Lettre documentaire n° 513
La police politique stalinienne dans la guerre civile espagnole (1937) :
extraits du chapitre X du livre de l'anarchiste Diego Abad de Santillán, Por qué perdimos la guerra («Pourquoi nous avons perdu la guerre»), paru d'abord en 1940, réédité en 1975 et en 2018, maintenant disponible en ligne (extraits ici traduits par Philippe Billé).
La police politique stalinienne dans la guerre civile espagnole (1937) :
extraits du chapitre X du livre de l'anarchiste Diego Abad de Santillán, Por qué perdimos la guerra («Pourquoi nous avons perdu la guerre»), paru d'abord en 1940, réédité en 1975 et en 2018, maintenant disponible en ligne (extraits ici traduits par Philippe Billé).
L'un des aspects qui nous révoltait le plus [nous = les anarchistes] était l'introduction des méthodes policières russes dans notre politique intérieure. Les tortures, les assassinats irresponsables, les prisons clandestines, la férocité envers les victimes coupables ou innocentes, étaient à l'ordre du jour. [...]
On n'imagine pas tout ce qui s'est passé dans les tchékas communistes de l'Espagne républicaine. A l'hôtel Colón de Barcelone, à la maison Carlos Marx, [il cite d'autres lieux à Barcelone, Valence, Castelldefels et ailleurs] avaient lieu des crimes sans précédent [...]. La révolution espagnole et la guerre contre le fascisme ont été déshonorées par ces procédés policiers [...]. La mairie de Castelldefels a dû protester contre les nombreux cadavres que la tchéka du château abandonnait chaque nuit sur la voie publique. Il y a eu des jours où l'on a retrouvé jusqu'à seize hommes assassinés, tous antifascistes mais opposés au communisme. [...]
Un beau jour les brigades du XXIIIe Corps d'armée [sous le commandement du lieutenant-colonel Galán, communiste] reçoivent l'ordre que chacune réunisse un peloton ou un escadron d'antifascistes confirmés. Cela fait, on donne aux soldats des instructions pour qu'ils se rendent à Turón, un village de 2500 habitants dans la région de Grenade. On leur dit qu'ils doivent éliminer des fascistes pour le bien de la cause. Ils arrivent à Turón et y exécutent 80 personnes, dont la plupart n'avaient nullement à subir ce châtiment, puisqu'elles n'étaient pas hostiles et encore moins dangereuses. C'est ainsi que des éléments de la CNT, du Parti socialiste et d'autres mouvements de gauche ont massacré des camarades de leurs propres organisations, en ignorant que c'était le cas et en croyant oeuvrer pour la justice, comme l'avaient affirmé leurs supérieurs. Il y eut aussi des cas de viols de filles afin d'éviter que leurs parents soient assassinés. Le plus répugnant fut la façon de perpétrer ces actes en plein jour et à la vue de tous, ce qui provoqua une vague de terreur dans le canton. On construisait alors la route de Turón à Murtas et les morts furent enterrés sous la chaussée. [...]
[L'historien espagnol, qui a attiré mon attention sur ces passages en les citant, fait observer que l'auteur anarchiste est surtout scandalisé par le fait que les victimes de ces exactions étaient des gens de gauche, laissant supposer que les exécutions sommaires et les viols le dérangeaient moins quand ils visaient les gens de droite, comme ce fut le plus souvent le cas.]
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