vendredi 30 août 2024

club

    On ne peut dire que je n’ai jamais les honneurs de la presse, puisque je me retrouve en photo cette semaine page 9 de l’hebdo local L’Angérien libre, dans un article consacré aux Martins-Bêcheurs, un club de jardiniers auquel je participe, à Doeuil sur le Mignon. C’est un honneur.

mercredi 28 août 2024

mélange

    L’idéologie du métissage, qui fétichise le mélange racial et rêve d’une espèce ainsi uniformisée, n’a peut-être rien à voir avec le militantisme non-binaire, qui fétichise le mélange des genres et glorifie l’ambiguïté sexuelle. Mais il me semble voir à l’œuvre, dans les deux cas, la même phobie de la différence, la même joie de l'hybride, la même frénésie d’indistinction. L’idéal unitaire de ces partisans serait-il une humanité de travelos bronzés à cheveux mauves ? Je le crains. En tout cas, sur le plan esthétique, le taux de réussite du métissage est nettement supérieur à celui de la transmanie.

lundi 26 août 2024

jardin

Des nouvelles de mon country club. Cette année encore je n’aurai pas de raisins, parce que ces crétins d’oiseaux se jettent dessus et les dévorent avant même qu’ils soient mûrs. En revanche les pruniers, qui n’ont rien donné l’an dernier, pondent maintenant des mirabelles en avalanche. Au début de l’été mon unique pied d’artichaut a fourni une vingtaine de têtes. J’ai aussi eu de belles courgettes jaunes, quelques framboises, et quantité de tomates de seulement quatre pieds (tomates-cerises rouges, moyennes rouges et intermédiaires jaunes, ces dernières paraissent inépuisables, j’en donne à qui veut si vous passez par là). Une pousse, donnée par une inconnue à la bibli de Villeneuve, produit de drôles de courges, comme des butternuts blancs énormes, plus de vingt centimètres de long.
    Mes trois cailles, qui ont bien passé l’hiver, ne se portent pas mal. Deux d’entre elles deviennent familières, s’approchent quand j’entre dans la volière, elles ont compris que je ne viens pas pour les étrangler mais pour les nourrir. La troisième reste farouche, pour ne pas dire complètement parano. Elles étaient censées ne pas pondre, d’après la vendeuse de Gamm Vert, mais elles pondent régulièrement depuis le printemps. En juin-juillet-août, d’après mes calculs, elles ont donné en moyenne 1,5 œuf par jour, soit trois en deux jours (un chacune ?) et donc une douzaine en huit jours. Je soupçonne la craintive d’être la meilleure pondeuse, elle est la seule que j’aie surprise à couver. Je fais durcir les œufs dès que j’en ai dix ou douze, pour les manger. Je nourris ces volailles surtout de grain, déposé à même le sol. Le meilleur est celui que je trouve chez Auchan à Biganos, quand je descends en Gironde. Je leur donne aussi des granulés protéinés de la ferme Dubourg, à Pessac. De temps en temps je râpe sur les graines un peu d’os de seiche rapporté de la plage, qu’elles mangent volontiers. Je me suis aperçu qu’elles aiment bien picorer une tranche de courgette, jaune plutôt que verte, ou une de concombre, en quelques minutes il ne reste que le tour.
De mes trois poissons rouges le plus jeune, en fait jaune, et qui était mon préféré, a subitement disparu du bassin un beau jour de juin. Cela m’a peiné. Je soupçonne un chat de ce mauvais coup. Par consolation quelques jours plus tard la providence a placé sur ma route une très petite tortue égarée. De loin je croyais voir un caillou sur la chaussée, je n’ai reconnu la silhouette qu’en arrivant dessus, le temps d’arrêter la voiture je l’avais passée, heureusement sans l’écraser. Elle cohabite maintenant dans l’enclos avec la tortue de Hermann un peu plus grande, que j’avais déjà. La petite nouvelle est une tortue grecque, me semble-t-il. On distingue les espèces au dessin de l’arrière de la carapace. Elles s’ignorent le plus souvent mais se côtoient par moments, vont dormir ensemble dans leur cabanon. Je les nourris principalement de feuilles d’endive, avec selon les jours des fleurs d’althéa ou de liseron, des fragments de concombre, de poire, de tomate, de prune. Elles aiment beaucoup les minuscules crabes que l’on trouve dans les moules, je les leur garde.
    Deux reptiles, deux poissons, trois oiseaux, telle est ma ménagerie du moment.
(Photo des tortues : C Cottin)

dimanche 25 août 2024

néomots

    Mes néomots, ces derniers temps : hallucinéma, taboueux, énertie.

samedi 24 août 2024

sevrage

    Il y a sans doute pire mais ce n’était pas une mince épreuve pour moi que d’être privé d’ordi pendant trois jours. Je l’ai porté à réviser mardi, pensant le récupérer le jour même, mais le technicien avait besoin de le garder et ne me l’a rendu qu’hier. Je n’avais pas prévu ce douloureux sevrage. Cela m’a permis de mesurer une fois de plus combien notre vie, la mienne en tout cas, dépend maintenant du net. Non qu’on le tête en permanence mais du moins assez souvent, pour l’information, pour le divertissement, et pour Dieu sait quoi. Trois jours sans internet, donc, et sans l’ordi lui-même. Les pires moments furent les repas, que je ne prends plus sans regarder un journal ou des vidéos. Je fus réduit à des procédés ignobles : retourner chercher dans ma remise le vieux radio-cassette crachotant pourri, qui ne capte plus que trois stations, hélas toutes du service public... Quel supplice. Je reviens de loin. Tout ça pour apprendre finalement que mon ordi ne souffre d’aucune maladie particulière, et que s’il marche de plus en plus mal, c’est qu’il ne peut pas marcher mieux. Un peu comme moi, quoi. Ce MacBook Air vieux de dix ans est déjà une antiquité impossible à remettre à jour. Soit. J’ai profité de ces trois jours sans distraction pour avancer mes travaux au jardin et pour revisiter la pièce principale de ma documentation en papier : quelques centaines de feuilles de format A4 (articles, images, pages de revues, photocopies, notes de lecture, lettres du temps où l’on envoyait des lettres...) stockées par ordre alphabétique dans deux classeurs-trieurs en carton, le tout présentant une épaisseur d’environ quinze centimètres. Ce passage en revue m’a occupé quelques heures. Un de mes buts était de voir s’il y avait du désherbage à faire, car ces archives datent pour l’essentiel de l’époque où les documents étaient des objets en papier, or mes habitudes se sont modernisées depuis et je trouve aussi pratique, sinon plus, d’utiliser des articles ou des livres numériques. Mais la plupart de ces documents m’ont paru devoir être conservés tels quels, et je n’en ai supprimé qu’une pincée. Par exemple un article de revue astronomique américaine, du temps où j’avais été épaté de découvrir l’excellente dark-sky scale, l’échelle d’obscurité du ciel nocturne mise au point par John Bortle vers l’an 2000. Je n’ai plus besoin de l'article, il y a maintenant une notice de Wiki où cette échelle est bien exposée. De même une chronologie des journaux de Michel Ciry, que l’on trouve maintenant et plus complète dans Wiki. Mais il m’a beaucoup intéressé de revoir, de relire par endroits ces archives. Que de trésors concentrés là, qui risquent hélas de filer directo à la déchette le jour où je vais moi-même disparaître (il faut bien y songer, hein). Une grande surprise a été de redécouvrir, car je l’avais totalement oublié, qu’après avoir correspondu quelque temps avec l’ethnologue Jacques Lizot quand j’étais ado au début des années soixante-dix, j’avais de nouveau échangé quelques lettres avec lui vers la fin des années quatre-vingt. Il avait toujours la même boite postale à Caracas. Je lui avais alors demandé ce qu’il pensait de livres que j’avais étudiés entre temps, comme le roman Maíra, de Darcy Ribeiro («Je n’ai pas lu Darcy Ribeiro. Je dois dire que j’ai un très mauvais souvenir de lui. C’est un homme très antipathique.») ou l’étude de Betty J Meggers, Amazonia, a ilusão de um paraíso («J’ai lu en anglais le livre de Betty J Meggers. Je l’aime beaucoup, bien que certains points de vue auraient besoin d’être plus nuancés.»). Ah, Meggers, il faudra un jour que j'en parle ici...

lundi 19 août 2024

paradoxe

    S’il arrive qu’on soit empêché par une porte close d’entrer dans une pièce ou dans un bâtiment auquel on peut d'ordinaire accéder, on dit volontiers qu’on est «enfermé dehors». La formule est contradictoire, car si l’on est enfermé, ce ne peut être que dedans, et si l’on est dehors, on n’est pas enfermé. L’expression sert pourtant depuis longtemps, des siècles semble-t-il, parce qu’elle est très compréhensible, quoique paradoxale, et que le vocabulaire n’offre guère d’autre façon de dire. Il existe «bloqué dehors», qui présente à peu près la même bizarrerie sémantique.

samedi 17 août 2024

Nomic

    Les commentaires sur mes œuvres sont si rares, que c’est pour moi un sujet d’étonnement, quand il en paraît. Ainsi voilà quinze jours le blogueur Nomic, homme de lettres et biologiste, a chroniqué dans une de ses pages le recueil de mon Journal documentaire de 2002 à 2007, que j’avais fait imprimer à l’époque. Je lui suis très reconnaissant de son attention. Après diverses considérations, il conclut son article sur une interrogation : «Et il faudra que lui demande, à Philippe Billé : que fait-il, exactement, dans ses bois, à part récolter du bois mort et jouir du complexe faune-flore ? J'ai cru comprendre qu'il entretenait ces bois : comment donc ? Comment, et pourquoi, entretenir un petit bois, en tant que particulier ? Quelles actions surpassent l'inaction ? » Il est revenu sur le sujet dans un courrier personnel : « ... Je crois avoir lu un passage où vous mentionnez "nettoyer" un prunellier en enlevant une liane qui l'envahissait. Mais pourquoi ? Quel besoin d'entretenir un prunellier dans un bois ? Qu'entendez-vous par "entretien" du bois, si ce n'est récupération du bois à des fins humainement pratiques ? » Ces questions m’ont mis dans l’embarras parce qu’elles m’intéressent beaucoup et que je ne crois pas pouvoir y répondre simplement. A vrai dire j’ai déjà dû les aborder souvent dans mon journal, depuis bientôt trente ans que j’ai des bois et que je les fréquente. J’ai retrouvé deux ou trois passages pour éclairer ce lecteur, mais à défaut de pouvoir tous les rechercher présentement, j’essaierai d’apporter quelques précisions. Je m’intéresse à la nature et la respecte mais je ne l’adore pas et ne me sens pas tenu de la laisser intacte, j’aime autant lui apporter quelques réglages, du moins dans les espaces très limités qui sont sous ma responsabilité. Si je possédais de grands domaines, je ne pourrais guère les contrôler. Au contraire, n’ayant que de modestes parcelles, puisque la surface totale de mes cinq bois n’atteint pas un hectare et demi, il est plus facile de les gérer. A vrai dire mon premier souci a été tout simplement de pouvoir y mettre les pieds, car au départ les terrains étaient si encombrés de broussaille, de lianes de ronce et de troène, de branches tombées etc, que je ne pouvais accéder qu’à 10 ou 20 pour cent de la surface. Suivant l’enseignement du marquis de Girardin, selon qui le premier soin et souvent le seul nécessaire, pour aménager un paysage, consiste à y tracer des chemins, j’ai d’abord frayé au moins des passages, des layons. Ils se maintiennent assez bien dans les parties les plus ombreuses, et demandent plus d'entretien dans les parties claires. Un de mes premiers buts est de pouvoir circuler dans ces terrains sans avoir à me frotter aux feuillages. J’ai pratiqué dans chaque parcelle au minimum un sentier de ronde, qui en fait le tour, puis des sentiers de traverse. J’ai parfois songé me fixer pour but de tranformer ces bois en parcs, c’est à dire en espaces boisés mais totalement dépourvus de végétation basse entre les arbres. J’y ai renoncé car cela demanderait trop d’efforts et ne serait pas très utile. Je me contente donc d’une humanisation modérée de l’espace, et je laisse volontiers la sauvagerie prospérer par endroits (elle n’a pas besoin d’aide). En découvrant les bois je me suis pris de sympathie pour les arbres, plus que pour le reste de la végétation. Y compris les petits arbres, les espèces de mort-bois, qui n’intéressent pas les ruraux. C’est pourquoi je les surveille et les soigne au besoin, je les débarrasse des branches cassées, croisées, ou mal placées, etc. Et en effet, après avoir vu au fil des ans des spécimens de petites espèces (prunellier, aubépine, sureau, fusain, cornouiller...) ployer d’abord, puis s’écrouler complètement sous le poids du lierre envahissant, il m’arrive de prendre le temps de délivrer tel ou tel sujet. Encore n’est-ce là qu’un exemple...

jeudi 15 août 2024

néomots

    Deux sujets de mauvaise humeur, chez le créateur de néomots. Le premier : dans un moment d’inspiration, il invente un beau néomot, vraiment la trouvaille ingénieuse et subtile. Mais avant de le partager avec ses lecteurs et de l’ajouter à sa collection (son Verbier), il vérifie sur Google que nul n’y avait encore pensé. Or c’est raté, quelqu’un a déjà eu cette bonne idée, dans quelque recoin du net, il faut donc y renoncer. Le deuxième : dans un moment d’inspiration, il invente un beau néomot, vraiment la trouvaille ingénieuse et subtile. Mais il ne peut le noter tout de suite, car il est en train de prendre une douche, ou de nager au Bassin de baignade, ou de piloter sa voiture automobile. Or un moment plus tard, quand il peut prendre note, l’oiseau s’est envolé, il a oublié la bonne idée.

mardi 13 août 2024

canards

    Au hasard du net je retombe sur cette citation d’Henry de Montherlant, parait-il dans Le démon du bien : Qu'une vie est heureuse, quand elle commence par l'ambition, et finit par n'avoir plus d'autres rêves que celui de donner du pain aux canards ! Elle me fait penser à la belle nouvelle d’Alexander Trocchi, Peter Pierce, que j’avais traduite jadis. Dans cette histoire le narrateur est un fugitif vivant dans la clandestinité, qui se lie d’amitié avec son vieux voisin chiffonnier et devient son associé. Dans la journée, pendant que l’ancien est supposé parcourir les rues à la recherche de marchandises, lui trie le stock à la maison. Mais le jour où il décide de quitter la ville sans prévenir, il suit d’abord le vieil homme en secret, et découvre que celui-ci passe son temps au jardin public, à donner du pain aux canards. Plusieurs fois ces derniers temps j’ai repensé à ces personnages, en me disant qu'avant je m'identifiais plutôt au fugitif, maintenant au vieux fou. Non que j’aie renoncé à tout projet, mais le nombre de choses dont je n’ai plus rien à foutre ne cesse de s’accroitre.

vendredi 9 août 2024

résidences

    J’ai vécu à Bordeaux de 1975 à 2000, puis dans les banlieues autour du Campus : Talence, Pessac et Gradignan, de 2000 à 2021. En rêve ce matin au réveil je prononçais cette phrase à l’adresse de je ne sais qui. Pour être plus complet j’aurais pu mentionner un bref retour à Bordeaux de 2017 à 2019. Je lie ce rêve au fait qu’un de mes correspondants m’a lui-même présenté une esquisse de sa chronologie, ces derniers jours.

mardi 6 août 2024

pigeons

Il existe en France et en Europe trois espèces de pigeons : le Pigeon biset, le Pigeon colombin et le Pigeon ramier. Le nom du genre en latin scientifique est le même qu’en latin classique, Columba, d’où venait l’ancien nom français du pigeon : le coulon. De là vient aussi le mot Colombe, qui n’a pas de sens précis dans la nomenclature officielle des oiseaux de France. Le mot Pigeon, en italien piccione, viendrait du latin pippione, dérivant de l’onomatopée pipio, s’appliquant semble-t-il aux pépiements des petits. En français il a d’abord servi à désigner les pigeonneaux, avant de supplanter le mot coulon comme terme générique.

Le Pigeon biset est nommé d’après sa couleur en français (biset, diminutif de bis = gris) et en latin scientifique (Columba livia = bleuâtre). Il est par excellence le pigeon des villes, le plus proche de l’homme. C’est l’espèce qui a été depuis longtemps domestiquée pour la chair, pour l’agrément, et comme pigeon voyageur. Cette longue domestication a donné lieu a nombre de variétés dans la forme du plumage et dans sa couleur, de sorte que lorsqu’on voit un pigeon blanc, marron, ou bizarrement tacheté, on peut tenir pour sûr qu’il s’agit d’un biset. Le biset typique, soit le biset naturel, se distingue par les deux traits noirs qui lui barrent les ailes, et son croupion blanc surtout visible en vol. Lorqu’on observe une troupe de pigeons sur une place, on distingue aisément les individus typiques et les dérivés. Le milieu minéral lui convient en ville comme à la campagne, où il est le pigeon des roches ou des rochers : en anglais rock dove ou rock pigeon, en portugais pombo das rochas (et aussi pombo comum), en allemand Felsentaube, en néerlandais rotsduif. On l’appelle en espagnol paloma doméstica ou paradoxalement paloma bravía, c’est à dire sauvage, de même qu’en italien (piccione selvatico).

Le Pigeon colombin a le nom scientifique de Columba oenas, oenas étant le nom que porte cet oiseau chez Aristote, peut-être en référence a une coloration grise ou rose. C’est celle des trois espèces dont les signes distinctifs sont les moins marqués. On le surnomme en français pigeon des champs ou pigeon bleu. C’est en anglais le pigeon des troncs, stock dove, ainsi qu’en allemand le pigeon des cavités, au sens de cavités des arbres, Hohltaube, et de même en néerlandais holenduif. En espagnol il est la paloma zurita (diminutif de zura, d’après l’onomatopée zur), en portugais le pombo-bravo (sauvage), en italien la colombella.

Le Pigeon ramier vit dans la ramure, autrement dit les branches. On l'appelle aussi palombe, d’après son nom latin palumbus, et en latin scientifique Columba palumbus. Il se distingue des deux autres espèces par ses taches blanches au cou et aux ailes, ces dernières visibles surtout en vol, et surtout par sa grande taille, une quarantaine de centimètres, soit dix de plus que les deux autres, ce qui en fait un gibier recherché. C’est le colombaccio, soit la grosse pigeonnasse des Italiens. Il est le pigeon des bois en anglais (wood pigeon) et en néerlandais (houtduif), et le pigeon à collier en allemand (Ringeltaube), ainsi qu’en espagnol (torcaz ou paloma torcaz) et en portugais (pombo-torcaz).

lundi 5 août 2024

brocante

    Ces dernières années j’avais pris l’habitude de participer le premier dimanche d’août au vide-grenier de Villefollet. Il n’était pas tout près de chez moi, à plus de vingt kilomètres, mais l’emplacement était gratuit jusqu’à 5 mètres, ce qui me convenait tout à fait. Comme il n’avait pas lieu semble-t-il cette année, je me suis rabattu sur celui de Coivert, hier. Il est payant pour les non-Coivertins, deux euros le mètre, j’en ai pris quatre, mais c’est tout près, le bled voisin. La journée s’annonçait plutôt mal, il a pleuvioté deux fois dans la matinée et je manquais de sommeil. Ne sachant toujours pas bien me servir du smartphone que j’ai enfin acheté il y a quelques semaines, j’ai appris en hâte comment utiliser le service du réveil-matin, que j’ai fixé à cinq heures, mais j'étais réveillé à trois heures et demie et n’ai pas réussi à refermer l’œil. Enfin cela ne s’est pas mal passé, il ne faisait pas trop chaud, j’étais installé à l’ombre d’un frêne, et j’ai pu tirer un peu plus de 90 euros, ce qui n’était pas évident, en ne vendant pour la plupart que de petites marchandises à un euro, un demi, ou le double. Je n’avais emporté que deux caisses de livres, le reste était vaisselle, instruments et bibelots. Deux clients m’ont bien aidé, un homme âgé m’a acheté un stock de timbres pour 20 euros, et une jeune dame a pris in extremis le Pléiade de la poésie allemande, que je soldais pour la même somme. J’étais un des premiers arrivés, je fus un des premiers à repartir, sur les trois heures, le soleil ayant tourné, menaçant de devenir importun.

jeudi 1 août 2024

inventaire

    Une trouvaille de boite à livres, qu’a dédaignée ce week-end mon camarade Fred R, mais qui m’a assez plu, le Dernier inventaire avant liquidation de Frédéric Beigbeder (Grasset, 2001). L’auteur y passe en revue, en cinquante chapitres de trois pages, les cinquante ouvrages français et étrangers, principalement des romans, que les clients de la Fnac et les lecteurs du Monde avaient élus en 1999 comme étant les «50 livres du siècle», le vingtième s’entend. Fred B marque une certaine défiance quant à ce choix basé sur une liste de 200 titres préselectionnés, et signale en introduction la cinquantaine d’absents qui selon lui auraient pu tout aussi bien figurer au palmarès. Il émet aussi des réserves sur les qualités de certains élus (L’être et le néant, les Paroles de Prévert, Les raisins de la colère...) mais se montre en général bon public et de bonne humeur, se laissant parfois même aller à des plaisanteries de potache. J’ai trouvé ce livre agréable et d’ailleurs instructif, n’ayant moi-même lu qu’environ un tiers des chefs d’œuvre commentés. Je me suis aperçu qu’avec le temps je ne saurais dire si j’ai lu ou non certaines œuvres, à l’époque lointaine de ma jeunesse, où je m’imposais volontiers la corvée des lectures obligatoires...