jeudi 28 janvier 2021

patronne

Je reviens sur ces deux passages, que j'avais notés à l'automne dernier en lisant le premier volume des Mémoires de Jean-Marie Le Pen. Ce sont des remarques marginales, faites en passant sur un sujet qui n'a rien de central dans le livre. La première à la page 30 : «... si dur qu'ait été le métier de mineur, celui de marin pêcheur l'était plus encore : le mineur, ses quarante heures finies, fussent-elles infernales, avait droit à deux jours de repos, une vie familiale, des amis, des loisirs. Le marin ne connaissait ni jour, ni nuit, ni dimanche, ni jours fériés. Il se trouvait privé sa vie durant de tout ce qui constitue le pauvre bonheur des hommes, caresser sa femme et ses enfants, jouer aux cartes avec les amis, ou flâner sur le quai. Il n'avait droit à cela que deux jours par quinzaine. Quand il rentrait le corps encore balancé par le roulis, il arrivait à la maison comme un étranger qui salit le carrelage. Les femmes vouées à la solitude et dotées de l'autorité familiale s'y habituaient.» La seconde à la page 87 : «Les femmes, chez nous à l'époque, se mariaient pour ne pas travailler, pour s'établir, fonder une famille. L'épouse avait une importance déterminante, c'était elle, à bien des égards, le vrai chef de famille, la patronne. Une année de crise, quand le poisson ne se vendait pas bien, Maman avait dû faire des ménages. Elle en avait honte.» Ces fragments me paraissent intéressants non seulement pour la qualité du style, mais aussi pour la justesse de l'observation. (J'avais aussi noté des remarques similaires chez Charles Juliet, voir au 7 VIII 20, et dans mon propre journal au 5 VII 17). Il me semble qu'une discussion sérieuse, si un jour les féministes se décident à discuter sérieusement, ne pourra faire l'économie d'une réflexion sur l'écart entre le «pouvoir» masculin apparent ou supposé, et la réalité psychique de l'autorité.

2 commentaires: