vendredi 31 mai 2024

triton

Rencontre inattendue hier dans la matinée quand j’ai soudain trouvé un bizarre lézard, d’un très beau vert, recroquevillé en S sur le parquet de la salle à manger. D’où sortait-il, comment était-il arrivé là ? Des obligations m’empêchant de m’y attarder, je l’ai promptement chargé dans la pelle à poussière, photographié, et déporté dans un coin du jardin. Renseignements pris, c’était un Triton marbré, donc en fait un amphibien et non un reptile. Cela y ressemble à première vue, mais autant le lézard est pointu et vif, autant le triton est arrondi et lent. En tout cas jolie bête et assez corpulente, comparée aux menus tritons juvéniles marron clair parfois vus au jardin, qui appartiennent sans doute à une autre espèce. Je regrette de n’avoir eu le temps de mieux l’examiner.

jeudi 30 mai 2024

trèfle

Comme si je n’avais que ça à faire, je continue d’explorer la bibli de Loulay. J’y ai feuilleté un guide des Plantes sauvages de Charente-Maritime (Le Passage des Heures, 2009). A vrai dire j’ai un peu la flemme d’y apprendre quelque chose. Je me contente de revoir ce que je sais déjà et je me demande si je serai un jour capable de retenir par cœur la distinction entre l’Orpin blanc et l’Orpin âcre, entre l’Arum d’Italie et l’Arum tacheté, entre le Trèfle des prés et le Trèfle rampant... Pour ce dernier les appellations anglaises sont plus explicites, c’est le Red clover et le White clover.

(illustration piquée à mon ami Placid.)

mercredi 29 mai 2024

néomots

Mes néomots de ces derniers temps : délyrique, carcassette, industruie.

mardi 28 mai 2024

semainier

C’est une très belle idée, que Siméon Lerouge a conçue et réalisée avec son livre Le semainier, qui vient de paraître dans la Sarthe aux éditions La Plume de Léonie. C’est un recueil de cinquante-deux poèmes écrits pendant un an, un par semaine, de septembre 2022 à septembre 2023. Les poèmes ont sept vers, un par jour, et les vers sont longs de sept syllabes. Il y a rarement un peu de ponctuation à l’intérieur d’un vers («Retard. Motif : j’écrivais» - XXIII) mais jamais de point au bout. Ces vers sont de petits énoncés autonomes, pas souvent liés à leurs voisins par le sens ou la syntaxe, mais juxtaposés à la façon d’un collage dont les éléments constituent un tableau par facettes. Ils évoquent tantôt une vue («Pommiers couverts de lichen» - XLIII), un son («Le cri d’un chat dans la grange» - VIII), un acte («J’ai désherbé deux parterres» - I), une sensation («Langueur du vin à midi» - XXII) ou quelque autre observation («Violent va et vient du vent» - XX). L’univers décrit est en général celui de la campagne et du jardin, avec quelques incursions en ville. L’auteur étant aussi calligraphe, ses poèmes sont présentés en double page, en version imprimée à gauche et manuscrite à droite. Son goût de l’ordre et la discipline assidue de son artisanat révèlent en Lerouge un «poète ordinaire» à la Lucien Suel, avec qui il partage l’inspiration rurale. Cet ouvrage est vraiment une réussite.

Pour les amateurs, voir ici et .

lundi 27 mai 2024

notes

    Sous la plume de qui donc ai-je lu naguère cette déclaration concise, qui maintenant ne cesse de me revenir : J’écris des notes. La formule définit si exactement et si simplement ma propre industrie, que je veux la faire mienne.

samedi 25 mai 2024

Allégret

Je ne saurais dire au juste pourquoi j’ai lu, qui plus est jusqu’au bout, le livre de Catherine Allégret, Un monde à l’envers (Fayard, 2004) trouvé dans une boite. La perspective de révélations distrayantes, peut-être. Cette dame est la fille biologique de Simone Signoret et de Marc Allégret, mais fut aussi la fille adoptive d’Yves Montand quand celui-ci se mit en ménage avec Simone. Le propos du livre est de dénoncer l’attitude parfois abusive de Montand vis-à-vis de sa belle-fille. Qu’en penser ? La démarche de Catherine paraît a priori légitime et sincère, et on lui sait gré de se montrer nuancée, admettant que hormis quelques faux pas, son beau-père fut généralement aimable avec elle. De fait il n’y a pas grand chose à dénoncer, la plaignante rapporte essentiellement trois gestes déplacés : Montand l’aurait tripotée une fois dans la baignoire quand elle était gamine (p 31), une autre fois il lui aurait publiquement et fugitivement «saisi (la) main pour la guider sur son torse» (ce qui ne paraît pas bien grave, 93), enfin et surtout, alors qu’elle était déjà grande, Yves l’a jetée sur un lit et s’apprêtait à la violer, mais il s’est arrêté dès qu’elle a protesté (96). Ce n'est certes pas rien mais comme on voit, la matière est assez mince pour un livre de 150 pages : le dixième aurait largement suffi, le reste est délayage. Une bonne part de l’ouvrage est occupée par des lettres ouvertes à des proches, sur le thème général Regardez comme je suis une pauvre victime traumatisée incomprise. Une des lettres se conclut par l’insupportable formule A très vite, qui donne une idée du style du personnage. Mais ce qui frappe et déçoit dans ce livre, c’est surtout l’évidente disproportion entre l’ampleur des jérémiades et le sort globalement privilégié d’une vedette dont le grand mérite aura d'abord été d’être la fille-à-papa-et-à-maman. Titre alternatif, Pleurnicher aux Bahamas (où se déroule une des scènes principales).

