lundi 22 septembre 2025

assassinats

    La compagnie américaine de train urbain ayant tardé quelque temps à dévoiler les vidéos, le meurtre d’Iryna Zarutska le 22 août n’a été largement connu que peu avant l’assassinat du polémiste Charlie Kirk le 10 septembre. Il y avait de quoi être abasourdi, à défaut de vraiment surpris, par cette terrible double nouvelle. Les faits : d’abord cette jeune Ukrainienne fluette de 23 ans, réfugiée aux Etats-Unis pour fuir la guerre de son pays. Elle vit à Charlotte, en Caroline du Nord, où elle travaille dans une pizzeria, dont elle porte l’uniforme. Venant de débaucher, elle monte dans le train et va s’assoir devant un homme noir de trente-quatre ans, costaud, en survêtement rouge. Ils n’ont aucun échange, aucune interaction. Elle se met à regarder tranquillement son téléphone sans se douter qu’il ne lui reste que quatre minutes à vivre. Au bout de ce temps son voisin de derrière, marginal sans-abri et criminel-multirécidiviste-mais-se-trimballant-en-liberté comme il y en a tant de nos jours, sort de sa poche un couteau, le déplie, se lève et plante l’arme trois fois dans le cou de la jeune femme épouvantée, qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Il s’éloigne en maugréant «J’ai eu cette blanche», tandis que sa lame dégoutte de sang sur le sol du wagon. La victime se recroqueville puis s’écroule au sol, où elle se vide de son sang et meurt en deux minutes. Des cinq autres personnes assises autour, toutes afro-américaines, une ou deux se lèvent et s’en vont, les autres ne bronchent pas, aucune ne va porter secours à la mourante. On apprendra plus tard que le criminel, déjà arrêté et relâché quatorze fois, avait été récemment laissé en liberté par une juge irresponsable, sous la promesse qu’il se ferait bientôt soigner (de préférence dans le centre de soins qu’elle-même dirigeait). On apprend aussi que la jeune Ukrainienne prenait des cours de conduite et devait bientôt passer l’examen, qui lui aurait permis de ne plus prendre les transports en commun. Et puis il y a ce polémiste chrétien conservateur de trente et un ans, Charlie Kirk, froidement abattu d’un coup de fusil dans la gorge, alors qu’il animait un débat public avec des étudiants dans une université de l’Utah. J’ai remarqué ce détail saisissant, que la balle lui traverse le cou en faisant gicler le sang alors que le dernier mot qu’il vient de prononcer est «violence» (à l’interlocuteur qui avançait certain chiffre, Kirk lui demande s’il incluait dedans la violence des gangs, «gang violence»). Je ne le connaissais pas bien et ne partageais sans doute pas toutes ses idées, tout comme je ne partage pas toutes celles de mes commentateurs américains favoris (Matt Walsh et Fleccas Talks). J’avais toutefois vu quelques vidéos où apparaissait l’évident talent d’orateur qui a fait sa réputation et sa fortune. Son grand tort était d’être «d’extrême droite», c’est à dire républicain, pro-Trump, chrétien, pro-life, patriote, et blanc hétérosexuel, du reste heureux mari et père de deux enfants, toutes choses inadmissibles aux yeux de la tartuferie de bon ton. Grand partisan de la liberté d’expression, il était constamment ouvert au dialogue, contrairement au crétin qui l’a flingué. Pendant quelques jours les journaux et la gauche ont essayé de faire croire que le tireur était lui-même un ultra de droite. L’hypothèse n’était pas invraisemblable (cf Timothy McVeigh ou Anders Breivik) mais il s’est avéré que ce n’était qu’un gauchiste banal, c’est à dire fanatique et dégueulant de haine, avec en outre des accointances dans le milieu inverti-travesti. Ce profil correspond mieux à l’air du temps, un temps où la gauche préfère abattre plutôt que débattre (tentatives d’assassinat sur Trump, Bolsonaro et d’autres) et où elle ne sait plus manifester autrement qu’en mettant les centres-villes à feu et à sang, aux States comme chez nous autres : comparer les émeutes chaotiques après la mort des délinquants drogués George Floyd ou Nahel, et les hommages très différents (et surtout paisibles) après ces deux récents assassinats. Un autre sujet de consternation : pour quelques réactions dignes du côté du parti démocrate, des dizaines ou centaines de milliers d’internautes gauchistes dansant sur le cadavre de Charlie Kirk, proclamant sans honte sur les réseaux leur approbation et leur joie après ce crime (il y en a eu de beaux florilèges sur le profil Libs of TikTok), comme ils l’avaient fait l’an dernier avec le marxiste fou-furieux Luigi Mangione, devenu un héros de gauche après avoir tué un dirigeant d’entreprise en lui tirant courageusement dans le dos, à New York. On en est là…

2 commentaires:

  1. Philippe, pourquoi avoir choisi de parler de ce premier fait divers plutôt que de tant d'autres ? Il y a près de 20000 homicides par an aux USA. Je comprends pourquoi tu parles de Charlie Kirk, mais pourquoi ce meurtre-là ? Est-ce que ça a un rapport avec la couleur de peau du meurtrier et celle de la victime ? Oui, ça ressemble bien à du racisme "anti-blanc". Je suppose que c'est ton propos. Dis-moi si je me trompe. Donc quelle est la morale de ton histoire ? Verbalise-là. Le truc, c'est qu'on peut faire dire tout ce qu'on veut aux faits divers. Par exemple, comme tu le sais, on peut créer des "narratives" bien différents en parlant de jeunes hommes blancs qui font des tueries de masse dans des écoles. Si tu as des idées à faire passer, des statistiques fiables seraient plus pertinentes.

