Lu le début, puis seulement parcouru La formule Wikipédia, de Sana Boussetat (Editions Champion, 2024). Il est dommage que ce petit livre intéressant soit écrit avec les genoux. Encore s’il n’y avait qu’ici ou là un malheureux pâté («entre les années 2005 à 2006» ... «le wiki dont nous avons déjà fait allusion» ...), cela irait, mais des passages entiers sont pondus dans un style filandreux vraiment pénible à lire (il paraît que cette rédactrice est docteur et enseignante, mais faut-il s’en étonner aujourd’hui). Il y a quelques renseignements historiques sur les débuts de l’entreprise, dans les premières années 2000. On reste songeur en lisant que le principal fondateur, Jimmy Wales, aurait été influencé par la pensée d’Ayn Rand (43), écrivaine pro-capitaliste et anti-socialiste au possible, alors que Wikipédia est largement acquis au «progressisme» politicorrect. L’auteuse affirme ici et là que Wiki s’impose une politique de neutralité (NPOV, neutral point of view, 53) ou d’impartialité (78) mais ce n’est pas l’impression que j’ai en lisant des articles sur des personnages «controversés», qui sont littéralement trainés dans la boue. Il est confirmé, mais sans entrer dans les détails, que le succès de Wikipédia a entrainé en quelques années, sinon la ruine totale des encyclopédies classiques, du moins l’arrêt de leurs éditions sur papier (172). L’intérêt principal de l’ouvrage, à mes yeux, est l’éclairage qu’il apporte sur la hiérarchie des différentes catégories de collaborateurs, «administrateurs» et autres, la plupart bénévoles, qui font vivre cette encyclopédie interactive, laquelle «est d’une certaine façon placée entre les mains de gardiens qui veillent à faire régner l’ordre» (124). Tant il est vrai qu’à peu près n’importe qui a le droit d’y participer, mais certainement pas pour y faire n’importe quoi, c'est très surveillé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire