Mis à part un bref épisode de vacances en France, le deuxième volume de L’Arabe du futur (Allary Editions, 2015) se déroule presque entièrement dans le village de Syrie, où le jeune Riad Sattouf vit avec ses parents et maintenant son petit frère. A cette époque (1984-1985) il n’est plus un bébé mais un petit garçon scolarisé dans une école où l’institutrice fait classe la trique à la main. L’essentiel de l’enseignement consiste à apprendre par cœur l’hymne national et la première sourate du Coran, et à admirer le président Assad. Riad commence à lire et à écrire, d’abord l’arabe, qui lui paraît plus simple, puis le français, qui d’abord le rebute, mais auquel il prend goût dans une scène charmante, quand il se met à déchiffrer les aventures de Tintin, dont il se contentait jusqu’alors de regarder les images sans comprendre l’histoire. Les incidents rapportés par le narrateur dressent un tableau souvent sombre du monde oriental, où il est régulièrement confronté aux mœurs brutales des adultes comme des enfants, et à l’antisémitisme viscéral de ses petits camarades qui le croient juif parce qu’il est blond. J’aime bien la façon dont l’auteur rapporte ses impressions d’enfance, sans démonstration idéologique, mais en relatant simplement tel ou tel détail qui a frappé sa jeune conscience. Il est intéressant que le texte soit réparti en trois niveaux : la voix off dans les encarts marginaux, les dialogues dans les phylactères, et des indications supplémentaires tracées dans le dessin même. Cette digne suite du premier volume ne m’a pas déçu.
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