J'ai déjà eu entre les mains le genre de bouquin comme celui que je viens de récupérer dans une boîte à livres : un vieux Larousse en ruine du début vingtième siècle, qui a perdu non seulement la couverture mais aussi les premières et les dernières pages, de sorte qu'il est impossible à dater exactement. Il est divisé en deux parties, séparées par les pages roses des Citations latines et étrangères. Dans la deuxième partie, celle des noms propres, intitulée judicieusement Histoire-Géographie, je relève à l'article Allemagne ce détail qui permet une datation a minima : on y mentionne le traité de Versailles de 1919. Avant de renvoyer cette épave dans une benne à recyclage, j'ai feuilleté ses mille sept-cents et quelques pages pour arracher toutes celles que je veux pouvoir examiner ensuite plus longuement, et dont je ferai peut-être autre chose. J'ai prélevé entre autres toutes les pleines pages : cartes de pays (seuls quelques uns sont cartographiés, parmi lesquels on n'a pas oublié l'Algérie, le Maroc, l'Indochine et Madagascar, la carte de la Suisse est une belle catastrophe illisible), tableaux montrant des formes d'art, des types d'objets ou d'activités (parmi ce que l'on juge encore utile de détailler : les parties d'une armure, les figures de l'escrime, la planche qui parait la plus démodée est peut-être celle consacrée au Télégraphe-Téléphone). Quelques rares planches pleine page sont en couleurs (la plupart consacrées aux continents, la plus belle aux champignons). Il y a deux pleines pages en couleurs figurant les Pavillons de 56 pays, placés selon l'ordre alphabétique à part la France, mise en premier. Parmi ces nations figurent l'Esthonie et la Lettonie (mais pas la Lituanie), la Perse, la «Russie des Soviets». J'aime aussi beaucoup la grande image d'environ 8 x 12 centimètres, placée en haut de page, qui introduit chaque chapitre alphabétique. Dans la partie des noms communs, c'est un tableau où sont assemblés pêle-mêle différents objets n'ayant en commun que la lettre initiale, on peut s'amuser un moment à les identifier. Dans la partie Histoire-Géographie, c'est une jolie vue de ville. Ce ne sont pas toujours celles auxquelles on aurait pensé : Alger, Bruxelles, Constantinople, Dublin, Edimbourg, Florence, Genève, Hambourg, Innsbruck, Jérusalem, Kairouan, Londres, Moscou, Naples, Oran, Paris, Québec, Rome, Séville, Tunis, Utrecht, Venise, Washington, qui vaut ensemble pour WXY, mais je ne saurai pas quelle cité avait été choisie pour Z. Au fil des pages, parmi les mots que l'on a pris la peine d'illustrer d'un joli petit dessin au trait, je remarque : le vide-citron, synonyme disparu de presse-citron ; le vélocipède, qui était encore cet engin pourvu d'une petite roue et d'une grande, à la différence de la bicyclette aux roues de même taille, comme la motocyclette ; beaucoup de termes désignant des transports, attelages, traineaux etc ; la tranchée, dont on montre le profil en coupe, avec le poste de tir surélevé par rapport au couloir de passage ; la svastika, définie alors comme simple «Symbole religieux de l'Inde, qui consiste en une croix à branches égales, dont les quatre extrémités sont recourbées en forme de gamma grec» (je n'avais jamais fait attention au sens du mot gammé) ; peut-être une certaine complaisance dans la cruauté, avec la représentation de la potence ET du gibet, et surtout la scène du supplice de la roue ; le sens propre du mot ringard, que j'ignorais, c'est une sorte d'outil métallique, une barre de fer recourbée, dont on ne voit pas bien le rapport avec le sens figuré connu aujourd'hui ; les frises ornementales et assemblages de ligne, qu'il me tarde d'explorer en détail ; la «douche en pluie», que nous appellerions douche tout court ; le chanvre, dont la connotation n'était pas la même à l'époque, etc...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire