mercredi 20 juillet 2022

vous

 Il n’est pas étonnant que les amants se tutoient dans les chansons de Brassens, poète popu partageant l’idée générale que le tutoiement est l’usage naturel dans l’intimité. Le passage du vous au tu est d’ailleurs un effet du rapprochement, comme le souligne, dans La première fille, la formule «La première étrangère / A qui l’on a dit tu». Dans les quelques chansons où les partenaires se vouvoient, c’est le plus souvent parce que ce sont des inconnus qui viennent juste de se rencontrer : ainsi la voisine effrayée dans L’orage («Je suis seule et j’ai peur, ouvrez-moi, par pitié»), la fantômette égarée dans Le fantôme («Venez, dis-je en prenant sa main / Que je vous montre le chemin…»), et la veuve joyeuse dans La fessée («Que diriez-vous d’une frugale collation ? … Avez-vous remarqué que j’avais un beau cul ?»). Dans deux chansons seulement le vouvoiement est de rigueur. L’une est plutôt mélancolique, à propos d’un amour défunt, c’est Le vingt-deux septembre : «Un vingt-deux septembre au diable vous partîtes…». L’autre au contraire tout à fait euphorique, et délicieuse, c'est J’ai rendez-vous avec vous.

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