mardi 30 juillet 2024

déluge

    Depuis la démission du président Bidaine, la médiaterie réunie ajoute à son traditionnel déluge de propagande anti-Trump, un déluge additionnel de propagande pro-Kamala. A grand renfort de clichés les montrant elle détendue-souriante, lui grincheux-maussade, comme de bien entendu.

lundi 29 juillet 2024

normalitude

    Un gentilhomme de mes amis, à qui je faisais part de ma conviction d’être probablement l’un des hommes les plus normaux, sinon le plus normal que l’on puisse trouver dans tout l’arc atlantique (Dunkerque-Hendaye), m'a paru en douter. Comme quoi l’évidence ne suffit pas toujours à décider l’opinion.

vendredi 26 juillet 2024

Autre

    Parmi mes lectures ethnologiques de naguère, j’ai noté cette déclaration, dans l’article de Pierre Clastres sur Yanoama : «... les maigres catégories de la pensée ethnologique ne nous paraissent point capables de mesurer la profondeur et la densité de la pensée indigène » (revue L’Homme, IX-1, 1969, p 63). On a là concentré tout le mépris de soi devenu si typique de la mentalité des Occidentaux, et corrélativement toute leur adoration de l’Autre. L’Autre si admirable, et nous si minables... Cette ligne délirante va de Montaigne à Lévi-Strauss en passant par Diderot et consorts, elle aboutit aujourd’hui au catéchisme général professé dans les écoles et les médias. L’humanisme est devenu une arme de crétinisation massive.

dimanche 21 juillet 2024

assistance

    Après avoir bénéficié pendant plus de deux ans, depuis le printemps 2022, de l’assistance de la Banque alimentaire de Loulay, j’ai maintenant décidé d’y renoncer. En fin de compte la petite économie qu’elle me permettait de réaliser sur mes frais de subsistance ne me paraît plus valoir le coup en regard des diverses contraintes que cela implique, et dont je ne donnerai pas ici le détail. Mais je me sens extrêmement reconnaissant envers cette compagnie pour l’aide que j’en ai reçue, et j’admire l’exemple des bénévoles qui s’y dévouent, dont pas moins de quatre maires des communes du canton, deux hommes et deux dames, qui participent en personne au service. Je reste cassoce, au vu de mes rentes, mais un cassoce moins aidé, donc plus libre.

samedi 20 juillet 2024

boites

    Parmi les quelques sites permettant de repérer des boites à livres en France, on m’a fait remarquer l’excellence de boites-a-livres.fr, qui est très complet, très clair, et interactif. On peut y contribuer soit en signalant des boites nouvelles (ou qui n’étaient pas encore recensées, ou qui ont disparu), soit en procurant une photo (anonyme ou signée) pour celles qui n’ont pas encore d’illustration. C’est très simple à utiliser, même moi j’y arrive.

jeudi 18 juillet 2024

Duteurtre

Tristesse d’apprendre la mort subite de Benoit Duteurtre, emporté avant-hier par une crise cardiaque. Je n’ai pas lu ses livres mais je le connaissais pour deux raisons. D’abord parce qu’il fut jadis, en 1992, le destinataire d’une lettre élogieuse et révélatrice de Guy Debord, dans laquelle le révolutionnaire vieillissant assurait tenir pour «extravagantes» ses théories de jeunesse, la «société du spectacle» et autres fumisteries. Ensuite parce qu’il animait depuis longtemps l’émission Etonnez-moi Benoit, consacrée à la musique légère, le samedi en fin de matinée sur France Musique. N’écoutant la radio qu’en voiture, je tombais régulièrement sur cette émission et j’étais chaque fois enchanté par ces entretiens érudits avec des vedettes démodées, et les chansons drôles que le mélomane savait dégoter.

