lundi 30 septembre 2024

saintes

SAINTES

Sainte-Colombe

Sainte-Gemme

Sainte-Lheurine

Sainte-Marie-de-Ré

Sainte-Même

Sainte-Radegonde

Sainte-Ramée

Sainte-Soulle


(poème-liste des communes de Charente-maritime portant des noms de saintes)

dimanche 29 septembre 2024

élites

    Quelques nouvelles des élites à paillettes, relevées dans l’actualité. La top model britannique Naomi Campbell avait créé il y a une vingtaine d’années l’association Fashion for Relief, destinée à collecter des fonds pour aider les personnes défavorisées, vous savez, les mlus némunis. Mais des inspecteurs viennent de découvrir que Naomi aurait claqué au moins 372.200 euros en « dépenses déraisonnables » : seulement 8,5 % des sommes ont servi à des dons de bienfaisance, « le reste ayant été dépensé en hôtels de luxe et en billets d’avion ». En France, le cinéaste Nicolas Bedos est jugé pour agression et harcèlement sexuels sur trois femmes ces dernières années. Le cas le plus accablant est celui de la troisième, que Nicolas aurait poursuivie pendant toute une soirée chez des amis. Mais les deux premiers témoignages m’étonnent. Le séducteur aurait brièvement porté sa main à l’entrejambe de la première plaignante, lors d’une sortie alcoolisée en boite de nuit, et une autre fois il aurait saisi par la taille et embrassé dans le cou la seconde, serveuse dans un bar. Les faits paraissent plausibles et l’accusé ne les nie pas, se contentant d’affirmer qu’il était trop bourré pour s’en souvenir. Ce qui m’a surpris, ce sont les conséquences psychologiques de ces actes : la première fille dit souffrir maintenant « de troubles du sommeil, de réveils nocturnes, d’un blocage durant un rapport sexuel », la seconde que depuis cet épisode, elle est « intimidée par la gent masculine » et suivie par une psychologue. J’ignorais que de tels gestes, sans aucun doute déplacés, mais non durables et sans séquelles physiques, pouvaient avoir de telles répercussions. On en apprend tous les jours.

vendredi 27 septembre 2024

culture

    On est bien barrés, me dis-je en apprenant dans L’Angérien de cette semaine que les imbéciles du Ministère de la Culture ont créé une « grande manifestation culturelle » baptisée « Biblis en folie ». Quelle pauvreté. « Les bibliothèques ne sont pas que des lieux d’emprunt et de consultation », explique l’article. Non, il faut que ce soient aussi des lieux de crétinisation... Autre merveille de la vie locale à la page suivante : un cinéma de la contrée va accueillir des « invités prestigieux », dont le plus glorieux semble être « le doubleur de Daniel Craig et Bruce Willis », vous voyez le genre. Et pour finir de me mettre de bonne humeur, l’Agenda bourré de niaiseries du style « Atelier créatif dans le cadre d’Octobre rose »... Bon, je vais aller prendre l’air au jardin. Même s’il pleut.

jeudi 26 septembre 2024

Chaleurs

Le hasard a voulu qu’échoue entre mes mains un petit ouvrage, Chaleurs, roman érotique semble-t-il, d’un certain Maurice Vernon (Editions du Grand Damier, Collection Elles et Nous, 1957). Ce modeste volume broché n’aurait pas grande allure, s’il n’était paré d’une jaquette colorée où une jeune dame exhibe en souriant une splendide paire de fesses. L’illustration est signée Aslan. L’artiste né en 1930 était encore jeune quand il a réalisé ce dessin, mais on y sent déjà toute la maitrise du futur spécialiste des pinups. L’air de rien, ce petit livre est peut-être une rareté : il ne figure ni au catalogue de la Bibliothèque nationale ni à celui du Sudoc, et je ne le vois nulle part en photo ou en vente sur le net. Je me demande combien peut valoir une telle marchandise. Pas grand chose, peut-être...

mercredi 25 septembre 2024

environs

POEME-LISTE DE MES ENVIRONS

    La Croix-Comtesse, Villeneuve-la-Comtesse,

La Jarrie-Audouin, Saint-Etienne-la-Cigogne, 

La Chapelle-Bâton, Dampierre-sur-Boutonne,

Coivert, Courant, Loulay, Lozay, Migré, Vergné.

    Saint-Denis-du-Pin, La Cavaterie,

Doeuil-sur-le-Mignon, Prissé-la-Charrière,

Bernay-Saint-Martin, Saint-Pierre-de-l’Isle.

    La Foye-Monjault, Ligueuil, Tout-y-Faut, La Lignate,

Saint-Séverin, Marsais, Parançay, La Vaillette,

Saint-Martial, Saint-Félix, Le Vert, La Ville-aux-Moines,

Saint-Saturnin-du-Bois, Saint-Martin-de-la-Coudre.


