lundi 5 mai 2025

disparitions

    Ces derniers jours j'ai appris successivement la mort de deux gentilshommes que j'ai un peu connus, il y a longtemps.

    Didier Goux serait mort le premier mai. Je ne sais plus comment j'avais connu son existence. C'était un diariste, sans doute un blogueur, que je m'étais mis à lire et avec lequel j'ai eu quelques échanges. Il avait été nègre, il savait bien écrire et avait de l'humour. Il me semble que comme Renaud Camus, qu'il imitait peut-être, il donnait un titre propre à chaque volume annuel de son journal. On s'est fréquenté peu de temps avant de bifurquer. En consultant mon hyper-mémoire, c'est à dire l'index de mon journal, je trouve une seule référence à Goux, en novembre 2007, mais à la date en question le journal ne dit rien. C'est peut-être une erreur d'indexation, ou bien j'ai supprimé la note entre temps et n'en ai plus souvenir. Par contre je me souviens qu'il m'avait agacé une paire de fois par ses avis. Sur les paroles de Brassens, dont il ne voyait que les imperfections. Sur une de mes notes en septembre de la même année 2007, où je commentais la relative concision de l'anglais par rapport au français, à quoi il avait apporté une réponse du genre Et alors, on n'est pas pressé. A tort ou à raison j'avais bientôt décidé de prendre mes distances avec ce personnage, qui du reste ne m'avait pas couru après. Le temps et l'inertie faisant leur oeuvre, nous nous étions complètement perdus de vue. L'annonce de sa mort me rappelle son souvenir. Je l'apprends par une note d'un certain Georges de La Fuly, retransmise par mon correspondant Quentin Verwaerde. Malgré l'éloignement, la nouvelle me consterne. La note est illustrée par une photo de Didier Goux, dont j'ignorais les traits. Il a une bonne tête, une expression énergique et intelligente. J'apprends à cette occasion qu'il était de la même année que moi, et que ledit La Fuly.

    Auparavant, dans les derniers jours d'avril j'avais appris la mort de Frédéric Renault, dessinateur connu sous le nom d'Y5/P5. Je le suppose plus jeune que moi mais n'en sais rien. Il tirait son surnom du fait qu'il avait été exempté du service militaire par la note 5, la pire, attribuée à ses Yeux et à sa Psychologie. J'aimais bien que son pseudo soit écrit avec une barre oblique entre Y5 et P5, et ainsi opportunément composé de cinq signes. Je ne sais plus si j'étais allé le voir à Paris ou si nous avions simplement correspondu. J'ai quelques lettres de lui, des années 85-88. J'ai dû le publier quelques fois dans mes revues. Après Placid, il est le seul dessinateur parisien que j'aie fait exposer à Bordeaux, chez Gilles Réthoré. Je ne sais plus en quelle année, ni qui l'hébergeait. Il était venu avec son amant Lombardi, qui voulait exposer avec lui, mais je trouvais ses dessins nuls et j'avais refusé. Mon intransigeance esthétique a probablement nui à nos relations et y a peut-être mis fin, je ne sais plus. Je ne raffolais pas de l'inspiration enfantine d'Y5, zombies squelettes etc, mais c'était un excellent dessinateur. Et calligraphe, d'ailleurs. J'ai dû ne le revoir qu'une fois, fortuitement, lors d'un voyage à Paris en juin 98 (Ld 266). C'est un dessin de lui qu'a pris Le Dilettante pour illustrer la couverture du premier volume des carnets d'André Blanchard, et il a repris le même pour les autres, en changeant la couleur. Y5/P5 avait si bien disparu de la circulation ces dernières années, qu'on le disait mort, puis il avait fini par ressusciter. Mais il semble que cette fois-ci il ait vraiment rejoint Jim Bones.

Une étude sur Y5/P5 par Eric Heilmann ici.

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