mercredi 17 juillet 2024

Wikipédia

Lu le début, puis seulement parcouru La formule Wikipédia, de Sana Boussetat (Editions Champion, 2024). Il est dommage que ce petit livre intéressant soit écrit avec les genoux. Encore s’il n’y avait qu’ici ou là un malheureux pâté («entre les années 2005 à 2006» ... «le wiki dont nous avons déjà fait allusion» ...), cela irait, mais des passages entiers sont pondus dans un style filandreux vraiment pénible à lire (il paraît que cette rédactrice est docteur et enseignante, mais faut-il s’en étonner aujourd’hui). Il y a quelques renseignements historiques sur les débuts de l’entreprise, dans les premières années 2000. On reste songeur en lisant que le principal fondateur, Jimmy Wales, aurait été influencé par la pensée d’Ayn Rand (43), écrivaine pro-capitaliste et anti-socialiste au possible, alors que Wikipédia est largement acquis au «progressisme» politicorrect. L’auteuse affirme ici et là que Wiki s’impose une politique de neutralité (NPOV, neutral point of view, 53) ou d’impartialité (78) mais ce n’est pas l’impression que j’ai en lisant des articles sur des personnages «controversés», qui sont littéralement trainés dans la boue. Il est confirmé, mais sans entrer dans les détails, que le succès de Wikipédia a entrainé en quelques années, sinon la ruine totale des encyclopédies classiques, du moins l’arrêt de leurs éditions sur papier (172). L’intérêt principal de l’ouvrage, à mes yeux, est l’éclairage qu’il apporte sur la hiérarchie des différentes catégories de collaborateurs, «administrateurs» et autres, la plupart bénévoles, qui font vivre cette encyclopédie interactive, laquelle «est d’une certaine façon placée entre les mains de gardiens qui veillent à faire régner l’ordre» (124). Tant il est vrai qu’à peu près n’importe qui a le droit d’y participer, mais certainement pas pour y faire n’importe quoi, c'est très surveillé.

dimanche 14 juillet 2024

Balande

Feuilleté le Catalogue raisonné des œuvres de Gaston Balande (1880-1971) peintre charentais que je ne connaissais pas (ouvrage du Croit vif, 2012, emprunté à Loulay). Bon peintre, et pas du tout avant-gardiste : paysages, dont beaucoup de ports, scènes de genre, portraits, quelques natures mortes. Mes préférées images sont peut-être son autoportrait au beau visage grave de circa 1920 placé en frontispice, et son ex-libris imprimé, page 121. J’ai aussi parcouru sa biographie en début de volume. Encore un destin anti-marxiste, celui d’un non-héritier parti de très bas mais qui a réussi à mener une belle carrière, bien méritée. Il était de Saujon, il a aussi vécu à Senneville dans l’Eure, à Paris, et plus durablement à Lauzières, petit village côtier dépendant de Nieul sur Mer, au-dessus de La Rochelle. Quelques aléas de son parcours : il était né bizarrement à Madrid, sa mère ayant fugué en Espagne après être tombée enceinte d’un homme marié. C’est seulement onze ans plus tard qu’elle épousa le mécanicien Fernand Balande, qui lui donna son patronyme. Lui-même eut un seul fils, André, né en 1904, qui fut lui aussi artiste peintre, sous le pseudonyme d’André Delauzières, mais mourut prématurément en 1941, des suites d’une blessure de guerre. A la fin de sa vie, étant devenu veuf à 89 ans, il épousa en secondes noces, semble-t-il pour des commodités testamentaires, sa belle-sœur, qui déjà cohabitait avec le couple, et il mourut peu après.


samedi 13 juillet 2024

verlan

    Le verlan est un parler ridicule, qui convient à des esprits indigents.

mardi 9 juillet 2024

fiefs

    Emprunté aussi à la bibli de Villeneuve un ouvrage d’érudition locale, Les «fiés» du canton de Loulay : recherche, implantation et essai d’analyse toponymique, réalisé par un certain Groupe Sauve-Mémoire, sous la direction de James Baillarguet. C’est une brochure d’environ 80 pages de format A4 non numérotées, sans date de publication, nous dirons circa 2000. Les fiés sont les fiefs, soit les lieux-dits, et ce mémoire est un dictionnaire où sont relevés dans l’ordre alphabétique tous les lieux-dits des quinze communes du canton. On indique pour chacun la commune où il est situé, la localisation dans la commune, et une tentative d’étymologie. L’entreprise est valable mais on est loin d’avoir tout éclairci et la toponymie locale conserve une bonne part de son mystère. Dans bien des cas on avoue n’avoir aucune idée de ce que le nom du lieu veut dire, dans bien d’autres on se contente d’avancer une hypothèse plausible mais incertaine. Pour le lieu-dit Volebière, ainsi désigné sur la carte de l’IGN, ailleurs nommé Vorebère ou Volbert, où se trouvent deux de mes parcelles de bois, on déclare juste Origine obscure. Mais ces bonnes pages sont pleines d’enseignements sur le parler local. J’apprends ainsi que dans le coin, un péré est un empierrement, une touche est un bouquet d’arbres, un coupis est un taillis, une chaume est une friche, etc. La laigne ou leigne est le bois à brûler, ce qui rappelle la leña espagnole et la lenha portugaise (voir aussi les mots ligneux, lignite, et près de chez moi le hameau de la Lignate). A propos d’un certain Chemin de la Perche, situé à Saint-Martial, les rédacteurs supposent qu’il s’agissait d’un chemin large d’une perche, laquelle serait longue de 18 pieds, soit «environ 6 mètres», largeur permettant à des chariots de se croiser. Si la perche de six mètres vaut dix-huit pieds, cela met le pied à 33 centimètres. Je lis ailleurs, dans le Wiktionnaire, qu’une perche carrée serait un centième d’arpent. Voyons voir. Si un hectare est une surface de 100 x 100 = 10.000 mètres carrés, et si, comme je crois savoir, un arpent couvre un demi-hectare, soit 5000 mètres carrés, alors le centième d’arpent correspond à 50 mètres carrés, ce qui met la perche dans les sept mètres, puisque 7 x 7 = 49, et cela donne une perche de 21 pieds au lieu de 18. Bon. Disons qu’une perche fait une vingtaine de pieds. Ces anciennes mesures sont presque aussi incertaines que le sens des noms de lieux.