    (Quelques explications sur la composition du Poème-liste de mes environs. Des noms de communes et de hameaux y sont énumérés sans ordre précis mais pas tout à fait en vrac. J’ai d’abord voulu qu’y figurent les noms des quinze communes du canton de Loulay, dans lequel j’habite, c’était le minimum de départ. Je leur ai adjoint quelques villages environnants, dans un périmètre cependant restreint n’allant pas jusqu’aux villes, c’est à dire n’allant pas jusqu’à Saint-Jean d’Angély au Sud, ni jusqu’à Surgères à l’Ouest, ni jusqu’à Beauvoir sur Niort au Nord, ni jusqu’à Aulnay de Saintonge à l’Est. Je leur ai ajouté quelques noms de hameaux pour étoffer l’ensemble, et parce que certains me paraissaient indispensables, comme Tout-y-Faut, La Lignate ou La Ville-aux-Moines. Je n’y ai fait toutefois figurer que des lieux-dits assez importants pour être signalés sur la carte routière Michelin. Une trentaine de noms ont ainsi été sélectionnés, avec inévitablement une petite part d’arbitraire. Il n’y avait parmi ces toponymes aucun monosyllabe, tous étaient d’une longueur variant de deux à sept syllabes. La plupart pouvaient entrer dans la composition d’alexandrins, qui sont ma forme préférée, d’autres convenaient mieux au décasyllabe. Les deux seuls noms à sept syllabes (Villeneuve-la-Comtesse et Saint-Etienne-la-Cigogne) étaient les plus difficles à manipuler. Je les ai casés dans des alexandrins asymétriques, et comme je voulais commencer l’énumération par mon village et le voisin, les deux bourgs à Comtesse, j’ai placé ces deux alexandrins laborieux en début de lecture. Etant parvenu à un total de huit alexandrins et trois décasyllabes, j’ai équilibré l’ensemble en répartissant les alexandrins en deux quatrains, qui encadrent le tercet de décasyllabes. Et je me suis amusé à accumuler des villages à noms de saints en fin de liste. Pour le reste, la disposition est globalement aléatoire.)

mardi 24 septembre 2024

Bataille

    Pas non plus pu finir une autre trouvaille de boite à livres, Ma mère, de Georges Bataille (en 10-18). Ces personnages sans cesse ballottés du rire aux larmes, de l’adoration à la haine, du stupre à la honte, c'est une petite fantaisie ridicule et malsaine. 

lundi 23 septembre 2024

innovation

    La technique israélienne révélée la semaine dernière, consistant à occire ou à estropier l’ennemi, en même temps que son entourage aléatoire, par l’explosion du téléphone, est incontestablement une innovation dans le registre de l’ignoble.

    (PS. Quelques précisions, en réponse à des commentaires. Dans la guerre qui oppose interminablement Israël et les Arabes, je ne discute pas ici des raisons des uns et des autres, ni de la légitimité de leur engagement. J'observe l'apparition d'une nouveauté ignoble, et je dis que quelque raison qu'on ait de se battre, il y a la manière, cela importe. Je lis dans Wiki : « L’ONU qualifie ces attaques de ‘violations du droit international’. Plusieurs spécialistes de droit international soulignent le caractère indiscriminé de l'attaque ». Ces attaques par surprise et à portée indiscriminée, je ne vois pas ce qui les distingue du terrorisme. Or je trouve problématique de lutter contre le terrorisme par le terrorisme. Si l'on estime que tous les coups sont permis, autant dire que l'on renonce à la notion de crime de guerre.)

dimanche 22 septembre 2024

Tuc

J’apprends dans Wiki que le nom de la marque Tuc serait à l’origine un acronyme, formé des initiales de Trade Union Congress, pour des raisons qui demeurent obscures. Je ne déteste pas ces biscuits salés «de forme octogonale, à l’aspect de rectangle aux coins coupés, de couleur jaune doré, et dont la face est piquetée de quarante-et-un trous». Mais je n’achète presque jamais les bons biscuits Tuc Original, parce qu’avec mes faibles rentes il est plus prudent de me contenter de crackers Eco+ ou Top Budget. Et parce que les jours de fête, tant qu’à faire, je prends des Tuc Saveur Bacon, c’est tout de suite autre chose...

