mardi 30 septembre 2025

écossais

Dimanche avant-dernier le 21 septembre, je suis allé au château du village voisin, Villeneuve la Comtesse, où l’on célébrait, pour les Journées du patrimoine, le 600ème anniversaire de la construction du bâtiment (1425), date aussi de la création de la Garde écossaise du roi Charles VII, future garde républicaine. Si j’ai bien compris, les premiers maîtres du château furent aussi les premiers chefs de ladite garde, un dénommé Christy Chamber puis son fils Nicole. Ces deux événements se produisaient dans le cadre de l’Auld Alliance, la Vieille Alliance scellée entre la France et l’Ecosse en 1295, alliance consistant principalement en une entraide militaire contre l’ennemi commun, l’Angleterre. Dans la matinée j’ai assisté à une conférence donnée par l’historien Patrick Gilles, bon orateur et très chic, habillé en kilt, sur le thème de L’armée d’Ecosse au secours du royaume de France. Toujours en quête de renseignements sur la dignité humaine, j’ai noté l’indication qu’à la bataille d’Azincourt, défaite française lamentable (1415) la plus grande part des pertes françaises ne serait pas les hommes morts au combat, mais les 1200 prisonniers que les Anglais ont égorgés pour s’assurer de n'être pas pris à revers s’ils les relâchaient. Le conférencier a estimé que c’est lors d’une autre bataille, celle de Verneuil (1424), qu’aurait été tiré le plus grand nombre de flèches, selon lui plus d’un million. Il a dit qu’un bon archer pouvait en décocher cinq à la minute. Ces beaux chiffres sont parmi mes souvenirs les plus mémorables de cette journée.

dimanche 28 septembre 2025

âge

    J’ai rêvé qu’une femme, ne voulant pas révéler franchement qu’elle avait 35 ans, disait avoir 34 ans et douze douzièmes. Dans le rêve cette coquetterie ne me paraissait pas ridicule. En réalité, je ne me rappelle pas avoir déjà entendu quiconque user d’une telle formule.

samedi 27 septembre 2025

ménagerie

Au printemps il restait dans mon bassin deux gros poissons rouges, qui résidaient là depuis des années. Un beau matin j’ai trouvé l’un d’eux mort dans l’herbe de la pelouse, soit qu’il eût sauté de lui-même hors de l’eau, soit qu’il en eût été tiré mais par quelle bête ? Il s’avéra bientôt que son congénère était lui aussi absent définitif, et introuvable. Au début de l’été j’achetai deux petits remplaçants, qui disparurent aussitôt dans l’eau devenue opaque en cette saison, et ne donnèrent plus de nouvelles. Quelque temps après, les jugeant perdus, j’achetai un nouveau duo de jeunes poissons, qui eux aussi s’éclipsèrent illico et durablement. J’avais beau surveiller, il n’y avait plus signe de vie dans le bassin. Deux fois je passai même au fond de l’eau un râteau, qui ne fit rien apparaître. Puis, ayant remarqué un chat du voisinage rôdant, parfois même se couchant près du bassin, j’eus dès lors quelque idée de qui était le responsable des disparitions. Cela posait un problème difficile, car je ne voyais pas comment me débarrasser de l’animal, ni comment lui barrer l’accès au bassin. En tout cas il était exclu que je rachète indéfiniment de nouveaux poissons, pour le seul profit de Raminagrobis. Je pouvais aussi m’en passer, mais cela comportait un autre inconvénient : sans poissons pour manger les larves, le point d’eau serait bientôt un réservoir à moustiques. Plus d'un mois s’écoula ainsi, pendant lequel je ruminai la question, comparant les avantages et les inconvénients de différentes solutions, quand soudain je vis réapparaitre un, deux, trois, puis les quatre petits poissons. Après avoir passé tout ce temps planqués au fond de l’eau vert sombre de l’été, les revenants étaient tous là : un rouge, deux jaunes, et un bizarre, marbré de gris fauve au moment de l’achat, devenu blanc rose comme un albinos. Dernièrement le retour des pluies a éclairci l’eau, elle est si transparente que l’on voit jusqu’au fond, et de son côté le petit banc de poissons, enfin habitué à son nouveau biotope, musarde volontiers en surface. A la bonne heure. Ainsi donc les nouveaux effectifs de mon hacienda sont de : quatre poissons (carassins) dans le bassin, trois oiseaux (cailles) dans la volière, deux reptiles (tortues) dans un enclos, et un mammifère (homme) dans la maison (j’ai rarement de la visite).

mercredi 24 septembre 2025

mardi 23 septembre 2025

post-scriptum

Post-scriptum à ma note d’hier.
    Derrière la violence gauchiste aujourd’hui inscrite dans le paysage politique, violence qui culmine dans des crimes injustifiables, et derrière le soutien massif que recueillent des assassinats politiques comme les deux que j’ai évoqués, il y a la marmelade idéologique selon laquelle, peu ou prou, de droite = facho, facho = fasciste, fasciste = nazi, nazi = Hitler, Hitler = le Diable, et contre le Diable, c’est à dire contre le mal absolu, ma foi, tout est permis, n’est-ce pas. Une conséquence logique de ce pâté de sophismes est que la gauche est de toute façon supérieure à la droite, puisque c’est au fond à droite que se situerait le mal absolu. D’où l’intérêt, dans le cas français, des reconstructions historiques tendant par exemple à présenter l’équation Résistance = gauche, et Collaboration = droite, même si les plus célèbres collabos (Doriot, Déat, Bousquet, Papon, etc) étaient des gens de gauche ou en provenaient, et même si le principal résistant était un fameux bolchevik nommé Charles de Gaulle…
    L’homonymie rend plus évident le parti pris des médias, pour qui il y a les bonnes et les mauvaises victimes d’assassinat politique. Après Charlie Hebdo, il fallait bramer Je suis Charlie. Après Charlie Kirk, c’est une autre chanson.
    J’entends dire que certains envisagent, en hommage aux victimes Iryna et Charlie, la création de fresques ou de statues à leur effigie. Perso je n’y suis pas très favorable. De tels monuments seraient de toute façon immédiatement salopés par des «justiciers» insaisissables et ce serait peine perdue.
    Il y a un peu plus de deux siècles, un gentilhomme intelligent, Antoine de Rivarol, avait eu cette réflexion spirituelle, encore trop subtile pour les crétins d’aujourd’hui : 
«Il faut attaquer l’opinion avec ses armes : on ne tire pas de coups de fusil aux idées...»

lundi 22 septembre 2025

assassinats

    La compagnie américaine de train urbain ayant tardé quelque temps à dévoiler les vidéos, le meurtre d’Iryna Zarutska le 22 août n’a été largement connu que peu avant l’assassinat du polémiste Charlie Kirk le 10 septembre. Il y avait de quoi être abasourdi, à défaut de vraiment surpris, par cette terrible double nouvelle. Les faits : d’abord cette jeune Ukrainienne fluette de 23 ans, réfugiée aux Etats-Unis pour fuir la guerre de son pays. Elle vit à Charlotte, en Caroline du Nord, où elle travaille dans une pizzeria, dont elle porte l’uniforme. Venant de débaucher, elle monte dans le train et va s’assoir devant un homme noir de trente-quatre ans, costaud, en survêtement rouge. Ils n’ont aucun échange, aucune interaction. Elle se met à regarder tranquillement son téléphone sans se douter qu’il ne lui reste que quatre minutes à vivre. Au bout de ce temps son voisin de derrière, marginal sans-abri et criminel-multirécidiviste-mais-se-trimballant-en-liberté comme il y en a tant de nos jours, sort de sa poche un couteau, le déplie, se lève et plante l’arme trois fois dans le cou de la jeune femme épouvantée, qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Il s’éloigne en maugréant «J’ai eu cette blanche», tandis que sa lame dégoutte de sang sur le sol du wagon. La victime se recroqueville puis s’écroule au sol, où elle se vide de son sang et meurt en deux minutes. Des cinq autres personnes assises autour, toutes afro-américaines, une ou deux se lèvent et s’en vont, les autres ne bronchent pas, aucune ne va porter secours à la mourante. On apprendra plus tard que le criminel, déjà arrêté et relâché quatorze fois, avait été récemment laissé en liberté par une juge irresponsable, sous la promesse qu’il se ferait bientôt soigner (de préférence dans le centre de soins qu’elle-même dirigeait). On apprend aussi que la jeune Ukrainienne prenait des cours de conduite et devait bientôt passer l’examen, qui lui aurait permis de ne plus prendre les transports en commun. Et puis il y a ce polémiste chrétien conservateur de trente et un ans, Charlie Kirk, froidement abattu d’un coup de fusil dans la gorge, alors qu’il animait un débat public avec des étudiants dans une université de l’Utah. J’ai remarqué ce détail saisissant, que la balle lui traverse le cou en faisant gicler le sang alors que le dernier mot qu’il vient de prononcer est «violence» (à l’interlocuteur qui avançait certain chiffre, Kirk lui demande s’il incluait dedans la violence des gangs, «gang violence»). Je ne le connaissais pas bien et ne partageais sans doute pas toutes ses idées, tout comme je ne partage pas toutes celles de mes commentateurs américains favoris (Matt Walsh et Fleccas Talks). J’avais toutefois vu quelques vidéos où apparaissait l’évident talent d’orateur qui a fait sa réputation et sa fortune. Son grand tort était d’être «d’extrême droite», c’est à dire républicain, pro-Trump, chrétien, pro-life, patriote, et blanc hétérosexuel, du reste heureux mari et père de deux enfants, toutes choses inadmissibles aux yeux de la tartuferie de bon ton. Grand partisan de la liberté d’expression, il était constamment ouvert au dialogue, contrairement au crétin qui l’a flingué. Pendant quelques jours les journaux et la gauche ont essayé de faire croire que le tireur était lui-même un ultra de droite. L’hypothèse n’était pas invraisemblable (cf Timothy McVeigh ou Anders Breivik) mais il s’est avéré que ce n’était qu’un gauchiste banal, c’est à dire fanatique et dégueulant de haine, avec en outre des accointances dans le milieu inverti-travesti. Ce profil correspond mieux à l’air du temps, un temps où la gauche préfère abattre plutôt que débattre (tentatives d’assassinat sur Trump, Bolsonaro et d’autres) et où elle ne sait plus manifester autrement qu’en mettant les centres-villes à feu et à sang, aux States comme chez nous autres : comparer les émeutes chaotiques après la mort des délinquants drogués George Floyd ou Nahel, et les hommages très différents (et surtout paisibles) après ces deux récents assassinats. Un autre sujet de consternation : pour quelques réactions dignes du côté du parti démocrate, des dizaines ou centaines de milliers d’internautes gauchistes dansant sur le cadavre de Charlie Kirk, proclamant sans honte sur les réseaux leur approbation et leur joie après ce crime (il y en a eu de beaux florilèges sur le profil Libs of TikTok), comme ils l’avaient fait l’an dernier avec le marxiste fou-furieux Luigi Mangione, devenu un héros de gauche après avoir tué un dirigeant d’entreprise en lui tirant courageusement dans le dos, à New York. On en est là…

mardi 16 septembre 2025

explication

    Elle est fascinante, cette obstination des militants marxistes, vous expliquant à chaque fois que si l’expérience a été un désastre, c’est parce que le communisme réel n’était pas le vrai communisme.

lundi 15 septembre 2025

âge

    Maximes contraires. Une sentence que j’ai vaguement en mémoire, dont je ne sais plus qui est l’auteur, dit en substance qu'en vieillissant, nos âmes s’enlaidissent comme nos corps, ce qui n’est pas invraisemblable. (Je reformulerai cette note si je retrouve la citation). En sens inverse, la pensée d’Antonio Pérez (Ld 405), plus réconfortante : La beauté de l’âme s’accroît avec l’âge, à mesure que décroît celle du corps.

samedi 13 septembre 2025

Elon

    J'ai vu sur internet cette pensée attribuée à Elon Musk : They don't ban hate speech, they ban speech they hate (Ils ne censurent pas le discours de haine, ils censurent le discours qu'ils haïssent). Je ne sais si la citation est véridique, mais c'est bien vu et bien tourné.

jeudi 11 septembre 2025

Auguste


    Hier j'ai créé ma vingt-cinquième notice dans Wikipédia, celle-ci consacrée à Auguste Charlemagne, peintre-verrier à Toulouse au XIXe siècle.

(Illustration : Sainte Anne et sa fille Marie, église Saint-Pierre, Segonzac, Charente, 1867. Photo POP, plateforme ouverte du patrimoine)