lundi 8 juillet 2024

fascimse

    Eh bien, la France a échappé au fascimse. Elle va pouvoir se vautrer dans l'anti-fascimse. Je m'en régale d'avance.

dimanche 7 juillet 2024

été

    D’ordinaire à cette époque on subit un net réchauffement climatique, ce que l’on appelait autrefois « l’été », lequel à vrai dire devrait être là depuis des semaines, or le phénomène reste très modéré cette année, ce matin par exemple il ne fait même pas dix degrés dans le jardin, ce qui est appréciable, on ne peut pas se plaindre de la chaleur.

samedi 6 juillet 2024

Prusse

    C’est somme toute un assez beau voyage, qu’a fait le prisonnier de guerre Jean Hervé de 1940 à 1945. Il était né en novembre 1913 à Courant en Charente-Maritime et apprit la boucherie. Il fut après guerre boucher à Villeneuve la Comtesse et fut en outre le maire de cette commune de 1968 à 1989. C’est lui qui créa en 1984 la bibliothèque municipale qui porte aujourd’hui son nom et où je viens d’emprunter ses Souvenirs de captivité. C’est un modeste mémoire d’une trentaine de pages A4, tiré sur une imprimante de bureau, avec une reliure à ressort. L’ouvrage présente des traits d’amateurisme : le texte n’a pas été relu soigneusement, la couverture montre la vieille photo de deux jeunes hommes, dont on n’a pas jugé utile de préciser lequel est l’auteur, et l’on a oublié d’indiquer la date de publication, mais comme il est dit en préambule que c’est à l’occasion de ses quatre-vingts ans, que l’on a prié l’édile d’écrire ses souvenirs, on peut situer la parution en 1994 ou circa. Jean Hervé écrit sans façons, il appelle les villages des patelins, il s’exprime en homme du peuple, simplement mais clairement. Il se laisse parfois aller à des banalités bien-pensantes : il ne manque pas de montrer qu’il sait bien qui étaient les gentils et les méchants de la deuxième Guerre mondiale, et traite Hitler de «voyou» (p 18), ce qui ne demande pas un grand courage, cinquante ans après la mort du tyran. Mis à part ces réserves, son mémoire m’a paru intéressant. Mobilisé en août 1939 (donc à 25 ans), il est fait prisonnier en juillet 1940 aux environs de Dijon et expédié en Alsace, à Colmar (ce détail, entre Dijon et Colmar : «Les wagons sont mal fermés, quelques camarades en profitent pour sauter du train en marche», 5). Là, il accepte une proposition des Allemands pour ceux qui le veulent, donc sans obligation, d’aller travailler en Prusse orientale, vieille province allemande depuis des siècles, située entre la Pologne et la Lituanie, avec pour capitale Koenigsberg, la ville de Kant. Il y est conduit avec un troupeau d’hommes et de chevaux, dans des wagons à bestiaux. Il officiera toujours à la campagne, tantôt comme garçon boucher, jardinier, ou simple manutentionnaire, dans des camps et surtout des fermes, le plus longtemps dans le village de Landsberg (7), près de la ville qui s’appelait encore Eylau (5). Son récit est émaillé de notations sur la sympathie ou l’antipathie qui s’établit selon les cas entre lui et les locaux, lesquels montrent en général «plus de curiosité que d’animosité» (9). Chez un fermier, dont il remplace le fils mobilisé, il sent que la fille lesbienne le méprise (8). En certaine occasion il remarque la «haine ancestrale» entre Allemands et Polonais (11). Il note aussi que deux Juifs parmi les prisonniers français «n’ont jamais été dénoncés, bien que la population allemande soit au courant» (14). Il ne se plaint pas de son sort : il n’est pas maltraité, il est payé, mal mais quand même, il reçoit du courrier de France, dont des colis alimentaires (11), ses employeurs lui font des cadeaux à Noël (9). Il a conscience d’être relativement «privilégié», notamment quand il lui arrive de rencontrer des compatriotes efflanqués et crasseux, moins bien lotis que lui (12). Au moment de l’arrivée des troupes soviétiques venues de l’Est en février 1945, il ne fait pas état du viol massif des femmes allemandes par les soldats russes, dont il n’a peut-être rien su, mais note l’ambiance chaotique : «Nous voilà donc avec des Russes, beaucoup d’entre nous avaient imaginé la libération autrement, il faut matriculer ses abattis, les rafales de mitraillette partent toutes seules et le danger est partout. Il nous faut traverser la ville, il y a de nombreuses victimes dans les rues, sur les trottoirs, les cadavres trainent partout, ces nouveaux arrivants qui n’ont rien à manger vident les maisons d’alimentation, boucheries, épiceries, aidés en cela par une foule de gamins sortis de je ne sais où. (...) Il y a dans l’Armée rouge (...) des gosses, 13-14 ans, les plus dangereux, ils font la guerre pour s’amuser, tous marchant à la vodka.» Hervé ne dit pas non plus un mot du nettoyage ethnique assez parfait qui va être effectué par les Russes dans l’année même, certes après son départ, mais il aurait pu en entendre parler pendant le demi-siècle qui a suivi (la population allemande, largement majoritaire depuis des siècles, ne représentait plus, au recensement de 2021, que 0,28 % des habitants de la capitale rebaptisée Kaliningrad, du nom d’un des dirigeants bolcheviques ayant autorisé le massacre de Katyn). Hervé n’est pas tout de suite évacué vers la France mais d’abord tout au Nord de la Russie, dans la région de Mourmansk, sous le cercle polaire, puis il sera envoyé dans l’extrême Nord de la Norvège, où des prisonniers russes libérés «ne paraissent pas enchantés de rentrer au pays» (26). Ses quelques mois passés dans le grand Nord l’enchantent, il s’extasie devant d’énormes rochers («on se croirait sur une autre planète», 24), participe à une pêche à la morue (25)... Enfin un bateau le reconduira, avec des compatriotes, vers Edimbourg, en Ecosse, puis Le Havre (27), et il sera de retour à Villeneuve en septembre 1945 (28). Périple peu banal, pour un petit campagnard charentais.

jeudi 4 juillet 2024

loriot

Il est un peu râlant de travailler quasi chaque jour une paire d’heures dans des bois où l’on entend sans cesse le chant des loriots, bref et sobre, deux trois notes flûtées qui résonnent dans le silence des arbres, et de ne jamais voir la jolie volaille, qui reste planquée dans les cimes, mais j’ai fini par en apercevoir un l’autre jour, alors que je zonais en lisière, l’un d’eux est sorti du bois comme une flèche pour gagner un autre massif en volant droit au-dessus des champs. Ce fut bref, mais enfin.

mercredi 3 juillet 2024

Biocca

La semaine dernière j’ai créé ma vingt-troisième notice dans Wikipédia, celle-ci portant sur l’ethnologue italien Ettore Biocca, auteur ou co-auteur du best-seller Yanoama, récit d’une femme brésilienne enlevée par les Indiens. Je comblais ainsi une étrange lacune, car s’il existe une notice consacrée à ce livre dans les Wiki en anglais et en japonais, il n’y en avait aucune sur l’auteur lui-même, dans aucune langue. Ma notice comporte essentiellement une esquisse biographique (à partir de données trouvées en ligne, parmi lesquelles j’étais bien étonné d’apprendre les convictions  pro-soviétiques du personnage) et une analyse de la réception de l’ouvrage en France, où il a suscité la controverse principalement sur deux points : Biocca s’attribue-t-il abusivement la paternité d’un récit dont il n’est que le co-auteur (ce dont on peut toujours discuter, mais il s’en défend assez bien) et la part de la violence est-elle exagérée (en tout cas les brutalités rapportées cadrent mal avec le bon-sauvagisme en vogue chez les anthropologues). Ce petit travail m’a rappelé bien des souvenirs, car Yanoama fut une des grandes lectures initiatiques de ma jeunesse, et les noms des ethnologues polémistes m’étaient familiers (Pierre Clastres, Robert Jaulin et surtout Jacques Lizot, avec qui j’ai correspondu ado, je possède encore le frêle tiré à part dédicacé de son article de Critique...).