Il y a des langues, que j’appelle orthographiques, qui s’écrivent comme elles se prononcent et se prononcent comme elles s’écrivent, si bien que même en les connaissant mal, pour peu que l’on ait appris leurs règles d’orthographe, on sait assurément comment prononcer les mots qu’on en voit écrits, et l’on saurait presque aussi aisément écrire les mots que l’on entend prononcer. C’est le cas par exemple de l’espagnol et de l’allemand. Il existe à l’opposé des langues très irrégulières, pour ne pas dire bordéliques, dans lesquelles beaucoup de sons peuvent être transcrits de plusieurs manières et beaucoup de graphies peuvent être prononcées de différentes façons, sans compter que les mots écrits dans ces langues comportent souvent des lettres qu’il est d’usage de ne pas prononcer du tout. C’est le cas par exemple du français et de l’anglais. Il me semble que les langues orthographiques font un usage plus efficace, plus intelligent, du merveilleux outil de l’écriture, un usage plus conforme à sa mission, alors que les langues irrégulières, tout empêtrées d’incertitudes, d’exceptions et d’absurdités, le dévoient bêtement. Naturellement l’apprentissage de l’écriture dans les langues irrégulières est plus long (il n’en finit jamais tout à fait, à vrai dire) et demande inutilement plus d’efforts. Une tare supplémentaire des langues emberlificotées est qu’elles favorisent chez les esprits mesquins un élitisme scolaire assez ridicule, les plus savants trouvant dans leur science des aberrations un prétexte à mépriser les moins instruits. Regardez-moi ces bouseux, pensent-ils, ces bouseux ignorant que tel mot s’écrit comme ceci ou se prononce comme cela. Eh bien, beaux esprits, enseignez-le leur, et détendez-vous...
RépondreSupprimerJ'ai retrouvé dans mes notes, celle-ci :
Il y a en français 26 façons d’écrire le phonème [ã] :
écrit exemple
en encore
ands allemands
ens gens
am chambre
em empêcher, embûche
anc franc
end dépend
ancs blancs
ends tu pends
ang sang
ent cent
angs sangs
hen authentique
ant maintenant
ents dents
ants instants
emps temps
mment notamment
an un an
ans dans
amps champs
and quand
ean Jean
aon faon
aons faons
amp champ
Sans compter que l’on retrouve la suite des lettres « en » dans :
« lien », où elle est prononcée [ẽ],
« sens », où elle est prononcée [ãs],
« ils donnent », où elle est atone, muette, donc pas prononcée du tout…
Voilà de quoi alimenter votre ire.
Cordialement (ou kordyalmã)
Françoise Grenand