Je vais rendre sans avoir eu le temps de beaucoup le lire le Diccionario lacónico du philosophe espagnol Miguel Catalán (Madrid : Sequitur, 2019), livre que je voulais au moins feuilleter. A vrai dire il est aussi touffu qu’un dictionnaire général et de même se prête à la consultation ponctuelle plutôt qu’à la lecture intégrale, qui serait indigeste. Catalán y donne pour un grand nombre de mots des définitions très courtes, tirées tantôt d’autres auteurs ou d’autres dictionnaires, tantôt de ses propres réflexions. On comprend que ce «dictionnaire pour les lecteurs qui connaissent déjà le sens des mots» cherche moins à instruire qu’à étonner, à amuser ou à faire réfléchir, par la qualité des trouvailles qui y sont compilées. Certaines sont poétiques, ainsi l’Ascenseur «Mercure des immeubles» empruntée à Vicente Huidobro, d’autres plus banales. L’auteur explique dans la préface avoir peu à peu composé pendant quarante-trois ans «cette œuvre lente comme un éléphant», dont l’origine remonte au jeune âge où il étudiait la philosophie et la langue allemande, dont il découvrait que les mots composés étaient déjà eux-mêmes de brèves définitions, ainsi le verbe pour Exister, Dasein («Etre là») ou la notion de Suicide, Freitod («Mort libre»). De fait, les définitions de ce «dictionnaire laconique» sont souvent de simples étymologies, ou des traductions littérales de mots étrangers, ainsi pour Patata «Manzana de tierra», d’après le français Pomme de terre. L’auteur est taquin envers le Français, auquel il lance des flèches prises à Samuel Johnson («Personne qui parle même si elle n’a rien à dire») et à Schopenhauer («Singe européen»). Cela n’est pas très aimable, malgré quoi j’ai pitié de ce Catalan, né après moi et déjà mort...
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