lundi 18 septembre 2023

tombeaux

N’ayant pu trouver la biographie de Guy Debord le naufrageur par Jean-Marie Apostolidès, en Gironde où j’étais la semaine dernière, je me suis contenté d’emprunter un ouvrage plus ancien du même auteur, Les tombeaux de Guy Debord (Flammarion, 2006). C’est un recueil de trois études, dont la troisième donne son titre au volume. J’ai lu la première, Portrait de Guy-Ernest en libertin, avec plaisir et en m’appliquant. C’est une analyse sérieuse et très fine de ce que l’on peut apprendre sur la vie de Debord dans les deux romans que son épouse d’alors, Michèle Bernstein, a publiés au début des années 60, Tous les chevaux du roi et La nuit, dans lesquels le grand prêtre situationniste est dépeint sous les traits du protagoniste Gilles (j’ai moi-même rendu compte du premier de ces romans dans mon Journal en mai 1998). J’ai appris là que les deux oeuvres, racontant la même histoire dans un style différent, peuvent être rapprochées non seulement des Liaisons dangereuses, comme cela saute aux yeux, mais aussi du film Les visiteurs du soir. J’ai appris aussi qu’un autre personnage, Ole, représente en fait le peintre Asger Jorn, qui fut un temps le mécène de Debord (p 28-29), et que celui-ci a poursuivi avec sa seconde épouse, Alice Black et Becker, le même type de coucheries à droite et à gauche qu’avec la première (p 66). Malgré la qualité de sa recherche et de son écriture, il m’a un peu déçu que l’auteur se montre si complaisant, son rapport à Debord étant plus proche de l’adoration que de la critique. Il m’a un peu fait rigoler de lire à deux reprises (p 39 et 50) que Debord prétendait avoir affronté des dangers lors de ses dérives nocturnes dans le Paris pépère des années 50. S’il s’était trimballé dans celui d’aujourd’hui, les mineurs isolés et autres égorgeurs sous oqtf lui auraient peut-être mieux fait comprendre le sens des mots. J’ai décroché du livre au cours de la deuxième étude, portant sur les rapports de Debord avec le théâtre, sujet inattendu et bien trouvé peut-être, mais je ne supportais plus de voir le chercheur appliquer son décryptage méticuleux à des œuvres aussi médiocres que les fumisteries lettristes de Debord et consorts. De la troisième étude je n’ai pratiquement rien lu que les quelques pages (circa 200) consacrées à la traduction en français des Coplas por la muerte de su padre de Jorge Manrique, un des ouvrages les mieux réussis de Debord, malgré le ton prétentieux de donneur de leçons qu’il ne peut s’empêcher d’adopter dans sa présentation. L’on voit bien dans les dernières pages Apostolidès s’aventurer à quelques propos vaguement critiques, mais pas bien méchants, comme il faudrait.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire