C’est une très belle idée, que Siméon Lerouge a conçue et réalisée avec son livre Le semainier, qui vient de paraître dans la Sarthe aux éditions La Plume de Léonie. C’est un recueil de cinquante-deux poèmes écrits pendant un an, un par semaine, de septembre 2022 à septembre 2023. Les poèmes ont sept vers, un par jour, et les vers sont longs de sept syllabes. Il y a rarement un peu de ponctuation à l’intérieur d’un vers («Retard. Motif : j’écrivais» - XXIII) mais jamais de point au bout. Ces vers sont de petits énoncés autonomes, pas souvent liés à leurs voisins par le sens ou la syntaxe, mais juxtaposés à la façon d’un collage dont les éléments constituent un tableau par facettes. Ils évoquent tantôt une vue («Pommiers couverts de lichen» - XLIII), un son («Le cri d’un chat dans la grange» - VIII), un acte («J’ai désherbé deux parterres» - I), une sensation («Langueur du vin à midi» - XXII) ou quelque autre observation («Violent va et vient du vent» - XX). L’univers décrit est en général celui de la campagne et du jardin, avec quelques incursions en ville. L’auteur étant aussi calligraphe, ses poèmes sont présentés en double page, en version imprimée à gauche et manuscrite à droite. Son goût de l’ordre et la discipline assidue de son artisanat révèlent en Lerouge un «poète ordinaire» à la Lucien Suel, avec qui il partage l’inspiration rurale. Cet ouvrage est vraiment une réussite.
Pour les amateurs, voir ici et là.
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