Après avoir commenté le mois dernier le bon petit livre de Lucienne Sinzelle, songeant que je n’ai jamais rien lu de François Mauriac si ce n’est quelques pages de ses mémoires, j’attendais que les boites à livres me donnent l’occasion de lire au moins un de ses romans. Le premier à se présenter n’était pas des plus connus : c’était Le fleuve de feu, d’abord paru chez Grasset en 1923, dont j’ai trouvé une charmante petite réédition de 1951 dans la Collection Pourpre. C’est l’histoire d’un séducteur qui s’éprend d’une jeune femme sage. Il la croit d’abord vierge puis comprend qu’elle est en fait fille-mère, statut alors honteux mais aujourd’hui banal. Ils se tournent autour un moment, finissent par coucher ensemble une nuit, puis s’éloignent mais ne s’oublient pas. Bientôt le donjuan veut repartir à l’assaut de la donzelle, mais elle se consacre maintenant à la religion. Désarmé par cette pureté d’âme, le galant renonce. Je dois avouer que cette fable démodée ne m’a pas passionné, j’ai dû me forcer pour aller au bout. Deux notes de détail, cependant. J’ai bien aimé cette évocation réaliste de souvenirs de la guerre : «Et voici qu’elle se rappelait ... les colères, les paniques de son père, en ce temps-là, parce que les services de l’arrière avaient envahi sa maison et que les soldats dévissaient les boutons de porte, obstruaient les fosses d’aisance, chapardaient la volaille et les fruits...» (p 130). Et j’ai remarqué cette formule, «dans les grottes des cinémas» (p 132) qui me rappelle l’allégorie Salle de cinéma = Caverne de Platon, prisée de certains.
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