 

samedi 21 septembre 2024

Rouart

    Je n’ai pas réussi à lire Ils ont choisi la nuit, de Jean-Marie Rouart (Grasset, 1984) livre pourtant mince et traitant d’un sujet a priori intéressant, les suicides d’écrivains, mais cela me tombait et me retombait si vite des mains, par quelque chapitre que j’essaie d’y entrer, que j’ai bientôt abandonné. 

vendredi 20 septembre 2024

Bonnard

Peu de livres sont aussi simplement et aussi exactement intitulés que le Océan et Brésil du sulfureux Abel Bonnard, paru chez Flammarion en 1929, et dont je viens de lire une réédition (Pardès, 2021) empruntée à l’université. L’auteur voyage (en 1926) en suivant un itinéraire maritime classique passant par Madère, les Canaries et les îles du Cap Vert, avant de traverser l’Atlantique. Au Brésil, il visite Rio de Janeiro, Ouro Preto et, avant de finir par Bahia, fait une excursion laborieuse, en voiture, jusqu’aux chutes d’Iguassu (on écrirait aujourd’hui Iguaçu), cet épisode occupant la plus longue place dans le livre. Dix lignes ont suffi pour me dissuader de lire les ululements du préfacier, auxquels j’avais déjà eu l’occasion de constater mon allergie. En revanche, j’ai lu l’ouvrage lui-même avec plaisir. Un récit de voyage intelligent et sensible, rédigé avec soin et souvent avec grâce, que demander de mieux. J’aime parfois chez Bonnard ses côtés old school. Tenez par exemple ce qu’il dit en évoquant José Antonio Páez, au départ simple bouvier métis, devenu chef révolutionnaire puis président du Venezuela (encore un destin anti-marxiste, 1790-1873) : «Rude et sauvage comme ses soldats, c’est en fréquentant des officiers anglais qu’il apprit comment boivent et mangent des hommes de bonne compagnie» (p 90). Cette notion de bonne compagnie, dont on faisait grand cas du temps des Liaisons dangereuses, est démodée mais reste utile, sans être nécessairement élitiste (ce qu’elle était toutefois probablement pour Abel). Pas besoin d’avoir longtemps vécu pour savoir que les gens de bonne compagnie, comme les gens de bonne volonté, il y en a de toutes les couleurs et dans tous les milieux. Une question plus épineuse pour le lectorat humaniste d’aujourd’hui est que Bonnard écrit à l’époque où les races n’étaient pas en sucre et il en parle sans gêne, en bien et en mal. Il s’extasie sur la «grâce majestueuse» des femmes noires qu’il voit passer (180) mais pas sur les qualités morales ou intellectuelles des hommes noirs qu’il a côtoyés, et il n’est pas fan du métissage, ni simplement de la coexistence (passim). La plupart de ses vues sur la question seraient aujourd’hui réprouvées, car nous n’avons plus de préjugés : nous savons bien maintenant que les races n’existent pas, qu’elles sont rigoureusement égales entre elles, et qu’il n’y a pas à en discuter. Je n’en discuterai donc pas, ce n’est d’ailleurs qu’un thème marginal dans le livre. On pourra cependant trouver de la joie à lire la prose de Bonnard, émaillée de belles images. Ainsi lorsqu’il évoque les hortensias de Madère, dont «on voit de loin leurs floraisons bleues jetées comme des linges sur la verdure» (46) ou quand il définit l’océan comme «cette solitude qui fait le bruit d’une multitude» (191). Remarquez aussi dans le voyage aux Chutes cette belle scène vespérale : «Du coin obscur où je me suis logé, j’aperçois une cuisine enfumée, pareille à un antre, où les quatre habitants de la ferme font cuire des poulets à notre intention. C’est un ménage de métis, servi par un ménage de nègres. Ils causent tranquillement, tout en fumant des cigarettes. Parfois un sursaut du feu jette une lueur sur un des visages» (139) ou cette autre, alors qu’il grignote devant un feu de camp : «tout en faisant ce repas hétéroclite, je regardais le feu, grondant et glorieux devant moi, et j’admirais une fois de plus ce premier luxe de l’homme» (163). Je me suis découvert une connivence avec l’auteur, du fait qu’il s’intéresse aux étoiles et aux oiseaux. Il semble habitué à contempler le ciel nocturne et à s’y repérer, mais se trouve là confronté au «ciel illisible du Sud, où aucune constellation principale ne frappe les yeux et qui est comme un texte sans majuscules» (107). De même il connaît bien les oiseaux d’Europe et peut-être mieux que moi (sa remarque sur «la pincée de bleu ou de rouge qu’ils ont sur la gorge» (202) m’agace, car autant les rouges-gorges me sont familiers, autant je désespère de jamais apercevoir une seule gorge-bleue) mais ceux qu’il découvre au Brésil lui sont inconnus. Il donne des indications de couleur sur le plumage de quelques uns : «gros passereau (à la) livrée mêlée de noir et de rose ... oiseaux gris à plastron d’or» (135) ... «espèces de pies au plumage marron marqué de blanc ... habit noir et orange (et) queue noire bordée de jaune» (150) ... «merle orange et noir ... oiseau (comme un) corbeau colorié» (174). Je dois m’avouer incapable d’en identifier aucun précisément, malgré mes études et mes manuels, tout juste puis-je supposer qu’il s’agit là d’espèces de la famille des ictéridés (orioles, cassiques et troupiales). Il est amusant de noter qu’en évoquant des «espèces de pies», il reprend, probablement sans le savoir, les termes dans lesquels a été décrit le premier oiseau brésilien, dans le plus ancien document sur le pays, la lettre de Pero Vaz de Caminha écrite en 1500, où l’on signale des oiseaux noirs «quase como pegas», presque comme des pies. En tout cas les oiseaux lui plaisent, c’est un ornithophile. «Je sentais trembler entre nous une fragile amitié» dit-il de l’un d’eux, qui se laisse observer (135). On peut même affirmer que les oiseaux le ravissent : «ils sont la grâce et la parure de ces solitudes, ils y répandent leur gaieté, ils y promènent leurs airs de princes» (ibidem) et que parfois ils l’envoûtent : «par moments, des forêts mystérieuses, arrive enfin un appel d’oiseau, si flûté, si enjôleur, si ensorcelant, qu’on a envie de tout quitter pour s’enfoncer dans ces ombres» (146). C’est à leur propos qu’il développe une belle tirade anti-chasse : «J’avoue que je n’ai jamais aimé les chasseurs (...) je n’arrive pas à les comprendre. Je ne peux mettre de différence entre un homme qui, dans un palais, s’amuserait à briser les objets d’art, et celui qui, dans la nature, se plait à tuer des bêtes» (136). Cette image de la belle forme animale comme joyau dans le décor m’est restée après avoir fermé le livre, elle me revient depuis quand j’aperçois une bête dans la campagne ou simplement les miennes dans leurs enclos, un œuf parmi les herbes.

jeudi 19 septembre 2024

prix

    Il ne serait peut-être pas inutile de créer un nouveau prix spécialement destiné à récompenser les journalistes capables de prononcer trois phrases sans dire qu’il faut changer de logiciel, ou que ceci est dans l’adn de cela.

mercredi 18 septembre 2024

destin

    Je ne serai plus là pour y assister, mais je verrais bien pour Trump un destin posthume à la de Gaulle : dénigré par beaucoup de son vivant, reconnu de tous cinquante ans plus tard.

mardi 17 septembre 2024

housekeeping

    Le genre de sortilège que j’ai connu cent fois, ou pas loin : un ouvrier, un artisan, un technicien, un copain bricoleur intervient pour réparer, remplacer, modifier, fabriquer quelque chose dans la maison. L’ouvrage achevé, il vous confie à voix basse que vous avez tout intérêt à conserver ce reste de produit, ce reste de matériau, ce reste de fournitures, ce reste de fourbi qu’il vous laisse, car vous en aurez besoin tôt ou tard. Vous acquiescez avec reconnaissance, en faisant des yeux ronds. Vingt ans après, le matos fossilisé n’a toujours servi à rien et encombre toujours les tiroirs ou les étagères. Et un beau jour, un jour de grâce, vous vous dites que le moment est venu de prendre une décision.

lundi 16 septembre 2024

question

    Au cours du XXe siècle, le national-socialisme a-t-il massacré plus ou moins d’innocents que l’international-socialisme ? Vous appuierez votre démonstration sur des exemples.

dimanche 15 septembre 2024

communiqué

 J'ai créé sur Facebook un album d'une cinquantaine de photos de Berlin et Potsdam pour compléter mon reportage.

samedi 14 septembre 2024

Berlin 3

    Le jeudi 5, bus, marche et tram, direction est et nord-est, jusqu’à l’Alexanderplatz. Je n’ai pas lu le roman mais je voulais voir l’endroit. La station Alexanderplatz est tapissée d’un joli carrelage vert. Sur la place se dresse une immense tour de télévision, probablement le bâtiment le plus célèbre de la ville avec la porte de Brandebourg. En contrebas l’hôtel de ville, beau bâtiment de briques rouges, une fontaine de Neptune décorée de sculptures animalières, dont un crocodile, et l’église Sainte-Marie, St Marienkirche, beau bâtiment austère aux murs blancs, sans vitraux hélas, mais abritant une riche collection de peintures et de sculptures. Traversée de l’île des Musées sans nous y arrêter (oui, je sais) et déjeuner encore d’un currywurst au très calme café Wilhelm, juste en face du musée de Pergame. Le soir, dîner au restaurant vietnamien Thanh Nho, rue de Potsdam. 

    Le vendredi 6, direction sud-ouest. Quant à faire une excursion hors de Berlin, j’aurais bien penché pour aller visiter la ville-frontière polonaise la plus proche, à 80 kilomètres à l’est. Mais plusieurs avis nous en ayant découragé, et plusieurs autres ayant clairement recommandé Potsdam, va pour Potsdam. C’était un bon conseil. Le train nous dépose dans une gare à l’extrémité sud-est de la cité, que l’on rejoint en traversant deux ponts sur des bras de la Havel. Le parc royal est situé tout à l’autre bout de la ville. Nous y sommes allés et l’avons parcouru à pied. L’Orangerie et le palais jaune de Sans-Souci sont les plus beaux bâtiments, mais tout le parc est riche d’allées, de bassins, d’escaliers, de statues, de jardins et tout simplement d’arbres, dont d’énormes vieux hêtres au tronc gris clair. Déjeuner de spaghetti à la carbonara dans un ristorante de la Lindenstrasse. L’après-midi nous avons aussi visité avec plaisir l’espèce de colonie rurale russe au nord de la ville (Alexandrowka : quelques isbas espacées, entourées de vergers) et le quartier hollandais (quelques rues perpendiculaires bordées de frontons en briques rouges). On trouve par ailleurs çà et là beaucoup de belles maisons dans cette ville. Le soir, de retour dans la capitale, dîner de salade au poisson au Fischladen Atlantik Restaurant, dans la rue de Potsdam. 

    Le samedi 7, expédition vers l’est lointain, tout d’abord pour voir le remarquable Oberbaumbrücke, un pont à tourelles en briques rouges sur la Spree, que j’avais repéré sur des photos. Hélas le quartier rive sud est effrayant de crasse, et rive nord ce ne sont que des rues bordées d’immondes immenses immeubles. Le long de la rivière se trouve l’East Side Gallery, un long morceau de Mur conservé et couvert de graffiti et de peintures, que j’ai trouvé sans grand intérêt. Ce sont des hectomètres de barbouillage médiocre, imbibé de slogans niais sous lesquels on a envie d’écrire Sa fais reflechire. Le panneau le plus connu est celui du baiser sur la bouche de Brejnev et Honecker, reproduit partout et devant lequel il y a un attroupement permanent. Cette copie de photo témoigne au moins d’un certain savoir-faire mais n’a rien de génial, je pense qu’elle attire surtout par le sous-entendu graveleux. Une des rares oeuvres qui m’ait un peu plu s’intitule Curriculum vitae. Les dates de chaque année de 1961 à 1989 y sont inscrites sur quatre lignes en noir sur fond gris et sur chaque date sont peintes autant de roses qu’il y a eu de morts en tentant de franchir le mur (aucun en 88 mais encore trois en 89). C’est un bon endroit pour examiner la qualité physique du fichu mur, d’environ un empan d’épaisseur sur trois mètres de haut. Tout à fait ce qu’il me faudrait autour de mon jardin. Entre le mur et le rivage s’étend un petit parc où nous avons pique-niqué au bord de l’eau. Il y avait un cormoran qui plongeait sans cesse et passait plus de temps sous l’eau qu’en surface. Et sur une île en face un couple de cygnes installé tranquille au soleil. Sur le chemin du retour, halte au café Uma Hub, peut-être turc, dans la Grossbeerenstrasse. Plus loin, rue Kreuzberg, nous eûmes encore le courage d’escalader la petite colline du Viktoriapark, où coule un ruisseau artificiel mais charmant. Le soir, dîner derechef à l’Atlantik Fischrestaurant. 

    Le dimanche 8, pas grand chose. Dernier tour dans le quartier, la Winterfeldtstrasse, où nous vîmes l’église Saint-Matthias. Nous ne voulions pas gêner, car il y avait messe, mais nous aperçûmes in extremis des vitraux, ceux de Hermann Gottfried, de circa 1990, avec la plupart des scènes en noir et blanc. Et dans un coin l’étrange tableau de Michael Triegel, Deus absconditus. Il fallait repartir. Nous savions maintenant prendre le métro de Kleistpark jusqu’à la gare de Rudow, et de là le bus jusqu’à l’aéroport.

vendredi 13 septembre 2024

Berlin 2

Voici un résumé des endroits où nous avons marché et mangé. Le mardi 3 après-midi, nous dirigeâmes nos pas vers l’ouest. Je dois ici expliquer que quelques jours avant le départ, je m’étais avisé que ce séjour pourrait être l’occasion de vendre enfin un de mes livres les plus précieux, qui n’avait jamais intéressé mes clients français. Trouvé dans une benne providentielle il y a une trentaine d’années, c’était un exemplaire du roman d’Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz, à la couverture un peu crasseuse mais à l’intérieur frais. Par chance il s’agissait de la première édition, de 1929, et par supplément de chance un autographe de l’auteur, daté de Paris, 1 Februar 1934, s’étalait sur toute la première page. Songeant à essayer de rentabiliser mon déplacement, j’avais contacté par mail des libraires d’ancien à Berlin. Quelques uns se déclarèrent intéressés, on discuta un peu. J’arrangeai des rendez-vous plus ou moins précis avec sept marchands : je rendrais visite l’après-midi de notre arrivée au plus proche de l’hôtel, dans le secteur de Tempelhof, et je consacrerais la journée du lendemain à rencontrer les six autres dans le quartier un peu plus distant de Charlottenburg. Ce mardi après-midi, donc, après avoir déjeuné tardivement d’un Chicken Gemüse Kebab sur la Bülowstrasse, nous nous rendîmes au premier Antiquariat que je devais visiter. L’aimable gentilhomme m’attendait avec une proposition imprévue et tentante. Au vu du bon état et de l’intérêt du livre, il acceptait de l’acheter pour les 800 euros que je lui en avais demandé par mail, me laissant libre d’en décider tout de suite ou d’attendre de voir ce qu’en diraient ses confrères le lendemain. J’hésitai quelques minutes puis, considérant que je n’avais guère espoir de gagner plus, que cette somme supérieure à ma pension mensuelle me payait largement le voyage, et qu’en réalisant la transaction sans attendre, je libérais ma journée du lendemain, j’acceptai. J’éprouvai un grand soulagement d’avoir conclu si vite et bien cette petite aventure commerciale. Avec ma camarade, nous repartîmes vers l’ouest. Dans la Tauentzienstrasse nous nous promenâmes un moment dans l’immense magasin KaDeWe, où l’on dit qu’il y a tout et je veux bien le croire. Nous visitâmes en particulier le dernier étage, celui des plats cuisinés, et celui du dessous, plein de beaux objets, comme des machines à café électriques en céramique bleue et blanche. De là nous avançâmes jusqu’au n° 199 de l’avenue Kurfürstendamm, qui fut l’adresse d’Albert Caraco. Je ne sais de quand date l’immeuble actuel, qui est peut-être une reconstruction d’après-guerre. De part et d’autre de la porte d’entrée, les plaques de médecins et d’agents immobiliers. En rentrant le soir, dîner de calmars dans une pizzeria, peut-être dans Geisbergstrasse. 

    Le mercredi 4, nous remontâmes la Potsdamerstrasse vers le nord en faisant un crochet le long d’un canal, et au-delà jusqu’à la Potsdamerplatz, peuplée d’immenses bâtiments modernes. Elle m’a paru moins horrible en vrai que sur les photos, mais pas très à mon goût non plus. Nous y avons vu notre premier petit bout du Mur de Berlin, resté debout à côté d’un restaurant. Poursuivant vers le nord par l’Ebertstrasse, nous vîmes le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe : des alignements de dalles de béton gris s’étalant sans explication sur la bagatelle de deux hectares. Ce genre de monument, exposant moins la souffrance passée des victimes que le pouvoir de leurs descendants à clamer leur victimitude, me laisse un peu perplexe, je dois avouer. La rue Ebert aboutit à la fameuse porte de Brandebourg, dont la silhouette est reproduite sur toutes les vitres du tramway. C’est une belle colonnade à l’antique, un peu pompeuse, supportant une terrasse ornée de bas-reliefs et surmontée par la statue d’un quadrige. Le Brandebourg est le nom de la province dont Berlin est la capitale. Un peu plus au nord nous considérâmes à distance le palais du Reichstag, avant de nous reposer un moment dans l’extrémité Est du Tiergarten. Un de mes regrets est de ne pas avoir visité plus avant cet immense bois situé en pleine ville, en quelque sorte le Central Park de Berlin. Revenant à la porte de Brandebourg, nous flânâmes un moment le long de l’avenue Unter den Linden (sous les tilleuls) qui part de là vers l’Est. C’est l’une des deux rues les plus célèbres de la ville avec le Kurfürstendamm, et à mon avis la plus belle. Nous dérivâmes ensuite vers le sud. Nous traversâmes péniblement la Gendarmenmarkt, supposée être la plus belle place de Berlin, ce qui ne nous a pas sauté aux yeux, tout encombrée qu’elle était de chantiers et de palissades bouchant la vue et obligeant à des détours. Nous descendîmes la Friedrichstrasse jusqu’à l’inévitable guérite du Checkpoint Charlie. Chemin faisant nous nous arrêtâmes dans une sorte de village hippie installé sur une place, pour y déjeuner de Currywurst, soit des rondelles de saucisse baignant dans la sauce tomate au curry et accompagnées de patates. Très savoureux, probablement pas très diététique. Repartant vers le sud-ouest nous vîmes encore le long morceau de Mur conservé sous le nom grandiloquent de Topographie de la Terreur, avant de rentrer nous écrouler à l’hôtel. Le soir, dîné d’excellentes boulettes et autres turqueries au Sofram Restaurant de la Potsdamerstrasse. 

