lundi 4 septembre 2023

Belezi

    Au cours d’un vide-grenier catastrophique hier à Brioux sur Boutonne, où il y avait peu d’exposants et guère plus de visiteurs, et où je m’ennuyais ferme, j’ai lu, un peu en diagonale j’avoue, un roman que l’on m’avait suggéré, Attaquer la terre et le soleil, de Mathieu Belezi (Le Tripode, 2022). Cette histoire sinistre raconte la vie misérable de colons français en Algérie, qui croupissent entre le dénuement, la crasse, la promiscuité, les maladies, les attaques des indigènes et j’en oublie, et parallèlement les ravages de l’armée française, qui semble-t-il passait son temps à incendier, violer et massacrer tout ce qu’elle pouvait. Il y a dans cette œuvre un procédé voyant mais à mes yeux inutile, consistant à ignorer la ponctuation, de sorte que la plupart des paragraphes commencent sans majuscule et se terminent sans point. Je ne vois pas ce que le récit y gagne. Quant au fond, l’ouvrage tend à démontrer courageusement cette vérité presque originale, que la colonisation est une bien vilaine chose. Pour faire bonne mesure, ou pour en donner l’impression, l’auteur décrit des atrocités commises aussi bien par les Arabes que par les Français. On notera toutefois que les premières sont évoquées chaque fois succinctement, en quelques lignes, tandis que les secondes s’étalent sur des pages entières. C’est peu dire, que l’auteur appuie le trait, entre les diatribes du capitaine sadique («gorgez-vous de sang», p 36, «nous serons sans pitié», p 115) et les fanfaronnades de ses troufions («nous avons éperonné le ventre de cent mille femelles», pas moins, p 29, «nos ruades de boucs», p 82, nous sommes «contents de ce qu’on vient de faire», p 85). Grand-Guignol dans les djebels.

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