Il a fallu que je me force pour lire jusqu’au bout Le racisme expliqué à ma fille, de Tahar Ben Jelloun (Seuil, 1998). L’ouvrage est pourtant bref, dans les soixante pages, mais c’est un tel tissu d’âneries fusant dans tous les sens, que l’on ne sait où donner de la tête pour juger du propos. Je suis pourtant d’accord avec l’idée de fond : le racisme, c’est mal. De même que le fascisme, n’est-ce pas. Mais une fois posées ces banalités de base, je dois avouer que j’éprouve le même embarras quand je considère les agissements des antifascistes et les divagations des antiracistes. Déjà ce livret pèche par la forme, celle d’un dialogue entre le père et la fille. Celui-ci a beau avouer dans l’Introduction qu’il ne s’agit pas d’un dialogue réel mais d’une fabrication (une fabrication laborieuse, si «Ce texte a été écrit pas moins de quinze fois», page 6), l’effet est raté, cela pue l’artifice ridicule d’un bout à l’autre. Quant au fond... «Les racistes sont des menteurs, ils racontent n’importe quoi sans se soucier de la vérité», clame Tahar. Le problème est qu’on peut en dire autant de lui. Il serait trop long de passer en revue toutes les erreurs, faussetés et niaiseries réunies dans ces pages, mais j’en exposerai quelques unes.
«... il existe une seule race ... appelons-la le genre humain ou l’espèce humaine, par opposition à l’espèce animale ... Il y a l’espèce canine et l’espèce bovine ... les races humaines n’existent pas. Il existe un genre humain ... Et puis il y a plusieurs races animales» (p 20-21). Ben Jelloun montre dans ce bredouillis son ignorance du sens des mots. Un genre est un ensemble d’espèces, et il peut y avoir à l’intérieur d’une espèce des sous-espèces, que l’on appelle races ou varitétés. Biologiquement il n’y a pas de genre humain, l’humanité actuelle n’est pas un genre mais une espèce : Homo sapiens, les autres espèces du genre Homo sont fossiles (Homo erectus, Homo habilis etc). L’affirmation que «les races humaines n’existent pas» est une lubie humaniste d’apparition récente.
«En général les métis sont beaux. C’est le mélange qui produit la beauté» (p 25). Affirmations idiotes, puisqu’on ne manque pas d’exemples de métis moches et de non-métis beaux. Cette idéologie du «métis über alles» est tout aussi raciste que le culte inverse de la pureté de race.
«Je dirai que celui qui est anti-juif est aussi anti-arabe» (p 42). Mais alors que dire, s’il se trouvait qu’il y ait des Juifs et des Arabes qui ne puissent s’encadrer ? Sait-on jamais...
«Le colonialisme ... a souvent divisé les populations pour régner» (p 45). Et il semble que le vilain colonialisme soit uniquement le fait des méchants Blancs. Tahar n’a jamais entendu parler du colonialisme arabe, par exemple. De même sur l’esclavage. S’il se renseignait, il saurait que l’esclavage a existé sous tous les cieux, et que probablement tout homme a eu des ancêtres esclaves dans un passé plus ou moins lointain. Cependant comme par hasard lui ne cite en exemple que la traite des Noirs par les Blancs, et surtout pas celle pratiquée par les Arabes. Mais bizarrement il confie qu’au Maroc, «On a pris l’habitude d’appeler les Noirs Abid (esclaves)» (p 48, et cela fait penser aux mots slave / esclave en Europe).
Au Maroc, pays formidable, «pendant plus de deux mille ans Juifs et musulmans ont vécu dans la paix» (p 46). Les musulmans étaient donc déjà paisibles des siècles avant la création de l’islam...
«indigènes : ce terme, qui signifie originaire d’un pays occupé par le colonisateur...» (p 53). Non, Tahar, ce n’est pas tout à fait ça. Ouvre un dictionnaire.
«Les Indiens ont été massacrés par les Espagnols puis par les Américains blancs» (p 54). Est-ce à dire que les Espagnols ne sont pas des Blancs ? Qu’il n’y a pas eu de massacres de Blancs par les Indiens ? Que les Indiens ne se massacraient pas déjà entre eux copieusement avant l’arrivée des Blancs ?
«... un enfant ne nait pas avec le racisme dans la tête» (p 55), affirmation contradictoire avec celle de la page suivante : «on doit inculquer à un enfant des idées saines, pour qu’il ne se laisse pas aller à ses instincts»
«... les cultures diffèrent et sont toutes belles et riches, il n’existe pas de culture supérieure à une autre...» (p 58) et «Le mélange est un enrichissement mutuel» (p 62). En effet, un quart de siècle plus tard, les rues du pays offrent quotidiennement des exemples de l’enrichissement apporté par l’immigration massive et incontrôlée.
La difficile question des rapports entre races ou entre nations demande autre chose que ce genre de catéchisme foireux.
«En général les métis sont beaux. C’est le mélange qui produit la beauté» (p 25). Affirmations idiotes, puisqu’on ne manque pas d’exemples de métis moches et de non-métis beaux. Cette idéologie du «métis über alles» est tout aussi raciste que le culte inverse de la pureté de race.
«Je dirai que celui qui est anti-juif est aussi anti-arabe» (p 42). Mais alors que dire, s’il se trouvait qu’il y ait des Juifs et des Arabes qui ne puissent s’encadrer ? Sait-on jamais...
«Le colonialisme ... a souvent divisé les populations pour régner» (p 45). Et il semble que le vilain colonialisme soit uniquement le fait des méchants Blancs. Tahar n’a jamais entendu parler du colonialisme arabe, par exemple. De même sur l’esclavage. S’il se renseignait, il saurait que l’esclavage a existé sous tous les cieux, et que probablement tout homme a eu des ancêtres esclaves dans un passé plus ou moins lointain. Cependant comme par hasard lui ne cite en exemple que la traite des Noirs par les Blancs, et surtout pas celle pratiquée par les Arabes. Mais bizarrement il confie qu’au Maroc, «On a pris l’habitude d’appeler les Noirs Abid (esclaves)» (p 48, et cela fait penser aux mots slave / esclave en Europe).
Au Maroc, pays formidable, «pendant plus de deux mille ans Juifs et musulmans ont vécu dans la paix» (p 46). Les musulmans étaient donc déjà paisibles des siècles avant la création de l’islam...
«indigènes : ce terme, qui signifie originaire d’un pays occupé par le colonisateur...» (p 53). Non, Tahar, ce n’est pas tout à fait ça. Ouvre un dictionnaire.
«Les Indiens ont été massacrés par les Espagnols puis par les Américains blancs» (p 54). Est-ce à dire que les Espagnols ne sont pas des Blancs ? Qu’il n’y a pas eu de massacres de Blancs par les Indiens ? Que les Indiens ne se massacraient pas déjà entre eux copieusement avant l’arrivée des Blancs ?
«... un enfant ne nait pas avec le racisme dans la tête» (p 55), affirmation contradictoire avec celle de la page suivante : «on doit inculquer à un enfant des idées saines, pour qu’il ne se laisse pas aller à ses instincts»
«... les cultures diffèrent et sont toutes belles et riches, il n’existe pas de culture supérieure à une autre...» (p 58) et «Le mélange est un enrichissement mutuel» (p 62). En effet, un quart de siècle plus tard, les rues du pays offrent quotidiennement des exemples de l’enrichissement apporté par l’immigration massive et incontrôlée.
La difficile question des rapports entre races ou entre nations demande autre chose que ce genre de catéchisme foireux.
Excellent texte :-)
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