jeudi 12 septembre 2024

Berlin

Impressions de Berlin. J’ai quelque peu perdu le goût des voyages et de leur inconfort, j’ai peur de voyager dans les aéroplanes et j’ai autre chose à faire avec mes faibles rentes, mais enfin pour plaire à ma coach, qui d’ailleurs sait procéder aux réservations et à d’autres démarches nécessaires dont je serais incapable, j’acceptai le projet d’une escapade à l’étranger. Je choisis l’Allemagne pour enfin visiter le seul grand pays frontalier du nôtre dans lequel je n’avais encore jamais mis les pieds, à part une excursion décevante dans la banlieue outre-Rhin de Strasbourg. Tant qu’à faire nous optâmes pour la capitale, la ville de l’Ours (la tradition veut que la première syllabe de Berlin soit comme celle de Bernard le nom germanique de l’ours, Bär (en anglais Bear)). Nous y fûmes quelques jours la semaine dernière, de mardi vers midi à dimanche après-midi. Nous étions transportés par Easy Jet. Les rares fois où je prends l’avion, je me dis que ça ne me plait guère. Je trouve inquiétant de m’élever dans les airs et je vois bien que l’aéronef n’est qu’une bétaillère, à peine plus chic que le tram. L’on mettait à la disposition des voyageurs le magazine mensuel de la compagnie, recueil de publi-reportages sur les merveilles de l’Europe, avec en couverture Priscilla Queen of Naples, un travelo dégoulinant de vulgarité satisfaite. L’autre couverture présentait une publicité pour le Fanta Zero Sugar. Mais enfin le voyage s’est bien passé. A Berlin nous étions logés au Potsdamer Inn, n° 145 de la Potsdamer Strasse, dans le quartier de Schöneberg, au sud du centre-ville, si tant est que Berlin ait un centre. Notre supposée auberge de Potsdam était donc située rue de Potsdam, laquelle aboutit au nord à la Potsdamplatz, et mène vers le sud, devenue route, à la ville de Potsdam, située à quelque vingt-cinq kilomètres, où nous allâmes passer la journée du vendredi, si bien que notre séjour fut marqué du sceau de la potsdamité. (Le nom est sujet à erreur et je suggère aux bibliographes, qui voudraient s’amuser, de corriger dans les catalogues numériques toutes les occurrences où il apparaît écrit Postdam). L’hôtel n’était pas tout à fait comme nous l’attendions : la façade était entièrement masquée par un immense échafaudage, les gérants étaient de braves Turcs ne parlant pas un mot de français ni même d’anglais, de sorte qu’il était à peu près impossible d’en tirer le moindre renseignement pour nous orienter, notre chambre au premier étage donnait sur une Potsdamerstrasse plutôt bruyante, et la maison ne servait pas de petit-déjeuner, si bien que nous petit-déjeunâmes chaque matin dans notre austère piaule de fines tranches de pain, de fromage et de charcuterie achetées la veille au soir à l’Aldi du coin de la Pallasstrasse. Je dois préciser que ni moi ni mon coach ne parlons l’allemand, dont j’ai toutefois quelques notions pour l’avoir étudié un an au lycée et pour avoir feuilleté des livres, assez par exemple pour comprendre la petite phrase Zurückbleiben, bitte, que les hauts-parleurs répètent chaque fois que le métro referme ses portes. Nous avions convenu qu’un bon moyen de découvrir cette grande ville serait d’y marcher autant que possible, malgré l’épuisement que cela entraine et qui s’accumule au fil des jours. Par chance il ne pleuvait pas, il a fait beau sans cesse et même un peu trop, la température passant les trente degrés chaque après-midi, un temps à short et à T-shirt, alors qu’il ne faisait pas si chaud dans le Sud-Ouest français d’où nous arrivions. Nous ne recourûmes que par nécessité aux transports, qui n’étaient pas très commodes pour nous. J’avais soupçonné en étudiant la question et il s’est avéré sur place que les transports publics à Berlin sont un redoutable mélange de lignes de train, de tram, de bus et de métro, dont la connaissance pourrait légitimement valoir l’obtention d’un certificat d’études universitaires. Nous avons donc beaucoup marché, ayant ainsi de Berlin une vision depuis la rue, la vision de passants entrant dans peu de bâtiments, à part des magasins et restaurants. Il y a quelques beaux immeubles, beaucoup de laids. Les rues sont souvent sales, jonchées de papiers, mégots, capsules, bouteilles, éclats de verre... Il nous a paru que beaucoup de gens fumaient, plus que dans les