mercredi 10 septembre 2025

Lanton

Afin de mieux connaitre une localité qui m’est chère et où je séjourne régulièrement, j’ai parcouru le livre d’Alain de Neuville et alii, Lanton raconté par ses rues et lieux-dits (Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch, 2016). C’est un répertoire présentant rues et lieux-dits dans l’ordre alphabétique. La commune de Lanton, située entre Andernos et Audenge sur la rive nord du Bassin d’Arcachon, est composée de quatre villages. Trois d’entre eux se trouvent sur le rivage même (d’ouest en est : Taussat, Cassy, et Lanton proprement dit) mais le quatrième, Blagon, est dans les terres. Un défaut de ce guide, par ailleurs bien fait, est de proposer en entrée un plan d’ensemble à une échelle si réduite, que la plupart des noms de rue y sont illisibles. J’ai appris dans ces pages que si Lanton est le village le plus ancien, maintenant Cassy prime par la croissance urbaine et démographique. Lanton possède une église médiévale, Taussat une chapelle du dix-neuvième siècle, les deux autres bourgs sont restés païens. On donne ici et là quelques traits du parler local, dans lequel on dit pin franc pour pin parasol, lo gay pour le geai, pouzoum pour poisson. L’un de mes bâtiments préférés, le mini-cloître en ciment visible au bord de la plage, est situé à l’angle du terrain de la villa Bagatelle, où a séjourné Toulouse-Lautrec, lequel ne l’a jamais vu car il mourut avant la construction, datant des années 1910. Feuilleter un tel ouvrage est l’occasion de déplorer une fois de plus les ravages dus à la manie de nommer ou de renommer les rues mal à propos. Une procédure consiste à attribuer aux rues nouvelles des noms arbitraires de peintres, de musiciens, d’écrivains, d’oiseaux ou de fleurs, n’ayant en général aucun rapport avec la voie en question. Un simple numérotage à l’américaine me paraitrait préférable. Une autre procédure, pire encore, consiste à rebaptiser des rues en remplaçant leur ancien nom commodément significatif par celui d’une personnalité : ainsi à Taussat l’allée de la Chapelle devenue allée Toulouse-Lautrec, la rue du Commerce, la seule où il y ait en effet des magasins, devenue rue Guy Célérier (un résistant), ou la rue du Port, qui y descend tout droit, devenue rue Amédée Guittard (un ostréiculteur conseiller municipal). Quelle tristesse. On tremble en songeant à ce qui guette l’avenue de la Gare ou le boulevard de la Plage…

Photo courtesy of Yannick Lavigne.

dimanche 7 septembre 2025

merveilles

    Aperçu dans le canard local la page consacrée à un biologiste venu «animer une conférence sur la biodiversité». On donne en titre cette déclaration du savant : «Je suis là pour émerveiller les gens et montrer que la nature est merveilleuse». N’est-ce pas là encore un cas de biofanatisme ? Personnellement je suis dur de l’extase, j’ai du mal à admirer sans réserve la dévoration impitoyable incessante.

jeudi 4 septembre 2025

Mao

Pour rigoler un peu, j’ai passé un moment à feuilleter un exemplaire du Petit livre rouge, soit le recueil de Citations du président Mao Tsé-toung (Seuil, 1967) trouvé dans une boite. La teneur de ces fragments oscille entre la pure platitude («En ce monde, les choses sont complexes et beaucoup de facteurs les déterminent. Il nous faut examiner un problème sous ses différents aspects, et non sous un seul»), la faribole folklorique (« Tous les réactionnaires sont des tigres en papier») et le fanatisme totalitaire (« La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c’est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c’est résoudre le problème par la guerre»). Quand on pense qu’à l’époque, toute une partie de l’intelligentsia occidentale gobait ces âneries. Mais je ne veux pas trop m’en moquer car dans le temps, ayant moi-même bouffé successivement à tous les râteliers de gauche et d’extrême gauche, j’ai aussi eu mon moment mao, inévitablement. J’ai beaucoup à expier…

lundi 1 septembre 2025

esds

    Il y a quelques mois, l’on m’a fait parvenir de Paris un numéro de la revue de Bruno Richard, Elles sont de sortie. Je n’en avais pas vu depuis longtemps. Il s’agit du numéro 121-122, de juin 2021. C’est une plaquette de trente-deux pages de format A6, imprimée en Italie par Elica Editions et intitulée Ce n’est pas parce qu’on baise qu’on est pas en pleine misère sexuelle. On y voit une collection de dessins sans légende : un seul sur les couvertures avant et arrière, mais à l’intérieur deux dessins horizontaux par page dans la première moitié de l’ouvrage, quatre verticaux par page dans la seconde, soit au total pas moins de 92 dessins. Ils représentent tous des hommes et des femmes nus s’exhibant, s’attouchant ou s’accouplant. Il y a un contraste entre l’ordonnancement extrêmement soigneux de la mise en page et l’aspect sommaire des dessins, tenant plutôt de la simple esquisse. Contraste aussi entre des activités qui laisseraient supposer une certaine exaltation et ces personnages à l’aspect morne, aux corps pas très beaux, des corps à la Lucian Freud, qui semblent besogner sans entrain. Il se dégage de l’ensemble une vision désenchantée qui correspond bien au ton désabusé du titre. Un étrange petit livre, léger mais grave.
    (Voir quelques pages sur ce site de vente).