    Quant au meurtre de Charlie Kirk. En effet, la violence politique, ce n'est jamais bien. Mais pourquoi parler avec émotion de de cette violence-là et pas, par exemple, du meurtre de la politicienne Melissa Hortman et de son mari, le 14 juin 2025, assassinés par un homme d'extrême droite ? Encore une fois, en ne parlant que d'évènements spécifiques, sans vision globale, on peut faire émerger implicitement des "narratives" orientés politiquement, mais malhonnêtes intellectuellement.

    Tu parles de réactions de haines venues de la gauche sur internet, mais si tu te bases sur internet, tu peux trouver de la haine partout et envers tout le monde. Il est plus pertinent de regarder les réactions des gens en charge du pays. Là où Trump et Vance font énormément de bruit autour du meurtre de leur allié, ils ont complétement dédaigné le meurtre de Melissa Hortman, montrant par là qu'ils ne s'inquiètent que des crimes qui leur font personnellement du tort, et participant à l’atmosphère de violence politique bipartisane. Pendant la cérémonie d'hommage à Kirk, Trump à même dit devant la foule "Je hais mes opposants et je ne leur souhaite pas du bien." Pourquoi aller chercher des discours de haine dans les tréfonds d'internet et ignorer ceux, récurrents et indignes, du président des USA ?

    V.

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    1. Cher ami (ou ennemi, il y a de quoi se poser la question),
      Je ne sais si je dois me réjouir d’apprendre que tu me lis encore, ou me désoler de constater que tu as l’air de ne me lire que dans le but de trouver à me critiquer.
      Quel entêtement.
      Attention : vu notre différence d’âge, je vais finir par penser qu’il y a là un problème oedipien.
      Si tu étudies mieux mes écrits, tu verras que j’évoque régulièrement des faits divers, pas spécialement pour en tirer des leçons de sociologie.
      Ils sont en général ce que je trouve de plus intéressant dans la presse, pour les tragédies ou les comédies qu’ils révèlent.
      Mon journal, comme objet littéraire subjectif, est plus ou moins un sismographe de mon âme, j’y parle des sujets (très différents, tu auras remarqué), qui me frappent ou m’intriguent, au fil des jours.
      Si je me suis intéressé à ce fait divers en particulier, c’est soit parce que je suis raciste, comme tu l’insinues, soit parce que dans tous ses détails il est extraordinairement frappant pour quiconque n’a pas un coeur de pierre.
      Peux-être aussi parce que je m’informe de l’actualité plus souvent dans X que dans Reddit ou dans Mickey Parade, et que c’est d’abord grâce aux twitteurs, les premiers à en faire état, que la presse a ensuite daigné en parler un minimum.
      Par ailleurs, cette affaire est en effet révélatrice du climat qui règne dans les rues américaines, qui n’est pas sans ressemblance avec celui qui règne dans les rues françaises.
      Le sujet ne m’intéresse pas assez pour que je m’amuse à collectionner les nombreuses statistiques officielles accablantes, mais enfin tout le monde sait qui a un taux de criminalité hypertrophié, qui provoque sans cesse esclandres et violences, qui multiplie les rodéos et les refus d’obtempérer, etc.
      Cela se voit comme le nez au milieu de la figure, à moins d’être aveugle.
      Le meurtre de Melissa Hortman je n’en avais jamais entendu parler, pourtant je lis Google News tous les jours.
      Il n’y a rien d’impossible à ce qu’elle ait été tuée par un fanatique de droite, il y a des fanatiques partout, et à propos d’honnêteté intellectuelle, dont tu m’accuses de manquer, tu auras remarqué que je cite moi-même McVeigh et Breivik à ce propos.
      Cela dit un fait isolé n’implique pas une tendance et je reste convaincu en effet qu’aux USA comme en France, la violence politique est bien plus souvent le fait de la gauche que de la droite.
      Cela aussi se voit comme le nez au milieu de la figure : qui manifeste souvent et en mettant les centres-villes à feu et à sang, et qui manifeste rarement et calmement ?
      Que se passerait-il si Iryna avait été une jeune fille noire tuée par un blanc, ou si c’était un polémiste démocrate qui avait été flingué en plein meeting?
      L’aftermath aurait été bien différent, tu le sais parfaitement.
      Voir aussi les milliers d’acclamations de l’assassinat par des gauchistes sur TikTok et Twitter…
      Enfin je dois t’avouer que si je devais endurer seulement le centième des injures, des menaces et des calomnies qui accablent Donald Trump chaque jour, et si en outre j’avais déjà subi deux tentatives d’assassinat, il se pourrait que je m’exprime moi-même sur un ton plus âpre encore que celui du président.

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