rues de France. Mais la ville est très boisée, il y a de nombreux parcs, beaucoup de rues sont plantées d’arbres, avec parfois un bel effet de voûte (exemple Steinmetzstrasse). Les rues étaient souvent décorées de statues. Je me souviens de l’éléphant rouge de Basse-Saxe rue Ebert, des statues de Bolivar et de San Martin, et entre elles de l’énorme tête de cheval devant l’Institut Ibéro-Américain de la Potsdamerstrasse, plus loin dans la même rue des Boxeurs bleu et rouge de Keith Haring au milieu d’une pièce d’eau, les poings de chacun entrant dans les trous du corps de l’autre (je n’ai jamais bien aimé le style de cet artiste, qui fut à la mode en même temps que Berlin dans les années 80, mais j’ai quelque sympathie pour lui d’être mort si jeune et d’avoir donné une œuvre à une église de Paris). Souvent les Allemands à qui nous demandions notre chemin se montraient peu serviables, voire maussades, mais bien sûr pas toujours, et souvent les étrangers étaient plus aimables. Il y avait beaucoup de Turcs dans notre quartier, mais moins que dans certains autres paraît-il. Ils trustaient l’essentiel des alimentations et de la restauration, soit dans des enseignes ouvertement levantines, soit dans des établissements bizarres, genre Asian Food Vegan halal ou Pizzeria halal. Nous avions près de chez nous d’autres restos étrangers (marocain, syrien, norvégien, vietnamien) et le seul qui annonçait Cuisine allemande précisait Et spécialités indiennes. Cela donnait une drôle d’ambiance, par moments on se croyait moins en Allemagne qu’au Pakistanbul, mais enfin si le pays est devenu tel, il convient aussi de s’en instruire. Il y avait des taxis jaune crème et comme partout des moineaux et des pigeons, des bisets surtout et quelques ramiers. La principale curiosité ornithologique est qu’il y avait un peu partout de grosses corneilles mantelées, au plumage en partie gris parfois teinté de rose, au lieu d’être entièrement noir. Il s’agit selon les auteurs d’une simple sous-espèce de la Corneille noire ou bien d’une espèce à part entière. Je n’en avais vu jusqu’alors qu’en Italie et dans les livres. Malheureusement, sous la poussée peut-être d’un zèle anti-religieux, les deux plans à notre disposition ne signalaient pas les églises, et les rares sur lesquelles nous tombâmes par hasard étant soit fermées soit payantes, nous n’en visitâmes que deux, dont une sans vitraux. Ces deux plans étaient incommodes, celui du guide Lonely Planet emprunté à la fac n’indiquant à peu près qu’un nom de rue sur quatre, et le second, offert à l’hôtel, étant imprimé si petit que sa lecture requérait l’usage du compte-fil que j’avais eu la précaution d’emporter. Je voulais acheter deux trois cartes postales pour le plaisir d’accomplir le rituel démodé. On en trouve moins qu’en France, m’a-t-il semblé, et de même les lieux de vente de timbres et les boites à lettres sont plus rares. Les bureaux de poste sont des établissements polyvalents où se pratiquent d’autres commerces que celui du courrier. Il m’a étonné de ne voir aucune boite à livres. Ce qui y ressemblait le plus furent deux dépôts sauvages de quelques volumes à même le trottoir, et un petit meuble dans le hall de l’Ibero-Amerikanisches Institut où l’on donnait des livres dont aucun ne m’intéressait. Un d’eux avait sur la couverture une faucille-et-marteau et ce n’était pas du second degré. Mieux valait d’ailleurs ne pas se charger, car nous n’avions droit dans l’avion qu’à un maigre bagage de 45 x 36 x 20 cm au maximum. (A suivre)

dimanche 1 septembre 2024

Aurélie

    Je n’écoute pratiquement plus la radio qu’en voiture et, ne pouvant capter Radio Classique au fond de ma brousse, je me console comme je peux avec France Musique. Peu à peu des voix me deviennent familières, la voix appliquée de Rodolphe Bruneau-Boulmier, la voix exotique de Denisa Kerschova, la voix didactique de François-Xavier Szymczak, la voix enjouée de Lionel Esparza, et d’autres, mais la grande découverte pour moi est la voix d’Aurélie Moreau, miracle de justesse, retenue sans être froide, sérieuse sans être morne, charmante sans être charmeuse, et d’une diction parfaite. Elle présente l’émission Stars du classique et chaque fois qu’elle annonce un disque, on voudrait lui dire Attendez, Aurélie, donnez-nous encore quelques détails à ce propos...