35 euros. Je palpe maintenant dans les 673 euros de pension mensuelle. Cela n’est pas beaucoup mais je ne m’en plains pas. Au contraire je mesure ma chance de vivre dans une société généreuse, qui rétribue encore celui qui n’a pas fait grand chose pour le mériter durant sa vie active. N’ayant pris d’emploi régulier qu’aux approches de la quarantaine, et le plus souvent avec des horaires à 80 % pour m’assurer d’amples week-ends, j’aurai peut-être blanchi mais ça n’était pas beaucoup sous le harnais. Ayant un genre de vie assez frugal, cette rente légère suffit à mes besoins. Quand elle ne suffit pas, je puise dans les réserves que j’ai eu la prudence ou la chance de mettre de côté. Je n’ai pas de loyer à payer, la banque alimentaire de Loulay me procure des vivres deux fois par mois, et quand Mercure me favorise, je vends un collage, une poignée de livres ou quelque autre chose. Je m’arrange.

lundi 1 avril 2024

Bob

    Cela fait maintenant des années que Google News ne laisse pas passer une seule journée sans me proposer, dans son assortiment de nouvelles du jour, un article sur Bob Dylan, dont je n’ai rien à foutre. Je suis partagé entre la lassitude, la perplexité (comment ces gens fonctionnent-ils ?) et la consolation (dans le fond, être fliqué par un géant myope n’est pas si inquiétant)...