Je ne saurais dire au juste pourquoi j’ai lu, qui plus est jusqu’au bout, le livre de Catherine Allégret, Un monde à l’envers (Fayard, 2004) trouvé dans une boite. La perspective de révélations distrayantes, peut-être. Cette dame est la fille biologique de Simone Signoret et de Marc Allégret, mais fut aussi la fille adoptive d’Yves Montand quand celui-ci se mit en ménage avec Simone. Le propos du livre est de dénoncer l’attitude parfois abusive de Montand vis-à-vis de sa belle-fille. Qu’en penser ? La démarche de Catherine paraît a priori légitime et sincère, et on lui sait gré de se montrer nuancée, admettant que hormis quelques faux pas, son beau-père fut généralement aimable avec elle. De fait il n’y a pas grand chose à dénoncer, la plaignante rapporte essentiellement trois gestes déplacés : Montand l’aurait tripotée une fois dans la baignoire quand elle était gamine (p 31), une autre fois il lui aurait publiquement et fugitivement «saisi (la) main pour la guider sur son torse» (ce qui ne paraît pas bien grave, 93), enfin et surtout, alors qu’elle était déjà grande, Yves l’a jetée sur un lit et s’apprêtait à la violer, mais il s’est arrêté dès qu’elle a protesté (96). Ce n'est certes pas rien mais comme on voit, la matière est assez mince pour un livre de 150 pages : le dixième aurait largement suffi, le reste est délayage. Une bonne part de l’ouvrage est occupée par des lettres ouvertes à des proches, sur le thème général Regardez comme je suis une pauvre victime traumatisée incomprise. Une des lettres se conclut par l’insupportable formule A très vite, qui donne une idée du style du personnage. Mais ce qui frappe et déçoit dans ce livre, c’est surtout l’évidente disproportion entre l’ampleur des jérémiades et le sort globalement privilégié d’une vedette dont le grand mérite aura d'abord été d’être la fille-à-papa-et-à-maman. Titre alternatif, Pleurnicher aux Bahamas (où se déroule une des scènes principales).
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