mercredi 11 juin 2025

Sevilla

    Deux semaines après le lancement de ma livrette péninsulaire, le Voyage de Jean Mocquet en Andalousie (voir ici), force est de constater qu’il s’agit là d’un non-événement assez réussi, probablement le flop le plus parfait de ma carrière d’éditeur. Mon histoire d'anti-héros n'obtient qu'un anti-succès. A ce jour mes ventes se comptent sur les doigts d’une main, guère plus. Je n’ai pas su trouver le sujet qui emballe. Tant pis. Cet opuscule me plait bien, c’est l’essentiel. Il était un des deux projets auxquels j’ai travaillé parallèlement cet hiver, l’autre étant la causerie sur les vitraux que j’ai donnée en mars. La publication de ce récit de voyage aurait également pu se faire plus tôt mais a été retardée par la recherche d’un imprimeur abordable. Résidant maintenant loin de la civilisation, j’ai d’abord prospecté auprès des entreprises locales. Les quatre devis que j’ai obtenus pour un tirage en cent exemplaires s’élevaient à 192, 264, 341 et 460 euros, ce qui même dans le meilleur des cas était trop cher pour moi. Finalement je me suis retourné vers une imprimerie institutionnelle de la Gironde lointaine, à qui j’avais déjà confié des travaux dans le passé. C’était moins commode à cause de la distance, mais leur tarif inférieur à cent euros était imbattable. A ce prix-là je pouvais m’offrir le plaisir de mettre au monde cette livrette à mon goût, même sans grand espoir de rentrer dans mes frais. Qui plus est, parmi la dizaine d’options du petit nuancier que l’on me proposait pour la couleur de couverture, figurait le jaune «Sevilla intense» au nom prédestiné. Les quelques dizaines d’heures consacrées à préparer le texte et les notes explicatives m’ont permis de passer de bons moments, et parfois de résoudre certains problèmes par des voies providentielles : telle dame, de mes correspondants sur Facebook, ne résidait-elle pas précisément à Cadix, d’où elle a pu me documenter sur tel bâtiment ancien ? et cet ornithologue néerlandais, avec qui j’avais été en contact il y a plus de vingt ans, n’était-il pas tout indiqué pour identifier le nom exact de tel port de Hollande ? Tout cela était bien aimable. Dans mon introduction, très factuelle, je n’ai pas évoqué deux questions que l’on peut se poser en lisant Mocquet, et que j’aborderai ici. D’une part, quelle était sa religion? Il a l’air de s’entendre avec les Hébreux, puisqu’il travaille un temps avec l’un d’eux, qui d’ailleurs l’héberge. Mais il semble ne pas s’étonner des mauvais traitements reçus de cet homme et de ses semblables. Il parait aussi impressionné, peut-être épouvanté, par des manifestations de catholiques fanatiques sur la voie publique. Peut-être était-il protestant, comme on a parfois suggéré. D’autre part, qu’en est-il de sa vie sensuelle ? Etait-il inverti ? C’est incertain mais vraisemblable : les personnages féminins sont quasi absents de son histoire et il fait état plusieurs fois de relations chaleureuses avec des gentilshommes. Mais il ne faut peut-être pas dépouiller ce récit des petits mystères, qui font partie de son charme.

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