samedi 17 août 2024

Nomic

    Les commentaires sur mes œuvres sont si rares, que c’est pour moi un sujet d’étonnement, quand il en paraît. Ainsi voilà quinze jours le blogueur Nomic, homme de lettres et biologiste, a chroniqué dans une de ses pages le recueil de mon Journal documentaire de 2002 à 2007, que j’avais fait imprimer à l’époque. Je lui suis très reconnaissant de son attention. Après diverses considérations, il conclut son article sur une interrogation : «Et il faudra que lui demande, à Philippe Billé : que fait-il, exactement, dans ses bois, à part récolter du bois mort et jouir du complexe faune-flore ? J'ai cru comprendre qu'il entretenait ces bois : comment donc ? Comment, et pourquoi, entretenir un petit bois, en tant que particulier ? Quelles actions surpassent l'inaction ? » Il est revenu sur le sujet dans un courrier personnel : « ... Je crois avoir lu un passage où vous mentionnez "nettoyer" un prunellier en enlevant une liane qui l'envahissait. Mais pourquoi ? Quel besoin d'entretenir un prunellier dans un bois ? Qu'entendez-vous par "entretien" du bois, si ce n'est récupération du bois à des fins humainement pratiques ? » Ces questions m’ont mis dans l’embarras parce qu’elles m’intéressent beaucoup et que je ne crois pas pouvoir y répondre simplement. A vrai dire j’ai déjà dû les aborder souvent dans mon journal, depuis bientôt trente ans que j’ai des bois et que je les fréquente. J’ai retrouvé deux ou trois passages pour éclairer ce lecteur, mais à défaut de pouvoir tous les rechercher présentement, j’essaierai d’apporter quelques précisions. Je m’intéresse à la nature et la respecte mais je ne l’adore pas et ne me sens pas tenu de la laisser intacte, j’aime autant lui apporter quelques réglages, du moins dans les espaces très limités qui sont sous ma responsabilité. Si je possédais de grands domaines, je ne pourrais guère les contrôler. Au contraire, n’ayant que de modestes parcelles, puisque la surface totale de mes cinq bois n’atteint pas un hectare et demi, il est plus facile de les gérer. A vrai dire mon premier souci a été tout simplement de pouvoir y mettre les pieds, car au départ les terrains étaient si encombrés de broussaille, de lianes de ronce et de troène, de branches tombées etc, que je ne pouvais accéder qu’à 10 ou 20 pour cent de la surface. Suivant l’enseignement du marquis de Girardin, selon qui le premier soin et souvent le seul nécessaire, pour aménager un paysage, consiste à y tracer des chemins, j’ai d’abord frayé au moins des passages, des layons. Ils se maintiennent assez bien dans les parties les plus ombreuses, et demandent plus d'entretien dans les parties claires. Un de mes premiers buts est de pouvoir circuler dans ces terrains sans avoir à me frotter aux feuillages. J’ai pratiqué dans chaque parcelle au minimum un sentier de ronde, qui en fait le tour, puis des sentiers de traverse. J’ai parfois songé me fixer pour but de tranformer ces bois en parcs, c’est à dire en espaces boisés mais totalement dépourvus de végétation basse entre les arbres. J’y ai renoncé car cela demanderait trop d’efforts et ne serait pas très utile. Je me contente donc d’une humanisation modérée de l’espace, et je laisse volontiers la sauvagerie prospérer par endroits (elle n’a pas besoin d’aide). En découvrant les bois je me suis pris de sympathie pour les arbres, plus que pour le reste de la végétation. Y compris les petits arbres, les espèces de mort-bois, qui n’intéressent pas les ruraux. C’est pourquoi je les surveille et les soigne au besoin, je les débarrasse des branches cassées, croisées, ou mal placées, etc. Et en effet, après avoir vu au fil des ans des spécimens de petites espèces (prunellier, aubépine, sureau, fusain, cornouiller...) ployer d’abord, puis s’écrouler complètement sous le poids du lierre envahissant, il m’arrive de prendre le temps de délivrer tel ou tel sujet. Encore n’est-ce là qu’un exemple...

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