jeudi 21 juillet 2022

interactions

 Un rêve tirant sur le cauchemar, cette nuit. J’étais invité à un vaste banquet, il y avait des tables dans plusieurs salles. A la mienne, j’étais assis à la droite de mon copain Bernie. On déposait à sa gauche un beau plat d’oignons hachés frits, dont je me régalais d’avance. Mais quand il se fut servi, il n’en restait plus rien. Je lui fis remarquer qu’il abusait un peu, et lui ne voyait pas pourquoi. Un moment après, voilà qu’on déposait à ma droite un même plat, avec en outre sur les oignons des vanets bien dorés, grâce auxquels j’allais pouvoir me consoler. Mais pour quelque raison il fallait d’abord que je m’éloigne un instant, et à mon retour le plat avait disparu. D’ailleurs la fête était finie, les gens partaient. J’allai au fond de la salle récupérer dans un capharnaüm ma clé de voiture (la clé noire de mon ancienne voiture, que je regrette tant) et mon petit sac à dos, que je retrouvais hélas couvert de taches de peinture. Une fois dehors, c’était sur les quais de Bordeaux, je rencontrai mon ancienne collègue Marie-Emilia. Sur un ton un peu hautain (qu’elle n’a jamais en réalité) elle m’expliqua qu’elle allait faire une séance de lecture publique, comme tous les samedis soir. Elle était avec trois jeunes hommes de belle taille, qui paraissaient aimables et malins. Elle est bien accompagnée, me disais-je, tout en éprouvant une espèce de mélancolie. Je crois que c’est là mon sentiment général à l’égard du monde du travail, dont je ne fais plus partie. J’ai beau maintenir par mail des relations aimables avec deux trois collègues, je me sens un peu comme un paria vis-à-vis de ce milieu, comme quelqu’un qui n’est plus dans le coup, et ma foi cela est sans doute inévitable.

J’ai fait ce rêve cette nuit alors qu’internet était en panne depuis hier en fin de matinée (la panne a duré près de 24 heures). A cette occasion je mesure une fois de plus à quel point cette machinerie nous manque, quand elle fait défaut. Plus possible de consulter ses messageries, de musarder sur les réseaux, de chercher des informations. De regarder des vidéos sur YouTube en déjeunant. Dans l’après-midi j’ai eu un passage à vide, le genre de moment où la flemme, l’indécision et la chaleur se conjuguent pour vous réduire à l’inertie. J’ai pris ma voiture et je suis d’abord allé au bourg de Villeneuve, acheter un pain blanc à la Coop, puis rendre mes livres à la bibli et en prendre d’autres. J’ai bien assez à lire chez moi mais je vais là pour avoir un peu de vie sociale, j’y emprunte surtout des livres légers qui ne me feront pas perdre trop de temps et j’en profite pour saluer et bavarder un peu avec les dames qui s’y retrouvent. Après quoi je suis monté passer deux bonnes heures, de cinq à sept, dans mon bois en longueur, sur le plateau. Cela faisait longtemps et j’y allais sans conviction mais cette activité m’a ragaillardi. J’ai poursuivi mes interminables travaux d’élagage et de nettoyage, récupéré quelques bouts de bois. Après mon retour un gentilhomme du voisinage est passé chez moi et nous en avons profité pour discuter un peu. Comme il est expert dans la revente, j’attendais une occasion de lui demander son avis sur certaines de mes marchandises de brocante, savoir ce qu’il jugeait plus ou moins vendable. Au cours du passage en revue il s’est intéressé à une baïonnette, qu’il a bien voulu m’acheter trente euros. Je ne sais s’il connait mes revenus actuels, et s’il se doutait combien cette petite affaire imprévue était pour moi une aubaine. Finalement cette fichue journée n’aura pas été si mauvaise.

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