samedi 11 janvier 2025

aforismos

    J’ai terminé ma campagne de prospection dans le domaine des aphorismes ibériques et ibéro-américains en prenant connaissance du copieux volume (575 pages) de Disparos al aire (coups de feu en l’air), sous-titré Antología del aforismo en Hispanoamérica (Gijón : Ediciones Trea, 2022). Le livre est composé d’une longue et savante introduction de l’organisateur Hiram Barrios, suivie d’une anthologie de 65 auteurs du XIXe siècle à nos jours. Ils sont présentés dans l’ordre chronologique de leur année de naissance, allant de 1800 à 1991. On donne pour chacun une brève notice et un choix d’une quinzaine d’aphorismes, parfois un peu plus. J’ai retrouvé parmi eux quelques écrivains que j’ai déjà étudiés et dont j’ai traduit en français un choix de pensées : Carlos Vaz Ferreira (Lettre documentaire 429), Franz Tamayo (Ld 508), Baldomero Fernández Moreno (plusieurs Ld et le livre Le papillon et la poutre), Mariana Frenk (Ld 524) et Nicolás Gómez Dávila (Ld 332, 359, et mes Studia daviliana). Des autres, je reproduirai ci-dessous les quelques phrases qui m’ont paru les plus notables (avec entre parenthèses la traduction que je peux en donner). De l’historien mexicain Francisco Sosa (1848-1925) : El que desee vivir en paz con la sociedad debe forzosamente optar por uno de estos medios : callar o mentir (Qui veut vivre en paix avec la société doit forcément choisir une de ces options : se taire ou mentir). Du journaliste hispano-paraguayen Rafael Barrett, mort à Arcachon en 1910 : Es curioso : no conocía a ciertas personas a quienes saludaba. Ahora que las conozco, no las saludo (C’est bizarre : je ne connaissais pas certaines des personnes que je saluais, mais maintenant que je les connais, je ne les salue plus). Du professeur mexicain Julio Torri (1889-1970), ce trait : El gozo irresistible de perderse, de no ser conocido, de huir (Le plaisir irrésistible de se perdre, de n’être pas connu, de fuir). Du musicien helvéto-mexicain Sergio Golwarz (1906-1974) : El hombre siempre está dispuesto a admirar lo que no entiende (L’homme est toujours disposé à admirer ce qu’il ne comprend pas) et du même : El verdadero héroe de algunas obras literarias es el lector que las aguanta (Le véritable héros de certaines œuvres littéraires est le lecteur qui les supporte). De Gómez Dávila (1914-1994) cette scolie, que j’avais oubliée : Envejecer con dignidad es tarea de todo instante (Vieillir avec dignité est une tâche de chaque instant). De l’humoriste péruvien Sofocleto (1926-2004) : Me parece una crueldad que la gente se ría de los payasos (Il me paraît cruel que les gens rient des clows). Enfin du dessinateur argentin Roberto Fontanarrosa (1944-2007) : La Juventud es una enfermedad que se cura con el tiempo. La Vejez, en cambio, es incurable (La jeunesse est une maladie qui se soigne avec le temps. La vieillesse, par contre, est incurable.) et du même : Hasta el más tierno de los insectos merece ser aplastado (Même le plus doux des insectes mérite d’être écrasé). Parmi les auteurs que je découvrais, je mets à part le cas du poète vénézuélien José Antonio Ramos Sucre, à qui est emprunté le titre de cette anthologie (il avait écrit dans une lettre de janvier 1930 ... Los aforismos son disparos al aire). Je lui consacrerai prochainement une Lettre documentaire (PS : Cf Ld 525, du 15 février 2025).

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