dimanche 19 mai 2024

musaraignes

    Cela fait déjà cinq fois ce printemps qu’en sortant de chez moi le matin, je trouve sur le sol non loin de la maison une musaraigne morte. Un des nouveaux chats du quartier doit être un spécialiste.

samedi 18 mai 2024

Weininger

    Je n’avais guère aimé les aphorismes d’Otto Weininger réunis dans son Des fins ultimes, lu il y a quelques années, malgré quoi j’ai encore voulu lire les dix pages de Fragments et aphorismes inédits parus dans L’infini (numéro 4, Automne 1983, trouvé dans une boite) mais rien n’y fait : au pire ces phrases me sont incompréhensibles, au mieux je n’y trouve aucun intérêt. 

vendredi 17 mai 2024

Gilgamesh

On m’a prêté L’épopée de Gilgamesh dans une petite édition charmante à reliure toilée des Editeurs Français Réunis, publiée en 1975. C’est la retraduction en français, par un certain Hubert Comte, d’une version anglaise de ce récit mésopotamien datant du deuxième millénaire avant J-C. Après avoir lu le premier chapitre, qui ne m’a pas captivé, j’ai filé direct au cinquième, L’histoire de l’inondation, qui dit-on semble avoir précédé, peut-être inspiré, l’épisode du Déluge biblique. C’est une curiosité intéressante mais j’avoue que ce récit obscur est assez rebutant.

jeudi 16 mai 2024

Slovaquie

    En Slovaquie : tentative d’assassinat du premier ministre par un taré de gauche, qui lutte ainsi contre la haine...

(source)

mardi 14 mai 2024

Wasa

Plus jamais ça, me dis-je chaque fois que je m’égare à prendre du Wasa Fibres ou ce genre à la place de pain, mais l’âme humaine est ainsi faite et en tout cas la mienne, que malgré l’expérience j’y reviens périodiquement...

lundi 13 mai 2024

blog

    Mon blog a aujourd’hui vingt ans. Dans les premiers temps j’y insérais aussi des passages de mes journaux des années précédentes, ce qui peut donner l’impression qu’il est plus ancien. Par ailleurs j’ai depuis effacé pas mal de notes. Mais d’après le calendrier j’aurais commencé à bloguer le 13 mai 2004. D’abord longtemps hébergé par Canalblog, d’où la publicité envahissante m’a contraint à fuir pour passer en 2021 chez Blogger. Je n’ai pas préparé de déclaration particulière pour l’occasion, je signale juste cet anniversaire.

vendredi 10 mai 2024

Echenoz

    Comme j’avais bien aimé deux livres de Jean Echenoz, son Ravel surtout, un peu moins Nous trois, j’ai voulu lire Les grandes blondes, trouvé dans une boite, et au bout de quatre chapitres j’ai préféré arrêter.

jeudi 9 mai 2024

biodiversité

    Cette divinité, que l’on appelle tantôt la Nature (notre Mère à tous), tantôt la Planète (celle qu’il faut sauver), on lui a aussi trouvé un nom tarabiscoté, genre scientifique, cité à tout bout de champ : c’est la déesse Biodiversité...

mercredi 8 mai 2024

Annam

Poursuivant ma période Livres minces, je viens de trouver et de lire d’un trait le curieux Annam, de Christophe Bataille (Arléa, 1993). Ce bref «roman» de quatre-vingt-dix pages, esquissant sur un ton calme la dérive de missionnaires dominicains égarés au Vietnam pendant la Révolution française, ne manque pas de charme.

mardi 7 mai 2024

Andalus

Par coïncidence j’ai aussi lu ces jours-ci un autre livret du même gabarit que celui de Ben Jelloun, dans les soixante pages, sur un sujet plus ou moins lié : il s’agit d’Al-Andalus, L’imposture du paradis multiculturel, de Philippe Conrad (La Nouvelle Librairie, 2020) qui renseigne sur l’enrichissement culturel que l’Espagne a dégusté, pendant les quelques siècles où les musulmans y ont imposé leur charia.

jeudi 2 mai 2024

prêchi-prêcha

Il a fallu que je me force pour lire jusqu’au bout Le racisme expliqué à ma fille, de Tahar Ben Jelloun (Seuil, 1998). L’ouvrage est pourtant bref, dans les soixante pages, mais c’est un tel tissu d’âneries fusant dans tous les sens, que l’on ne sait où donner de la tête pour juger du propos. Je suis pourtant d’accord avec l’idée de fond : le racisme, c’est mal. De même que le fascisme, n’est-ce pas. Mais une fois posées ces banalités de base, je dois avouer que j’éprouve le même embarras quand je considère les agissements des antifascistes et les divagations des antiracistes. Déjà ce livret pèche par la forme, celle d’un dialogue entre le père et la fille. Celui-ci a beau avouer dans l’Introduction qu’il ne s’agit pas d’un dialogue réel mais d’une fabrication (une fabrication laborieuse, si «Ce texte a été écrit pas moins de quinze fois», page 6), l’effet est raté, cela pue l’artifice ridicule d’un bout à l’autre. Quant au fond... «Les racistes sont des menteurs, ils racontent n’importe quoi sans se soucier de la vérité», clame Tahar. Le problème est qu’on peut en dire autant de lui. Il serait trop long de passer en revue toutes les erreurs, faussetés et niaiseries réunies dans ces pages, mais j’en exposerai quelques unes.

    «... il existe une seule race ... appelons-la le genre humain ou l’espèce humaine, par opposition à l’espèce animale ... Il y a l’espèce canine et l’espèce bovine ... les races humaines n’existent pas. Il existe un genre humain ... Et puis il y a plusieurs races animales» (p 20-21). Ben Jelloun montre dans ce bredouillis son ignorance du sens des mots. Un genre est un ensemble d’espèces, et il peut y avoir à l’intérieur d’une espèce des sous-espèces, que l’on appelle races ou varitétés. Biologiquement il n’y a pas de genre humain, l’humanité actuelle n’est pas un genre mais une espèce : Homo sapiens, les autres espèces du genre Homo sont fossiles (Homo erectus, Homo habilis etc). L’affirmation que «les races humaines n’existent pas» est une lubie humaniste d’apparition récente.
    «En général les métis sont beaux. C’est le mélange qui produit la beauté» (p 25). Affirmations idiotes, puisqu’on ne manque pas d’exemples de métis moches et de non-métis beaux. Cette idéologie du «métis über alles» est tout aussi raciste que le culte inverse de la pureté de race.
    «Je dirai que celui qui est anti-juif est aussi anti-arabe» (p 42). Mais alors que dire, s’il se trouvait qu’il y ait des Juifs et des Arabes qui ne puissent s’encadrer ? Sait-on jamais...
    «Le colonialisme ... a souvent divisé les populations pour régner» (p 45). Et il semble que le vilain colonialisme soit uniquement le fait des méchants Blancs. Tahar n’a jamais entendu parler du colonialisme arabe, par exemple. De même sur l’esclavage. S’il se renseignait, il saurait que l’esclavage a existé sous tous les cieux, et que probablement tout homme a eu des ancêtres esclaves dans un passé plus ou moins lointain. Cependant comme par hasard lui ne cite en exemple que la traite des Noirs par les Blancs, et surtout pas celle pratiquée par les Arabes. Mais bizarrement il confie qu’au Maroc, «On a pris l’habitude d’appeler les Noirs Abid (esclaves)» (p 48, et cela fait penser aux mots slave / esclave en Europe). 
    Au Maroc, pays formidable, «pendant plus de deux mille ans Juifs et musulmans ont vécu dans la paix» (p 46). Les musulmans étaient donc déjà paisibles des siècles avant la création de l’islam...
    «indigènes : ce terme, qui signifie originaire d’un pays occupé par le colonisateur...» (p 53). Non, Tahar, ce n’est pas tout à fait ça. Ouvre un dictionnaire.
    «Les Indiens ont été massacrés par les Espagnols puis par les Américains blancs» (p 54). Est-ce à dire que les Espagnols ne sont pas des Blancs ? Qu’il n’y a pas eu de massacres de Blancs par les Indiens ? Que les Indiens ne se massacraient pas déjà entre eux copieusement avant l’arrivée des Blancs ?
    «... un enfant ne nait pas avec le racisme dans la tête» (p 55), affirmation contradictoire avec celle de la page suivante : «on doit inculquer à un enfant des idées saines, pour qu’il ne se laisse pas aller à ses instincts»
    «... les cultures diffèrent et sont toutes belles et riches, il n’existe pas de culture supérieure à une autre...» (p 58) et «Le mélange est un enrichissement mutuel» (p 62). En effet, un quart de siècle plus tard, les rues du pays offrent quotidiennement des exemples de l’enrichissement apporté par l’immigration massive et incontrôlée.
    La difficile question des rapports entre races ou entre nations demande autre chose que ce genre de catéchisme foireux.