Pendant quelques mois cette année j’ai exploré de ci de là le sérieux volume consacré aux Forêts charentaises, paru au Croît vif en 2001. Mon attention avait été attirée sur lui par l’éloge qu’en faisait un de mes correspondants (de mémoire : «Ce livre n’est pas sur ma table de chevet, il EST ma table de chevet») et une bienfaitrice m’en a très aimablement procuré un exemplaire. Cet ouvrage collectif, sous la direction de Jean-Louis Neveu, étudie savamment son sujet dans ses aspects biologique, historique, préhistorique même, économique, juridique, etc, sur plus de cinq cents pages, que je suis loin d’avoir toutes lues car je n’avais pas besoin d’autant. J’y recherchais principalement des indications sur la nature des quelques pièces de bois que j’ai la chance de posséder dans les environs de mon bled. J’ai appris que ces petits bois sont des miettes laissées dans l’espace agricole par la forêt de Chizé, maintenant réduite, mais qui se trouve encore à quelques encablures au nord-est de chez moi. Ladite forêt de Chizé, de même qu’à l’ouest la forêt de Benon et au sud-est celles d’Aulnay, de Chef-Boutonne et de Tusson, ne sont elles-mêmes que des restes de la sylve d’Argenson, une immense barre forestière qui traversait jadis la région, séparant le Poitou de la Saintonge. Détail intéressant, ce massif allongé d’ouest en est marque aussi la limite méridionale de l’aire d’extension du hêtre, et la limite septentrionale de l’érable de Montpellier. Il se trouve en effet dans mes parcelles plusieurs de ces érables mais aucun hêtre, comme on en voit non loin d’ici dans la forêt de Chizé. Ces forêts poussent ou poussaient sur les terres dites de groies, des sols calcaires couvrant tout le nord-est de la Charente maritime. On cite dans la végétation typique, outre les érables champêtres et de Montpellier, les merisiers et alisiers, qui en effet ne sont pas rares. Une de mes hontes de botaniste amateur est que je suis incapable de dire à quelle espèce appartiennent mes chênes, j’apprends là que ce sont sans doute des chênes pubescents. Parmi les joies lexicographiques du livre, plusieurs pages de relevés toponymiques, noms de lieux provenant de noms d’arbres ou du vocabulaire des bois. J’ai appris aussi qu’on qualifie d’anémomorphosés les arbres déformés par le vent au bord de la mer, et que les verbes boisiller ou buchailler désignent l’action de ramasser du petit bois. Ce n’est pas rien.
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